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OPINION: Amadou Mansour Faye à la tête de la magistrature locale : Les termes d’un bilan inassouvi, vide, néant, et des projets caducs, nuls et non avenus. Par Baydaly GUEYE

Dimanche 28 Juin 2015

Amadou Mansour Faye à la tête de la magistrature locale : Les termes d’un bilan inassouvi, vide, néant, et des projets caducs, nuls et non avenus.
365 jours déjà, jour pour jour, on compte l’accession du gendre du président de la république à la tête de la mairie de Saint-Louis sous la houlette d’une administration communale qui refuse de bouger. Dès lors trois grandes interrogations s’imposent :
Qui a voté pour Mansour Faye ?
Pourquoi n’a-t-il pas fait aucune réalisation dans la Cité tricentenaire depuis son élection ?
Le développement de Saint-Louis devrait-il impérativement passer par les mains son édile d’abord ?
D’entrée dans le siècle 1800 déjà, Saint-Louis fut érigée en commune et on y votait alors précisément en 1861, période au cours de laquelle, à l’autre bout du continent noir, les Etats-Unis d’Amérique, modèle universel de démocratie, étaient en pleine guerre de sécession aux fins de réunir les Etats du nord et ceux du sud. De fait, soit dit en passant que personne ni quelque organisme que ce soit, tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays, ne puisse imprégner aux modestes citoyens saint-louisiens que nous sommes, plus que nous ne le sommes aujourd’hui encore, voire nous apprendre comment il faut choisir un Maire. Et ce, à force d’honorer pendant plusieurs décennies ce devoir sacro-saint qu’est le vote. Ainsi nous avons fini par l’expérimenter, ou du moins, nous expérimenter. L’on peut même soutenir à qui voudrait l’entendre qu’aujourd’hui, au regard de l’historique de sa politique, la vitrine de la démocratie du Sénégal a trouvé ses réelles bases dans la Cité de Mame Coumba. Cependant la logique de la configuration d’une élection change à partir du moment où la corruption et l’achat de conscience sont de mise et dont le principal instigateur est à chercher dans le camp du chef de l’Etat à défaut que ce dernier ne le soit pas d’avance. Faussant ainsi le jeu la démocratie face à une raréfaction criante des ressources humaines de qualité modifie la donne en mettant en lambeaux l’économie locale au grand dam des populations.

• Pour répondre à notre première question, il est nécessaire de remonter à l’élection du Président Macky Sall à la magistrature suprême. En effet, tout juste après son installation au fauteuil présidentiel, plus d’un ont fait le constat selon lequel plusieurs membres de sa famille ainsi que ceux de sa belle-famille ont commencé à s’immiscer à grande échelle dans les affaires étatiques. Bons nombres d’entre eux ont alors été choisis par le président lui-même sonnant ainsi le déclic de la conquête des Communes. Pour un parti comme le sien, en proie à de multiples menaces dont celle des populations à qui les attentes étaient toujours renvoyées aux calendes grecques, c’était l’assaut non seulement à la reconquête de la sympathie des administrés mais aussi la recherche d’une nouvelle réputation en vue de mieux parer aux éventuelles des prochaines joutes présidentielles. Sur les entrefaites, Mansour Faye frère de la première dame aura été désigné comme porte étendard dans la vieille Ville du nord, Alioune Sall pour Guédiawaye, Abdoulaye Timbo pour Pikine pour ne citer que ces derniers.
Mansour Faye maire de Saint-Louis, o combien c’est surprenant! Pour un observateur politique extérieur et non averti, l’élection de ce dernier semblerait on ne peut plus logique. Or la position du résident lambda, conscient jusqu’à la substantifique moelle, se placerait aux antipodes.
Au demeurant, nonobstant le tollé qu’a suscité la contestation des partis opposants décriant qu’il y aurait eu d’éventuels cas fraude pendant le scrutin, force est néanmoins de rappeler que monsieur Mansour Faye a été élu par la voie des urnes où les populations ont massivement voté pour lui. Mais la motivation de ce vote est variable. La réalité en est que, après quelques tours effectués dans certains bureaux de vote en tant que témoin, constat avait été fait qu’une seule frange d’âge comprise de 35, 40 à 50 ans ou plus s’était le plus déplacée pour acquitter de leur devoir citoyen. Et, au-delà de quelques militants de souche de l’APR, la majeure partie avait rallié la mouvance des apéristes dont la motivation était, pour d’aucuns, les financements à effet immédiat et non remboursable, des sacs de riz. Pour d’autres ayant des liens directs avec la famille du chef de l’Etat ou quelquefois issus des familles de grands électeurs, leurs dessous-de-table constituaient de sacs de riz, des mallettes d’argent et des promesses de travail pour tel ou tel autre membre de leur famille si jamais la victoire éclatait au grand jour. Une bonne partie de la jeunesse Saint-Louisenne quant à elle, ce jour-là, était tout simplement à la plage de l’hydrobase (pour cause : le lendemain devait être le début du mois de ramadan, ‘’booff instant tagaato ‘’) certains n’ont jamais pu remplir leur devoir civique.
Ainsi certains de ces jeunes, à défaut d’engagement régalien, ont inconsciemment hypothéqué l’avenir de leur Cité ainsi que leur devenir. Au même titre que Malick Gakou qui s’est incliné ben filigrane aux exigences du palais faisant champ libre à Alioune Sall pour le compte de la banlieue. Normalement peu devait importait sa propre sensibilité, si ce n’aurait été que de faire un choix rationnel, mais non pas uniquement motivé par "une politique du ventre" et des besoins crypto-personnels. En voilà un des faits qui contribue au blocage de l’envol de nos Etats, nous autres africains, vers l’émergence. Aujourd’hui, Saint-Louis manque de tout, même du strict minimum nécessaire.

• Le dénuement d’infrastructures et de réalisations d’envergure nous inquiète et à la fois nous surprend au plus haut point mais. Fort peu heureusement, reste un fait auquel l’explication saute à l’œil nu si l’on sait que le maire est tout sauf un aussi bon manageur et que bon nombre de ses collaborateurs sont d’aussi" stériles spectateurs" les uns que les autres d’autant qu’ils passent le plus clair de leur temps à tout attendre de lui. De surcroît, ses obligations ministérielles lui prennent un temps jamais rattrapable : patron du portefeuille hydraulique ; avec toutes les conjonctures dont souffre ce secteur en ces temps qui courent, faisant en sorte qu’il se retrouve dans une situation peu confortable et, par conséquent, consacre une toute petite tierce de sa disponibilité à réfléchir sur le devenir de notre chère ville. Parallèlement il reste nettement observable que, ce n’est pas qu’en ne rentrant que les week-ends que l’on parvient tout bonnement à gérer une ville comme la nôtre. Outre sa désertion quasi-totale, cette ville souffre d’autres maux encore plus pernicieux que le déficit de projets, de plans d’intérêt général, de programmes prioritaires, d’insalubrité, de manque d’éclairage public. Car, il est de notoriété que seul le Pont Faidherbe reste suffisamment éclairé. Autres problèmes : les inondations en période d’hivernage, l’engorgement des grandes artères de la commune, le stationnement des voitures, le manque de recasement des marchands ambulants, le déficit de codification d’informatisation des actes d’état civil, le népotisme et laxisme notoires dans les centres d’état civil, la déficience d’assistance des élèves et étudiants , constituent une spirale de maux qui affectent la localité et les populations en souffrent journellement…sans voir le saint à qui elles doivent se vouer.
Il nous faut des solutions immédiates Monsieur le maire.
Par ricochet, les huées dont M. Faye a essuyé à l’occasion de la signature de contrat du tournoi du réseau de la TNT ne sont guère le fruit du hasard. Les auteurs de ce fait sont de nobles citoyens de la cité résidant et payant assidument leurs impôts. Faute de mieux, ils ont saisi cette rare opportunité qu’est de voir leur maire à côté d’eux pour afficher ce signal fort, symbole de leur désolation, de leur mépris et de leur insatisfaction. Payer ou non pour un tel acte ? Moyen adéquat ou pas pour exprimer leur ras-le-bol ? De toutes les façons l’appréciation des uns et des autres resterait variable, libre et personnelle. Mais cependant une chose reste sûre : nonobstant la réplique d’ovations improvisées ses idolâtres massés tous azimut sur la place Fédherbe ce jour-là, force est de reconnaitre que rien ne saurait effacer l’affront subi de M. Faye et acolytes. La raclée était aussi blessante, si fracassante que les medias nationaux l’ont ralliée dans tous leurs éditoriaux et en continu.

• Pourtant, les Saint-Louisiens au même titre que les observateurs avertis reconnaissent et ne cessent d’évoquer que la ville tricentenaire reste indéniablement très facile à développer, à embellir promeuvent le postulat selon lequel ’’les maires non résidants’’ (ceux qui passent moins de temps de leur ville) manquent terriblement d’efficacité dans leur commune du fait leurs obligations ou de leurs portefeuilles parallèles dans d’autres comtés ou régions pour des activités privées ou publiques. Mais néanmoins d’aucuns parvenaient à faire le minimum nécessaire. Soit dit sans ambages que nul ne peut faire de reproche, dans l’exercice de leurs charges municipales, à Ousmane Masseck N’diaye (que le tout puissant l’accueille dans son paradis céleste) et son successeur Cheikh Bamba Dieye (malgré sa non réélection), ni de leur manque de réalisation encore moins de leur disponibilité. Respectivement, tous deux ont marqué leurs empreintes au vu de plus d’un. En revanche, l’affaissement des politiques publiques viables sous le magistère de Mansour Faye rend notoirement Saint-Louis, ces derniers temps, invisible sur la scène nationale et internationale.
Mais pour l’effectivité d’une économie forte et stable, la partition des partenaires et investisseurs du privé comme du public y est incontournable afin de réactiver, de booster et de doper les poumons de l’économie de la commune que sont la pêche, le tourisme, l’agriculture, les secteurs d’emplois formels ou informels au sens large. L’encadrement, la réussite des accords et partenariats devraient passer nécessairement par le maire. La panne du système se justifie par le fait qu’aujourd’hui les banques, les mutuelles de finances et de crédits, les waris, les Joni Jonis regorgent beaucoup de monde. Ce phénomène s’explique par le fait que tout simplement qu’à Saint-Louis l’argent vient de l’extérieur et les jeunes peinent à trouver un travail digne au sein de la ville.
Un an n’est pas assez mais beaucoup pour jeter des bases de projets prometteurs, féconds aux grands bonheurs des populations de la plus ancienne communes du Sénégal. Monsieur le Maire, nous vous exhortons au moins de nous faire rêver. Vous avez quatre (4) ans devant vous, rien n’est vraiment perdu. Quatre ans, une durée acceptable pour travailler ainsi que de présenter aux populations un bilan satisfaisant. Le carnet d’adresse de Saint-Louis est très riche en un clic à travers de riches projets, clairs et bénéfiques. Les partenaires vous accompagneront sans hésiter. Car Saint-Louis mérite mieux que ce que l’on nous propose en ces périodes.

Monsieur le Maire, encore une fois, vous avez les moyens pour développer notre commune avec tout ce qu’elle regorge comme ressources et potentialités mais aussi au regard de vos rapports avec le pouvoir central. Exploitez les pistes et faites de Saint-Louis la ville la plus développée, la plus belle du Sénégal voire la plus belle au monde !
Bonne chance Monsieur le Maire, Amadou Mansour Faye.


Baydaly Gueye, Un citoyen de la cité

Département Science Po/UCAD, juin 2015


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