Planer avec les pélicans au-dessus de la ville permet d’apercevoir cette fine bande de sable filiforme et pourtant si fragile qui protège la ville de Saint-Louis depuis des siècles des assauts répétés de la mer. La langue de Barbarie constitue le bouclier de protection de la ville et de son île se situant dans le delta du fleuve Sénégal, dont elle héberge l’embouchure. Elle doit son existence aux puissantes vagues qui ont été à l’origine de sa création, mais qui risquent aujourd’hui de causer sa disparition.
Le fonctionnement des flèches sableuses est un phénomène très complexe et délicat. En effet, ces flèches apparaissent lorsque le sable chemine ou débouche brusquement dans le vide à l’aval comme c’est le cas au Nord de Saint Louis sur le haut delta du fleuve Sénégal.
Il ne faut donc pas grand-chose pour que les flèches cessent de recevoir les quantités de sables nécessaires à leur complet entretien. Leur faible largeur les rend par ailleurs extrêmement sensibles aux risques de coupure par les tempêtes, la marée ou les crues.
Le processus dominant à Saint Louis dans le transport sédimentaire est celui induit par les vagues. L’obliquité des houles dominantes créent un courant de dérive littorale favorisant un très fort débit sédimentaire de l’ordre d’un million de mètre cube par an qui vient alimenter et engraisser d’année en année la flèche sableuse. Cette grande pompe à sables que d’aucuns considèrent comme une rivière de sable est à la base de cette énigme qu’est la langue de Barbarie dont l’avion de commandement présidentiel du Sénégal porte le nom.
Les vagues ont donné à la Langue de Barbarie la forme qu’elle a aujourd’hui.
Le malheur est qu’une ouverture a été créée sur cette langue en 2003, à la suite d’une décision présidentielle, pour protéger la ville de Saint Louis d’une inondation par débordement du fleuve. Cette brèche a alors favorisé la création d’une nouvelle embouchure artificielle qui s’est élargie à plus de 6 kilomètres aujourd’hui et dérivant vers le Sud, tout en causant la fermeture de l’embouchure naturelle du fleuve.
Les études montrent que le fort transit littoral offre les conditions de restauration naturelle de la flèche sableuse d’ici 50 ans. Ce fonctionnement est cyclique, il peut arriver que la flèche sableuse puisse se défaire et se restaurer au fil des années en fonction des états de mer et de l’hydraulicité du fleuve.
Cependant, la migration de l’embouchure vers le sud augmente le risque d’inondation de la ville de Saint-Louis. De plus, au niveau de ce qu’on appelle la brèche actuelle, les courants et les vagues sont tels que la traversée par les pêcheurs est devenue de plus en plus dangereuse et compliquée. Ainsi, depuis 2003 on ne dénombre pas moins de 400 morts chez les pêcheurs, ainsi que la disparition de villages comme Doun Baba Dieye. Par ailleurs, la création subite de cette brèche a eu pour conséquence la salinisation des terres du Gandiolais longtemps réputées pour leur fertilité.
En plus de ce phénomène, les côtes saint-louisiennes s’érodent de manière inexorable. Les modèles prévoient un recul de plus 50 mètres dans les 30 prochaines années, ce qui augmentera l’exposition des bâtiments sur le front de mer et entrainera leur destruction. Par ailleurs, ce phénomène risque de s’amplifier avec l’élévation du niveau des océans due au réchauffement climatique. Fort heureusement la ville de Saint Louis ne risque pas de disparaitre, mais la vieille ville telle que nous la connaissons actuellement risque de subir de réelles perturbations écologiques qui menaceront son existence.
Le projet de création du Port fluviomaritime de Saint Louis est aujourd’hui l’une des solutions les plus prometteuses pour sécuriser l’accès à la mer des pêcheurs. La préoccupation majeure des pêcheurs aujourd’hui est de pouvoir accéder à la mer en toute sécurité. L’accès à la mer est également un intangible de sécurité et de souveraineté, incontournable pour la défense des côtes.
A noter que ce projet phare et structurant de l’OMVS, dont les études techniques et financières sont déjà finalisées, adossé à un chantier naval à Rosso-Mauritanie, permettra également le développement des grandes villes traversées par le fleuve Sénégal qui ont souffert de la disparition du transport fluvial depuis la fin des années 1970. Il s’agit sans doute de la principale raison pour laquelle les pères fondateurs de l’organisation ont défini la navigabilité du fleuve Sénégal comme l’une des priorités de l’organisation.
Ce projet, dont le TRI (taux de rentabilité interne) avoisine 20%, comprend la création d’ouvrages d’accessibilité sur la Langue de Barbarie permettant de canaliser un chenal d’accès à Saint louis quel que soit le niveau d’agitation de la mer.
Il est important de souligner que 60 % du coût du projet Navigation de l’OMVS sera investi à Saint Louis pour la création de ces ouvrages et d’un complexe portuaire fluviomaritime d’envergure régionale comprenant un port de commerce, un port de plaisance et un port de pêche pour le débarquement des gros navires de pêche.
Le port de commerce de Saint-Louis permettra à la ville de rayonner dans la sous-région par le transport par cabotage le long du fleuve Sénégal jusqu’au Mali à partir des autres ports de l’Atlantique tels que Dakar et Nouakchott. Le transport fluvial étant trois à cinq fois moins couteux que les autres modes de transport, va indubitablement capter le transport des produits agricoles, et industriels issus du bassin du fleuve.
Les ports de pêche et de plaisance permettront essentiellement un développement local dont la ville de Saint-Louis sera la principale bénéficiaire.
Le projet Navigation comprend aussi la création d’un port minéralier au large de Saint Louis et des quais dédiés au vrac solide le long du fleuve Sénégal. Des études ont montré que le volet minéralier seul permet d’assurer la rentabilité du projet.
Ce projet permettrait de rendre opérationnel une capitainerie et un service de pilotage pour améliorer la sécurité de la navigation dans l’embouchure du fleuve. Ce qui serait fort bénéfique pour les pêcheurs de Guet Ndar et réduirait le nombre d’accidents dans l’embouchure.
Il est aussi plus qu’important de noter que les projets structurants autour du delta ont un point de convergence commun qui doit permettre avant tout le développement de la ville de Saint Louis et de ses environs.
Le PROGEP et le SERRP portés par l’Agence de Développement Municipale (ADM) ont étudié finement à partir de modélisations numériques les meilleures stratégies d’aménagement pour la protection durable de la ville de Saint Louis contre la submersion marine mais aussi la mitigation de l’ensemble des enjeux liés à la création de la brèche et à l’érosion côtière.
Parmi les solutions à court-terme proposées pour la traversée de l’embouchure par les pêcheurs, il en existe une qui consiste à mettre en place un chenal balisé sur la brèche en attendant que la situation revienne à la normale, c’est-à-dire que l’embouchure naturelle se recrée d’elle-même, à Potou, vers 2070 d’après les modèles.
Cette solution basée sur la nature consiste à laisser la flèche sableuse migrer vers le sud tout en assurant le dragage régulier et le balisage de l’embouchure.
La deuxième solution proposée par les études de l’ADM valide la possibilité et l’opportunité de créer un port à Saint Louis pour garantir l’accès à la mer et offrir les possibilités d’un plan de développement portuaire ambitieux dans les années à venir.
Le projet Tortue offre de son côté à la ville de Saint Louis la possibilité de capter à travers son port, ses infrastructures et son parc immobilier non seulement les navires de servitude et d’exploitation dans le cadre de la production gazière au large mais aussi l’ensemble des acteurs de cette industrie.
L’OMVS prévoit également de construire un quai lourd dédié aux activités Offshore à Saint Louis liées à l’exploitation du gaz du projet Tortue Ahmeyin.
Le tourisme dont les potentialités sont d’évidence très sous exploitées, se verra propulsé par le truchement du port de plaisance dans la mesure où les bateaux pourront accéder à la mer de façon plus fréquente dans des conditions de sécurité optimale. Le tourisme fluvial pourra aussi se développer avec la navigation sur le fleuve Sénégal.
Il est alors pertinent de concilier tous ces projets autour d’un même objectif pour que la ville de Saint Louis en tire profit de façon durable. L’économie de Saint Louis connaîtra certainement un développement fulgurant, son tourisme et son industrie se verront propulsés au premier rang.
L’autoroute Dakar Saint-Louis viendra en soutien de ces projets structurants en vue d’accélérer le développement économique de la région de Saint-Louis.
A l’échelle du pays, un saut quantitatif de l’ordre de 3 % du PIB des pays est attendu dès les premières années de la mise en œuvre du seul projet de Navigation du fleuve.
Le fluvial a été retenu comme un corridor de transport dans le cadre de la vision Sénégal 2025 porté par le gouvernement actuel.
Il est donc légitime de se poser ces questions :
À quelques semaines de l’ouverture des premières vannes pour la production du gaz, n’est-il pas urgent de lancer ce projet portuaire qui permettra à la ville de Saint Louis de jouer un rôle de leader qui lui revient dans le développement et la renaissance des pôles Nord et Nord-est du Sénégal ?
Pour assurer la sécurité maritime des installations gazières et de la production n’est-il pas temps de réfléchir sérieusement à la création du port fluviomaritime de Saint Louis ?
Souleymane FALL
Ingénieur Polytechnicien
Expert en génie côtier
Le fonctionnement des flèches sableuses est un phénomène très complexe et délicat. En effet, ces flèches apparaissent lorsque le sable chemine ou débouche brusquement dans le vide à l’aval comme c’est le cas au Nord de Saint Louis sur le haut delta du fleuve Sénégal.
Il ne faut donc pas grand-chose pour que les flèches cessent de recevoir les quantités de sables nécessaires à leur complet entretien. Leur faible largeur les rend par ailleurs extrêmement sensibles aux risques de coupure par les tempêtes, la marée ou les crues.
Le processus dominant à Saint Louis dans le transport sédimentaire est celui induit par les vagues. L’obliquité des houles dominantes créent un courant de dérive littorale favorisant un très fort débit sédimentaire de l’ordre d’un million de mètre cube par an qui vient alimenter et engraisser d’année en année la flèche sableuse. Cette grande pompe à sables que d’aucuns considèrent comme une rivière de sable est à la base de cette énigme qu’est la langue de Barbarie dont l’avion de commandement présidentiel du Sénégal porte le nom.
Les vagues ont donné à la Langue de Barbarie la forme qu’elle a aujourd’hui.
Le malheur est qu’une ouverture a été créée sur cette langue en 2003, à la suite d’une décision présidentielle, pour protéger la ville de Saint Louis d’une inondation par débordement du fleuve. Cette brèche a alors favorisé la création d’une nouvelle embouchure artificielle qui s’est élargie à plus de 6 kilomètres aujourd’hui et dérivant vers le Sud, tout en causant la fermeture de l’embouchure naturelle du fleuve.
Les études montrent que le fort transit littoral offre les conditions de restauration naturelle de la flèche sableuse d’ici 50 ans. Ce fonctionnement est cyclique, il peut arriver que la flèche sableuse puisse se défaire et se restaurer au fil des années en fonction des états de mer et de l’hydraulicité du fleuve.
Cependant, la migration de l’embouchure vers le sud augmente le risque d’inondation de la ville de Saint-Louis. De plus, au niveau de ce qu’on appelle la brèche actuelle, les courants et les vagues sont tels que la traversée par les pêcheurs est devenue de plus en plus dangereuse et compliquée. Ainsi, depuis 2003 on ne dénombre pas moins de 400 morts chez les pêcheurs, ainsi que la disparition de villages comme Doun Baba Dieye. Par ailleurs, la création subite de cette brèche a eu pour conséquence la salinisation des terres du Gandiolais longtemps réputées pour leur fertilité.
En plus de ce phénomène, les côtes saint-louisiennes s’érodent de manière inexorable. Les modèles prévoient un recul de plus 50 mètres dans les 30 prochaines années, ce qui augmentera l’exposition des bâtiments sur le front de mer et entrainera leur destruction. Par ailleurs, ce phénomène risque de s’amplifier avec l’élévation du niveau des océans due au réchauffement climatique. Fort heureusement la ville de Saint Louis ne risque pas de disparaitre, mais la vieille ville telle que nous la connaissons actuellement risque de subir de réelles perturbations écologiques qui menaceront son existence.
Le projet de création du Port fluviomaritime de Saint Louis est aujourd’hui l’une des solutions les plus prometteuses pour sécuriser l’accès à la mer des pêcheurs. La préoccupation majeure des pêcheurs aujourd’hui est de pouvoir accéder à la mer en toute sécurité. L’accès à la mer est également un intangible de sécurité et de souveraineté, incontournable pour la défense des côtes.
A noter que ce projet phare et structurant de l’OMVS, dont les études techniques et financières sont déjà finalisées, adossé à un chantier naval à Rosso-Mauritanie, permettra également le développement des grandes villes traversées par le fleuve Sénégal qui ont souffert de la disparition du transport fluvial depuis la fin des années 1970. Il s’agit sans doute de la principale raison pour laquelle les pères fondateurs de l’organisation ont défini la navigabilité du fleuve Sénégal comme l’une des priorités de l’organisation.
Ce projet, dont le TRI (taux de rentabilité interne) avoisine 20%, comprend la création d’ouvrages d’accessibilité sur la Langue de Barbarie permettant de canaliser un chenal d’accès à Saint louis quel que soit le niveau d’agitation de la mer.
Il est important de souligner que 60 % du coût du projet Navigation de l’OMVS sera investi à Saint Louis pour la création de ces ouvrages et d’un complexe portuaire fluviomaritime d’envergure régionale comprenant un port de commerce, un port de plaisance et un port de pêche pour le débarquement des gros navires de pêche.
Le port de commerce de Saint-Louis permettra à la ville de rayonner dans la sous-région par le transport par cabotage le long du fleuve Sénégal jusqu’au Mali à partir des autres ports de l’Atlantique tels que Dakar et Nouakchott. Le transport fluvial étant trois à cinq fois moins couteux que les autres modes de transport, va indubitablement capter le transport des produits agricoles, et industriels issus du bassin du fleuve.
Les ports de pêche et de plaisance permettront essentiellement un développement local dont la ville de Saint-Louis sera la principale bénéficiaire.
Le projet Navigation comprend aussi la création d’un port minéralier au large de Saint Louis et des quais dédiés au vrac solide le long du fleuve Sénégal. Des études ont montré que le volet minéralier seul permet d’assurer la rentabilité du projet.
Ce projet permettrait de rendre opérationnel une capitainerie et un service de pilotage pour améliorer la sécurité de la navigation dans l’embouchure du fleuve. Ce qui serait fort bénéfique pour les pêcheurs de Guet Ndar et réduirait le nombre d’accidents dans l’embouchure.
Il est aussi plus qu’important de noter que les projets structurants autour du delta ont un point de convergence commun qui doit permettre avant tout le développement de la ville de Saint Louis et de ses environs.
Le PROGEP et le SERRP portés par l’Agence de Développement Municipale (ADM) ont étudié finement à partir de modélisations numériques les meilleures stratégies d’aménagement pour la protection durable de la ville de Saint Louis contre la submersion marine mais aussi la mitigation de l’ensemble des enjeux liés à la création de la brèche et à l’érosion côtière.
Parmi les solutions à court-terme proposées pour la traversée de l’embouchure par les pêcheurs, il en existe une qui consiste à mettre en place un chenal balisé sur la brèche en attendant que la situation revienne à la normale, c’est-à-dire que l’embouchure naturelle se recrée d’elle-même, à Potou, vers 2070 d’après les modèles.
Cette solution basée sur la nature consiste à laisser la flèche sableuse migrer vers le sud tout en assurant le dragage régulier et le balisage de l’embouchure.
La deuxième solution proposée par les études de l’ADM valide la possibilité et l’opportunité de créer un port à Saint Louis pour garantir l’accès à la mer et offrir les possibilités d’un plan de développement portuaire ambitieux dans les années à venir.
Le projet Tortue offre de son côté à la ville de Saint Louis la possibilité de capter à travers son port, ses infrastructures et son parc immobilier non seulement les navires de servitude et d’exploitation dans le cadre de la production gazière au large mais aussi l’ensemble des acteurs de cette industrie.
L’OMVS prévoit également de construire un quai lourd dédié aux activités Offshore à Saint Louis liées à l’exploitation du gaz du projet Tortue Ahmeyin.
Le tourisme dont les potentialités sont d’évidence très sous exploitées, se verra propulsé par le truchement du port de plaisance dans la mesure où les bateaux pourront accéder à la mer de façon plus fréquente dans des conditions de sécurité optimale. Le tourisme fluvial pourra aussi se développer avec la navigation sur le fleuve Sénégal.
Il est alors pertinent de concilier tous ces projets autour d’un même objectif pour que la ville de Saint Louis en tire profit de façon durable. L’économie de Saint Louis connaîtra certainement un développement fulgurant, son tourisme et son industrie se verront propulsés au premier rang.
L’autoroute Dakar Saint-Louis viendra en soutien de ces projets structurants en vue d’accélérer le développement économique de la région de Saint-Louis.
A l’échelle du pays, un saut quantitatif de l’ordre de 3 % du PIB des pays est attendu dès les premières années de la mise en œuvre du seul projet de Navigation du fleuve.
Le fluvial a été retenu comme un corridor de transport dans le cadre de la vision Sénégal 2025 porté par le gouvernement actuel.
Il est donc légitime de se poser ces questions :
À quelques semaines de l’ouverture des premières vannes pour la production du gaz, n’est-il pas urgent de lancer ce projet portuaire qui permettra à la ville de Saint Louis de jouer un rôle de leader qui lui revient dans le développement et la renaissance des pôles Nord et Nord-est du Sénégal ?
Pour assurer la sécurité maritime des installations gazières et de la production n’est-il pas temps de réfléchir sérieusement à la création du port fluviomaritime de Saint Louis ?
Souleymane FALL
Ingénieur Polytechnicien
Expert en génie côtier