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L’indifférence devenue notre quotidien (Texte collectif)

Mercredi 12 Février 2025

C’est avec une profonde préoccupation que nous nous permettons de rappeler l’indifférence grandissante et la violence immatérielle qui affectent notre société sénégalaise connue et reconnue pour ses valeurs de solidarité et de "teranga".

Nous faisons face à une société en crise caractérisée par le développement d’un individu mû par ses intérêts égoïstes. Nous assistons, dans notre pays, à prééminence de l’avoir et de l’argent sur l’être (Clément M., 2018 : 47). Nous assistons à la fragilisation des valeurs de partage, de solidarité, d’empathie, marquée par une montée du “bop sa bop”, de la réussite au singulier, somme toute de l’exacerbation de l’individualisme. Notre silence, notre indifférence et notre mépris face aux souffrances de nos concitoyens, notre insensibilité aux malheurs et aux douleurs de nos frères et sœurs, attestent que notre société n’est que l’ombre d’elle-même.

 Les causes de « cette souffrance ne résident pas toutes dans le “système”, elles tiennent aussi aux autres qui harcèlent, qui méprisent, qui ignorent. Si la souffrance sociale pose la question de la justice des institutions, elle pose aussi le mal en soi. » (Clément M., 2018 : 11).

Que sont devenus nos principes de solidarité, nos traditions d’assistance aux nécessiteux et notre devoir d’humanité envers nos concitoyens ?

Nous interpellons la conscience collective et appelons chacun à un réveil social

La violence immatérielle, bien que moins visible que la violence physique, est tout aussi destructrice. Elle se manifeste dans nos interactions quotidiennes, dans le mépris de l’autre, dans le manque de considération de la détresse des jeunes et des démunis. Elle s’exprime dans l’injustice sociale, l’exclusion économique et le silence complice face aux abus et aux inégalités. L’indifférence est devenue un mur infranchissable qui nous empêche de voir et de ressentir la souffrance de l’autre. Les valeurs de bienveillance et d’entraide semblent céder la place à une logique de mépris et d’insensibilité.

Il est impératif que nous luttions contre cette violence invisible qui brise des vies et renforce les inégalités. Nous devons reconstruire une société plus juste, où l’humain reprend sa place au cœur de nos préoccupations. Nous assistons à une déconstruction des valeurs fondamentales qui faisaient la force de notre nation. La montée de l’individualisme, la soif de matérialisme et l’érosion des principes moraux ont laissé place à une société où l’intérêt personnel prime sur le bien commun. L’éducation, autrefois pilier de la transmission des repères sociaux et culturels, semble ne plus jouer pleinement son rôle face aux influences négatives qui envahissent nos espaces sociaux et numériques.

Cette perte de repères entraîne une rupture sociale profonde, exacerbant les inégalités et creusant un fossé grandissant entre les différentes couches de la population. La jeunesse, en manque de perspectives et de modèles inspirants, se retrouve souvent livrée à elle-même, exposée à la délinquance, aux dérives extrémistes et à la tentation de l’émigration irrégulière. Le mépris de l’autre devient une norme insidieuse qui gangrène nos relations humaines. L’indifférence face à la souffrance d’autrui, la stigmatisation des plus démunis et l’arrogance de certaines élites participent à l’effritement du tissu social. Loin des principes de "teranga" qui faisaient notre fierté, nous voyons émerger une société où l’empathie et le respect de l’autre deviennent rares.

Il est urgent d’engager une réflexion collective sur ces maux qui menacent notre cohésion nationale. Il est du devoir des autorités, des leaders d’opinion, des éducateurs et de chaque citoyen de restaurer les valeurs qui ont toujours été le socle de notre identité. Sans un sursaut social et moral, nous risquons de voir se généraliser un modèle de société où règnent l’égoïsme, l’injustice et la fracture sociale. Face aux pressions multiformes et aux nouvelles dynamiques sociales, la société sénégalaise s’expose à une panne sociale où ni l’ancien modèle, fondé sur l’entraide et les valeurs communautaires, ni le nouveau modèle, basé sur l’autonomie individuelle, ne fonctionnent pleinement. Nous interpellons la conscience collective et appelons chacun à un réveil social. Nous semblons nous diriger vers un effondrement sociétal.

Il devient urgent de repenser la famille en tenant compte des réalités locales, en renforçant les mécanismes de solidarité et en adaptant les transformations sociales aux ressources réelles du pays. Une société qui cherche à évoluer sans un socle solide risque de se perdre dans une crise identitaire et sociale difficile à surmonter.

Nous-Docteur.es & Doctorant.es du GERM
Université Gaston Berger de Saint-Louis.

 


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