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Lettre ouverte au Dr Mabouba DIAGNE, Ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l'Élevage

Dimanche 2 Février 2025

Monsieur le Ministre,

Le vent du désespoir souffle sur nos campagnes, tandis que l’exode de notre jeunesse vers les champs étrangers s’intensifie. Un paradoxe affligeant : alors que nos terres restent sous-exploitées, nous voyons nos fils et nos filles brader leur dignité en quête de contrats saisonniers en Espagne. Il est temps d’interroger cette funeste trajectoire et de poser un acte fort : rendre à notre agriculture et à notre élevage leurs lettres de noblesse, afin qu’ils deviennent enfin des moteurs de développement et non des symboles d’abandon.

Monsieur le Ministre, notre pays dispose de 3,8 millions d’hectares de terres arables, dont seule une fraction est exploitée de manière optimale. Nous bénéficions d’un potentiel hydraulique estimé à 35 milliards de m³ d’eau renouvelable, et d’un cheptel considérable avec plus de 4 millions de bovins et 8 millions de petits ruminants. Pourtant, faute de politiques ambitieuses et d’investissements conséquents, nous demeurons dépendants des importations alimentaires à hauteur de 60 %, vulnérables aux fluctuations des marchés internationaux et incapables d’offrir à notre jeunesse un avenir digne sur son propre sol.

Nous saluons cependant les efforts consentis par le gouvernement sous votre leadership, notamment à travers la promotion de l’agriculture irriguée, le soutien à la mécanisation, ainsi que les initiatives visant à accroître la productivité céréalière et horticole. La mise en œuvre du Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) et l’encouragement de la transformation locale de l’arachide et du mil sont des avancées notables. Ces mesures méritent d’être amplifiées et consolidées pour répondre efficacement aux défis de l’emploi rural et de la souveraineté alimentaire.

Les grands enjeux restent toutefois à relever : accès à la terre pour les jeunes agriculteurs, renforcement des infrastructures de stockage et de transformation, facilitation de l’accès au financement agricole, valorisation des produits locaux, modernisation des élevages et professionnalisation des acteurs du secteur. Pourquoi, alors, tardons-nous à agir avec la vigueur nécessaire ? Pourquoi continuer à perpétuer un modèle qui marginalise nos ruraux et pousse nos diplômés à l’exil ?

Monsieur le Ministre, nous devons changer de cap. Il est temps d’initier une véritable révolution agro-industrielle, en transformant nos matières premières sur place, en développant des filières intégrées et en générant des opportunités économiques attractives pour notre jeunesse. Avec une croissance du secteur agricole estimée à 6 % ces dernières années, le Sénégal a démontré qu’une dynamique positive est possible, mais celle-ci doit être accélérée et soutenue par des politiques structurelles ambitieuses.

Conscients de l’ampleur de la tâche, nous, membres du Réseau Africain pour la Citoyenneté et l'Émergence, nous tenons à votre disposition pour collaborer à une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation des jeunes en faveur des secteurs agricole, pastoral et halieutique. Il est essentiel de montrer que l’agriculture n’est pas un secteur de repli, mais bien un levier stratégique pour l’émergence du Sénégal.

L’histoire retiendra ceux qui auront eu le courage de refuser la fatalité et d’ouvrir la voie d’un essor agricole durable. Monsieur le Ministre, le Sénégal attend. Agissons ensemble.

Respectueusement,
Cheikh Ahmed Tidiane Ly
Président du Réseau Africain pour la Citoyenneté et l'Émergence
Tel : 77 544 56 88

 


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