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Visite annoncée au Fouta : Wade prend rendez-vous sur un terrain miné

Mercredi 9 Novembre 2011

Le 20 novembre prochain, sauf report de dernière minute, Me Wade sera à Walaldé (Podor) pour inaugurer une centrale électrique.Cette zone étant réputée rebelle, la visite ne s’annonce pas comme une simple promenade de santé.


Visite annoncée au Fouta : Wade prend rendez-vous sur un terrain miné
Sa dernière visite dans la zone remonte à seulement un an. Ce, après une descente au cours de laquelle Me Wade n’avait récolté que huées et brassards rouges, l’obligeant à trouver refuge dans la demeure du préfet de Podor. Bousculé comme jamais il ne l’a été par des troupes de Bennoo sous la houlette de l’égérie socialiste, Me Aïssata Tall Sall, Wade avait vu rouge et avait été contraint de se replier dare-dare sur Linguère. Conséquence : la démobilisation des libéraux et le moral remonté des responsables Bennoo ont fait mordre la poussière à la coalition Sopi dans la commune de Podor et dans la communauté rurale de Madina Ndiatbé, deux localités symboliques. Ceci, malgré la cohorte de députés, sénateurs, directeurs généraux et ministres qui pullulent dans la zone.
Un an après, Me Wade retourne sur le ‘lieu du crime’. En effet, de sources dignes de foi, le président de la République sera dans la zone, plus précisément à Walaldé, le 20 novembre prochain aux environs de 16 heures. S’il est, aujourd’hui, avéré que Me Wade y sera pour inaugurer la centrale électrique offerte aux populations par Seybatou Aw, natif de Walaldé, après l’inauguration du pont Faidherbe de Saint-Louis, nombreux sont ceux-là qui se demandent encore ce qui fait courir Wade dans l’Ile à morphil. Car, en l’espace d’un an, Wade aura effectué deux descentes dans l’arrondissement de Cas-Cas, si le voyage du 20 novembre est maintenu.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux-là qui continuent à se demander ce que dira Wade aux populations de l’île. Parce que, ses nombreuses promesses de faire de cette partie enclavée ‘le grenier du Sénégal’, sont toujours restées lettre morte. Où sont aujourd’hui passés les bus qui devaient aider les populations insulaires à rallier la route nationale ? Où en est-on avec les pistes de production que Wade avait promis de réhabiliter pour que, enfin, les populations ne puissent souffrir du lancinant problème de déplacement ? Pour le cas du centre de santé de Cas-Cas dont les travaux sont à l’arrêt depuis cinq ans et qui a coûté des centaines de millions de francs Cfa, que dira Wade aux populations de Cas-Cas, obligées, depuis des siècles, à emprunter des embarcations de fortune pour se faire soigner dans d’autres structures hospitalières ? Que sont devenues les ambulances modernes promises par Wade à Cas-Cas pour désormais mettre fin au calvaire des malades ? Autant de promesses dont les populations attendent toujours la réalisation concrète.

Ainsi, le moins que l’on puisse dire est que la visite de ce dernier est très attendue par les jeunes de l’Ile à morphil. Selon Adama Gaye, coordonnateur du Collectif pour la défense des intérêts de l’île, ‘lorsque Me Wade nous faisait toutes ces promesses à Cas-Cas, j’étais celui qui avait été choisi pour lui exposer les nombreuses doléances de la zone. Malheureusement, nous nous sommes rendu compte qu’aucune de ses promesses n’a été réalisée. C’est pourquoi, en jeunes disciplinés et qui luttons pour le développement de la zone, Wade nous trouvera sur place et nous attendons ce qu’il aura à amener pour l’île’. A en croire ces jeunes, le développement de l’île ne doit pas seulement se limiter à Walaldé. Encore que tout ce qui a été fait à Walaldé l’a été par des fils du terroir ? Et de se demander : ‘Où est la main de l’Etat dans le désenclavement de l’île ?’

A part, peut-être, les deux ponts de Madina Ndiatbé et de Ngouye, le radier submersible réhabilité entre Ngouye et Saldé, rien n’existe dans cette zone. ‘Nous sommes oubliés. Pourtant nous avons la zone la plus importante en matière de potentialités agricoles. Il suffisait d’une petite volonté politique pour que l’île soit le grenier du pays comme Wade l’avait laissé entendre. Nous n’avons pas d’électricité, pas de lycées ; tous nos aménagements agricoles ont été abandonnés’, se plaint M. Lom, un agriculteur qui a consacré trente ans de sa vie à l’agriculture. Il signale que le projet rizicole Saldé-Wallah de 600 hectares est à l’arrêt après seulement deux ans d’existence. Pire encore, le projet hollandais, riche de plusieurs hectares, est aussi à l’abandon depuis dix ans. Toutes choses qui font dire aux insulaires que la seule issue pour développer la zone est de revaloriser toutes ces exploitations abandonnées.

Pour Lobat Fall, natif de Thioubalel, ancien député et président des transporteurs du Sénégal, Wade a intérêt à réaliser les nombreuses promesses faites aux populations. Il y a quelques années, dans la même zone, les populations avaient initié une marche pacifique pour réclamer de l’électricité, des routes en bon état et plus de considération. Aujourd’hui, les mêmes populations restent sur le qui-vive et attendent le président de la République de pied ferme.

Abou KANE


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