Connectez-vous
NDARINFO.COM
NDARINFO.COM NDARINFO.COM
NDARINFO.COM
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte

Saint-Louis Jazz : le paradoxe des chiffres. Par Maguatte NDIAYE

Jeudi 10 Mai 2018

Sur le site et dans la presse, il est annoncé 92.000 visiteurs, 15.000 billets vendus et un budget prévisionnel de 270 millions… Quelle est la rationalité de ces chiffres ? A peu près, aucune.


En effet, en faisant l’hypothèse que le festivalier moyen va à 3 concerts, c’est au maximum 5000 personnes qui se seraient rendu sur la place Faidherbe en payant leur place (en réalité, beaucoup moins). Quid des 87.000 autres ? L’île n’ayant que 12.000 habitants, on voit mal sa population multipliée par plus de 7 pendant le festival et se répartir dans les 800 lits officiellement recensés dans la commune (115 personnes par lit !).
 
Tous ces chiffres sont vérifiables aisément puisque les nuitées sont assujetties à une taxe dite de promotion du tourisme de 1000fcfa par nuit et par personne (la TPT) et que les statistiques du ministère sont renseignés tous les mois. Enfin, des fiches de police sont remises hebdomadairement au Commissariat central.
 
Trois moyens efficaces de débusquer la supercherie des fanfaronnades faites par la « com. » du Saint-Louis Jazz.
 
Il est clair aujourd’hui que le « off » a supplanté le « in » et depuis des années et que beaucoup de ceux qui viennent au festival préféreront la musique dans les bars, dans les restaurants, au « Tennis Club » ou à l’Institut Français que de dépenser 10.000fcfa pour un musicien plus réputé mais dont la présence n’est pas certaine et l’absence souvent révélée seulement après l’achat du billet. Cette technique fréquemment employée par Saint-Louis Jazz est tout simplement dolosive et elle ne contribue pas à améliorer l’image déjà contestée de ses animateurs. Encore cette année, Rhoda Scott qui va fêter ses 80 printemps en juillet ou Orschestra Aragon dont la présence a aussi été évoquée par voie de presse et sur l’affiche.
 
Il est plus vraisemblable de penser que la présence sur le site du « in », place Faidherbe se situe entre 400 et 800 selon les intervenants, par soirée et pendant 4 jours, c’est-à-dire, au maximum, 3000 personnes pendant la durée totale des concerts payants. Il convient de retrancher de ce chiffre les nombreux invités de Saint-Louis Jazz et ceux dont le siège a été payé par leur société sous forme de subvention au festival. Faisons l’hypothèse très généreuse de 2000 entrées payantes. C’est d’ailleurs, ce que suggèrent les comptes publics de la 23e édition.
 
Ramené au « vrai festivalier payant », le coût de la soirée est donc de (270 millions moins 20 millions d’encaissement) divisé par 2000 personnes soit 125.000fcfa de subvention municipale par festivalier. Voilà un chiffre qui donne le vertige et qui oblige à se poser la question de la pertinence de l’événement et, sans conteste, de son coût.
 
En effet, comment peut-on consacrer 250 million pour remplir la Ville pendant 4 jours alors que l’Office du Tourisme devra se contenter de moins de 10 millions pour remplir les hôtels et les restaurants pendant tout le reste de l’année ?
Qui fera, un jour, un arbitrage sérieux entre les différentes fêtes qui adressent toutes les mêmes sponsors et les mêmes cibles (le Fanal, les Régates, le Jazz, la Danse, le Simb…) ? Le festival de Jazz est, de loin, le plus élitiste et les régates sont, de loin, les plus populaires.
 
Voilà de beaux sujets de réflexions organisationnels pour les acteurs du tourisme qui s’effacent volontiers derrière le jeu subtil (ou pervers) des associations pour ne pas avoir à aborder des sujets qui fâchent.
 
Quand on pense à la pression qui est mise tous les ans sur les hôteliers, les restaurateurs et les guides par les équipes du festival de Jazz alors mêmes qu’ils sont déjà sollicités en temps, en cash, en chambres et en repas gratuits et aussi en participation à la sécurité de l’événement, et qu’ils portent des créances impayées depuis des années, en toute impunité, tandis que leur véritable instance de promotion, le Syndicat d’Initiative, n’est pas financé, sauf par leurs propres cotisations.
 
On marche vraiment sur la tête !
 
Sur le plan comportemental et managérial de Saint-Louis Jazz, tous les ans, il promet d’assurer la transparence sur son événement. Tous les ans, il se dérobe.

Ses insuffisances se constatent aisément en matière de communication, de programmation et de déprogrammation (voir + haut), en matière de rigueur sur les horaires, de discipline entre le « in » et le « off », d’énergie dissipée sur les « à cotés » (T-shirts, foires, recettes de poche, etc.), de qualité de l’animation des soirées, de laisser aller dans la billetterie et de distribution des invitations qui sont manifestement faite de façon discrétionnaire aujourd’hui.
 
Au vue de tous ces problèmes, il s’avère nécessaire de trouver des solutions idoines pour l’avenir du Festival.
En urgence, la préconisation irait :
  • Sur la base d’un audit conduit sous la responsabilité d’un manager extérieur, de suggérer un renouvellement à 100% des équipes de Saint-Louis Jazz et peut être, un dépôt du bilan de SLJ pour éviter de trainer indéfiniment les créances dont on sait clairement qu’elles ne pourront jamais être remboursées et qu’elles handicaperont l’avenir du festival.
  • Une réduction à deux concerts d’une heure par soir au lieu de trois avec un strict respect des horaires de début.
  • Ne pas réserver les premiers rands aux invités des sponsors qui viennent, en retard, par obligation sociale et sans motivation pour le jazz. Cela gêne les musiciens et contrarie le planning. Par contre, monter en gamme en créant des loges VIP et les vendre aux différents sponsors avec une restauration et des boissons de qualité (façon Roland Garros ou les matchs de rugby en Angleterre).
  • Exiger une discipline sans faille entre le « in » et le « off », ce qui suppose que le « in » s’applique une discipline de fer à lui-même et qu’il n’y a pas de musique ailleurs que sur la place pendant les concerts du « in ».
  • Réduire la voilure en assurant d’abord la promotion des groupes du continent africain avec une seule, belle et véritable tête d’affiche qui jouerait en dernière partie et non pas au milieu ou au début.
  • Un budget de l’ordre de 100 millions maximum, parait raisonnable et mieux proportionné à la ville, pour commencer.
  • Garder un caractère tropical et original au festival pour ne pas le diluer dans la masse des festivals qui sont, pour la plupart, mieux dotés et mieux gérés.
  • Accepter l’aide, plusieurs fois proposée courtoisement par d’autres festivals (Tourcoing, Marciac, etc.) au lieu de rester figé dans la position de « Monsieur je sais tout, arrogant et rigide » pour finir par un plantage magistral et, peut-être, sans lendemain. Il n’y a pas de honte à adopter et à mettre en place des idées qui réussissent chez les autres. Ça s’appelle le retour d’expérience.
  • Faire du festival l’affaire de tous et non pas une chasse réservée à quelques-uns dont on pourrait suspecter légitimement qu’ils défendent un intérêt personnel.
  • Réfléchir sur une tarification en fonction de l’âge car aujourd’hui les plus jeunes ne passent pas par le « in » et préfèrent consacrer leur budget aux consommations plutôt qu’à la musique qui, pour eux, est nécessairement gratuite (génération internet).
  • Se mettre au boulot dès maintenant pour ne pas avoir à subir les aléas mais être dans une dynamique de réussite et non pas, comme d’habitude, dans le déni de la réalité observée et dans une justification « a posteriori » dont tout le monde se fout.
AU TRAVAIL !
Cette belle fête mérite mieux qu’une querelle d’ego.
Elle mérite de rester tout simplement la belle fête qu’elle est déjà.
 
 PAPA MAGATTE NDIAYE « Petit »
« Goorou Ndar »


Réagissez ! Vos commentaires nous intéressent. Cliquez ici !

1.Posté par Tintin le 10/05/2018 19:45
Je rajouterais que la place Faidherbe ne se prete pas à un festival de jazz ou la proximité avec les musiciens est très importante , on se croirait dans un grand couloir !
la programmation est tres disparate ( qui décide ???) ce serait une excellente idée de se rapprocher des festivals de Tourcoing , Vannes , St-Lo , Vienne qui marchent tres bien......pourquoi pas de minis concerts dans differents quartiers de St-Louis ( Pikine , Ndiolofene , Ngallele , UGB.....) pour rapprocher les gens de ce genre musical .....
que le festival "OFF" dans les bars et restaurants commence véritablement APRES le festival officiel et surtout que l'associociation qui gère le Festival travaille en toute transparence et avec plus de professionalisme comme l'a tres bien dit PAPA MAGATTE NDIAYE....!

2.Posté par Ameth Diallo le 12/05/2018 16:31
Mais ce Petit est un Grand pertinent. Bien joue mon p'tit! T'ecris bien et t'es dans la note. Seule ombre au tableau de ta prestation, la signature de ton texte: Goorou Ndar ! Il faut arrêter ses fanfaronnades là goorou ndar, Coumba ndar c'est pas productif et ça nous ramène toujours à des comédies... Dramatiques alors que saint Louis se meurt. Nostalgique de ce qu'elle était: belle sur un fleuve dormant.

Nouveau commentaire :
Twitter

Merci d'éviter les injures, les insultes et les attaques personnelles. Soyons courtois et respectueux et posons un dialogue positif, franc et fructueux. Les commentaires injurieux seront automatiquement bloqués. Merci d'éviter les trafics d'identité. Les messages des faiseurs de fraude sont immédiatement supprimés.