En effet, la loi Agro-Sylvo-Pastorale en ces Articles 1 à 6 stipule que «la politique conduite par l’état dans le domaine du développement agro-sylvo-pastoral est marquée par le retrait progressif de l’état et est conforme aux principes de recentrage de ses missions sur des fonctions régaliennes, de poursuite de la politique de décentralisation, d’amélioration du cadre et des conditions de vie en milieu rural, ainsi que de création d’un environnement propice aux investissements privés en milieu rural…La réduction de la pauvreté est la principale priorité de la politique de l’état, en particulier dans les zones rurales…L’état s’emploie à assurer à toutes les personnes exerçant les métiers de l’agriculture un niveau de vie leur permettant de faire face durablement à leurs besoins légitimes en matière d’alimentation, de santé, de logement, d’habillement, d’éducation, de formation, et de loisirs…Il œuvre également en vue d’atteindre, à moyen terme, un niveau de sécurité alimentaire…et la mise en place d’un régime de protection sociale en leur faveur…»
A partir de cette lecture, nous disions dans notre rapport CEFDEL d’Octobre 2016 intitulé «Sénégal Perspectives Economiques et Enjeux Politiques et Economiques» que les populations rurales qui vivent d’autosubsistance et d’agriculture pluviale ne sont pas obligées de continuer de travailler la terre qui leur appartient et qui est leur principal actif. Elles pourraient avoir le choix entre des investissements publics qui les maintiendraient dans l’agriculture (un programme social) et une rente publique équivalente pour qu’elles se reconvertissent dans d’autres domaines.
Cette rente publique prendrait la forme d’un revenu minimum garanti financé par la location de terres agricoles à des groupes privés usufruitiers capables d’investir dans des infrastructures d’irrigation et de maîtriser les chaines de valeurs agricoles. Cette approche est à contraster avec les projets de l’état visant (i) à équiper et aider le monde rural (ii) à louer des terres à des entreprises privées mais pour verser l’usufruit aux collectivités locales et/ou (iii) à demander aux entreprises de prendre en charge des besoins sociaux des populations rurales ou de contractualiser leur production. En donnant des titres négociables sur ces terres aux populations rurales, suite à une réforme foncière, ces dernières pourraient également tirer des dividendes sur les profits nets des groupes privés en participant à leur capital via l’état et/ou à travers une structure privée qu’elles contrôleraient. Cette structure privée, ces populations y auraient des parts en lui donnant en fiducie leurs titres fonciers négociables loués aux groupes privés, ce qui permettra à cette dernière de liquéfier les titres auprès d’institutions financières nationales et internationales pour financer sa participation aux investissements. Cette solution pourrait permettre d’atteindre les objectifs de la loi Agro-Sylvo-Pastorale dans ses volets sécurité alimentaire, protection sociale, et fourniture de services publics de base. Ceci sans faire de l’état un entrepreneur agricole, ni obliger les populations à l’être sans leur proposer une alternative de libre choix et de responsabilité qui préserverait également leurs terres.
En effet, un revenu minimum garanti taxé localement et assorti d’obligations en matière d’éducation pour les enfants et d’adhésion à une mutuelle de santé permettrait d’assurer une sécurité alimentaire, un progrès social, et le financement des collectivités locales. Cette rente publique favorisera l’investissement par des privés et par les ruraux eux-mêmes dans des cultures vivrières compétitives pour capturer cette même manne. L’impôt sur les revenus y compris sur la rente publique responsabilisera les populations dans la gestion des affaires publiques locales. Le collectivisme présent dans l’approche agribusiness et d’exploitation familiale du PSE serait ainsi atténué. Il s’agira de choisir de faire davantage confiance aux populations elles-mêmes (Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp) plutôt qu’exclusivement à l’état/la collectivité locale et/ou l’entreprise privée.
De façon générale, les ambitions des autorités de réduction des inégalités et injustices sociales, ainsi que les investissements envisagés dans le capital humain sont louables mais pour que les ressources y investies produisent des résultats probants il va falloir davantage responsabiliser et autonomiser les populations. La bourse familiale assortie d’obligations comme les autorités le prévoient en matière d’éducation pour les enfants et d’adhésion à une mutuelle de santé pour l’assurance maladie universelle est louable. Il va cependant falloir aller au-delà pour l’inscrire dans une logique de responsabilisation de toute la population. Un revenu minimum garanti à tous les ménages qualifiés, correspondant aux disponibilités de financement public des services de santé, d’éducation, et de soutien pourrait être plus efficace et faciliterait aussi la transition des ruraux de l’agriculture vers d’autres activités. Cette option elle-même assortie d’un désengagement de l’état dans la gestion directe des structures scolaires et sanitaires pour se focaliser sur leur financement avec des obligations de résultats permettrait aux populations de se responsabiliser. En effet, nous dépensons 40% de notre budget dans les secteurs sociaux sans résultats probants avec le service public.
Nous pensons que les propositions ci-dessus faites, notamment en ce qui concerne la population rurale, permettraient au Sénégal de réaliser sa révolution agricole et la reconversion d’une bonne partie de sa population rurale vers l’urbain, l’industrie, et les services à découvrir. Dans la même lancée, le principal objectif de sécurité alimentaire de la loi Agro-Sylvo-Pastorale serait atteint sans passer par l’autosuffisance alimentaire dans des produits spécifiques.
En effet, la finalité de la production dans une économie monétaire et d’échange et non de subsistance n’est pas la consommation propre des producteurs (individuellement ou collectivement) mais la vente pour des revenus. La finalité économique première de la production en économie monétaire n’est pas non plus la sécurité alimentaire, ni l’autosuffisance alimentaire. La finalité est l’obtention de revenus pour pouvoir se procurer ce que l’on désire d’où que ça puisse provenir, l’essentiel étant qu’on ait un pouvoir monétaire d’achat qui est un intrant important pour la sécurité et l’indépendance alimentaire. La loi Agro-Sylvo-Pastorale avait donc raison de ne pas parler d’autosuffisance alimentaire.
Avec notre arrimage sur un euro fort, nos populations ne sont pas obligées d’acheter la production locale et les revenus de producteurs locaux soutenus par l’état ne sont pas nécessairement dépensés localement. Par contre, un revenu minimum garanti provenant d’usufruitiers et de dividendes de sociétés privées productives pourrait garantir la sécurité alimentaire de notre main d’œuvre d’autosubsistance et permettre une révolution agricole s'il est aussi accompagné d’une réforme monétaire qui permet à l’argent de circuler localement.
Complétée par l’émission d’une monnaie nationale complémentaire comme moyen d’échange (électronique et papier) entre les 90% de notre population non bancarisée afin de mobiliser la monnaie FCFA par devers elle et dont la contrepartie est en réserves de devises à la BCEAO, nous aurions également un fonds commun d’investissement et de garanti à investir. Un effet de levier sur ce fonds pour faciliter l’accès au crédit (sans intérêt sans garantie) en ce moyen d’échange et pour financer une partie du revenu minimum garanti proposé permettrait de faire le lien entre nos capacités de production sous-utilisées et les besoins des populations dans des pôles régionaux définis. Ces pôles seraient définis sur la base de l’existence de villes épicentres pourvoyeuses de demande et polarisant dans leur périmètre pour maximiser le fonds commun d’investissement. Cette vision est également à contraster avec une option de définition de territoires basée sur la territorialisation d’une politique agricole de l’état central conçue à partir d’une appréciation dirigiste des avantages comparatifs des territoires et de leurs dotations factorielles présupposées. Elle est basée sur les villes épicentres plutôt que les territoires ruraux pour réussir une décentralisation autonomisante qui responsabilise les acteurs locaux comme envisagé par la loi Agro-Sylvo-Pastorale.
Les Ministères de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances devraient s’essayer à la simulation d’un revenu minimum garanti en milieu rural comme option. Ce revenu pourrait être complété de ressources venant des secteurs de la santé et de l’éducation qui n’arrivent pas non plus à améliorer notre indice de développement humain avec les ressources budgétaires qui leur sont allouées.
Liberté, Autonomie, Responsabilité, Solidarité Libre
Dr. Abdourahmane SARR
Président du CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
A partir de cette lecture, nous disions dans notre rapport CEFDEL d’Octobre 2016 intitulé «Sénégal Perspectives Economiques et Enjeux Politiques et Economiques» que les populations rurales qui vivent d’autosubsistance et d’agriculture pluviale ne sont pas obligées de continuer de travailler la terre qui leur appartient et qui est leur principal actif. Elles pourraient avoir le choix entre des investissements publics qui les maintiendraient dans l’agriculture (un programme social) et une rente publique équivalente pour qu’elles se reconvertissent dans d’autres domaines.
Cette rente publique prendrait la forme d’un revenu minimum garanti financé par la location de terres agricoles à des groupes privés usufruitiers capables d’investir dans des infrastructures d’irrigation et de maîtriser les chaines de valeurs agricoles. Cette approche est à contraster avec les projets de l’état visant (i) à équiper et aider le monde rural (ii) à louer des terres à des entreprises privées mais pour verser l’usufruit aux collectivités locales et/ou (iii) à demander aux entreprises de prendre en charge des besoins sociaux des populations rurales ou de contractualiser leur production. En donnant des titres négociables sur ces terres aux populations rurales, suite à une réforme foncière, ces dernières pourraient également tirer des dividendes sur les profits nets des groupes privés en participant à leur capital via l’état et/ou à travers une structure privée qu’elles contrôleraient. Cette structure privée, ces populations y auraient des parts en lui donnant en fiducie leurs titres fonciers négociables loués aux groupes privés, ce qui permettra à cette dernière de liquéfier les titres auprès d’institutions financières nationales et internationales pour financer sa participation aux investissements. Cette solution pourrait permettre d’atteindre les objectifs de la loi Agro-Sylvo-Pastorale dans ses volets sécurité alimentaire, protection sociale, et fourniture de services publics de base. Ceci sans faire de l’état un entrepreneur agricole, ni obliger les populations à l’être sans leur proposer une alternative de libre choix et de responsabilité qui préserverait également leurs terres.
En effet, un revenu minimum garanti taxé localement et assorti d’obligations en matière d’éducation pour les enfants et d’adhésion à une mutuelle de santé permettrait d’assurer une sécurité alimentaire, un progrès social, et le financement des collectivités locales. Cette rente publique favorisera l’investissement par des privés et par les ruraux eux-mêmes dans des cultures vivrières compétitives pour capturer cette même manne. L’impôt sur les revenus y compris sur la rente publique responsabilisera les populations dans la gestion des affaires publiques locales. Le collectivisme présent dans l’approche agribusiness et d’exploitation familiale du PSE serait ainsi atténué. Il s’agira de choisir de faire davantage confiance aux populations elles-mêmes (Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp) plutôt qu’exclusivement à l’état/la collectivité locale et/ou l’entreprise privée.
De façon générale, les ambitions des autorités de réduction des inégalités et injustices sociales, ainsi que les investissements envisagés dans le capital humain sont louables mais pour que les ressources y investies produisent des résultats probants il va falloir davantage responsabiliser et autonomiser les populations. La bourse familiale assortie d’obligations comme les autorités le prévoient en matière d’éducation pour les enfants et d’adhésion à une mutuelle de santé pour l’assurance maladie universelle est louable. Il va cependant falloir aller au-delà pour l’inscrire dans une logique de responsabilisation de toute la population. Un revenu minimum garanti à tous les ménages qualifiés, correspondant aux disponibilités de financement public des services de santé, d’éducation, et de soutien pourrait être plus efficace et faciliterait aussi la transition des ruraux de l’agriculture vers d’autres activités. Cette option elle-même assortie d’un désengagement de l’état dans la gestion directe des structures scolaires et sanitaires pour se focaliser sur leur financement avec des obligations de résultats permettrait aux populations de se responsabiliser. En effet, nous dépensons 40% de notre budget dans les secteurs sociaux sans résultats probants avec le service public.
Nous pensons que les propositions ci-dessus faites, notamment en ce qui concerne la population rurale, permettraient au Sénégal de réaliser sa révolution agricole et la reconversion d’une bonne partie de sa population rurale vers l’urbain, l’industrie, et les services à découvrir. Dans la même lancée, le principal objectif de sécurité alimentaire de la loi Agro-Sylvo-Pastorale serait atteint sans passer par l’autosuffisance alimentaire dans des produits spécifiques.
En effet, la finalité de la production dans une économie monétaire et d’échange et non de subsistance n’est pas la consommation propre des producteurs (individuellement ou collectivement) mais la vente pour des revenus. La finalité économique première de la production en économie monétaire n’est pas non plus la sécurité alimentaire, ni l’autosuffisance alimentaire. La finalité est l’obtention de revenus pour pouvoir se procurer ce que l’on désire d’où que ça puisse provenir, l’essentiel étant qu’on ait un pouvoir monétaire d’achat qui est un intrant important pour la sécurité et l’indépendance alimentaire. La loi Agro-Sylvo-Pastorale avait donc raison de ne pas parler d’autosuffisance alimentaire.
Avec notre arrimage sur un euro fort, nos populations ne sont pas obligées d’acheter la production locale et les revenus de producteurs locaux soutenus par l’état ne sont pas nécessairement dépensés localement. Par contre, un revenu minimum garanti provenant d’usufruitiers et de dividendes de sociétés privées productives pourrait garantir la sécurité alimentaire de notre main d’œuvre d’autosubsistance et permettre une révolution agricole s'il est aussi accompagné d’une réforme monétaire qui permet à l’argent de circuler localement.
Complétée par l’émission d’une monnaie nationale complémentaire comme moyen d’échange (électronique et papier) entre les 90% de notre population non bancarisée afin de mobiliser la monnaie FCFA par devers elle et dont la contrepartie est en réserves de devises à la BCEAO, nous aurions également un fonds commun d’investissement et de garanti à investir. Un effet de levier sur ce fonds pour faciliter l’accès au crédit (sans intérêt sans garantie) en ce moyen d’échange et pour financer une partie du revenu minimum garanti proposé permettrait de faire le lien entre nos capacités de production sous-utilisées et les besoins des populations dans des pôles régionaux définis. Ces pôles seraient définis sur la base de l’existence de villes épicentres pourvoyeuses de demande et polarisant dans leur périmètre pour maximiser le fonds commun d’investissement. Cette vision est également à contraster avec une option de définition de territoires basée sur la territorialisation d’une politique agricole de l’état central conçue à partir d’une appréciation dirigiste des avantages comparatifs des territoires et de leurs dotations factorielles présupposées. Elle est basée sur les villes épicentres plutôt que les territoires ruraux pour réussir une décentralisation autonomisante qui responsabilise les acteurs locaux comme envisagé par la loi Agro-Sylvo-Pastorale.
Les Ministères de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances devraient s’essayer à la simulation d’un revenu minimum garanti en milieu rural comme option. Ce revenu pourrait être complété de ressources venant des secteurs de la santé et de l’éducation qui n’arrivent pas non plus à améliorer notre indice de développement humain avec les ressources budgétaires qui leur sont allouées.
Liberté, Autonomie, Responsabilité, Solidarité Libre
Dr. Abdourahmane SARR
Président du CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp