C’était dans les années 90. L’Université de St Louis commençait déjà à perdre sa belle réputation de havre de paix où n’entraient que quelques élus parmi la crème de l’école sénégalaise . A la session unique d’octobre 1993 succéda l’année invalidée de 1994 où les étudiants durent vider le campus presque à la sauvette. Quelle humiliation! 1994, c’était aussi l’année de la fameuse dévaluation du Franc cfa avec la misère économique qu’elle causa dans tout le Sénégal. A la rentrée universitaire suivante, les conditions de vie sur le campus s’étaient tellement détériorées que certains étudiants en arrivaient à abandonner tout bonnement Sanar (comme on appelle familièrement cette université plantée à 14 km à l’est de St Louis) pour retourner chez eux.
L’affaissement des repères moraux suintait aussi bien dans les discours politiques que dans les productions artistiques. Les chants et les danses servaient de plus en plus d’exutoire pour défier les codes moraux comme si une nouvelle génération cherchait à faire un doigt d’honneur à tous les repères.
Dans cette atmosphère de démoralisation qui semait le doute dans les cœurs et les esprits, il y avait, parmi cette jeunesse estudiantine, quelques individus qui trouvaient leur réconfort dans la spiritualité. Dans les chambres et dans les espaces aménagés pour servir de salle de prière, on se rencontrait souvent entre amis, camarades de classe ou de « village » (comme on désignait les résidences universitaires) pour parler de religion, notamment de l’islam.
C’est dans ce contexte que les frères Diop débarquèrent à Sanar. D’abord il y avait Mouhamed Diop, l’Imam-étudiant qui psalmodiait le Quraan d’une voix à la fois si forte et belle que tu lui en voulais presque quand il récitait des sourates courtes à l’aube ou la nuit. Ensuite arriva Bachir. Avec ce dernier, la première chose que je retiens, c’est une sorte d’évolution/révolution dans les sermons du vendredi.
Devenu Imam de la mosquée de l’UGB, il aimait choisir des sujets plus pragmatiques et axés sur la vie quotidienne des jeunes Sénégalais, en général, et des étudiants en particulier. Comme son frère Mouhamed, Imam Bachir (c’est ainsi qu’on l’appelait déjà), était d’autant plus à même de comprendre son contexte social qu’il menait une vie estudiantine intense: il jouait dans les équipes de foot, faisait des arts martiaux, assistait aux séances de thé où on discutait à bâtons rompus, aidait parfois à vendre à une des boutiques privées du campus, et surtout, en tant que Diop, il ne ratait pas l’occasion de chambrer les Ndiayes, ses parents à plaisanterie; le sens de l’humeur, c’était son affaire. Imam Bachir avait ce sourire radieux qui accompagnait cette voix douce.
Sur ce campus où cohabitaient une diversité de courants religieux, Imam Bachir Diop aimait trouver des compromis sans se compromettre. Sa simplicité, sa sincérité, sa patience, sa droiture faisaient de lui un homme affable et accessible à qui les étudiants qui éprouvaient des difficultés dans leur cheminement spirituel n’avaient pas peur de se confier. Car il trouvaient en lui une oreille attentive et un cœur apaisé enclins à tendre une perche salvatrice plutôt qu’à servir un jugement moral écrasant.
Imam Bachir, tu as été un Précurseur et une excellente nouvelle pour Sanar. Qu’Allah, dans Sa Rahma infinie, t’accueille au Firdaws majestueux et qu’Il veille sur ta famille jusqu’à ce qu’elle te retrouve en compagnie du Sceau des Prophètes, notre Habib (Sallallaahu a’leyhi wa Sallah) au sourire sublime.
Aamiin
Ton frère en Allah
Sadibou Sow
California, USA
L’affaissement des repères moraux suintait aussi bien dans les discours politiques que dans les productions artistiques. Les chants et les danses servaient de plus en plus d’exutoire pour défier les codes moraux comme si une nouvelle génération cherchait à faire un doigt d’honneur à tous les repères.
Dans cette atmosphère de démoralisation qui semait le doute dans les cœurs et les esprits, il y avait, parmi cette jeunesse estudiantine, quelques individus qui trouvaient leur réconfort dans la spiritualité. Dans les chambres et dans les espaces aménagés pour servir de salle de prière, on se rencontrait souvent entre amis, camarades de classe ou de « village » (comme on désignait les résidences universitaires) pour parler de religion, notamment de l’islam.
C’est dans ce contexte que les frères Diop débarquèrent à Sanar. D’abord il y avait Mouhamed Diop, l’Imam-étudiant qui psalmodiait le Quraan d’une voix à la fois si forte et belle que tu lui en voulais presque quand il récitait des sourates courtes à l’aube ou la nuit. Ensuite arriva Bachir. Avec ce dernier, la première chose que je retiens, c’est une sorte d’évolution/révolution dans les sermons du vendredi.
Devenu Imam de la mosquée de l’UGB, il aimait choisir des sujets plus pragmatiques et axés sur la vie quotidienne des jeunes Sénégalais, en général, et des étudiants en particulier. Comme son frère Mouhamed, Imam Bachir (c’est ainsi qu’on l’appelait déjà), était d’autant plus à même de comprendre son contexte social qu’il menait une vie estudiantine intense: il jouait dans les équipes de foot, faisait des arts martiaux, assistait aux séances de thé où on discutait à bâtons rompus, aidait parfois à vendre à une des boutiques privées du campus, et surtout, en tant que Diop, il ne ratait pas l’occasion de chambrer les Ndiayes, ses parents à plaisanterie; le sens de l’humeur, c’était son affaire. Imam Bachir avait ce sourire radieux qui accompagnait cette voix douce.
Sur ce campus où cohabitaient une diversité de courants religieux, Imam Bachir Diop aimait trouver des compromis sans se compromettre. Sa simplicité, sa sincérité, sa patience, sa droiture faisaient de lui un homme affable et accessible à qui les étudiants qui éprouvaient des difficultés dans leur cheminement spirituel n’avaient pas peur de se confier. Car il trouvaient en lui une oreille attentive et un cœur apaisé enclins à tendre une perche salvatrice plutôt qu’à servir un jugement moral écrasant.
Imam Bachir, tu as été un Précurseur et une excellente nouvelle pour Sanar. Qu’Allah, dans Sa Rahma infinie, t’accueille au Firdaws majestueux et qu’Il veille sur ta famille jusqu’à ce qu’elle te retrouve en compagnie du Sceau des Prophètes, notre Habib (Sallallaahu a’leyhi wa Sallah) au sourire sublime.
Aamiin
Ton frère en Allah
Sadibou Sow
California, USA