La chambre criminelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Tambacounda (est) a condamné mardi un quadragénaire à sept ans de travaux forcés, lui reprochant d’avoir donné un coup de couteau mortel à l’un des protagonistes d’une bagarre.
L’accusé est également condamné à payer 14 millions de francs CFA, en guise de dommages et intérêts, à la partie civile.
Le 21 février 2015, la brigade de gendarmerie de Koumpentoum a reçu un appel téléphonique annonçant une bagarre mortelle au forage du village de Darou Salam Diouf.
Les gendarmes se sont rendus au poste de santé de Payar, où a été évacué le corps de la victime, Ndoulo Bâ. Ils interpellent ensuite le présumé meurtrier, Bocar Diome.
"Hémorragie"
Le chef du district sanitaire de Koumpentoum a constaté sur le corps de la victime une "lésion cutanée profonde au niveau thoracique droit, en dessous de la clavicule droite".
La lésion a occasionné "une hémorragie interne et externe", ajoute-t-il, avant de conclure à une "hémorragie post-traumatique par arme blanche".
Selon Abdoulaye Sarr, le conducteur du forage, vers 11 heures, le jour du drame, il se reposait sous une tente, en compagnie d’autres personnes, lorsque, par des cris leur parvenant, ils apprennent la bagarre opposant Ndoulo Bâ à Aliou Kâ.
Venu d’on ne sait où, Bocar Diome se pointe sur le lieu de la rixe pour donner un coup de couteau à Ndoulo Bâ, sous la clavicule droite, selon M. Sarr. Entendu comme témoin, Aliou Kâ reconnaît s’être battu avec Ndoulo, qui a reconnu le collier attaché à son cheval comme étant le sien, affirmant que l’objet lui a été volé deux jours plus tôt. M. Kâ précise qu’il apprendra la mort de Ndoulo Bâ après avoir quitté le lieu de la bagarre.
Interrogé, Bocar Diome reconnaît avoir donné le coup de couteau mortel à la victime, mais il affirme ne pas pouvoir dire pour quelle raison il a agi de la sorte. L’accusé vendait du manioc sous une tente, lorsque Ndoulo Bâ et Aliou Kâ en sont venus aux mains, des protagonistes qu’il ne connaissait pas. Armé d’un couteau, il se rue sur l’un d’eux, et lui assène un coup.
Pendant l’enquête, comme devant le juge, Bocar Diome maintient ses aveux, mais il finit, devant la barre du tribunal, par nier avoir tué Ndoulo Bâ. Il soutient qu’il n’a pas bougé de son étal où, selon ses dires, des accusateurs sont venus porter sur lui la responsabilité de la mort de Ndoulo Bâ.
"Ne trouvez-vous pas bizarre que tout le village t’accuse alors que tu n’a rien fait ?" lui demande le président de la chambre.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République a évoqué les "dénégations de dernière minute" de l’accusé, qui avait pourtant reconnu les faits devant le juge et face aux gendarmes. Estimant que le mobile du meurtre "importait peu" d’autant plus qu’il est rare qu’un accusé avoue vouloir tuer sa victime, il a demandé à la chambre de condamner Bocar Diome aux travaux forcés à perpétuité.
Me Lady Bâ, l’un des conseils de l’accusé, fait valoir que "l’aveu n’est plus la reine des preuves". Bocar Diome, contre toute attente, est revenu sur ses aveux, prenant de court ses propres avocats.
Des "insuffisances de l’enquête"
Me Bâ dira qu’à force d’aller rendre visite à son client en prison, il a constaté que ce dernier était dans "un état second", ce qui aurait pu le persuader, en sa qualité d’avocat, d’invoquer la démence de M. Diome. Il conteste la manière dont l’enquête a été menée, estimant, contrairement à l’avocat général, que le procès-verbal établi par les gendarmes enquêteurs est "loin d’être un chef-d’œuvre".
Lady Bâ s’est étonné que le procureur investi des pouvoirs d’investigation et de coercition ne puisse trouver l’arme du crime, même deux ans après le drame. Ces "insuffisances de l’enquête" sont notoires d’autant plus que l’heure à laquelle a été porté le coup reste une énigme, comme celles de l’évacuation de la victime à Koumpentoum et de sa mort clinique, fait valoir Me Bâ.
C’est de la prise en charge de la victime qu’il devrait surtout être question, d’autant plus qu’il n’a pas été touché à un organe vital, selon le conseil de l’accusé. Ndoulo Bâ a succombé à sa blessure parce que l’hémorragie n’a pas été arrêtée, fait valoir Me Bâ.
L’avocat soutient que c’est un blessé qui a été admis aux urgences, pas un cadavre, et il aurait pu être sauvé s’il était évacué vers un hôpital, avec le confort qu’on peut attendre de cette catégorie de structure de santé.
Le "seul témoin réel" étant de second degré puisqu’il était arrivé juste après la bagarre, "ses tergiversations le rendent non crédible", soutient Laby Bâ, pour ensuite demander à la chambre d’acquitter son client au bénéfice du doute ou de disqualifier les faits qui lui sont reprochés en "coup mortel".
Il a demandé une application bienveillante de la loi pour ce quadragénaire marié et père de quatre enfants.
Après avoir délibéré, la chambre criminelle du TGI de Tambacounda, qui planche depuis lundi sur de nombreux dossiers similaires, a requalifié les faits en "coup mortel" et a condamné Bocar Diome à sept ans de travaux forcés. M. Diome est également condamné à payer 14 millions de francs CFA aux héritiers de la victime.
APS
Après avoir délibéré, la chambre criminelle du TGI de Tambacounda, qui planche depuis lundi sur de nombreux dossiers similaires, a requalifié les faits en "coup mortel" et a condamné Bocar Diome à sept ans de travaux forcés. M. Diome est également condamné à payer 14 millions de francs CFA aux héritiers de la victime.
APS