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Sénégal: Lancement d'une application de suivi médical

Vendredi 5 Décembre 2014

L'application Djobi permet un suivi des patients dans les zones enclavées

Elle a été lancée sur financement du Fonds Francophone des Inforoutes, avec la participation de l'université Gaston Berger de Saint-Louis.

Sept cents patients bénéficient pour l'heure du service, mais les chercheurs sont encore à la recherche d'un modèle économique viable


En marge du sommet de la Francophonie, à Dakar, Djobi, une nouvelle plateforme de suivi médical dans les zones enclavées du Sénégal, a été présentée au public.
Cette application mobile a été conçue pour contribuer à une meilleure prise en charge médicale des mères et de leurs enfants.

Elle a été développée par une équipe de techniciens de l’université Gaston Berger de Saint Louis, partenaire du projet.
Selon Amadou Sow, développeur d'applications web à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le système fonctionne sur la base d'une adhésion des familles à une micro-assurance santé proposée par des mutuelles de santé.
"Des agents de santé communautaire, appelés "relais", rendent régulièrement visite aux adhérents pour collecter des données relatives à la santé des mères et des enfants, avec un téléphone mobile équipé de l’application Djobi", a expliqué Amadou Sow à SciDev.Net.
Les données sont ensuite envoyées au responsable local de santé, par SMS, via un serveur sécurisé.
En cas d’alerte, le responsable informe l’agent de santé communautaire pour que la mère et/ou l’enfant soient emmenés au poste de santé.
La phase pilote du projet a démarré en septembre 2013 dans la localité de Passy, dans le centre du pays.

700 adhérents
Elle a été élargie en septembre dernier à deux nouvelles zones : les villes de Sokone et de Kaolack.
Actuellement, 700 bénéficiaires inscrits dans trois mutuelles de santé prennent part au projet.
Le système fonctionne notamment grâce aux relais communautaires, qui visitent régulièrement les familles membres et s’occupent de la collecte et du traitement des données.
Le Réseau Africain d’Education pour la Santé (Raes), chargé de la mobilisation sociale, a mis en place des motivations financières pour ces relais.

Modèle économique

"Nous avons déjà une idée de ce que représente la prise en charge des relais communautaires, soit 15.000 Francs par mois, par relais. Mais nous attendons les données des autres partenaires  comme l’opérateur de télécoms, l’université de Saint Louis", explique à SciDev.Net Ndèye Maguette Fall Badiane, responsable M-Santé à Raes.
Elle précise que pour la phase opérationnelle, les acteurs pensent à un modèle économique basé sur une prise en charge assurée par les mutuelles de santé. Dans la ville de Kaolack par exemple, la mutuelle de santé compte 800 adhérents.

"D’habitude, la consultation et les médicaments sont pris en charge par les mutuelles. Nous pensons donc que grâce aux cotisations des membres des mutuelles, le projet pourrait couvrir ces charges. Notre plaidoyer consiste à expliquer  à ces  mutuelles l’économie d’échelle qu’elles peuvent réaliser par ce suivi plus précoce et plus assidu que permet le système Djobi, ce qui amoindrit normalement les dépenses pour le traitement des maladies". 
Bassirou Dia, président de la mutuelle de santé de Passy, qui compte une centaine de familles bénéficiaires, confirme pour sa part que "le projet a beaucoup apporté."

Réduction de la mortalité
"D'habitude, explique-t-il, les mamans attendent que l'enfant soit malade ou très malade pour l'emmener au centre de santé. Mais avec les relais qui envoient des SMS vers l'infirmier chargé du contrôle sanitaire sous forme d'alertes basées sur la température ou la fièvre, on intervient plus rapidement. Nos structures ont effectivement un intérêt dans cette prise en charge précoce des maladies. Et de ce point de vue, la mutuelle aurait même un certain intérêt à ce que cela marche pour éviter des dépenses énormes et traiter les maladies à moindre coût." 

Selon le Raes, dans sa phase opérationnelle, Djobi pourrait aider à réduire de 30% la mortalité des enfants de moins de cinq ans, dans six départements pilotes.

Mais les données détaillées de cette phase pilote ne seront pas disponibles avant l’évaluation de mars 2015.
L'application Djobi a été présentée à Dakar, dans le cadre d'une série d'exposés de projets financés par le Fonds Francophone des Inforoutes, qui vise à promouvoir la publication de contenus numériques en français.
Selon une récente étude de Research2Guidance, un cabinet de recherche spécialisé dans l'économie des applications à l'échelle mondiale, en 2015, 500 millions de personnes utiliseront des applications mobiles liées à la santé. 
Selon plusieurs spécialistes, le marché mondial de la m-santé pèserait 9.3 milliards de dollars.


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