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Savons l'Ecole sénégalaise

Vendredi 24 Avril 2015

Vous conviendrez avec nous que de l’antiquité à nos jours, le moteur de l’histoire n’a été que la lutte des classes, entre les oppresseurs et les opprimés, les classes dirigeantes et les classes dirigées, qui s’exprime par des révoltes, des grèves et des révolutions. en effet, l’instinct de cupidité qui anime les classes dirigeantes n’a jamais varié.il s’agit essentiellement d’un instinct d’accaparement qui pousse ceux qui incarnent le pouvoir public à se tailler la part du lion en s’octroyant des avantages et des privilèges qui frisent l’insolence et le mépris absolu. en témoigne la pension de retraite du président de la république du sénégal (10 millions par mois) soit vingt-cinq(25) fois le salaire d’un professeur de l’enseignant secondaire de la hiérarchie a1 ayant plafonné. en témoignent également les salaires élevés et les nombreux avantages et privilèges (indemnités de logement, véhicules de fonction, des bons de carburant…) dont bénéficient les ministres, les députés, les chefs d’agences et autres hauts fonctionnaires.

tout récemment le président de la république a signé un décret qui octroie des indemnités de logement à certaines catégories de la fonction publique allant jusqu’à un million de franc cfa non imposable, rendant ainsi suspecte sa volonté de corriger les disparités dans le traitement salarial des agents de l’etat. auparavant, il a accordé une indemnité mensuelle de 500.000 francs aux épouses des représentants diplomatiques. au mois du ramadan de 2012, les députés ont aussi bénéficié d’une indemnité de 200.000 francs de soukeurou koor. les greffiers viennent juste d’obtenir une augmentation substantielle de leur indemnité de logement passant de 100.000 francs à 200.000 francs. cette politique de deux poids deux mesures constitue pour l’essentiel le terreau des revendications observées dans le système éducatif et ailleurs. les enseignants qui travaillent dans des conditions difficiles (classes pléthoriques, abris provisoires, manque de logement…) ne sont pas rémunérés à leur juste valeur conformément à leurs diplômes, leur patriotisme et leur culte du travail.
c’est dire que le monde d’hier comme d’aujourd’hui est dominé par ceux qui font le mal, ceux qui le combattent à l’image des hérauts des causes justes et ceux qui pleurnichent hypocritement sur leur sort dans un nihilisme béat, en trahissant l’idéologie et la solidarité corporatistes. c’est pourquoi nous ne sommes pas surpris de constater l’attitude passive de certains collègues résolument immobilistes et fatalistes par rapport à leur misérable statut socioprofessionnel. nous nous demandons ce qui les pousse à se singulariser en tournant le dos à la lutte syndicale sous le prétexte que les syndicats « savent initier des grèves sans être capables de les terminer avec succès ». aucune raison ne peut justifier un tel raisonnement et l’attitude qui en découle. nous voulons dire que la foi en un syndicalisme mauvais est pire que le renoncement à la lutte syndicale face à un prince et un gouvernement indifférents au triste sort de l’école sénégalaise au moment où grande est leur volonté de construire un centre de conférence de 60milliards, de marcher à paris pour soutenir « charlie hebdo » d’aller au burkina faso comme médiateur à une crise politique ou à bruxelles pour statuer sur les affaires économiques de la guinée bissau.l’histoire a démontré que rien ne peut s’obtenir dans le fatalisme, la passivité et le sentimentalisme. généralement comme le disait victor hugo : « les rois ne cèdent que ce que les peuples leur arrachent ».c’est pourquoi à l’heure actuelle de la lutte, nous devons transcender nos considérations subjectives afin de resserrer les rangs tout en nous rappelant que tous nos acquis sont le fruit d’une longue lutte. ainsi nous disons : « enseignants de toutes les localités du sénégal, unissons-nous et respectons les mots d’ordre! ».aux leaders des différents syndicats, nous disons : harmonisez vos forces, vos volontés et vos idées. evitez les guerres de clan et les querelles de positionnement. refusez de lever le mot d’ordre sur la base de promesses sans lendemain ou de miettes sans impact significatif sur notre statut. soyez prudents aux tentatives de diversion et de manipulation de la part des autorités avec le vote à l’assemblée nationale de la loi sur la validation des années de vacation et de contractualisation des enseignants fonctionnaires et les signatures médiatisées des actes d’avancement qui sont des droits et non des revendications. prenez réellement conscience de votre responsabilité historique et morale en œuvrant dans le sens de mettre définitivement fin aux grèves cycliques puisque trop de grèves tue la grève en tuant l’école sénégalaise.
loin d’être des extrémistes, nous consentons seulement à la vérité de l’adage qui dit : «mieux vaut une fin tragique qu’une tragédie sans fin».il faut mettre fin à ce cycle éternel de grèves qui a assez fait souffrir l’école sénégalaise avec son lot d’échecs scolaires, de baisse du niveau des élèves qui les poursuit le long de leur parcours universitaire et même professionnel. a cela s’ajoute le manque de confiance noté chez la plupart des parents qui préfèrent, lorsqu’ils le peuvent, inscrire leurs enfants dans les écoles privées qui ne cessent de pousser comme des champignons et qui, malheureusement font montre d’une parcimonie pathologique au regard des miettes qu’elles versent aux pauvres « bûcherons » dont la plupart souffrent d’une fatigue intellectuelle et physique chronique qui les expose fatalement à une vieillesse précoce.


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