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Réponse de Marouba FALL au Bureau hypothétique de l’AES. Ce que l’Écrivain gagne.

Samedi 6 Juin 2015

Je garde encore une des lettres que j’ai adressées, en son temps, au Coordonnateur Général du FESMAN 3. Entre autres choses, je lui écrivais que je préfère jouer à qui perd gagne.

Qu’espère gagner un écrivain? Un poste à la CENA, au CNRA, un poste de Président de Conseil d’Administration, de Conseiller à la Présidence de la République, que sais-je encore ? Non. Le président de l’AES sait sûrement que même si je ne cracherais sur aucune de ces responsabilités, aucune d’entre elles ne me fait courir. Au début des années 80, revenant du Palais de la République, il s’empressa de m’annoncer : « Ils ont décidé de choisir trois écrivains et d’en faire des écrivains d’État : moi, toi et Un Tel ». Je rétorquai : « Écrivain d’État ? Qu’est ce que cela veut dire ? Dîtes-leur de ne pas compter sur moi car je veux être un écrivain seulement. ».

Le bureau de l’AES ne m’apprend rien sur le pouvoir de nomination d’un Chef de l’État. Tout juste m’oblige-t-il à lui faire remarquer que BÈYE, sans qu’on sache les compétences qui le justifient, a cumulé le poste de Président du Conseil d’Administration du Théâtre National Daniel Sorano et celui de membre du CNRA et que, dans un passé non lointain, lorsque notre bouillant confrère a été promu au Conseil Économique et Social, c’est bien un membre de ce bureau qui, par la voie des ondes, s’est élevé contre le fait, déclarant que l’intéressé n’était pas le candidat de l’AES. Si vous avez la mémoire courte, les forfaitures sont toujours là et rattraperont leurs auteurs quoi qu’ils puissent faire ou dire, où qu’ils se trouvent. Et puis nous vivons dans un pays où tout le monde sait qui est qui. Ceux qui s’accrochent désespérément à des « postes » pour exister, qui investissent en bandes les ministères et les salons des décideurs, on les connaît.

Voilà que vous avouez que vous ne me considériez plus (pour des raisons fallacieuses) comme un membre de l’AES. Pourquoi donc certains d’entre vous tenaient-ils tant, à l’occasion des manifestations, à Kër Birago, que je me mette du côté des membres de l’AES, quand je choisissais de m’installer parmi les invités ? Qui, parmi vous, a appelé le Directeur du Livre et de la Lecture pour lui demander de m’inscrire sur la liste des représentants de l’AES et non sur celle de l’Association Sénégalaise des Éditeurs lorsque nous devions nous rendre au Salon du Livre de Tunis ? C’est parce que le jeu auquel vous jouiez avec moi était dégoûtant que j’ai voulu ma démission « fracassante », afin que tout le monde sache que j’ai cessé d’être des vôtres depuis longtemps.

Écrivant, j’aspire à devenir écrivain. La postérité décidera de mon sort comme de celui de tous ceux qui noircissent patiemment et consciencieusement le papier. Pourtant mes efforts d’écriture sont déjà récompensés par un Prix au 11 ème Concours Théâtral Interafricain organisé par RFI (Adja, militante du G.R.A.S, 1981), un Premier Prix International de poésie, au Symposium littéraire de Brazzaville, décerné au poème Dernière Aube d’un Poète, en 1986 ; un Prix de la Meilleure Technique théâtrale, à l’occasion des Journées Théâtrales de Carthage (Tunisie), en 1991, avec Chaka ou le roi visionnaire. N’en déplaise à l’adversité, mes œuvres parmi lesquelles le roman La Collégienne sont retenues au programme officiel de l’enseignement du français.

Je ne répondrai pas aux insinuations malveillantes. Un mercenaire de la plume est sans doute une personne qui, tout en se réfugiant dans l’anonymat d’un bureau, écrit pour plaire à un bienfaiteur et sauvegarder ainsi ses prébendes. Moi, je signe et assume mes écris.

Je suis déçu de la réaction du bureau hypothétique de l’AES. Je serais plus à l’aise si je m’adressais à une personne identifiée. Aucune réponse n’a été apportée aux questions de fond que j’ai posées, aucun éclaircissement sur la mal-gestion de l’AES et sur le folklore qui corrompt la vie à Kër Birago Bu Bees. On m’accuse d’attaquer personnellement Alioune Badara BÈYE. Pourquoi répond-on à sa place ? J’ai interpellé le président de l’AES. Et Dieu merci, d’autres écrivains de bonne renommée ont émis les mêmes récriminations. Le quoptidien Wal Fadjri du Mercredi 20 Mai 2015 les a reproduites.


N’est-il pas ignoble de prêter à un ilustre Mort les médisances qu’on n’ose pas proférer ? Le souci de probité aurait dû vous astreindre à produire, non pas pour moi qui suis convaincu de votre abject mensonge, mais pour le lecteur, les références des propos que vous attribuez au défunt auteur des Contes d’Amadou Koumba dont nous devons tous respecter et honorer la mémoire. Mais je comprends bien l’attitude intolérante du président de l’AES qui n’admet pas la critique. Il en fait une querelle de personne et, n’ayant pas d’argument pour sa défense, il ramasse de la saleté qu’il me jette à la figure. Car, de toute évidence, il est derrière toutes les affabulations qui puent le poisson pourri.

L’élégance et la retenue dans les débats d’idées sont assurément requises. Apprenons donc à discuter chaudement sans nous invectiver. Apprenons l’humour qui détend l’atmosphère et évitons ce qui blesse moralement notre interlocuteur. C’est salutaire pour celui qui se prétend intellectuel voire écrivain. La provocation n’est pas une attaque. La critique, quelque verte qu’elle soit, n’est pas une injure. La provocation vous aide à sortir ce que vous avez dans le ventre. La critique vous purifie.
La personne ou l’équipe qui a rédigé le texte : « Marouba ou la tragédie d’un jamais gagnant, a pris beaucoup de précautions si bien qu’il est correctement écrit, en dépit de la maladresse : « qualifier comme ».

Allons donc ! Vous n’avez pas non plus lu avec attention la contribution du bienheureux perdant sinon vous auriez compris qu’il ne s’est nullement autorisé à qualifier d’écrivaillons les membres actifs de votre coterie. Relisez bien la copie. Je souhaite simplement que le prochain bureau de l’AES et celui de la Section sénégalaise du PEN soient constitués d’auteurs crédibles.

Je n’insisterai pas outre mesure sur les contrevérités qui ôtent tout intérêt à cette réaction qui passe à côté de l’essentiel pour s’échouer dans le caniveau. J’attendais un échange de haut niveau. Je me trouve dans le tourbillon de mots poussiéreux que le vent va vite emporter au diable. En tout cas, mon objectif est largement atteint. Ma posture est désormais claire et nette. Et la bête qui terrorisait levillage est finalement sortie de son repaire. On sait à présent que ce n’est point un lion. Ce dernier qui marche seul ne se confond pas à une meute. Ainsi va l’Écrivain qui ne compte que sur son talent pour être, à la vie comme à la mort, égal à lui-même.


Par Marouba FALL
marouba_fall@yahoo.fr
Dakar, le 02 Juin 2015.


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