Parmi les figures emblématiques de la résistance anticolonialiste dans notre pays, il en est une qui demeure particulièrement attachante et sans doute plus émouvante qu’aucune autre. Le personnage dont il s’agit n’est autre que le prince Sidya Diop, fils de la reine du Walo Ndatté Yalla Diop et du Béthio (gouverneur de province) Sakoura Diop, plus connu sous le nom de Sidya Léon Diop ou encore Sidya Ndatté Yalla Diop. Ces diverses dénominations sont symptomatiques du parcours fulgurant mais exceptionnel de ce résistant mort à la fleur de l’âge dans des circonstances tragiques.
Jusqu’à l’âge de dix ans, il n’est encore que Sidya Diop, prince du Walo et héritier présomptif du trône par sa mère, la reine Ndatté Yalla. Mais l’Histoire va en décider autrement et sa destinée royale se verra chahutée par les événements, notamment la mort de sa mère en 1860 et la nomination de son cousin Fara penda madior khor Diaw au titre de Brak du Walo, avec la bénédiction complice des colonisateurs français.
Quant au jeune Sidya Diop, il est récupéré par le général Faidherbe en personne qui l’inscrit à l’école des otages fils de chefs afin qu’il y reçoive une éducation française. Il semblerait que le conquérant de la colonie du Sénégal se soit pris d’une réelle affection pour l’enfant dont il appréciait l’intelligence et la vivacité d’esprit exceptionnels. Faidherbe le fit d’ailleurs baptiser dans la religion Chrétienne et lui donna son propre nom de Léon, l’ouvrant de la sorte à une nouvelle vie.
En réalité l’objectif de Faidherbe était de faire du jeune prince noir un parfait acculturé ou, plus trivialement dit, « un nègre de service » corps et âme dévoué à la France.
En 1861, Sidya Léon fut envoyé par son tuteur au Lycée impérial d’Alger pour y poursuivre ses études et y parfaire cette éducation qui ferait de lui le prototype achevé du colonisé au service de la France et de sa prétendue mission civilisatrice. Mais l’ambiance du Lycée impérial et le climat d’Alger ne lui conviennent pas et il sombre dans une irrémédiable nostalgie. Devenu presque dépressif, le jeune prince est alors rapatrié dans son Walo natal deux ans plus tard en 1863. N’ayant pas renoncé à son projet initial : celui d’en faire « un français à la peau noire », Faidherbe l’inscrit cette fois à l’école des frères de Saint-Louis où Sidya Léon va brillamment poursuivre ses études. À 17 ans à peine, le jeune prince est nommé chef de canton et mène en même temps une carrière militaire dans l’armée coloniale où il acquiert le grade de lieutenant.
C’est le temps où Sidya Léon est un parfait « assimilé » s’habillant à la française : vareuse et casque colonial et maniant avec dextérité la langue de Molière. Il n’a pas encore réalisé qu’il n’est qu’un homme de paille, un agent de la colonisation et un vecteur de valeurs étrangères à sa propre culture. La prise de conscience arrivera de manière étrange et spectaculaire au cours d’une cérémonie organisée à Mbilor en l’honneur des nobles de la cour royale du Walo. Après avoir chanté les louanges de ses pairs et récité leur généalogie, le griot de la cour, Madiartel Dégueune Mbaye, refuse d’en faire autant pour Sidya Léon Diop car, déclare t-il, ce dernier « est un suppôt des colons français qui a trahi son peuple ». C’est le déclic. Les dures et blessantes paroles du griot ébranlent le jeune prince et comme une onde de choc se propagent dans son âme meurtrie par cette foudroyante révélation. Alors s’achève l’ « aventure ambigüe » d’un jeune prince acculturé pour faire place à l’héroïque et brève épopée d’un combattant de la liberté.
Sur le champ, il décide de se débarrasser de ses oripeaux d’homme-lige pour se revêtir les habits flamboyants d’homme libre en renouant avec sa culture ancestrale. Il se fait tresser les cheveux à la manière des nobles et des guerriers de son peuple ; il jette ses habits européens pour revêtir le costume traditionnel cousu d’amulettes et de gris-gris protecteurs ; il jure de ne plus prononcer un seul mot dans la langue des envahisseurs et va prendre un grand bain rituel dans la rivière de la Taouey ; pour en finir, il abjure la religion du Christ au profit de celle de ses ancêtres et rejette le nom de Léon pour celui de sa mère la reine du Walo, devenant ainsi et pour toujours, Sidya Ndatté Yalla Diop.
Le collaborateur soumis est mort pour donner naissance au résistant intrépide qui va désormais combattre et souvent battre à plate couture l’envahisseur colonialiste.
Prenant la tête d’une coalition de chefs décidés à barrer la route aux colonialistes et à protéger leur peuple contre la brutalité des troupes françaises, il remporte une série de victoires éclatantes.
Mais hélas, en dépit de sa bravoure et de son courage héroïque, Sidya Ndatté Yalla Diop finira par tomber dans un traquenard traitreusement organisé par l’un de ses pairs et ancien allié à Bangoye. Livré au gouverneur français Valère, Sidya Ndatté Yalla Diop sera jugé à Saint-Louis par un tribunal arbitraire colonial le 17 janvier 1877. Il est alors condamné à la déportation en pleine forêt gabonaise, au bagne de l’île de Nengué-Nengué où il mettra fin à ses jours le 26 juin 1877 à l’âge de trente ans. Tels furent, brièvement relatés, la vie et les combats du prince, héros et résistant Sidya Ndatté Yalla Diop qui préféra la mort à l’exil forcé et à la captivité. Telle une étoile filante dans le ciel de l’Histoire africaine, sa vie restera un exemple de courage, de dignité et de refus face à l’oppression.
L’évocation du bref mais lumineux et combien significatif parcours de ce résistant qui reste encore peu connu, m’offre l’opportunité de prendre part, quoique de manière tardive, aux débats parfois houleux qui ont opposé les « partisans » du général colonialiste Faidherbe d’une part et ses détracteurs de l’autre. N’ayant pas l’intention de jeter de l’huile sur le feu, ni de réveiller de vieilles « querelles », je ne me situerai donc ni dans l’un ni dans l’autre des deux camps. À mon humble avis il est aujourd’hui inutile de se crêper le chignon à cause de Faidherbe et de sa statue. Le premier s’est depuis longtemps liquéfié dans les catacombes de l’Histoire et la seconde n’est plus qu’un vilain bonhomme de bronze bouffé par le vert-de-gris et qui ne paie pas de mine ! Alors…
Il est vrai que l’Histoire, c’est comme le « livre des morts », la reddition des comptes universelle et que chacun devra un jour assumer les actes qu’il a posés au cours de son existence. Mais bon, l’Histoire est aussi une question très sérieuse et délicate qui relève de la science au sens plénier du terme et non de considérations subjectives ou idéologiques.
Même si elle n’est pas une science rigoureusement « exacte », l’Histoire n’est hélas que trop souvent teintée de passion quand elle n’est pas l’objet de surenchère ou de démagogie crypto-personnelle aux antipodes de l’objectivité. Fort heureusement elle n’est pas que l’affaire des savants ou des initiés et le simple bon sens suffit parfois à se faire une opinion raisonnable voire objective de certains faits ou événements qui ont eu lieu dans le passé. C’est dans ce sens que je voudrais dire haut et fort que la statue de Faidherbe (qui en soi ne me dérange pas ou plus) sur la place du même nom, n’a aujourd’hui plus aucune raison ni légitimité d’y rester. D’autres l’ont dit avant moi avec force arguments et démonstrations irréfutables.
Oui, il faut l’affirmer sans ambages, la statue de Faidherbe ne doit plus retourner à l’endroit où elle se trouvait depuis presque un siècle. Elle doit être, non pas jetée à la mer comme le préconisent certains, mais tout simplement conservée dans un musée (il y en existe à Ndar) comme une marque (d’autres diront peut-être un stigmate) de l’Histoire contemporaine de notre pays. Mais ôter de notre horizon cette statue dont la présence indispose le grand nombre ne saurait certes suffire à combler la radicale soif de changement d’une jeunesse en quête de repères et de modèles. Il faut aussi penser à lui substituer un symbole plus fort, plus significatif que la colonisation ; il faut extirper de nos mémoires et de la mémoire collective les vestiges de cette violence symbolique qui les encombre et qui ont trop longtemps façonné nos imaginaires d’une manière qui nous était défavorable. Cela ne nous oblige ni à la rancœur, ni à la récrimination, ni à l’esprit de revanche mais plutôt nous invite à l’introspection, à l’équilibre, à la mesure dans la fermeté de prises de position mûrement réfléchies.
C’est fort de tout cela et de bien d’autres choses encore que je voudrais en mon nom propre et au nom de tous ceux et celles qui en appellent de tous leurs vœux à une vraie décolonisation mentale, lancer un appel aux autorités et aux populations de la commune de Saint-Louis pour rebaptiser le nom de la place Faidherbe en celui de « place Moom sa réew » (en lieu et place de « Baya Ndar » qui n’est pas vraiment porteur de sens) et remplacer la statue du général Faidherbe par celle du prince Sidya Ndatté Yalla Diop. Ces deux propositions me paraissent pertinentes dans la mesure où la première fait référence au cri de ralliement du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) né à Saint-Louis et qui s’illustra de fort belle manière dans la lutte anticolonialiste et pour l’indépendance du Sénégal. Pour ce qui est de la seconde, tout ce qui a été dit plus haut en justifie amplement le choix, sans oublier le fait que Saint-Louis ou Ndar fait partie intégrante du Walo. Le prince Sidya Ndatté Yalla Diop est donc quelque part un authentique Doomu Ndar (s’y ajoute qu’il a fait ses premières humanités dans la « vieille cité »).
Je rêve de voir un jour trôner sur la place Moom sa réew sur le socle même où reposait celle du général colonialiste Louis-Léon césar Faidherbe, la statue majestueuse du prince Sidya Ndatté Yalla Diop, héros de la résistance anticolonialiste qui à la déportation préféra la mort. Puissent les dieux de l’Art inspirer le sculpteur de génie qui viendra un jour donner forme à ce rêve et immortaliser la figure de celui qui fut, dans la noblesse de son combat, tout à la fois un homme de refus, de courage et de dignité.
Louis CAMARA Écrivain,
Grand prix du Président de la république pour les Lettres
Jusqu’à l’âge de dix ans, il n’est encore que Sidya Diop, prince du Walo et héritier présomptif du trône par sa mère, la reine Ndatté Yalla. Mais l’Histoire va en décider autrement et sa destinée royale se verra chahutée par les événements, notamment la mort de sa mère en 1860 et la nomination de son cousin Fara penda madior khor Diaw au titre de Brak du Walo, avec la bénédiction complice des colonisateurs français.
Quant au jeune Sidya Diop, il est récupéré par le général Faidherbe en personne qui l’inscrit à l’école des otages fils de chefs afin qu’il y reçoive une éducation française. Il semblerait que le conquérant de la colonie du Sénégal se soit pris d’une réelle affection pour l’enfant dont il appréciait l’intelligence et la vivacité d’esprit exceptionnels. Faidherbe le fit d’ailleurs baptiser dans la religion Chrétienne et lui donna son propre nom de Léon, l’ouvrant de la sorte à une nouvelle vie.
En réalité l’objectif de Faidherbe était de faire du jeune prince noir un parfait acculturé ou, plus trivialement dit, « un nègre de service » corps et âme dévoué à la France.
En 1861, Sidya Léon fut envoyé par son tuteur au Lycée impérial d’Alger pour y poursuivre ses études et y parfaire cette éducation qui ferait de lui le prototype achevé du colonisé au service de la France et de sa prétendue mission civilisatrice. Mais l’ambiance du Lycée impérial et le climat d’Alger ne lui conviennent pas et il sombre dans une irrémédiable nostalgie. Devenu presque dépressif, le jeune prince est alors rapatrié dans son Walo natal deux ans plus tard en 1863. N’ayant pas renoncé à son projet initial : celui d’en faire « un français à la peau noire », Faidherbe l’inscrit cette fois à l’école des frères de Saint-Louis où Sidya Léon va brillamment poursuivre ses études. À 17 ans à peine, le jeune prince est nommé chef de canton et mène en même temps une carrière militaire dans l’armée coloniale où il acquiert le grade de lieutenant.
C’est le temps où Sidya Léon est un parfait « assimilé » s’habillant à la française : vareuse et casque colonial et maniant avec dextérité la langue de Molière. Il n’a pas encore réalisé qu’il n’est qu’un homme de paille, un agent de la colonisation et un vecteur de valeurs étrangères à sa propre culture. La prise de conscience arrivera de manière étrange et spectaculaire au cours d’une cérémonie organisée à Mbilor en l’honneur des nobles de la cour royale du Walo. Après avoir chanté les louanges de ses pairs et récité leur généalogie, le griot de la cour, Madiartel Dégueune Mbaye, refuse d’en faire autant pour Sidya Léon Diop car, déclare t-il, ce dernier « est un suppôt des colons français qui a trahi son peuple ». C’est le déclic. Les dures et blessantes paroles du griot ébranlent le jeune prince et comme une onde de choc se propagent dans son âme meurtrie par cette foudroyante révélation. Alors s’achève l’ « aventure ambigüe » d’un jeune prince acculturé pour faire place à l’héroïque et brève épopée d’un combattant de la liberté.
Sur le champ, il décide de se débarrasser de ses oripeaux d’homme-lige pour se revêtir les habits flamboyants d’homme libre en renouant avec sa culture ancestrale. Il se fait tresser les cheveux à la manière des nobles et des guerriers de son peuple ; il jette ses habits européens pour revêtir le costume traditionnel cousu d’amulettes et de gris-gris protecteurs ; il jure de ne plus prononcer un seul mot dans la langue des envahisseurs et va prendre un grand bain rituel dans la rivière de la Taouey ; pour en finir, il abjure la religion du Christ au profit de celle de ses ancêtres et rejette le nom de Léon pour celui de sa mère la reine du Walo, devenant ainsi et pour toujours, Sidya Ndatté Yalla Diop.
Le collaborateur soumis est mort pour donner naissance au résistant intrépide qui va désormais combattre et souvent battre à plate couture l’envahisseur colonialiste.
Prenant la tête d’une coalition de chefs décidés à barrer la route aux colonialistes et à protéger leur peuple contre la brutalité des troupes françaises, il remporte une série de victoires éclatantes.
Mais hélas, en dépit de sa bravoure et de son courage héroïque, Sidya Ndatté Yalla Diop finira par tomber dans un traquenard traitreusement organisé par l’un de ses pairs et ancien allié à Bangoye. Livré au gouverneur français Valère, Sidya Ndatté Yalla Diop sera jugé à Saint-Louis par un tribunal arbitraire colonial le 17 janvier 1877. Il est alors condamné à la déportation en pleine forêt gabonaise, au bagne de l’île de Nengué-Nengué où il mettra fin à ses jours le 26 juin 1877 à l’âge de trente ans. Tels furent, brièvement relatés, la vie et les combats du prince, héros et résistant Sidya Ndatté Yalla Diop qui préféra la mort à l’exil forcé et à la captivité. Telle une étoile filante dans le ciel de l’Histoire africaine, sa vie restera un exemple de courage, de dignité et de refus face à l’oppression.
L’évocation du bref mais lumineux et combien significatif parcours de ce résistant qui reste encore peu connu, m’offre l’opportunité de prendre part, quoique de manière tardive, aux débats parfois houleux qui ont opposé les « partisans » du général colonialiste Faidherbe d’une part et ses détracteurs de l’autre. N’ayant pas l’intention de jeter de l’huile sur le feu, ni de réveiller de vieilles « querelles », je ne me situerai donc ni dans l’un ni dans l’autre des deux camps. À mon humble avis il est aujourd’hui inutile de se crêper le chignon à cause de Faidherbe et de sa statue. Le premier s’est depuis longtemps liquéfié dans les catacombes de l’Histoire et la seconde n’est plus qu’un vilain bonhomme de bronze bouffé par le vert-de-gris et qui ne paie pas de mine ! Alors…
Il est vrai que l’Histoire, c’est comme le « livre des morts », la reddition des comptes universelle et que chacun devra un jour assumer les actes qu’il a posés au cours de son existence. Mais bon, l’Histoire est aussi une question très sérieuse et délicate qui relève de la science au sens plénier du terme et non de considérations subjectives ou idéologiques.
Même si elle n’est pas une science rigoureusement « exacte », l’Histoire n’est hélas que trop souvent teintée de passion quand elle n’est pas l’objet de surenchère ou de démagogie crypto-personnelle aux antipodes de l’objectivité. Fort heureusement elle n’est pas que l’affaire des savants ou des initiés et le simple bon sens suffit parfois à se faire une opinion raisonnable voire objective de certains faits ou événements qui ont eu lieu dans le passé. C’est dans ce sens que je voudrais dire haut et fort que la statue de Faidherbe (qui en soi ne me dérange pas ou plus) sur la place du même nom, n’a aujourd’hui plus aucune raison ni légitimité d’y rester. D’autres l’ont dit avant moi avec force arguments et démonstrations irréfutables.
Oui, il faut l’affirmer sans ambages, la statue de Faidherbe ne doit plus retourner à l’endroit où elle se trouvait depuis presque un siècle. Elle doit être, non pas jetée à la mer comme le préconisent certains, mais tout simplement conservée dans un musée (il y en existe à Ndar) comme une marque (d’autres diront peut-être un stigmate) de l’Histoire contemporaine de notre pays. Mais ôter de notre horizon cette statue dont la présence indispose le grand nombre ne saurait certes suffire à combler la radicale soif de changement d’une jeunesse en quête de repères et de modèles. Il faut aussi penser à lui substituer un symbole plus fort, plus significatif que la colonisation ; il faut extirper de nos mémoires et de la mémoire collective les vestiges de cette violence symbolique qui les encombre et qui ont trop longtemps façonné nos imaginaires d’une manière qui nous était défavorable. Cela ne nous oblige ni à la rancœur, ni à la récrimination, ni à l’esprit de revanche mais plutôt nous invite à l’introspection, à l’équilibre, à la mesure dans la fermeté de prises de position mûrement réfléchies.
C’est fort de tout cela et de bien d’autres choses encore que je voudrais en mon nom propre et au nom de tous ceux et celles qui en appellent de tous leurs vœux à une vraie décolonisation mentale, lancer un appel aux autorités et aux populations de la commune de Saint-Louis pour rebaptiser le nom de la place Faidherbe en celui de « place Moom sa réew » (en lieu et place de « Baya Ndar » qui n’est pas vraiment porteur de sens) et remplacer la statue du général Faidherbe par celle du prince Sidya Ndatté Yalla Diop. Ces deux propositions me paraissent pertinentes dans la mesure où la première fait référence au cri de ralliement du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) né à Saint-Louis et qui s’illustra de fort belle manière dans la lutte anticolonialiste et pour l’indépendance du Sénégal. Pour ce qui est de la seconde, tout ce qui a été dit plus haut en justifie amplement le choix, sans oublier le fait que Saint-Louis ou Ndar fait partie intégrante du Walo. Le prince Sidya Ndatté Yalla Diop est donc quelque part un authentique Doomu Ndar (s’y ajoute qu’il a fait ses premières humanités dans la « vieille cité »).
Je rêve de voir un jour trôner sur la place Moom sa réew sur le socle même où reposait celle du général colonialiste Louis-Léon césar Faidherbe, la statue majestueuse du prince Sidya Ndatté Yalla Diop, héros de la résistance anticolonialiste qui à la déportation préféra la mort. Puissent les dieux de l’Art inspirer le sculpteur de génie qui viendra un jour donner forme à ce rêve et immortaliser la figure de celui qui fut, dans la noblesse de son combat, tout à la fois un homme de refus, de courage et de dignité.
Louis CAMARA Écrivain,
Grand prix du Président de la république pour les Lettres