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Redéfinir la mission de la Saed dans l'intérêt des paysans

Dimanche 16 Juin 2024

Parler de la Société d’aménagement des terres du Delta (Saed) m’a toujours taraudé l’esprit en tant que fils du monde rural et en tant que reporter pour plusieurs organes de presse. J’ai couvert plusieurs activités parlant d’agriculture dans la vallée et à chaque fois le premier constat est le fossé entre le paysan et ce qu’il devrait vivre comme bonheur ou bien être comme son alter ego acteur dans d’autres pays.


A mon avis, le paysan podorois ne vit pas, l’on suce le sang de nos braves agriculteurs qui sont les parents pauvres d’un système qui ne leur laisse aucune chance de vivre convenablement. Le paysan apparait comme un misérable en quête de pitance devant des banques, agences et autres qui, selon des informations concordantes, avancent des chiffres qui sont loin de refléter la réalité aux autorités.

Une tournée dans le département de Podor permet de constater l’infirmité des surfaces emblavées par rapport au potentiel de 140.000 ha sur les 240.000 que compte la vallée, de Saint-Louis à Bakel. Plus grave, dans le département de Podor, moins de 30℅ des terres disponibles sont aménagés. Dans ce cas, comment peut-on parler d’autosuffisance alimentaire ? L’État du Sénégal a fait d’énormes efforts en créant des pistes de production. Mais quels produits transporter si les organisations paysannes peinent à aller en campagne pour diverses raisons ? Le regard jeté en certains endroits donne des frissons car, malgré la faiblesse des aménagements, beaucoup de surfaces sont en souffrance et les paysans en pâtissent. Passer dans l’Île à Morphil (bande de terre de 220 km) qui offre un décor indigne de ce qui était annoncé comme la «Californie du Sénégal». De qui se moque-t-on ? Les agriculteurs croulent sous le poids de la dette, les taux usuriers des banques ne leur permettent pas de vivre de leur labeur et, au même moment, l’on annonce plusieurs milliards investis, diton, pour booster la production. Que nenni ! La richesse du département de Podor avec le soleil, des terres fertiles, l’eau avec le Fleuve Sénégal et ses 4 défluents, ne sert à rien.

La SAED doit changer de fusil d’épaule et servir les paysans qui, malgré les efforts énormes qu’ils font, ne vivent vraiment pas de leurs terres alors que c’est bien possible. Il faut redéfinir la lettre de mission de la SAED au lieu de la réduire à celle d’appui depuis la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel. Il est bien possible pour l’agriculteur podorois de vivre comme son homologue européen ou d’ailleurs, mais au même moment, réduire le train de vie de la société au bénéfice du paysan autochtone.

Seydi GANGUE
Instituteur
Formateur en management de Projets et de programmes
Consultant

 


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