Les observateurs ont dû constater une floraison de commentaires et autres analyses dans la presse, sur l’actualité récente,étonnement riches en contradictions et contre-vérités, même de la part d’amis de Benno BokYakaar (BBY).
En effet, depuis le flop total enregistré par les tenants de l’implosion inévitable de BBY, à l’occasion de l’élection du Président et du Bureau de l’Assemblée nationale, les critiques de la politique du pouvoir, se sont, le plus souvent, empêtrés dans des analyses qui dénotent leur désarroi, face à la grande capacité à surmonter leurs contradictions entre les différentes composantes politiques et de la société civile, du Gouvernement du Premier Ministre Abdoul M’Baye, mis en place par le Président MackySall.
Que ce soit sur le retour des délestages, l’achat des véhicules aux nouveaux Députés, le mandat du Président de l’Assemblée nationale, ou le SENAT, l’on est ahuri devant les argumentaires développés pour tenter de discréditer l’action gouvernementale.
a) Le retour des délestages
Le retour des délestages et les désagréments croissants durement ressentis par les populations, et les micro- petites - moyennes entreprises qui ne peuvent pas se payer un groupe électrogène à la hauteur de leurs besoins, ont vite fait de faire oublier les limites du Plan Takkal,largement perçu, à l’époque, comme un subterfuge de Wade pour passer le cap des élections !
Personne ne doutait, qu’après les élections, les délestages allaient revenir avec encore plus d’ampleur, étant donné que ce Plan n’apportait pas de solution à la crise structurelle de la SENELEC (endettement, problèmes de trésorerie, lourde dépendance de l’énergie fossile, mauvaise gestion des approvisionnements et de la clientèle, tarifs à la clientèle fortement subventionnés, etc).Comment peut- on,alors, sans se contredire, attribuer ce retour des délestages au Gouvernement de BBY, au point de justifier une levée de bouclier du peuple contre lui pour trouver des solutions immédiates !
Devant cette situation, au lieu d’encourager des « émeutes de l’électricité » pour mettre fin aux délestages, le bon sens aurait voulu que l’on exhorte le Gouvernement à diligenter les solutions de fonds qu’il a envisagées pour sortir le pays de cette crise à moyen terme, tout en prenant des mesures d’accompagnement de court terme, en concertation avec les travailleurs de la SENELEC et les associations des usagers, pour minimiser l’impact négatif desdélestages, notamment chez les plus vulnérables.
L’urgence devait donc d’orientertoutes nos forces vers la création des conditions de tenue de cette concertation, plutôt que vers « la levée de bouclier » contre le nouveau régime. IL devrait être évident pour tout le monde, que dans une confrontation sur cette question, seul le régime déchu, à cause de ses responsabilités dans cette crise, y prendra sa revanche contre les victimes de sa politique, qui l’ont lourdement sanctionné le 25 mars et le 1er juillet.
Il est donc paradoxal de prétendre défendre les populations et les entrepreneurs qui souffrent de ce retour des délestages, en développant des thèses qui les poussent à affronter le pouvoir. Si une pareille attitude est compréhensible de la part du pouvoir déchu et de ses amis, elle est carrément indéfendable de la part de cadres de BBY, ou d’amis qui s’en réclament, sous le seul prétexte de vouloir « être objectifs et indépendants d’esprit ».Ils se trompent de cible et d’objectif, en se refusant de prendre en compte, sur la situation actuelle de l’électricité, le legs catastrophique que WADE a laissé de son règne, après l’avoir tant décrié et combattu.
b) L’achat des véhicules
Cette critique est l’illustration la plus frappante des contradictions des arguments servis contre le Chef de l’Etat, même de la part d’amis de BBY.
Cependant, tous les observateurs sont unanimes sur la vision que BBY a de la place de l’Assemblée nationale parmi les Institutions de la République, qui toutes, doivent jouir d’une égale dignité.
Pour ce faire, les Députés doivent jouir des mêmes conditions que les membres de l’Exécutif, tant au plan salarial qu’à celui des moyens de fonctionnement. C’est pourquoi, leur refuser des véhicules, dits de luxe, sous prétexte de rareté des ressources face à l’énormité des urgences sociales, tout en l’acceptant pour l’Exécutif, revient à perpétuer la dévalorisation de la fonction de parlementaire par rapport à celle de l’Exécutif qui a prévalu depuis l’Indépendance. C’est d’ailleurs une pareille vision dévalorisante de cette fonction qui a amené certains, lors de la campagne électorale pour les Législatives, à proposer des « jetons de présence » aux Députés, à la place du salaire !
La réduction du train de vie de l’Etat ne doit pas s’appliquer uniquement sur les conditions de travail des Députés, mais devrait concerner toutes les Institutions de la République, de manière équitable, par la suppression des dépenses de prestige et la réduction des avantages exorbitants à tous les niveaux, comme l’exigent les syndicats d’enseignants, et le justifient amplement les brillantes contributions de l’Inspecteur des Enseignements, Monsieur Mody Niang. C’est ainsi que l’Etat du Sénégal devrait vivre dans la sobriété en conformité avec les maigres ressources de la Nation.
Mais, vouloir faire supporter cette cure à l’Assemblée nationale principalement, c’est non seulement injuste, mais cela relève, fondamentalement, de la vision dévalorisante de la fonction de parlementaire, telle qu’historiquement forgée dans notre conscience collective, alors qu’il s’agit, avec cette 12éme Législature, de rompre avec, pour créer les conditions d’un renouveau législatif, en mesure de réconcilier l’Assemblée nationale avec son peuple.
Cette présente Législature devrait servir à cette mutation pour faire, à terme, de cette Institution, un centre crédible d’impulsion de la vie politique de la Nation. Sans cette mutation, les conditions politiques ne seront pas réunies pour basculer le pays dans un régime parlementaire.
Il est donc vital, dans le cadre de la nécessaire réduction du train de vie de l’Etat, de réhabiliter les conditions matérielles de la fonction parlementaire, pour contribuer à rehausser son prestige auprès des populations, chez lesquelles, le Député devrait jouir des mêmes considérations que le Ministre.
C’est dans ce cadre que le débat sur la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale trouve toute sa portée.
- c) La durée du mandat duPrésident de l’Assemblée nationale
Même après le cuisant échec des tentatives de justifier la « nécessité », pour le Président de la République, d’avoir « un Président de l’Assemblée nationale issu de son Parti », l’âpreté de ce débat, illustre toutes les contradictions qui minent la plus part de ceux qui prétendent œuvrer pour l’avènement d’une « Assemblée nationale de rupture ».
En effet, en refusant de suivre, sur ce terrain, ceux qui sont encore marqués par la culture de Parti- Etat, le Président de la République donnait ainsi un signal fort de sa volonté de créer les conditions politiques de l’avènement d’une « Assemblée nationale de rupture », pour donner un sens à « l’indépendance des Institutions de la République ».
L’ampleur de l’approbation populaire de ce geste présidentiel, attestée par divers sondages auprès des populations par plusieurs médias publics comme privés, démontre l’option du peuple pour la « séparation partisane du pouvoir », et ses attentes vis-à-vis de cette nouvelle Assemblée nationale.
Dans nos sociétés en phase de démocratisation, la « séparation institutionnelle » du pouvoir, sans « séparation partisane », est factice, et fait le lit du Parti-Etat. C’est en cela que notre peuple a enrichi l’expérience de « démocratisation de la vie publique » que l’histoire de l’humanité a produit jusqu’à nos jours.
Cette innovation, enfantée par la pratique politique du Sénégalais qui a forgé, des siècles durant une « culture politique de rassemblement, de tolérance et de cohabitation», n’est pas encore largement perçue et/ou suffisamment assimilée par nos cadres, et cela, même jusque parmi de grands leaders de BBY.
C’est cela qui justifie, jusque parmi les leaders de BBY, la survivance des tentatives récurrentes, sur des bases fallacieuses flagrantes, et même de contre- vérité, de trouver des artifices pour montrer à l’opinion, la « soumission de fait » du Président de l’Assemblée nationale à la volonté politique du Chef de l’Etat, au risque même de vider, de son contenu progressiste, le signal fort de la « séparation des pouvoirs » qu’il venait de donner.
C’est ainsi, qu’un Député de BBY, promu vice – Président de l’Assemblée nationale, n’a pas hésité une seule seconde, à s’abriter derrière la Constitution du Sénégal, pour tenter de justifier le maintien du mandat du Président de l’Assemblée nationale à un an, comme Wade l’avait fait adopter par ses Députés, pour marquer son autorité sur le pouvoir législatif, et débarquer le Président d’alors de cette Institution, devenu aujourd’hui Chef de l’Etat.
Avec le maintien de cette disposition, ces gens veulent signifier à l’opinion publique,que le Chef de l’Etat a la haute autorité sur l’Assemblée nationale, alors que celui-ci voulait donner l’image du contraire, en refusant que le Président de l’Assemblée nationale soit issu de son parti, et même de sa propre coalition politique qui l’a qualifié au second tour des Présidentielles de Février 2012.
Cette contradiction politique est humainement compréhensible, si l’on tient en compte du lourd poids historique du Parti-Etat dans notre conscience collective. Mais là où c’est éthiquement inacceptable, c’est quand l’on a voulu fonder cette position rétrograde sur des dispositions constitutionnelles.
En effet, prétendre que porter le mandat du Président de l’Assemblée nationale « d’un an à cinq ans » ne peut se faire sans révision de la Constitution, relève, ou bien d’une ignorancenotoire des dispositions de l’Article 62, alinéa1 de celle - ci, ou bien, d’une mauvaise foi, qui est incompatible avec l’éthique et la morale que notre peuple attend de ses nouveaux Députés, notamment du Président de l’Assemblée nationale et de ses vice-Présidents.
Les dispositions de cet Article en son alinéa 1 sont sans équivoque : Article 62
« Le règlement intérieur de chaque assemblée détermine :
- la composition, les règles de fonctionnement du bureau ainsi que les pouvoirs,
pérogatives et durée du mandat de son Président ….. ».
Comment un Député, qui a l’expérience de plusieurs Législatures, et en pleine connaissance de cette disposition constitutionnelle qui renvoi, au règlement intérieur, la question de la détermination de la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale, peut- il déclarer publiquement, qu’il faudrait nécessairement une révision de la Constitution à cet effet, en s’abritant derrière les dispositions de celle –ci ?
Ce recours désinvolte aux dispositions de la Constitution, se retrouve aussi dans le débat sur la composition du SENAT, à propos de la proportion entre membres élus issus des collectivités locales, et les membres désignés par le Président de la République.
- d) La question du SENAT
Certains membres de BBY affirment publiquement que la Constitution fixe le nombre d’élus des collectivités locales, au SENAT, en fonction du nombre des Départements administratifs. C’est ainsi que pour eux, sous WADE, ce nombre était de 35 conformément au nombre de Départements, donc avec 45 Départements sous MACKY, ce nombre doit être porté à 45 pour se conformer avec le nombre de Départements existant. Donc, au lieu de 65 membres sur les 100que WADE avait désignés, MACKY devrait en nommer 55 !
De cette manière, MACKY est encouragé à préserver dans la violation par WADE, de la nature de la représentation des collectivités locales et des Sénégalais de l’extérieur que la Constitution, en son Article 60-1, a conféré au SENAT, et pis encore, il lui est proposé de faire de cette Institution législative, un lieu pour caser ses « amis et autres clients politiques », qui est la cause de l’exigence de sa suppression par les populations,largement partagée,que les Assises nationales ont pris en compte dans ses Conclusions.
Ces gens qui justifient une telle forfaiture à l’encontre des dispositions de la Constitution, ignorent, de cette manière, ce que dit celle-ci en la matière.Enfait, la Constitution, en son Article60, alinéa2, stipule : « Le nombre de sénateurs représentant les collectivités locales de la Républiquene peut êtreinférieur au tiers des membres du Sénat ».Le tiers de 100 est 33, et ne correspond pas aux 35 Départements qui auraient permis à WADE de nommer 65 membres du SENAT.
C’est donc, en respectant le minimum requis par la Constitution que WADE a nommé ces 65 membres de par sa propre volonté politique. Donc, ceux qui préconisent que MACKY en nomment 55, devraient reconnaître que cela ne découle pas d’une contrainte constitutionnelle quelconque, mais bien de sa seule volonté politique. Ce faisant, il va reproduire le SENAT que WADE a détourné de sa vocation constitutionnelle à des fins de clientélisme politique, qui ont contribué à le couper du peuple et à sa perte du pouvoir.
MACKY a donc tout intérêt, pour une bonne cohérence des signes de rupture qu’il émet depuis son accession au pouvoir, de ne pas succomber à ces conseils qui, en définitive, ne défendent que leurs intérêts personnels de courte vue.
La composition prochaine du SENAT devrait donc permettre de réconcilier cette Institution avec le peuple, qui ne l’a perçue que comme un lieu inutilement coûteux pour la Nation, rien pour servir à satisfaire une clientèle politique, au lieu d’être, comme la Constitution le stipule :« une représentation, au niveau national, des collectivités locales et des Sénégalais de l’extérieur ».
D’où la nécessité d’avoir un SENAT, où les élus issus des collectivités locales sont fortement majoritaires, et les Sénégalais de l’extérieur proportionnellement plus nombreux parmi les membres désignés par le Chef de l’Etat.
BBY n’est donc encore pas sorti des zones de turbulence à cause de la difficile rupture d’avec la culture de Parti-Etat, et des messages contradictoires et même de contre- vérité, qui émanent de certains de ses responsables, qui brouillent, aux yeux de l’opinion, la visibilité des signaux de rupture qu’émet le Chef de l’Etat.
Encore vigilance et détermination pour sortir de l’ornière.
Fait à Dakar le 6 Août 2012
Ibrahima SENE/ BBY
En effet, depuis le flop total enregistré par les tenants de l’implosion inévitable de BBY, à l’occasion de l’élection du Président et du Bureau de l’Assemblée nationale, les critiques de la politique du pouvoir, se sont, le plus souvent, empêtrés dans des analyses qui dénotent leur désarroi, face à la grande capacité à surmonter leurs contradictions entre les différentes composantes politiques et de la société civile, du Gouvernement du Premier Ministre Abdoul M’Baye, mis en place par le Président MackySall.
Que ce soit sur le retour des délestages, l’achat des véhicules aux nouveaux Députés, le mandat du Président de l’Assemblée nationale, ou le SENAT, l’on est ahuri devant les argumentaires développés pour tenter de discréditer l’action gouvernementale.
a) Le retour des délestages
Le retour des délestages et les désagréments croissants durement ressentis par les populations, et les micro- petites - moyennes entreprises qui ne peuvent pas se payer un groupe électrogène à la hauteur de leurs besoins, ont vite fait de faire oublier les limites du Plan Takkal,largement perçu, à l’époque, comme un subterfuge de Wade pour passer le cap des élections !
Personne ne doutait, qu’après les élections, les délestages allaient revenir avec encore plus d’ampleur, étant donné que ce Plan n’apportait pas de solution à la crise structurelle de la SENELEC (endettement, problèmes de trésorerie, lourde dépendance de l’énergie fossile, mauvaise gestion des approvisionnements et de la clientèle, tarifs à la clientèle fortement subventionnés, etc).Comment peut- on,alors, sans se contredire, attribuer ce retour des délestages au Gouvernement de BBY, au point de justifier une levée de bouclier du peuple contre lui pour trouver des solutions immédiates !
Devant cette situation, au lieu d’encourager des « émeutes de l’électricité » pour mettre fin aux délestages, le bon sens aurait voulu que l’on exhorte le Gouvernement à diligenter les solutions de fonds qu’il a envisagées pour sortir le pays de cette crise à moyen terme, tout en prenant des mesures d’accompagnement de court terme, en concertation avec les travailleurs de la SENELEC et les associations des usagers, pour minimiser l’impact négatif desdélestages, notamment chez les plus vulnérables.
L’urgence devait donc d’orientertoutes nos forces vers la création des conditions de tenue de cette concertation, plutôt que vers « la levée de bouclier » contre le nouveau régime. IL devrait être évident pour tout le monde, que dans une confrontation sur cette question, seul le régime déchu, à cause de ses responsabilités dans cette crise, y prendra sa revanche contre les victimes de sa politique, qui l’ont lourdement sanctionné le 25 mars et le 1er juillet.
Il est donc paradoxal de prétendre défendre les populations et les entrepreneurs qui souffrent de ce retour des délestages, en développant des thèses qui les poussent à affronter le pouvoir. Si une pareille attitude est compréhensible de la part du pouvoir déchu et de ses amis, elle est carrément indéfendable de la part de cadres de BBY, ou d’amis qui s’en réclament, sous le seul prétexte de vouloir « être objectifs et indépendants d’esprit ».Ils se trompent de cible et d’objectif, en se refusant de prendre en compte, sur la situation actuelle de l’électricité, le legs catastrophique que WADE a laissé de son règne, après l’avoir tant décrié et combattu.
b) L’achat des véhicules
Cette critique est l’illustration la plus frappante des contradictions des arguments servis contre le Chef de l’Etat, même de la part d’amis de BBY.
Cependant, tous les observateurs sont unanimes sur la vision que BBY a de la place de l’Assemblée nationale parmi les Institutions de la République, qui toutes, doivent jouir d’une égale dignité.
Pour ce faire, les Députés doivent jouir des mêmes conditions que les membres de l’Exécutif, tant au plan salarial qu’à celui des moyens de fonctionnement. C’est pourquoi, leur refuser des véhicules, dits de luxe, sous prétexte de rareté des ressources face à l’énormité des urgences sociales, tout en l’acceptant pour l’Exécutif, revient à perpétuer la dévalorisation de la fonction de parlementaire par rapport à celle de l’Exécutif qui a prévalu depuis l’Indépendance. C’est d’ailleurs une pareille vision dévalorisante de cette fonction qui a amené certains, lors de la campagne électorale pour les Législatives, à proposer des « jetons de présence » aux Députés, à la place du salaire !
La réduction du train de vie de l’Etat ne doit pas s’appliquer uniquement sur les conditions de travail des Députés, mais devrait concerner toutes les Institutions de la République, de manière équitable, par la suppression des dépenses de prestige et la réduction des avantages exorbitants à tous les niveaux, comme l’exigent les syndicats d’enseignants, et le justifient amplement les brillantes contributions de l’Inspecteur des Enseignements, Monsieur Mody Niang. C’est ainsi que l’Etat du Sénégal devrait vivre dans la sobriété en conformité avec les maigres ressources de la Nation.
Mais, vouloir faire supporter cette cure à l’Assemblée nationale principalement, c’est non seulement injuste, mais cela relève, fondamentalement, de la vision dévalorisante de la fonction de parlementaire, telle qu’historiquement forgée dans notre conscience collective, alors qu’il s’agit, avec cette 12éme Législature, de rompre avec, pour créer les conditions d’un renouveau législatif, en mesure de réconcilier l’Assemblée nationale avec son peuple.
Cette présente Législature devrait servir à cette mutation pour faire, à terme, de cette Institution, un centre crédible d’impulsion de la vie politique de la Nation. Sans cette mutation, les conditions politiques ne seront pas réunies pour basculer le pays dans un régime parlementaire.
Il est donc vital, dans le cadre de la nécessaire réduction du train de vie de l’Etat, de réhabiliter les conditions matérielles de la fonction parlementaire, pour contribuer à rehausser son prestige auprès des populations, chez lesquelles, le Député devrait jouir des mêmes considérations que le Ministre.
C’est dans ce cadre que le débat sur la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale trouve toute sa portée.
- c) La durée du mandat duPrésident de l’Assemblée nationale
Même après le cuisant échec des tentatives de justifier la « nécessité », pour le Président de la République, d’avoir « un Président de l’Assemblée nationale issu de son Parti », l’âpreté de ce débat, illustre toutes les contradictions qui minent la plus part de ceux qui prétendent œuvrer pour l’avènement d’une « Assemblée nationale de rupture ».
En effet, en refusant de suivre, sur ce terrain, ceux qui sont encore marqués par la culture de Parti- Etat, le Président de la République donnait ainsi un signal fort de sa volonté de créer les conditions politiques de l’avènement d’une « Assemblée nationale de rupture », pour donner un sens à « l’indépendance des Institutions de la République ».
L’ampleur de l’approbation populaire de ce geste présidentiel, attestée par divers sondages auprès des populations par plusieurs médias publics comme privés, démontre l’option du peuple pour la « séparation partisane du pouvoir », et ses attentes vis-à-vis de cette nouvelle Assemblée nationale.
Dans nos sociétés en phase de démocratisation, la « séparation institutionnelle » du pouvoir, sans « séparation partisane », est factice, et fait le lit du Parti-Etat. C’est en cela que notre peuple a enrichi l’expérience de « démocratisation de la vie publique » que l’histoire de l’humanité a produit jusqu’à nos jours.
Cette innovation, enfantée par la pratique politique du Sénégalais qui a forgé, des siècles durant une « culture politique de rassemblement, de tolérance et de cohabitation», n’est pas encore largement perçue et/ou suffisamment assimilée par nos cadres, et cela, même jusque parmi de grands leaders de BBY.
C’est cela qui justifie, jusque parmi les leaders de BBY, la survivance des tentatives récurrentes, sur des bases fallacieuses flagrantes, et même de contre- vérité, de trouver des artifices pour montrer à l’opinion, la « soumission de fait » du Président de l’Assemblée nationale à la volonté politique du Chef de l’Etat, au risque même de vider, de son contenu progressiste, le signal fort de la « séparation des pouvoirs » qu’il venait de donner.
C’est ainsi, qu’un Député de BBY, promu vice – Président de l’Assemblée nationale, n’a pas hésité une seule seconde, à s’abriter derrière la Constitution du Sénégal, pour tenter de justifier le maintien du mandat du Président de l’Assemblée nationale à un an, comme Wade l’avait fait adopter par ses Députés, pour marquer son autorité sur le pouvoir législatif, et débarquer le Président d’alors de cette Institution, devenu aujourd’hui Chef de l’Etat.
Avec le maintien de cette disposition, ces gens veulent signifier à l’opinion publique,que le Chef de l’Etat a la haute autorité sur l’Assemblée nationale, alors que celui-ci voulait donner l’image du contraire, en refusant que le Président de l’Assemblée nationale soit issu de son parti, et même de sa propre coalition politique qui l’a qualifié au second tour des Présidentielles de Février 2012.
Cette contradiction politique est humainement compréhensible, si l’on tient en compte du lourd poids historique du Parti-Etat dans notre conscience collective. Mais là où c’est éthiquement inacceptable, c’est quand l’on a voulu fonder cette position rétrograde sur des dispositions constitutionnelles.
En effet, prétendre que porter le mandat du Président de l’Assemblée nationale « d’un an à cinq ans » ne peut se faire sans révision de la Constitution, relève, ou bien d’une ignorancenotoire des dispositions de l’Article 62, alinéa1 de celle - ci, ou bien, d’une mauvaise foi, qui est incompatible avec l’éthique et la morale que notre peuple attend de ses nouveaux Députés, notamment du Président de l’Assemblée nationale et de ses vice-Présidents.
Les dispositions de cet Article en son alinéa 1 sont sans équivoque : Article 62
« Le règlement intérieur de chaque assemblée détermine :
- la composition, les règles de fonctionnement du bureau ainsi que les pouvoirs,
pérogatives et durée du mandat de son Président ….. ».
Comment un Député, qui a l’expérience de plusieurs Législatures, et en pleine connaissance de cette disposition constitutionnelle qui renvoi, au règlement intérieur, la question de la détermination de la durée du mandat du Président de l’Assemblée nationale, peut- il déclarer publiquement, qu’il faudrait nécessairement une révision de la Constitution à cet effet, en s’abritant derrière les dispositions de celle –ci ?
Ce recours désinvolte aux dispositions de la Constitution, se retrouve aussi dans le débat sur la composition du SENAT, à propos de la proportion entre membres élus issus des collectivités locales, et les membres désignés par le Président de la République.
- d) La question du SENAT
Certains membres de BBY affirment publiquement que la Constitution fixe le nombre d’élus des collectivités locales, au SENAT, en fonction du nombre des Départements administratifs. C’est ainsi que pour eux, sous WADE, ce nombre était de 35 conformément au nombre de Départements, donc avec 45 Départements sous MACKY, ce nombre doit être porté à 45 pour se conformer avec le nombre de Départements existant. Donc, au lieu de 65 membres sur les 100que WADE avait désignés, MACKY devrait en nommer 55 !
De cette manière, MACKY est encouragé à préserver dans la violation par WADE, de la nature de la représentation des collectivités locales et des Sénégalais de l’extérieur que la Constitution, en son Article 60-1, a conféré au SENAT, et pis encore, il lui est proposé de faire de cette Institution législative, un lieu pour caser ses « amis et autres clients politiques », qui est la cause de l’exigence de sa suppression par les populations,largement partagée,que les Assises nationales ont pris en compte dans ses Conclusions.
Ces gens qui justifient une telle forfaiture à l’encontre des dispositions de la Constitution, ignorent, de cette manière, ce que dit celle-ci en la matière.Enfait, la Constitution, en son Article60, alinéa2, stipule : « Le nombre de sénateurs représentant les collectivités locales de la Républiquene peut êtreinférieur au tiers des membres du Sénat ».Le tiers de 100 est 33, et ne correspond pas aux 35 Départements qui auraient permis à WADE de nommer 65 membres du SENAT.
C’est donc, en respectant le minimum requis par la Constitution que WADE a nommé ces 65 membres de par sa propre volonté politique. Donc, ceux qui préconisent que MACKY en nomment 55, devraient reconnaître que cela ne découle pas d’une contrainte constitutionnelle quelconque, mais bien de sa seule volonté politique. Ce faisant, il va reproduire le SENAT que WADE a détourné de sa vocation constitutionnelle à des fins de clientélisme politique, qui ont contribué à le couper du peuple et à sa perte du pouvoir.
MACKY a donc tout intérêt, pour une bonne cohérence des signes de rupture qu’il émet depuis son accession au pouvoir, de ne pas succomber à ces conseils qui, en définitive, ne défendent que leurs intérêts personnels de courte vue.
La composition prochaine du SENAT devrait donc permettre de réconcilier cette Institution avec le peuple, qui ne l’a perçue que comme un lieu inutilement coûteux pour la Nation, rien pour servir à satisfaire une clientèle politique, au lieu d’être, comme la Constitution le stipule :« une représentation, au niveau national, des collectivités locales et des Sénégalais de l’extérieur ».
D’où la nécessité d’avoir un SENAT, où les élus issus des collectivités locales sont fortement majoritaires, et les Sénégalais de l’extérieur proportionnellement plus nombreux parmi les membres désignés par le Chef de l’Etat.
BBY n’est donc encore pas sorti des zones de turbulence à cause de la difficile rupture d’avec la culture de Parti-Etat, et des messages contradictoires et même de contre- vérité, qui émanent de certains de ses responsables, qui brouillent, aux yeux de l’opinion, la visibilité des signaux de rupture qu’émet le Chef de l’Etat.
Encore vigilance et détermination pour sortir de l’ornière.
Fait à Dakar le 6 Août 2012
Ibrahima SENE/ BBY