« Il nous arrive de gouverner sans le futur, c’est-à-dire prendre des décisions en omettant de mesurer leur impact sur le futur… Pis encore, il nous arrive de gouverner contre le futur » Gilles Finchelstein, La dictature de l’urgence, Fayard 2011, P145.
La décision de la Conférence exceptionnelle des leaders de Benno Siggil Senegaal pour trancher la question de la candidature de l’unité et du rassemblement est clairement à classer dans cette catégorie de gouvernance sans le futur et contre le futur. En effet, face au choix impossible entre deux ambitions en conflit avec chacune une grille d’analyse confondant l’ombre à la proie, il ne restait qu’une seule alternative pour préserver l’essentiel. Constater l’impossibilité d’une candidature unique pour libérer chaque parti et dégager des voies de compromis pour relever les défis communs. Ce qui maintiendrait, entre les différentes forces de l’opposition, le minimum de convergence que requièrent les enjeux de l’heure. Malheureusement Benno a su, au regard des faits, ni faire face, ni faire sens.
Le refus de chacun des deux candidats en lisse de désister pour l’autre au nom de l’unité et pire encore la décision de la conférence des leaders de choisir, vaille que vaille, l’un des deux au nom d’un rassemblement qui divise, n’ont fait que livrer un seul message : une incapacité à faire face pour donner sens aux attentes des populations. Face aux intérêts supérieurs de la nation, il ne peut y avoir, en principe, de place possible pour tout autre type de considération. Aucune logique, aucune noblesse ne sous-tendent l’implosion de Benno Siggil Senegaal sabordant de la sorte une œuvre de construction monumentale.
Ainsi « Benno chante la division, les sénégalais déchantent », pour emprunter la belle parole de Mamadou Ibra Kane ouvrant le Journal Parlé (12H) de la RFM du vendredi 02 décembre 2011. Les sénégalais déchantent parce que Benno n’a pas été à la hauteur des attentes. Elle n’a pas été capable d’être à l’écoute. La légitimité de Benno est mise à mal par « le primat de l’urgence ». L’urgence des susceptibilités personnelles et des intérêts partisans contre l’exigence à la fois politique, sociale et populaire de créer les conditions d’une alternance crédible et d’une transition démocratique digne de notre évolution.
A ce propos, le sabordage de Benno est, pour de vrai, une catastrophe pour l’opposition. Mais tout n’est pas que pure perte car « la catastrophe a valeur d’avertissement… la catastrophe a valeur de pédagogie » pour reprendre Régis Debray (Du bon usage des catastrophes, Gallimard, 2011).
La valeur d’avertissement est de dire aux politiques que, quels que soient leur talent et leur mérite, ils restent des mortels et par conséquent nullement indispensables s’ils ne sont pas en capacité d’être à l’écoute du peuple et de prendre en compte ses aspirations. La valeur d’avertissement est aussi de leur faire comprendre que l’autisme ne peut être érigé en méthode de gouvernance. Représenter, c’est écouter. Diriger, c’est écouter davantage. Le temps de la dictature du moi au sommet est révolu. Ceux qui veulent diriger doivent savoir écouter et ceux qui dirigent doivent être mis dans l’obligation d’écouter. L’écoute est un excellent baromètre pour mesurer l’incompétence de ceux qui gouvernent ou qui aspirent à le faire.
La valeur de pédagogie est, à la veille des joutes électorales, d’attirer l’attention des politiques sur le sens de leur mission qui ne peut absolument pas consister à créer les conditions du couronnement d’un parcours personnel ou de défense des intérêts immédiats d’une corporation. La valeur de pédagogie est surtout de se focaliser sur la vraie tâche du politique. Or « quelle est la tâche du politique si ce n’est de faire le pont entre l’héritage du passé, les priorités du présent et les défis du futur » comme se demanderait Finchelstein ? En effet, préserver les acquis du passé qui nous valent encore d’être un exemple de stabilité, avoir le sens des priorités dans un contexte local et mondial en pleine ébullition, et ouvrir des voies vers le futur émergent de notre peuple, c’est cela la proie sur laquelle il convient de se focaliser au détriment de l’ombre de l’accession et de l’exercice du pouvoir. Toute décision de gouvernance – qu’il s’agisse du pouvoir en place ou des opposants pour prendre place – en dehors de ces paramètres se prend sans le futur et contre le futur de notre peuple. Et là, le lieu de s’interroger : que vaut la vie d’un homme par rapport à la trajectoire d’un peuple si ce n’est de la tonifier, de la servir ?
Pour autant, les sénégalais ne doivent pas déchanter parce que 2012 est un rendez-vous important pour notre démocratie et pour notre avenir. Ils doivent rester aux aguets et se mobiliser pour choisir le meilleur. Le meilleur c’est le meilleur au service du peuple et de sa destinée pour paraphraser le prophète de l’islam qui disait « le meilleur parmi le peuple est son serviteur ».
Sans vigilance, il est difficile de choisir le meilleur. En effet, combien arrive t-il que des guignols parviennent à ravir les honneurs aux seigneurs parce qu’ils savent, mieux que ces derniers, simuler et gesticuler ? Si le peuple du Sénégal ne déchante pas donc ne démissionne pas à cause des sottises d’une classe politique, l’honneur d’être le quatrième président reviendra à celui qui sera en meilleure posture pour être à son service.
Nul n’est né pour, nécessairement, diriger le peuple du Sénégal. Nul ne doit non plus diriger ce peuple pour, seulement, ce qu’il a été. Mais celui qui doit diriger le Sénégal est la personne qui répond le mieux aux intérêts du moment et aux exigences de l’avenir. Dès lors, si la compétence d’écoute est requise chez les candidats au présidium de notre destin, alors elle l’est davantage au niveau du peuple qui ne doit en aucun cas se tromper sur le choix des mains entre lesquelles il remet son destin pour cinq longues années largement suffisantes pour nous basculer dans l’antiquité. Ne dit on pas, à tort ou à raison, que les dirigeants ne sont que le reflet de leur peuple ?
Le peuple est appelé à se mobiliser pour le choix du futur, de l’homme du futur qui ne laissera pas échapper la proie pour son ombre.
Saliou DRAME
La décision de la Conférence exceptionnelle des leaders de Benno Siggil Senegaal pour trancher la question de la candidature de l’unité et du rassemblement est clairement à classer dans cette catégorie de gouvernance sans le futur et contre le futur. En effet, face au choix impossible entre deux ambitions en conflit avec chacune une grille d’analyse confondant l’ombre à la proie, il ne restait qu’une seule alternative pour préserver l’essentiel. Constater l’impossibilité d’une candidature unique pour libérer chaque parti et dégager des voies de compromis pour relever les défis communs. Ce qui maintiendrait, entre les différentes forces de l’opposition, le minimum de convergence que requièrent les enjeux de l’heure. Malheureusement Benno a su, au regard des faits, ni faire face, ni faire sens.
Le refus de chacun des deux candidats en lisse de désister pour l’autre au nom de l’unité et pire encore la décision de la conférence des leaders de choisir, vaille que vaille, l’un des deux au nom d’un rassemblement qui divise, n’ont fait que livrer un seul message : une incapacité à faire face pour donner sens aux attentes des populations. Face aux intérêts supérieurs de la nation, il ne peut y avoir, en principe, de place possible pour tout autre type de considération. Aucune logique, aucune noblesse ne sous-tendent l’implosion de Benno Siggil Senegaal sabordant de la sorte une œuvre de construction monumentale.
Ainsi « Benno chante la division, les sénégalais déchantent », pour emprunter la belle parole de Mamadou Ibra Kane ouvrant le Journal Parlé (12H) de la RFM du vendredi 02 décembre 2011. Les sénégalais déchantent parce que Benno n’a pas été à la hauteur des attentes. Elle n’a pas été capable d’être à l’écoute. La légitimité de Benno est mise à mal par « le primat de l’urgence ». L’urgence des susceptibilités personnelles et des intérêts partisans contre l’exigence à la fois politique, sociale et populaire de créer les conditions d’une alternance crédible et d’une transition démocratique digne de notre évolution.
A ce propos, le sabordage de Benno est, pour de vrai, une catastrophe pour l’opposition. Mais tout n’est pas que pure perte car « la catastrophe a valeur d’avertissement… la catastrophe a valeur de pédagogie » pour reprendre Régis Debray (Du bon usage des catastrophes, Gallimard, 2011).
La valeur d’avertissement est de dire aux politiques que, quels que soient leur talent et leur mérite, ils restent des mortels et par conséquent nullement indispensables s’ils ne sont pas en capacité d’être à l’écoute du peuple et de prendre en compte ses aspirations. La valeur d’avertissement est aussi de leur faire comprendre que l’autisme ne peut être érigé en méthode de gouvernance. Représenter, c’est écouter. Diriger, c’est écouter davantage. Le temps de la dictature du moi au sommet est révolu. Ceux qui veulent diriger doivent savoir écouter et ceux qui dirigent doivent être mis dans l’obligation d’écouter. L’écoute est un excellent baromètre pour mesurer l’incompétence de ceux qui gouvernent ou qui aspirent à le faire.
La valeur de pédagogie est, à la veille des joutes électorales, d’attirer l’attention des politiques sur le sens de leur mission qui ne peut absolument pas consister à créer les conditions du couronnement d’un parcours personnel ou de défense des intérêts immédiats d’une corporation. La valeur de pédagogie est surtout de se focaliser sur la vraie tâche du politique. Or « quelle est la tâche du politique si ce n’est de faire le pont entre l’héritage du passé, les priorités du présent et les défis du futur » comme se demanderait Finchelstein ? En effet, préserver les acquis du passé qui nous valent encore d’être un exemple de stabilité, avoir le sens des priorités dans un contexte local et mondial en pleine ébullition, et ouvrir des voies vers le futur émergent de notre peuple, c’est cela la proie sur laquelle il convient de se focaliser au détriment de l’ombre de l’accession et de l’exercice du pouvoir. Toute décision de gouvernance – qu’il s’agisse du pouvoir en place ou des opposants pour prendre place – en dehors de ces paramètres se prend sans le futur et contre le futur de notre peuple. Et là, le lieu de s’interroger : que vaut la vie d’un homme par rapport à la trajectoire d’un peuple si ce n’est de la tonifier, de la servir ?
Pour autant, les sénégalais ne doivent pas déchanter parce que 2012 est un rendez-vous important pour notre démocratie et pour notre avenir. Ils doivent rester aux aguets et se mobiliser pour choisir le meilleur. Le meilleur c’est le meilleur au service du peuple et de sa destinée pour paraphraser le prophète de l’islam qui disait « le meilleur parmi le peuple est son serviteur ».
Sans vigilance, il est difficile de choisir le meilleur. En effet, combien arrive t-il que des guignols parviennent à ravir les honneurs aux seigneurs parce qu’ils savent, mieux que ces derniers, simuler et gesticuler ? Si le peuple du Sénégal ne déchante pas donc ne démissionne pas à cause des sottises d’une classe politique, l’honneur d’être le quatrième président reviendra à celui qui sera en meilleure posture pour être à son service.
Nul n’est né pour, nécessairement, diriger le peuple du Sénégal. Nul ne doit non plus diriger ce peuple pour, seulement, ce qu’il a été. Mais celui qui doit diriger le Sénégal est la personne qui répond le mieux aux intérêts du moment et aux exigences de l’avenir. Dès lors, si la compétence d’écoute est requise chez les candidats au présidium de notre destin, alors elle l’est davantage au niveau du peuple qui ne doit en aucun cas se tromper sur le choix des mains entre lesquelles il remet son destin pour cinq longues années largement suffisantes pour nous basculer dans l’antiquité. Ne dit on pas, à tort ou à raison, que les dirigeants ne sont que le reflet de leur peuple ?
Le peuple est appelé à se mobiliser pour le choix du futur, de l’homme du futur qui ne laissera pas échapper la proie pour son ombre.
Saliou DRAME