Contrairement à ce qu'on a fait dire au Président Sall, le Sénégal ne pourra pas atteindre l'autosuffisance alimentaire en riz en 2017. Pour réaliser la prédiction du Président Sall, le Sénégal devrait en effet multiplier par près de 6,5 fois sa production de riz en trois ans, pour atteindre 2,2 millions de tonnes de Paddy (soit 1,2 millions de tonnes de riz blanc), contre un peu moins de 340.000 tonnes de paddy en 2013/2014 (saison sèche chaude et hivernage), en tenant compte de la progression démographique (2,5% par an) et en considérant que la consommation par tête est estimée à 90 kilogrammes par an (pour une population de 13,5 millions d’habitants).
Pour atteindre l’objectif l’Etat dispose de quatre instruments sur lesquels pèsent d’énormes contraintes.
Le premier instrument, c’est l’augmentation de la superficie cultivée. Aujourd’hui le pays dispose de 240.000 hectares irrigables dans la vallée du fleuve, en a aménagé un peu moins de 100.000 environ, mais n’en exploite que 62.000 au maximum pour le riz (niveau atteint en 2008/2009, dans le cadre de la Goana du Président Wade). Il faudrait faire passer cette superficie effectivement emblavée à 100.000 hectares en 2017 (soit une augmentation de près de 13.000 hectares par an, contre 3.500 hectares aménagés par an au cours de la dernière période) , et espérer que les agriculteurs se seraient appropriés les terres, auraient mobilisé le financement adéquat et réalisé les investissements qui leur reviennent. Ceci est impossible dans le délai de trois ans. En outre, le complément de production de riz dans les zones du pays est historiquement bas, comparé à ce qui se fait dans la Vallée, et cette situation ne pourra pas être inversée en quelques années.
Le second instrument, c’est le rendement à l’hectare que la Saed estime à 7,5% pour cet hivernage 2014. Le défi est d’augmenter de 50% ce niveau, pour atteindre 11 tonnes en moyenne par hectare (ce qui est le potentiel disponible aujourd’hui sur le terrain), en développant notamment la mécanisation. Là aussi, l’expérience montre que ce n’est pas une mince affaire dans le contexte sénégalais, le pays n’arrivant pas depuis deux ans à importer du Brésil les 1000hectarespromispar le Président Sall aux paysans.
Les troisième et quatrième instruments consistent respectivement à systématiser la production de riz en double saison et à développer les capacités de transformation, de stockage et de distribution du riz local, en facilitant l’accès des producteurs et des entrepreneurs au crédit. Et rien ne garantit que les objectifs de mobilisation de ressources financières auprès des banques pourront être réalisés.
Même dans le cas extrême où le Gouvernement réussit à aménager 120.000 hectares effectivement utilisés par les paysans et que le rendement atteint 11 tonnes à l’hectare, la production maximale, en double saison, serait de
En vérité, gouverner, ce n’est pas de prédire le futur comme le ferait un prévisionniste qui ne maîtrise aucunement les faits et qui ne possède que sa science. Gouverner, c'est faire des annonces crédibles puis de mobiliser tous les instruments disponibles pour atteindre les objectifs ciblés. Sinon le réveil ne pourra être que douloureux. Toutes choses égales par ailleurs, ce gouvernement de M. Sall ne pourra, au mieux, couvrir que 50 pourcent de nos besoins en riz en 2017, contre 15 pourcent au maximum aujourd'hui. A moins qu'il change radicalement de méthode de travail et devienne enfin efficace. Ce dont j’ai, encore, toutes les raisons de douter.
Moubarack LO
Email : moubaracklo@gmail.com
Pour atteindre l’objectif l’Etat dispose de quatre instruments sur lesquels pèsent d’énormes contraintes.
Le premier instrument, c’est l’augmentation de la superficie cultivée. Aujourd’hui le pays dispose de 240.000 hectares irrigables dans la vallée du fleuve, en a aménagé un peu moins de 100.000 environ, mais n’en exploite que 62.000 au maximum pour le riz (niveau atteint en 2008/2009, dans le cadre de la Goana du Président Wade). Il faudrait faire passer cette superficie effectivement emblavée à 100.000 hectares en 2017 (soit une augmentation de près de 13.000 hectares par an, contre 3.500 hectares aménagés par an au cours de la dernière période) , et espérer que les agriculteurs se seraient appropriés les terres, auraient mobilisé le financement adéquat et réalisé les investissements qui leur reviennent. Ceci est impossible dans le délai de trois ans. En outre, le complément de production de riz dans les zones du pays est historiquement bas, comparé à ce qui se fait dans la Vallée, et cette situation ne pourra pas être inversée en quelques années.
Le second instrument, c’est le rendement à l’hectare que la Saed estime à 7,5% pour cet hivernage 2014. Le défi est d’augmenter de 50% ce niveau, pour atteindre 11 tonnes en moyenne par hectare (ce qui est le potentiel disponible aujourd’hui sur le terrain), en développant notamment la mécanisation. Là aussi, l’expérience montre que ce n’est pas une mince affaire dans le contexte sénégalais, le pays n’arrivant pas depuis deux ans à importer du Brésil les 1000hectarespromispar le Président Sall aux paysans.
Les troisième et quatrième instruments consistent respectivement à systématiser la production de riz en double saison et à développer les capacités de transformation, de stockage et de distribution du riz local, en facilitant l’accès des producteurs et des entrepreneurs au crédit. Et rien ne garantit que les objectifs de mobilisation de ressources financières auprès des banques pourront être réalisés.
Même dans le cas extrême où le Gouvernement réussit à aménager 120.000 hectares effectivement utilisés par les paysans et que le rendement atteint 11 tonnes à l’hectare, la production maximale, en double saison, serait de
En vérité, gouverner, ce n’est pas de prédire le futur comme le ferait un prévisionniste qui ne maîtrise aucunement les faits et qui ne possède que sa science. Gouverner, c'est faire des annonces crédibles puis de mobiliser tous les instruments disponibles pour atteindre les objectifs ciblés. Sinon le réveil ne pourra être que douloureux. Toutes choses égales par ailleurs, ce gouvernement de M. Sall ne pourra, au mieux, couvrir que 50 pourcent de nos besoins en riz en 2017, contre 15 pourcent au maximum aujourd'hui. A moins qu'il change radicalement de méthode de travail et devienne enfin efficace. Ce dont j’ai, encore, toutes les raisons de douter.
Moubarack LO
Email : moubaracklo@gmail.com