« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » - Montesquieu De l'esprit des lois
Cette semaine s’ouvre effectivement une nouvelle ère au Sénégal. Mais le bon sens commande au chroniqueur attentif à la vie politique de notre pays, de savoir qu’il n’est pas encore utile de voler au secours de la victoire. Aujourd’hui, l’heure est aux passations de services, avec toute la charge de ce mot rattaché à la rupture encore une fois promise par les nouveaux tenants du pouvoir. Alors, honneurs aux sortis, et au premier d’entre eux, Macky Sall, qui, sans rire, aurait lors de son dernier Conseil des ministres, recommandé à ceux-ci de ne surtout point transhumer… Venant de celui qui a joué le rôle de meilleur chargé de communication de son successeur, ça ne manque pas de piquant.
Le président Bassirou Diomaye Faye a été soutenu par toute une coalition et un parti en ordre de bataille. Il est clair que, a contrario, le nouveau citoyen marocain a lui surtout joué contre son candidat, voire contre les hommes de son camp, malgré les lettres qu’il leur a écrites et qui leur sont certainement allées, droit au cœur. Il aura soutenu Amadou Ba comme une corde soutient un pendu, et celui-ci est tout de même arrivé à faire mieux que lui en termes de voix, ce qui lui donne l’idée très démocratique de continuer le combat à travers une nouvelle offre qu’il aura tout le temps de peaufiner s’il arrive à bien incarner une opposition nette et constructive.
Serons-nous gouvernés par des « terroristes » ?
Dans la série de tâtonnements qui ont jalonné le second quinquennat de Macky Sall, il y aura eu, c’est sûr les innombrables et maladroites tentatives de tordre les règles constitutionnelles, pour lui permettre de se représenter, mais surtout la sensation que nous étions devenus un pays qui emprisonnait sans cause ses citoyens et les libérait sans conséquences. Qui ne se souvient de l’hilarante conférence de presse de la ministre de la Justice qui à la libération injustifiable de centaines de détenus, s’est tout de même réjouie d’avoir fait libérer des « terroristes », lesquels nous dirigeraient donc aujourd’hui ? Peu rassurant non ?
Ces passations de services entre sortis et entrants seront parfois empreintes de sentiments laissant entrevoir qu’ils devront bientôt se revoir, au vu de tous les dossiers appelant à une reddition des comptes et à un éclaircissement de certains dossiers qui ont contribué à pourrir le règne des Républicains, dont certains membres avaient des comportements kleptocrates qui ont alimenté cette colère aboutissant à cette raclée électorale du 24 mars 2024.
Des Oryx du Niokolo Koba transformés en « dibi haoussa », aux 1000 milliards du fonds Covid évaporés et perdus, pas pour tout le monde cependant, en passant par les explications douteuses de certains soudain fortunés, la reddition des comptes risque d’être très sportive, avec peu de place pour l’esquive, et ce ne sont pas les déclarations de patrimoine comme celle d’une étonnante tranquillité de « Monsieur Frère », qui feront baisser le niveau de cette exigence sociale, qu’il faudra mener de pair avec la satisfaction des attentes d’une population, que les baisses souvent impossibles des prix des denrées, n’arriveront pas toujours à combler. L’essentiel n’étant pas que les prix des denrées et du loyer soient bas, mais que les Sénégalais soient, grâce à un emploi et un travail rémunérateur, en mesure de se les payer.
Une page se tourne. Celles qui vont être écrites par ce nouveau et très attendu gouvernement, devront l’être avec le sentiment qu’il vaut mieux gouverner avec le sens du service qu’avec l’indifférence des sévices que l’on a pu infliger à tant de monde en toute désinvolture.
JEAN PIERRE CORRÉA
Cette semaine s’ouvre effectivement une nouvelle ère au Sénégal. Mais le bon sens commande au chroniqueur attentif à la vie politique de notre pays, de savoir qu’il n’est pas encore utile de voler au secours de la victoire. Aujourd’hui, l’heure est aux passations de services, avec toute la charge de ce mot rattaché à la rupture encore une fois promise par les nouveaux tenants du pouvoir. Alors, honneurs aux sortis, et au premier d’entre eux, Macky Sall, qui, sans rire, aurait lors de son dernier Conseil des ministres, recommandé à ceux-ci de ne surtout point transhumer… Venant de celui qui a joué le rôle de meilleur chargé de communication de son successeur, ça ne manque pas de piquant.
Le président Bassirou Diomaye Faye a été soutenu par toute une coalition et un parti en ordre de bataille. Il est clair que, a contrario, le nouveau citoyen marocain a lui surtout joué contre son candidat, voire contre les hommes de son camp, malgré les lettres qu’il leur a écrites et qui leur sont certainement allées, droit au cœur. Il aura soutenu Amadou Ba comme une corde soutient un pendu, et celui-ci est tout de même arrivé à faire mieux que lui en termes de voix, ce qui lui donne l’idée très démocratique de continuer le combat à travers une nouvelle offre qu’il aura tout le temps de peaufiner s’il arrive à bien incarner une opposition nette et constructive.
Serons-nous gouvernés par des « terroristes » ?
Dans la série de tâtonnements qui ont jalonné le second quinquennat de Macky Sall, il y aura eu, c’est sûr les innombrables et maladroites tentatives de tordre les règles constitutionnelles, pour lui permettre de se représenter, mais surtout la sensation que nous étions devenus un pays qui emprisonnait sans cause ses citoyens et les libérait sans conséquences. Qui ne se souvient de l’hilarante conférence de presse de la ministre de la Justice qui à la libération injustifiable de centaines de détenus, s’est tout de même réjouie d’avoir fait libérer des « terroristes », lesquels nous dirigeraient donc aujourd’hui ? Peu rassurant non ?
Ces passations de services entre sortis et entrants seront parfois empreintes de sentiments laissant entrevoir qu’ils devront bientôt se revoir, au vu de tous les dossiers appelant à une reddition des comptes et à un éclaircissement de certains dossiers qui ont contribué à pourrir le règne des Républicains, dont certains membres avaient des comportements kleptocrates qui ont alimenté cette colère aboutissant à cette raclée électorale du 24 mars 2024.
Des Oryx du Niokolo Koba transformés en « dibi haoussa », aux 1000 milliards du fonds Covid évaporés et perdus, pas pour tout le monde cependant, en passant par les explications douteuses de certains soudain fortunés, la reddition des comptes risque d’être très sportive, avec peu de place pour l’esquive, et ce ne sont pas les déclarations de patrimoine comme celle d’une étonnante tranquillité de « Monsieur Frère », qui feront baisser le niveau de cette exigence sociale, qu’il faudra mener de pair avec la satisfaction des attentes d’une population, que les baisses souvent impossibles des prix des denrées, n’arriveront pas toujours à combler. L’essentiel n’étant pas que les prix des denrées et du loyer soient bas, mais que les Sénégalais soient, grâce à un emploi et un travail rémunérateur, en mesure de se les payer.
Une page se tourne. Celles qui vont être écrites par ce nouveau et très attendu gouvernement, devront l’être avec le sentiment qu’il vaut mieux gouverner avec le sens du service qu’avec l’indifférence des sévices que l’on a pu infliger à tant de monde en toute désinvolture.
JEAN PIERRE CORRÉA