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OPINION: Votre vision de l’agriculture M. le Ministre d’ETAT. Par Yaya DIA, Ingénieur Agronome.

Mercredi 5 Novembre 2014

M. le Ministre d’Etat j’ai lu enfin votre vision. Vous disiez à qui voulait l’entendre, je vous cite, « je n’ai aucune vision si ce n’est la vision du Président WADE !»

Mamoudou Ibra Kane m’a inspiré à l’occasion de son émission Le Grand Jury! M. le Ministre d’Etat c’est trop facile ! Tant que vous êtes dans le gouvernement de Wade tout est bon. Vous perdez le pouvoir alors il faut supprimer le Conseil économique et Social, le Sénat, la SAED, la SODAGRI etc.

Vous aimez puiser vos références loin dans le temps et dans l’espace. N’est-il pas temps de « réfléchir par nous-mêmes !» comme vous aimez le dire ! Dans votre introduction vous faites référence à la Vallée du Jourdain, au croissant fertile pour ce qui est de la naissance de l’agriculture. Il fallait ajouter que de manière indépendante et parallèle l’agriculture apparaissait dans la Sahel, en Amérique du Sud et en Nouvelle Guinée.

Ainsi on note les grands foyers de domestication :
-l’Amérique Centrale donnera à l’humanité le maïs, le haricot, la courge, la tomate, la pomme de terre, le tabac
-l’Afrique le mil, le sorgho, le millet
-l’Asie du Sud Est le riz
-la nouvelle Guinée la canne à sucre, les légumes racines.
En effet dès leurs naissances les agricultures n’ont pas suivi les mêmes trajectoires parce qu’apparues dans des conditions très différentes.

Sans aller loin dans le passé, vous pouviez pourtant donner l’exemple de la Grande Muraille Verte (GMV) !
Savez vous que le Grande Muraille Verte est une grande entreprise de domestication de nos plantes.
K. Marx dans l’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat avait dit que la domestication était terminée. Lui avait fait une erreur !
Mais vous, soit vous n’aviez pas compris cette dimension de la GMV, soit vous n’y croyez pas.

Avec la GMV, l’Afrique va proposer quelque chose au rendez vous du donner et du recevoir, au rendez – vous du marché mondial.
La GMV peut produire dés les 10 premières années 2 à 3 millions de litres d’huile de sump (balanites aegyptiaca) et sans compter les sous- produits avec toutes leurs dimensions médicinales et alimentaires ; la GMV peut produire des tonnes de gomme arabique, de jujubes, de tamarin, etc. Voilà qui nous permettra d’utiliser notre avantage comparatif et d’aller vers l’industrialisation et l’exportation.
Il faut continuer cette muraille de l’amitié entre les peuples ; c’est là que réside l’avenir de notre agro-industrie.
Je ne parlerai pas des bienfaits de la GMV pour l’environnement ! Ce n’est pas l’objet de notre contribution d’autres se sont fortement concentrés sur la question.

Nos pays ont bien trouvé la voie du développement agricole contrairement à ce que vous pensez!
Vous dites que les importations de riz sont passées de 650 789 t en 2010 à 918 897t en 2012.
Il est vrai que les importations augmentent mais pour être objectif et positif il faut aussi donner des statistiques de production. Vous parlez d’importation et occultez sciemment la production !

Selon l’USDA et dans le bulletin mensuel sur les marchés de juillet 2013 publié par le Ministère du Commerce de l’Industrie et du Secteur Informel « En 2012 la production de riz blanc était de 276 000 t, la consommation de 1 325 000 t et les importations de 1 200 000 tonnes.

En 2013 La production est passée à 443 000 tonnes, la consommation à 1 400 000 tonnes et les importations à 1 000 000 tonnes.
En 2014 la production prévisionnelle serait de 475 000 t ; la consommation 1 450 000 tonnes et les prévisions d’importation 1 000 000 tonnes »
La production a augmenterait de 160% par rapport à 2012 ! Notre pays a avancé ! Mais comme vous pouvez le constater la consommation est sans cesse croissante ce qui donne l’impression qu’on fait du sur place.
Le parti socialiste avait une vision claire de la politique agricole à mener. Quand de manière symbolique le Président L.S.Senghor posait la première pierre pour le barrage de Diama, il avait la conscience claire qu’il fallait maîtriser l’eau. Le Président A. Diouf va inaugurer les barrages !

Dés notre indépendance, l’Organisation Autonome de la Vallée (OAV) et l’Organisation Autonome du Delta (OAD) sont crées et en 1965 la Société Aménagement et Exploitation des terres du Delta (SAED) qui deviendra sous sa forme actuelle la Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta , des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED).
Vous avez raison M. le Ministre d’Etat de dire que ceux qui affirment que depuis l’indépendance notre pays n’a pas de politique agricole font des critiques faciles et fallacieuses.
Ne faites vous pas à votre tour sans vous en rendre compte des critiques faciles en affirmant que les politiques agricoles n’ont pas produit les résultats escomptés ?
SE L S Senghor et SE A. Diouf en lançant la politique de maîtrise de l’eau, la politique des barrages dans la vallée du fleuve Sénégal et celle de l’Anambé contre l’agression du désert (aujourd’hui contre le changement climatique) se sont fixés des objectifs et les ont atteints.

Monsieur l’inspirateur inspiré, nous vous félicitons et vous prions de nous dire qui vous a inspiré pour la suite de votre vision « Plan pour la Rénovation de l’Agriculture et de l’Elevage au Sénégal PRAES ! »
De l’investissement dans l’agriculture
En effet, en proposant une norme budgétaire de 10 à 15% pour l’agriculture vous avez été inspiré par l’OMS qui avait fixé des normes budgétaires pour la santé !
Je vous cite « mais dans notre entendement, il s’agit de 10%, en terme d’investissement. Etant entendu que, depuis l’accession à la souveraineté internationale des pays africains, dans la majorité des Etats, l’agriculture n’a pas encore bénéficié d’investissements substantiels pour son développement » fin de citation.

Encore une critique facile !

Vous proposez 270 milliards dévalués par an (soit si nous conjuguons au passé 135 milliards) à investir pour les productions agricoles et animales, pour leurs transformations et leurs commercialisations et enfin pour la maîtrise de l’eau.
« Les dépenses relatives aux travaux de construction du barrage de Manantali se sont élevées à 150 milliards de F.CFA (soit 300 milliards de FCFA dévaluation oblige !) et équivalents. Le projet énergie qui a suivi a coûté, sur la base des fonds engagés jusqu’en décembre 1995, la somme de 220 milliards de FCFA. Le coût des travaux du barrage de DIAMA s’est élevé à 36 milliards de francs CFA (plus ou moins 55 millions d'euros) » (source OMVS).
De par sa conception, Manantali est un barrage régulateur, hydroélectrique permettant en combinaison avec le barrage de Diama:
- La production annuelle de 800 Gwh d'énergie électrique garantie 9 an sur 10
- L'irrigation de 255 000 ha de terres dans la vallée,
- La navigabilité du fleuve Sénégal de St-Louis à Ambidédi et tout au long de l'année.
Les Aménagement Hydro-agricoles ont coûté en moyenne 4 millions/ha à raison de 5000ha/an cela fait un investissement de 20 milliards/an!

Tous les gouvernements de l’indépendance à nos jours, avec l’appui des bailleurs de fonds, ont investi et investissent de manière substantielle dans la maîtrise de l’eau, dans les équipements en amont comme en aval de la production, ainsi que dans les mesures d’accompagnements : eau, électricité, pistes de production etc.

Vous ne faites pas référence à la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance qui pourtant a été une réponse concrète à la situation concrète au moment où tout le monde pronostiquait les émeutes du pain au Sahel ! Vous n’y avez pas cru et certainement vous préférez la révolution verte indienne ! Il fallait croire à la Grande Offensive et en faire une révolution victorieuse. Nous n’aurions alors rien à envier à l’Inde. Vous dites que « l’Inde produit en 4 ans ce qu’elle produisait en 1000 ans » ! Vive la révolution verte indienne ! Je la salue et salue en même temps la coopération exemplaire entre l’Inde et le Sénégal. L’agriculture étant une science du milieu notre révolution verte sera africaine et sénégalaise.

L’année du « Million de tonnes de Maïs ! » Souvenez- vous ?

Contrairement à ce que vous déclariez, le Sénégal n’avait jamais produit un million de tonnes de maïs, mais environ 400 000 tonnes. L’année d’avant le Sénégal était à 140 000 tonnes. C’était une révolution mais vous n’y croyiez pas.
Ensuite vous avez enterré le « Dakar Agricole » soit parce que vous ne le compreniez pas ou alors vous n’y croyiez pas.
Le premier pas vers le développement c’est croire en ses propres forces.

Monsieur le Ministre d’Etat, vous voulez donner une couleur nationaliste à votre idéologie agricole ! Je vous cite « Nous ne devons plus dépendre essentiellement de contributions extérieures pour une question de souveraineté nationale, telle que la sécurité alimentaire »
Mais dommage pour vous, le concept de sécurité alimentaire est par essence de la dépendance vis-à-vis du monde extérieur.
Il signifie tout simplement « cultive des fleurs, vends les en Russie l’hiver (elles coûtent chères) et achète du riz en Asie ! C’est la mondialisation !»

Je préfère de loin le concept d’autosuffisance alimentaire véhiculé aujourd’hui par le Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS). Il prévoit l’aménagement de petits périmètres irrigués sur une superficie de 10 000 ha ! C’est un bon programme mais le slogan (PRACAS), est difficile à populariser dans la conscience collective des masses.

De la maitrise de l’eau
Je vous cite : « les investissements dans ce domaine auront pour objectifs, de mettre en œuvre un vaste programme d’irrigation sur l’ensemble du territoire national, de forages, de stockage des eaux de pluie et d’approvisionnement en eau potable » fin de citation.
Ce que vous dites M. Le Ministre d’Etat n’est pas une nouveauté.
Vous avez toujours en mémoire « M. Forage » SE le Président Abdou DIOUF (Approvisionnement en eau potable des hommes et du bétail), les vastes programmes d’irrigation à la SAED, à la SODAGRI, au PAPIL, au plan REVA, les bassins de rétentions de la première alternance de SE le Président Wade (stockage des eaux de pluie avec usage multiforme).

Du capital semencier

Si vous parlez de reconstitution du capital semencier cela signifie qu’il a existé.
Je serais en parfait accord avec vous si vous vous exprimez à la première personne du singulier. Si vous dites « C’est un domaine sur lequel j’ai beaucoup épilogué et j’ai toujours l’impression de faire du surplace. En dépit de tous mes efforts j’assiste de plus en plus à une dégénérescence de la qualité des semences d’arachide, pilier de l’Agriculture Sénégalaise » En votre qualité de Ministre de l’Agriculture vous faite un constat d’échec. Il faut l’accepter. Mais vous dites plus loin « de par notre expérience dans le secteur de l’agriculture, nous pensons que cette mission ne peut être directement accomplie par le Ministère de l’agriculture. »

Avant vous, M. le Ministre d’Etat, c’est le Ministère de l’agriculture qui a écrit les plus belles performances de notre politique semencière.
M. Adrien Senghor ancien Ministre du développement Rural et de l’hydraulique disait dans sa communication en conseil national du 30 Avril 1977 je cite : « Le capital semencier est un patrimoine national qu’il convient de sauvegarder. Il est constitué au prix d’énormes efforts financiers et techniques.

La mise en place d’un service semencier national au sein de la Direction Générale de la production agricole, témoigne de l’importance particulière que le gouvernement attache à la production et à la distribution de matériel végétal de haute qualité.
L’action du service semencier a permis de couvrir en quatre ans, l’ensemble des besoins en semences sélectionnées d’arachides.

Le tableau ci-après donne la progression des résultats enregistrés:
Années 1972/73 1973/74 1974/75 1975/76
Arachide 29 974 t 49 761 t 86 192 t 146 867 t

S’agissant de l’arachide, quelle que soit la conjoncture, les besoins sont entièrement satisfaits tous les ans. Il sont de l’ordre de 125 000 à 130 000 tonnes !» fin de citation !
Monsieur le Ministre d’Etat depuis la libéralisation, les choses se sont détériorées au point que produire 50 000 tonnes de semence est considéré comme une prouesse.

C’est quand il y avait une Direction forte de Production et de Contrôle des semences au sein du Ministère de l’Agriculture que le Sénégal produisait 950 à 1 000 000 tonnes d’arachide dans la période du socialisme de SE le Président Senghor.
Pour réussir une bonne politique semencière il faut une recherche forte (avec des moyens financiers, matériels et humains).
Il faut enfin un bon système de vulgarisation agricole.

De la dotation en matériel agricole

Je pense qu’il faut simplement s’informer sur la politique actuelle et éviter les erreurs commises lors de la première alternance.
De l’encadrement des producteurs
Là encore vous citez l’Inde ! Au Sénégal il y a pourtant des expériences réussies d’encadrement ! Depuis longtemps il y a eu des mutations ! L’approche utilisée est l’appui conseil et l’organisation des filières. Sur ce plan la SAED n’a rien à envier à l’Inde ! Sur ce plan le RESOP n’a rien à envier à l’Inde ! Beaucoup d’organisations paysannes ont réussi cette approche. Visitez l’expérience du CNCR maintenant que vous n’êtes plus au pouvoir !

De la suppression de la SAED et de la SODAGRI

Quand vous dites je cite « La SAED et la SODAGRI devraient être dissoutes. En dépit de la compétence de leurs ingénieurs, force est de constater qu’elles sont structurellement inadaptées. Depuis leur création jusqu’aujourd’hui, elles ont englouti beaucoup d’argent sans résultats probants » fin de citation.
M. le Ministre d’Etat, qui vous a inspiré ?
Ce débat date de 1986 avec la Nouvelle Politique Agricole. L’analyse faite à l’époque par le Ministre du Développement Rural sur les Sociétés Régionales de Développement Rural (SRDR) était plus sévère.

Le vent a soufflé très fort mais la SAED, la SODAGRI et la SODEFITEX ont résisté. La SAED a eu une mutation profonde, une mutation structurelle passant d’Etablissement Public à Société Nationale avec un système de contrôle à posteriori qui correspondait plus à son mode d’action, à son rythme « biologique ». Avec un système de lettre de mission et une obligation de rendre compte. Il y avait un comité de suivi de la lettre de mission et une mission lourde d’évaluation tous les trois ans !
Pourquoi encore prendre l’exemple de l’Inde alors que la SAED est là comme exemple de réussite ? Parler d’encadrement à la SAED est dépassé ; le dispositif d’encadrement a été longtemps transformé en dispositif d’appui conseil. Si en Inde on encadre les paysans, dans la Vallée du Fleuve Sénégal, on a façonné les organisations de producteurs. Les filières riz, tomates, oignons, patates douce etc. fonctionnent depuis longtemps !

Ces filières sont si bien organisées que vous n’avez jamais donné de semences ni fixé les prix au producteur de riz ou de patate douce ou d’oignon !

La SAED a développé la capacité de négociation des Organisations de Producteurs qui lancent des appels d’Offres, font l’ouverture des plis et achètent leurs intrants, s’organisent pour les façons culturales, les prix du paddy au producteurs, le prix pour le décorticage du riz et enfin le prix de vente du riz blanc etc.

Il faut saluer l’engagement de la CNCAS qui est au cœur des filières et qui a toujours accompagné la SAED et les producteurs.
Monsieur le Ministre d’Etat, en proclamant cette intention, cette fatwa, je voudrais encore vous demander qui vous a inspiré.
SE le Président A. Wade voulait supprimer la SAED quand il était à l’opposition. Quand il a pris le pouvoir il l’a conservé et à travers la SAED a lancé des programmes ambitieux. Il doit être félicité.

Quant à vous, vous avez été ministre de l’agriculture vous ne pouvez pas bénéficier de circonstances atténuantes. Marx disait que l’histoire, comme qui dirait se répète deux fois : la première fois sous forme de tragédie et la seconde fois sous forme de comédie.
Pendant que vous étiez Ministre de l’Agriculture qu’avez-vous fait ? Félicité la SAED qui avait de manière significative contribué aux différents programmes de SE le Président A. Wade, notamment le Programme Maïs.

Vous avez été Ministre et vous avez laissé les Directions Régionales de Développement Rural dans un état pitoyable. Chaque pôle de développement devait avoir une Société Régionale de Développement Rural à l’image de la SAED dans la région écologique du Fleuve Sénégal avec des objectifs quantifiables et une obligation de rendre compte. Des régions ont vu le jour sans organisme de développement.
Vous dites que la SAED ne doit plus aménager ! Elle n’aménage plus depuis prés de 20 ans. L’aménagement se fait sur la base d’un appel d’offre et est réalisé par des privés.
M. le Ministre d’Etat, ce qui caractérise votre programme, ce sont des affirmations gratuites sans fondements scientifiques du type « La SAED engloutit beaucoup d’argent ! » C’est de la phrase rien que de la phrase !
Permettez-moi d’opposer à vos phrases des chiffres.

Vous affirmez que les aménagements de la SAED coûtent cher sans préciser le type d’aménagement. Vous dites que les aménagements coûtent moins cher au Burkina Faso. Encore une affirmation gratuite !
(Que le lecteur veuille bien me pardonner si je donne trop de chiffres c’est juste pour éclairer le débat).
Coûts moyens des aménagements dans la Vallée du Fleuve Sénégal (source SAED)

Ainsi, les coûts moyens de réalisation donnés ci-dessous prennent en compte une gamme assez large de périmètres réalisés entre 1970 et 2006 ; ils intègrent les travaux de terrassements généraux, de génie-civil (béton, maçonnerie), les fournitures d’équipements de pompage, électriques et hydromécaniques ainsi que les prestations de contrôle des travaux.
Ils s’analysent comme suit :

Grands Aménagements et Aménagements Intermédiaires : 5,5 Millions F CFA/ha dont :
Terrassements Généraux (digue, canaux d’irrigation, canaux de drainage, pistes d’accès, chenal d’amenée, aménagement parcellaire): 3,5 M. F CFA/ha ;
Génie-Civil (Station de pompage, ouvrages sur réseaux d’irrigation, de drainage et sur les pistes) : 1.0 M. F CFA/ha ;
Equipements (Electrique, Electromécanique et Hydromécanique) : 0,5 M. F CFA/ha ;
Etudes et Contrôle des travaux : 0,5 M. F CFA/ha

Périmètres Irrigués Villageois réalisés en régie et en urgence dans les années 70 et 80: 0,7 Million F CFA/ha comprenant essentiellement :

Terrassements pour l’ouverture des canaux au grader : 0,3 M F CFA/ha ;
Equipement (GMP, Tuyaux et bac flottant) : 0,4 M F CFA/ha.

Pour cette catégorie de périmètres, il faut rappeler que les travaux sont réalisés sans études, ni contrôle de travaux par des bureaux d’Ingénieurs-Conseils.

Périmètres Irrigués Villageois réalisés en régie et ayant fait l’objet d’études à partir de 87 à 95 : 1,45 Millions F CFA/ha dont :
Terrassements (canaux d’irrigation en remblais poussés, pré planage des parcelles et diguettes de séparation des parcelles) : 0,75 M F CFA/ha ;
Génie –Civil (Bassin de dissipation et ouvrages sur réseaux d’irrigation) : 0,07 M. F CFA/ha ;
Equipements (GMP, Tuyaux et bac flottant) : 0,63 M. F CFA/ha.
Les études et le contrôle des travaux ont été assurés par la SAED qui disposait de moyens à cette époque.
Périmètres Irrigués Villageois conçus et réalisés comme les grands aménagements : 4,0 Millions F CFA/ha dont :
Terrassements (digues, canaux d’irrigation, canaux de drainage, pistes d’accès, planage, diguettes) : 2,00 M. F CFA/ha ;
Génie-Civil (Bassin de dissipation, ouvrages sur les réseaux d’irrigation et de drainage) : 0,70 M F CFA/ha ;
Equipements (Electriques, Electromécaniques, Groupe Moto pompe (GMP), Bacs flottants, Tuyaux, Armoires et Transformateurs) : 0,90 M. F CFA/ha ;
Supervision et Contrôle des travaux : 0,40 M. F CFA/ha.

Les travaux de terrassement représentent au moins 50% du coût total des grands aménagements. Ceux des digues de protection varient entre 13 et 50% du coût total des travaux de terrassements. Cette fluctuation s’explique par la longueur des digues (dépendant du site à aménager) et les côtes de calage (la crue centennale détermine la côte de calage c’est –à-dire une crue qui arrive une fois tous les cent ans). Le coût des aménagements parcellaires est compris entre 20 et 30% par rapport à celui des terrassements généraux.
Pour le génie civil, il varie entre 15 et 30 % par rapport au coût total à l’hectare dont la moitié concerne les stations de pompage.
La prise en compte progressive des aspects liés à la durabilité, à la préservation de l’environnement, à la productivité, et à la maîtrise totale de l’eau justifient pour une grande part l’évolution des coûts notés pour la réalisation des périmètres irrigués villageois.
Aujourd’hui avec le PRACAS l’aménagement est à environ 1 MILLION à l’hectare !

Le coût des aménagements dans la Vallée du SOUROU Burkina FASO par l’Autorité de la Mise en Valeur de la vallée du Sourou (AMVS)
Le tableau suivant donne le coût des aménagements au Burkina Faso dans la Vallée du Sourou. Leurs aménagements sont des ouvrages d’art avec des canaux revêtus (s’il vous plait !)

Intitulé du Projet Année
de
réalisation Coût total
En millions de FCFA Sources de financement Coût/ha
En millions de FCFA
Aménagement
Bloc d’urgence de 50 ha 1985/86 277.369
FED 5.55
Aménagement 600 ha
Bloc de 460ha et 140 Est et Ouest 1986/89 2 500
CNSS 4.18
Aménagement 500 ha
1990/93 3 074.72 FED 6.15
Aménagement 200 ha 1990/93 994.66
BOAD 4.97
Aménagement 925 ha 1994/95 9 870
BID/BADEA/
OPEP/FSD/BF 10.67
Aménagement 210 ha 1997/1998 2813,6 BADEA 2200
Etat 613,6 14,4
Aménagement 610 ha 2000/2005 6372,60 BID5 563,20
Etat 809,40 10,44
Aménagement2240 ha
2012/2014 69.842 000$US MCC 15,59


Les coûts moyens de réalisation d’aménagements (du même type que ceux réalisés dans la Vallée du Fleuve Sénégal) au niveau de certains pays de la sous région sont donnés ci-après à titre de comparaison :

à Mali 4 à 6 Millions F CFA/ha ;
à Mauritanie 4 à 5 Millions F CFA/ha ;
à Côte-d’Ivoire 5 à 7 Millions F CFA/ha ;
à Tchad 5,5 Millions F CFA/ha.

Monsieur le Ministre d’Etat vous affirmez que la SAED est composée d’ingénieurs compétents!
Je voudrais profiter de l’occasion pour les encourager. Ils se battent pour réaliser le programme l’autosuffisance en riz!
C’est un combat pour l’autosuffisance et non pour la sécurité alimentaire !

Je rends hommage à ceux qui se sont battu pour que vive la SAED et qui aujourd’hui nous ont quittés. Je ne pourrais pas les citer tous mais permettez moi d’en citer quelques un : celui qu’on appelait affectueusement vieux Dème (notre père Aboubacry DEME), Bacary Djily Coly ingénieur agronome ancien DG ; Sidy Mocktar Keita ingénieur agronome ancien PDG, Sadibou Coly ingénieur agronome pour qui la vallée n’avait plus de secrets, Mariètou Barro qui avant l’heure a mis en œuvre l’approche genre et s’en est allée sans bruit.
Des conseillers agricoles nous ont quittés après avoir planté un arbre dans chaque village et s’être battu pour que rien ne manque sur la natte du producteur, qu’ils sachent qu’on garde leurs mémoires.

L’année prochaine la SAED fêtera ses cinquante années s’il plait au tout Miséricordieux !
Je vous cite pour terminer : « on pourrait même instaurer un Vice – Premier ministre en charge de l’agriculture (…) à défaut, le ministre de l’agriculture devrait être le seul Ministre d’Etat (…) avoir une ascendance sur les autres Ministres, particulièrement sur le ministre des finances !? »

Je pense très humblement qu’un ministre peut remplir sa mission pleinement sans être vice premier ministre ni ministre d’état.
Enfin, Monsieur le Ministre d’Etat, il y a deux sortes de visions celle qu’on a pour l’action et celle qui arrive après un cauchemar ou un doux rêve. Cette vision là ne s’écrit pas elle est voisine de l’illusion elle fait peur ou fait rire.


Yaya DIA
Ingénieur Agronome
Consultant Indépendant
yayadia@sentoo.sn



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