Le quinquennat prometteur, entamé le 25 mars 2012, sous les plus heureux auspices et qui devait consacrer des avancées démocratiques et l’émergence économique, s’est finalement transformé en septennat usurpé et cauchemardesque, avec en toile de fond, un recul des libertés et un mécontentement populaire lié à une montée en flèche de la demande sociale.
Cela découle du fait que le nouvel homme fort n’a finalement pas tenu son engagement à réduire la durée de son mandat de deux ans et s’est résolument inscrit dans une perspective de confiscation des prochaines élections.
UNE CRISE SOCIALE SANS PRÉCÉDENT
Pendant que les zones septentrionales de notre pays sont atteintes par une famine meurtrière, qui accable les hommes et décime les troupeaux, les banlieues de Dakar souffrent d’une pénurie d’eau épouvantable - ô combien symbolique-, renvoyant à un proverbe wolof, qui stipule: "fi nguène jëm amoul ndox" !
Par ailleurs, au moment où les finances publiques se trouvent dans un état plus qu’alarmant, les délinquants financiers proches des cercles du pouvoir demeurent impunis et ceux du précédent pouvoir libéral sont blanchis, dès qu’ils acceptent de transhumer.
Mais c’est la jeunesse, d’extraction populaire, souvent désœuvrée, sans emploi et laissée à elle-même, qui souffre le plus des errements des politiques publiques mises en œuvre. Les élèves subissent les contrecoups du sabotage de l’année scolaire que reflète un échec massif au baccalauréat. De nombreux candidats à l’émigration clandestine périssent en mer ou dans le désert du Sahara, dans l’anonymat le plus absolu.
D’autres jeunes gens sont victimes de bavures policières ou de noyades sur des plages dangereuses, pourtant interdites par un Ministère de l’Intérieur, qui semble privilégier sa fonction répressive sur celle relative à la protection civile. En somme, on a la nette impression que, dans le Sénégal de l’Émergence virtuelle, les forces de sécurité sont plus enclines à empêcher les manifestations contre les dérives du pouvoir qu’à prévenir noyades et agressions. Pendant ce temps, les jeunes militants de la mouvance présidentielle s’initient aux procédures d’enrichissement rapide grâce à la DER (Délégation à l’Entreprenariat Rapide), qui pourrait bien être une de leurs dernières opérations de clientélisme politicien ou de corruption électorale.
UNE CRISE POLITIQUE ANNONCIATRICE D’UNE FIN DE RÈGNE PRÉMATURÉE
On note, depuis 2012, l’instauration d’une sorte de dictature rampante, avec une judiciarisation outrancière de la vie politique, qui a fini de transformer la noble reddition des comptes en vulgaire règlement de comptes, d’assimiler toute expression critique d’opposants à une offense contre les Institutions et d’entériner toutes les combines et intrigues portant sur la Constitution et le code électoral en rejetant tous les recours de l’Opposition.
Parmi ces forfaitures du régime de Benno Bokk Yakaar, on peut en citer deux, qui risquent de plonger notre pays dans le chaos.
Il s’agit, d’abord, de la fameuse loi sur le parrainage qui porte atteinte à la libre expression du suffrage des citoyens, remet en cause le secret du vote et favorise les partis ou groupes de pression disposant d’énormes moyens financiers (trafiquants de drogues, réseaux occultes liés ou non à des mouvances radicales). Cette loi donne aussi toute latitude aux politiciens de la majorité, ainsi que le reconnaît un grand maire du Fouta, de faire main basse sur le maximum de signatures des citoyens, en vue de bloquer les candidatures des opposants ou au contraire susciter des candidatures fantoches.
Il y a ensuite la prise en otage ou l’exil forcé de concurrents politiques, ni plus innocents, ni plus coupables que leurs alter ego de la majorité. Mais, c’est précisément parce que des centaines de milliers de citoyens sénégalais se reconnaissent dans ces leaders politiques, que, pour les besoins d’une démocratie apaisée, les procédures judiciaires les concernant devaient être irréprochables, ce qui est loin d’avoir été le cas, si l’on en croit le feuilleton rocambolesque de la CREI et l’arrêt de la CEDEAO concernant Khalifa Sall.
Notre pays se trouve, de fait, dans une impasse due à la gouvernance désastreuse de Benno Bokk Yakaar, qui a tourné le dos aux principes d’une refondation institutionnelle bien comprise, telle que l’avaient théorisé les Assises Nationales. C’est en grande partie, à cause de cela, mais aussi du mal-vivre des sénégalais, que la fin de ce premier mandat ressemble, à s’y méprendre, à une fin de règne.
QUELLE ALTERNATIVE À LA PSEUDO-ÉMERGENCE ?
Il faut déplorer le fait que la fièvre électorale ambiante dans notre pays occulte les véritables enjeux de toute action politique digne ce nom. La démultiplication des candidatures aux prochaines élections présidentielles n’aide pas à y voir plus clair.
Accordons-nous sur le fait que le prochain scrutin ne saurait se limiter à un simple changement d’homme, au remplacement d’un libéral de gauche par un libéral de droite ou par un social-démocrate. Il devra plutôt donner le signal pour une véritable alternative politique.
Il faudra, pour cela, promouvoir le développement des luttes populaires, particulièrement celles de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre, actuellement dévoyées par des élites corrompues, engluées dans des stratégies réformistes ou corporatistes.
Il est également capital de rompre l'omerta sur la bourgeoisie bureaucratique, qui à l’ombre tutélaire de ses mentors néocolonialistes et profitant de ses positions au sein de l’appareil d’État, continue de piller notre pays, comme elle le fait depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. Il faut aussi soutenir la bourgeoisie nationale adepte de la préférence nationale , qui subit, plus que jamais, la domination économique de l’ancienne puissance coloniale qui a connu un regain de vitalité, ces six dernières années.
C’est seulement ainsi qu’il sera possible de sortir de l’engrenage électoraliste et du culte des messies, pour mettre en œuvre une autre politique, qui sera différente de celle du président Macky Sall, centrée sur la refondation institutionnelle et surtout sur la nécessité de procéder à l’équilibre et à la séparation des pouvoirs, tels que préconisée par les Assises Nationales.
NIOXOR TINE
Cela découle du fait que le nouvel homme fort n’a finalement pas tenu son engagement à réduire la durée de son mandat de deux ans et s’est résolument inscrit dans une perspective de confiscation des prochaines élections.
UNE CRISE SOCIALE SANS PRÉCÉDENT
Pendant que les zones septentrionales de notre pays sont atteintes par une famine meurtrière, qui accable les hommes et décime les troupeaux, les banlieues de Dakar souffrent d’une pénurie d’eau épouvantable - ô combien symbolique-, renvoyant à un proverbe wolof, qui stipule: "fi nguène jëm amoul ndox" !
Par ailleurs, au moment où les finances publiques se trouvent dans un état plus qu’alarmant, les délinquants financiers proches des cercles du pouvoir demeurent impunis et ceux du précédent pouvoir libéral sont blanchis, dès qu’ils acceptent de transhumer.
Mais c’est la jeunesse, d’extraction populaire, souvent désœuvrée, sans emploi et laissée à elle-même, qui souffre le plus des errements des politiques publiques mises en œuvre. Les élèves subissent les contrecoups du sabotage de l’année scolaire que reflète un échec massif au baccalauréat. De nombreux candidats à l’émigration clandestine périssent en mer ou dans le désert du Sahara, dans l’anonymat le plus absolu.
D’autres jeunes gens sont victimes de bavures policières ou de noyades sur des plages dangereuses, pourtant interdites par un Ministère de l’Intérieur, qui semble privilégier sa fonction répressive sur celle relative à la protection civile. En somme, on a la nette impression que, dans le Sénégal de l’Émergence virtuelle, les forces de sécurité sont plus enclines à empêcher les manifestations contre les dérives du pouvoir qu’à prévenir noyades et agressions. Pendant ce temps, les jeunes militants de la mouvance présidentielle s’initient aux procédures d’enrichissement rapide grâce à la DER (Délégation à l’Entreprenariat Rapide), qui pourrait bien être une de leurs dernières opérations de clientélisme politicien ou de corruption électorale.
UNE CRISE POLITIQUE ANNONCIATRICE D’UNE FIN DE RÈGNE PRÉMATURÉE
On note, depuis 2012, l’instauration d’une sorte de dictature rampante, avec une judiciarisation outrancière de la vie politique, qui a fini de transformer la noble reddition des comptes en vulgaire règlement de comptes, d’assimiler toute expression critique d’opposants à une offense contre les Institutions et d’entériner toutes les combines et intrigues portant sur la Constitution et le code électoral en rejetant tous les recours de l’Opposition.
Parmi ces forfaitures du régime de Benno Bokk Yakaar, on peut en citer deux, qui risquent de plonger notre pays dans le chaos.
Il s’agit, d’abord, de la fameuse loi sur le parrainage qui porte atteinte à la libre expression du suffrage des citoyens, remet en cause le secret du vote et favorise les partis ou groupes de pression disposant d’énormes moyens financiers (trafiquants de drogues, réseaux occultes liés ou non à des mouvances radicales). Cette loi donne aussi toute latitude aux politiciens de la majorité, ainsi que le reconnaît un grand maire du Fouta, de faire main basse sur le maximum de signatures des citoyens, en vue de bloquer les candidatures des opposants ou au contraire susciter des candidatures fantoches.
Il y a ensuite la prise en otage ou l’exil forcé de concurrents politiques, ni plus innocents, ni plus coupables que leurs alter ego de la majorité. Mais, c’est précisément parce que des centaines de milliers de citoyens sénégalais se reconnaissent dans ces leaders politiques, que, pour les besoins d’une démocratie apaisée, les procédures judiciaires les concernant devaient être irréprochables, ce qui est loin d’avoir été le cas, si l’on en croit le feuilleton rocambolesque de la CREI et l’arrêt de la CEDEAO concernant Khalifa Sall.
Notre pays se trouve, de fait, dans une impasse due à la gouvernance désastreuse de Benno Bokk Yakaar, qui a tourné le dos aux principes d’une refondation institutionnelle bien comprise, telle que l’avaient théorisé les Assises Nationales. C’est en grande partie, à cause de cela, mais aussi du mal-vivre des sénégalais, que la fin de ce premier mandat ressemble, à s’y méprendre, à une fin de règne.
QUELLE ALTERNATIVE À LA PSEUDO-ÉMERGENCE ?
Il faut déplorer le fait que la fièvre électorale ambiante dans notre pays occulte les véritables enjeux de toute action politique digne ce nom. La démultiplication des candidatures aux prochaines élections présidentielles n’aide pas à y voir plus clair.
Accordons-nous sur le fait que le prochain scrutin ne saurait se limiter à un simple changement d’homme, au remplacement d’un libéral de gauche par un libéral de droite ou par un social-démocrate. Il devra plutôt donner le signal pour une véritable alternative politique.
Il faudra, pour cela, promouvoir le développement des luttes populaires, particulièrement celles de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre, actuellement dévoyées par des élites corrompues, engluées dans des stratégies réformistes ou corporatistes.
Il est également capital de rompre l'omerta sur la bourgeoisie bureaucratique, qui à l’ombre tutélaire de ses mentors néocolonialistes et profitant de ses positions au sein de l’appareil d’État, continue de piller notre pays, comme elle le fait depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. Il faut aussi soutenir la bourgeoisie nationale adepte de la préférence nationale , qui subit, plus que jamais, la domination économique de l’ancienne puissance coloniale qui a connu un regain de vitalité, ces six dernières années.
C’est seulement ainsi qu’il sera possible de sortir de l’engrenage électoraliste et du culte des messies, pour mettre en œuvre une autre politique, qui sera différente de celle du président Macky Sall, centrée sur la refondation institutionnelle et surtout sur la nécessité de procéder à l’équilibre et à la séparation des pouvoirs, tels que préconisée par les Assises Nationales.
NIOXOR TINE