Vous indiquez ainsi: « Chaque jour, dans la presse, on nous sert des lettres au président de la République, jamais au peuple. Ce qui arrive ou qui peut arriver aux Sénégalais ne les intéresse pas ».
Lorsque l’on a en face de soi un Président indifférent à la souffrance de ses citoyens, un Premier Ministre obséquieux, la seule issue de secours demeure un rappel constant des obligations et missions premières de ces personnes.
Celui qui s’investit sans relâche, en vous interpellant constamment sur la gestion désastreuse du pays, ne fait bien évidemment que traduire les préoccupations des Sénégalais. Il est donc complètement ubuesque d’affirmer que ces courriers devraient être adressés au peuple.
Dans votre volonté de détruire les acquis démocratiques, vous vous en êtes pris à la société civile et aux organisations non gouvernementales.
En lieu et place de solides arguments pouvant rassurer les sénégalais sur la récente publication du rapport de Amnesty International qui souligne le recul démocratique dans notre pays, vous vous êtes contenté de faire du populisme et de la diversion. En effet, vous avez voulu réduire ce rapport à une querelle entre pro et anti légalisation sur l’homosexualité. Nul n’est dupe ! Et il est temps de changer de disque, celui-ci est rayé et ne trouve plus oreille attentive.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez renoncé à toutes vos prérogatives constitutionnelles, et avez fait le choix d’être le Dunguru de votre chef de parti politique.
« C’est le temps du Président Macky Sall qui va demander, dans un an, les suffrages des Sénégalais et je pense que le bilan, c’est vous qui le connaissez mieux que moi, car c’est vous qui vivez les réalités locales », dites-vous sans rire.
Oui, les Sénégalais de Gossas et d’ailleurs ne connaissent que trop bien le bilan de votre régime. En effet, ce sont eux qui vivent « les réalités » du pays.
Les voici ces réalités :
- Des abris provisoires qui servent de temple du savoir à nos enfants ;
- Des contrats déséquilibrés au profit des entreprises étrangères (Alsthom, le Groupe Foronche, Eiffage, TER surfacturé, cartes biométriques…) ;
- Un endettement à hauteur de 60% de notre PIB en 2016;
- Une restriction des libertés individuelles ;
- L’accroissement du nombre de pauvres ;
- Une autosuffisance alimentaire jamais atteinte ;
- Une corruption qui gangrène l’économie du pays ;
- Un partenariat qui lèse la priorité nationale et les hommes d’affaires sénégalais ;
- …
Monsieur le Premier Ministre, avec votre gouvernement, les frais d’inscription au CFEE vont passer de 250 francs à 1.000 francs CFA et les frais d’inscription au BAC de 500 à 6.500 francs.
Il est donc légitime de se demander si Monsieur le Président de la République aurait oublié ses origines. L’école de la République a toujours été une chance pour nos enfants, mais, aujourd’hui, votre régime a bouleversé cette certitude.
Au même moment, nous apprenons avec stupéfaction que votre gouvernement a conclu avec le Groupe Foronche un contrat de fournitures de lampadaires à raison de 1 million 141 mille 365 francs Cfa l'unité.
Vous faites ainsi supporter aux familles ce que vous reversez inopportunément aux entreprises françaises.
Jamais un gouvernement n’a fait preuve d’autant de mépris envers nos PAUVRES. Une éducation sélective non pas sur les capacités intellectuelles, mais sur les capacités financières. Voilà le souvenir que les générations futures auront de vous.
Vous avez englouti des milliers de milliards de nos francs dans la réalisation d’un Train Express Régional qui aura vocation à n’être utilisé que par une infime partie de la population sénégalaise, alors que de Kébémer à Saint-Louis, dans le département de Podor, à Kaolack, Gossas, Bakel…les accidents se multiplient pour défaut d’infrastructures routières adéquates.
Pour résoudre ce problème d’insécurité routière, votre ministre des transports a fait preuve d’ingéniosité à la limite d’un manque de respect notoire, en envisageant tout simplement d’interdire les transports en communs de 22 heures à 6 heures du matin. Il peut se le permettre puisqu’il se déplace, ne serait-ce que pour aller à Podor, qu’avec des moyens de transports aériens. Pourquoi diantre devrait-il prendre une décision plus appropriée si ni lui, ni sa famille ne sont concernés par cette interdiction ?
Preuve que votre gouvernement est un navire sans capitaine, les Sénégalais ont découvert avec horreur le visage du Ministre de l’intérieur. Non, il n’a pas le droit de faire preuve d’autant de condescendance et de partialité au vu et au su de tous.
Nous vous mettons en garde contre toute tentative de désorganisation volontaire de l’élection présidentielle.
Monsieur le Premier Ministre, ceci n'est qu'un aperçu de votre bilan. Telles sont les réalités vécues par les sénégalais.
Enfin, Monsieur le Premier Ministre, il est trop tôt pour faire campagne. Rentrez-donc à la caserne, le pays prend feu de toute part sous votre commandement !
Ndèye Rokhaya THIAM
Une citoyenne comme une autre