Sur l’échiquier politique local, les uns et les autres ont déjà commencé à afficher leurs prétentions à force d’invectives, de gesticulations, de promesses et de justifications, réclamant chacun les clés de la ville. Toutefois, il est important de rappeler que les élections ne sont point l’occasion de satisfaire des ambitions personnelles, mais l’opportunité pour les citoyens de choisir un projet qui redonnera à la ville de Saint-Louis, un lustre à la hauteur de son potentiel et de son statut. Il s’agira pour chacun de nous, de choisir la femme ou l’homme qui porte un projet crédible (c’est-à-dire cohérent, réaliste et financé) pour sortir note belle cité, rebaptisée par certains de Venise d’Afrique, de son rôle de spectatrice dans un Sénégal qui a trop longtemps été à la traîne.
Faute de travail, la ville de Saint-Louis est désertée par ses fils à la recherche de terres plus prometteuses. Les problèmes dans l’éducation ne sont pas en reste et sont révélés par les évaluations PASEC (Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN) ainsi que par les résultats aux examens et concours nationaux. Quand à l’environnement, toutes les voix raisonnables s’accordent à dire qu’il souffre de façon chronique, qu’il s’agisse des changements climatiques, des inondations ou de l’érosion côtière de façon plus spécifique, des déchets, de la pollution des cours d’eau, etc. L’aménagement et la planification urbaine ne font pas exception avec une ville qui mérite d’être redessinée pour se positionner comme une grande métropole africaine. Que penser de la vétusté des bâtiments publics et privés, qui menacent de s’effondrer ? La liste est loin d’être exhaustive et la coupe est pourtant déjà pleine.
Mais quels rôles joue le maire face à ces questions me diriez-vous ? Vient le moment d’évoquer la décentralisation par le biais de laquelle, l’État a transféré des compétences jadis régaliennes aux collectivités locales. Au rang de ces dernières, figure la commune, administrée par le maire. Dans la loi 96-07 du 22 mars 1996 actuellement en vigueur (sa révision est en cours dans l’Acte III de la décentralisation), neuf compétences ont été transférées à l’administration locale et permettent au maire d’agir au titre de représentant local de l’État.
Ces compétences sont les suivantes :
- domaines ;
- environnement et gestion des ressources naturelles ;
- santé, population et action sociale ;
- jeunesse, sports et loisirs ;
- culture ;
- éducation ;
- planification ;
- aménagement du territoire ;
- urbanisme et habitat.
Dans le contexte électoral en vigueur, les promesses font foison et n’ont pas souvent valeur contractuelle. La promesse, si besoin était de la définir, est une parole qui ne remplit point les ventres. Elle se loge juste dans l’oreille, titille le cerveau pour le faire rêver, mais ne vaut que par sa réalisation. Il appartient aux électeurs d’exiger des prétendants à la conduite des destinées de notre ville, un programme écrit qui leur sera opposable une fois en situation de gestion. C’est à cette seule condition que leurs promesses les engageront.
Il nous faudra imaginer avec ambitions Ndar, pour voir, non pas qui résoudra nos problèmes conjoncturels personnels, mais qui construira la ville que nous rêvons d’avoir, la ville que nous rêvons de vivre. Certaines questions pourront nous aider à faire le choix du (de la) meilleur(e) candidat(e) pour Saint-Louis.
Quel maire créera les conditions suffisamment attractives et innovantes pour que cesse le désœuvrement dont font l’objet les jeunes (désœuvrement qui très vite les fait basculer vers la petite puis la grande délinquance), pour que s’arrête l’hémorragie qui arrache à notre cité, ses fils au profit des terres de promesse plus enchanteresses ?
Quelles solutions durables et efficientes (et non événementielles) seront mises en place pour la bonne gestion des déchets (propreté urbaine, collecte, transport et traitement des déchets), pour que l’image d’une ville sale qui colle à Ndar disparaisse définitivement ?
En matière de prévention des risques, la brèche ouverte vers la langue de Barbarie menace la ville et ne s’est toujours pas stabilisée. Que fera le nouveau maire pour la maîtrise de ce risque suspendu à nos têtes comme une épée de Damoclès ? Que fera-t-il pour la maîtrise des inondations récurrentes qui frappent notre ville ?
Qui créera les conditions scolaires et périscolaires adéquates pour que Saint-Louis redevienne la ville d’excellence, ce vivier qui a produit de grands intellectuels et développeurs qui ont éclaboussé de leurs talents, le Sénégal, l’AOF et les organisations internationales ?
Quels aménagements sont prévus sur les quais, aux abords des ponts, dans les grands boulevards,… et quels sont les projets structurants qui dessineront Saint-Louis de demain ?
Quel sort est réservé aux marchés de la ville, à leur desserte ainsi qu’à leurs abords immédiats en termes d’aménagement et de rénovation pour en faire des lieux de création de richesse et de convivialité hygiéniques et sécurisés ?
Quels programmes sportifs et culturels dynamiseront la ville et renforceront son identité pour conforter sa vivacité, son charme et son attractivité ?
Quels programmes permettront d’amplifier de façon significative les retombées socioéconomiques de la pêche et de l’agriculture à l’échelle de toute la commune et surtout de les pérenniser ?
Quel projet touristique différenciant fera de Saint-Louis, non pas une étape, mais une destination incontournable au Sénégal et en Afrique ?
Au-delà de la simple liste énumérative, quel budget financera ces ambitions ?
Par ailleurs, il est important de souligner que tous ces projets que portera le maire que nous choisirons, ne sauraient porter leurs fruits sans un engagement citoyen de chaque Saint-Louisienne et de chaque Saint-Louisien. Respecter le bien public, payer les taxes et les impôts auxquels nous sommes soumis, ne pas s’approprier de façon indue l’espace public, respecter notre cadre de vie dans notre façon de gérer nos déchets, mais aussi de laisser divaguer nos animaux, etc. ; autant d’actions qui nous permettront de faire de notre ville, non plus une lieu passéiste qui s’endort dans sa nostalgie, mais une cité d’avenir dynamique qui jouera un rôle entier dans ce nouveau Sénégal que nous devons construire, dans cette nouvelle Afrique dont nous rêvons.
L’argent que l’on nous offre est une corde que l’on nous attache au cou ; il nous rend esclave du donateur. Il résout nos difficultés d’aujourd’hui, mais pas celles de demain. Il nous donne une bouffée d’air, mais ne répare pas nos poumons. Il règle notre problème de l’instant, mais ne crée pas un avenir pour nos enfants et nos petits enfants. Demandons-nous si ceux qui nous offrent de l’argent ont pu, avec ces richesses, mettre en place des projets ou créer des emplois qui auront rendu autonome des Saint-Louisiennes et des Saint-Louisiens. Si tel n’est pas le cas alors qu’ils disposent des moyens le leur permettant, comment le feront-ils une fois élus à la tête de la ville puisque tel n’a jamais été leur ambition ou leur compétence ?
Regardons dans le rétroviseur pour voir qui, parmi les anciens édiles de la ville de Saint-Louis, mérite la qualification de bâtisseurs, d’innovateurs, de créateurs d’emplois et de richesses,… ?
Je clos mon propos en rappelant que cette lettre s’adresse directement aux citoyens de la ville et ne constitue pas un document à charge contre des candidats en particulier. Je précise encore une fois, n’avoir aucune ambition électorale pour 2014 et ne travailler pour aucun candidat déclaré ou non, de façon officielle ou officieuse. Ma seule ambition et ma seule motivation sont l’amour de Ndar, ma muse. Mon seul objectif en vous écrivant cette lettre, est de renforcer la prise de conscience citoyenne pour que vous sachiez, pour que nous sachions, que notre vote doit être à la hauteur des ambitions que nous avons pour notre ville.
Ce n’est pas le maire qui nous choisit, mais c’est nous qui le choisissons. Ndar appartient à ses citoyens. C’est le ventre de nos souvenirs, la planète de nos enfances innocentes, la terre de nos aïeux, le sol où reposent nos parents partis plus tôt, notre lieu de vie d’aujourd’hui ou de demain. Ndar n’est pas un gâteau que doivent se partager des hommes et des partis politiques. Il n’est un champ de bataille pour jauger la puissance des uns et des autres. Le maire que nous élirons n’aura pas pour mission de distribuer de l’argent, de parrainer des manifestations, d’occuper un bureau de prestige, ou que sais-je encore. Il devra être un visionnaire tout en restant un homme d’action, un homme du concret. Son rôle sera de bâtir une ville, de la magnifier, de la rendre dynamique, attractive et éblouissante, d’en faire une terre d’avenir pour que dans cinq ans, en regardant en arrière, nous puissions dire : « nous avons fait le bon choix, nous sommes sur le bon chemin ».
Wolé Soyinka disait que « le tigre ne crie pas sa tigritude, il saute. » Saint-Louisiennes et Saint-Louisiens ! Demain se prépare maintenant. Alors sautons comme le tigre en brandissant librement notre carte électorale car elle représente la clé de notre avenir !
Yatma DIEYE
Un Saint-Louisien parmi d’autres
contact@club-upsilon.com
Faute de travail, la ville de Saint-Louis est désertée par ses fils à la recherche de terres plus prometteuses. Les problèmes dans l’éducation ne sont pas en reste et sont révélés par les évaluations PASEC (Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN) ainsi que par les résultats aux examens et concours nationaux. Quand à l’environnement, toutes les voix raisonnables s’accordent à dire qu’il souffre de façon chronique, qu’il s’agisse des changements climatiques, des inondations ou de l’érosion côtière de façon plus spécifique, des déchets, de la pollution des cours d’eau, etc. L’aménagement et la planification urbaine ne font pas exception avec une ville qui mérite d’être redessinée pour se positionner comme une grande métropole africaine. Que penser de la vétusté des bâtiments publics et privés, qui menacent de s’effondrer ? La liste est loin d’être exhaustive et la coupe est pourtant déjà pleine.
Mais quels rôles joue le maire face à ces questions me diriez-vous ? Vient le moment d’évoquer la décentralisation par le biais de laquelle, l’État a transféré des compétences jadis régaliennes aux collectivités locales. Au rang de ces dernières, figure la commune, administrée par le maire. Dans la loi 96-07 du 22 mars 1996 actuellement en vigueur (sa révision est en cours dans l’Acte III de la décentralisation), neuf compétences ont été transférées à l’administration locale et permettent au maire d’agir au titre de représentant local de l’État.
Ces compétences sont les suivantes :
- domaines ;
- environnement et gestion des ressources naturelles ;
- santé, population et action sociale ;
- jeunesse, sports et loisirs ;
- culture ;
- éducation ;
- planification ;
- aménagement du territoire ;
- urbanisme et habitat.
Dans le contexte électoral en vigueur, les promesses font foison et n’ont pas souvent valeur contractuelle. La promesse, si besoin était de la définir, est une parole qui ne remplit point les ventres. Elle se loge juste dans l’oreille, titille le cerveau pour le faire rêver, mais ne vaut que par sa réalisation. Il appartient aux électeurs d’exiger des prétendants à la conduite des destinées de notre ville, un programme écrit qui leur sera opposable une fois en situation de gestion. C’est à cette seule condition que leurs promesses les engageront.
Il nous faudra imaginer avec ambitions Ndar, pour voir, non pas qui résoudra nos problèmes conjoncturels personnels, mais qui construira la ville que nous rêvons d’avoir, la ville que nous rêvons de vivre. Certaines questions pourront nous aider à faire le choix du (de la) meilleur(e) candidat(e) pour Saint-Louis.
Quel maire créera les conditions suffisamment attractives et innovantes pour que cesse le désœuvrement dont font l’objet les jeunes (désœuvrement qui très vite les fait basculer vers la petite puis la grande délinquance), pour que s’arrête l’hémorragie qui arrache à notre cité, ses fils au profit des terres de promesse plus enchanteresses ?
Quelles solutions durables et efficientes (et non événementielles) seront mises en place pour la bonne gestion des déchets (propreté urbaine, collecte, transport et traitement des déchets), pour que l’image d’une ville sale qui colle à Ndar disparaisse définitivement ?
En matière de prévention des risques, la brèche ouverte vers la langue de Barbarie menace la ville et ne s’est toujours pas stabilisée. Que fera le nouveau maire pour la maîtrise de ce risque suspendu à nos têtes comme une épée de Damoclès ? Que fera-t-il pour la maîtrise des inondations récurrentes qui frappent notre ville ?
Qui créera les conditions scolaires et périscolaires adéquates pour que Saint-Louis redevienne la ville d’excellence, ce vivier qui a produit de grands intellectuels et développeurs qui ont éclaboussé de leurs talents, le Sénégal, l’AOF et les organisations internationales ?
Quels aménagements sont prévus sur les quais, aux abords des ponts, dans les grands boulevards,… et quels sont les projets structurants qui dessineront Saint-Louis de demain ?
Quel sort est réservé aux marchés de la ville, à leur desserte ainsi qu’à leurs abords immédiats en termes d’aménagement et de rénovation pour en faire des lieux de création de richesse et de convivialité hygiéniques et sécurisés ?
Quels programmes sportifs et culturels dynamiseront la ville et renforceront son identité pour conforter sa vivacité, son charme et son attractivité ?
Quels programmes permettront d’amplifier de façon significative les retombées socioéconomiques de la pêche et de l’agriculture à l’échelle de toute la commune et surtout de les pérenniser ?
Quel projet touristique différenciant fera de Saint-Louis, non pas une étape, mais une destination incontournable au Sénégal et en Afrique ?
Au-delà de la simple liste énumérative, quel budget financera ces ambitions ?
Par ailleurs, il est important de souligner que tous ces projets que portera le maire que nous choisirons, ne sauraient porter leurs fruits sans un engagement citoyen de chaque Saint-Louisienne et de chaque Saint-Louisien. Respecter le bien public, payer les taxes et les impôts auxquels nous sommes soumis, ne pas s’approprier de façon indue l’espace public, respecter notre cadre de vie dans notre façon de gérer nos déchets, mais aussi de laisser divaguer nos animaux, etc. ; autant d’actions qui nous permettront de faire de notre ville, non plus une lieu passéiste qui s’endort dans sa nostalgie, mais une cité d’avenir dynamique qui jouera un rôle entier dans ce nouveau Sénégal que nous devons construire, dans cette nouvelle Afrique dont nous rêvons.
L’argent que l’on nous offre est une corde que l’on nous attache au cou ; il nous rend esclave du donateur. Il résout nos difficultés d’aujourd’hui, mais pas celles de demain. Il nous donne une bouffée d’air, mais ne répare pas nos poumons. Il règle notre problème de l’instant, mais ne crée pas un avenir pour nos enfants et nos petits enfants. Demandons-nous si ceux qui nous offrent de l’argent ont pu, avec ces richesses, mettre en place des projets ou créer des emplois qui auront rendu autonome des Saint-Louisiennes et des Saint-Louisiens. Si tel n’est pas le cas alors qu’ils disposent des moyens le leur permettant, comment le feront-ils une fois élus à la tête de la ville puisque tel n’a jamais été leur ambition ou leur compétence ?
Regardons dans le rétroviseur pour voir qui, parmi les anciens édiles de la ville de Saint-Louis, mérite la qualification de bâtisseurs, d’innovateurs, de créateurs d’emplois et de richesses,… ?
Je clos mon propos en rappelant que cette lettre s’adresse directement aux citoyens de la ville et ne constitue pas un document à charge contre des candidats en particulier. Je précise encore une fois, n’avoir aucune ambition électorale pour 2014 et ne travailler pour aucun candidat déclaré ou non, de façon officielle ou officieuse. Ma seule ambition et ma seule motivation sont l’amour de Ndar, ma muse. Mon seul objectif en vous écrivant cette lettre, est de renforcer la prise de conscience citoyenne pour que vous sachiez, pour que nous sachions, que notre vote doit être à la hauteur des ambitions que nous avons pour notre ville.
Ce n’est pas le maire qui nous choisit, mais c’est nous qui le choisissons. Ndar appartient à ses citoyens. C’est le ventre de nos souvenirs, la planète de nos enfances innocentes, la terre de nos aïeux, le sol où reposent nos parents partis plus tôt, notre lieu de vie d’aujourd’hui ou de demain. Ndar n’est pas un gâteau que doivent se partager des hommes et des partis politiques. Il n’est un champ de bataille pour jauger la puissance des uns et des autres. Le maire que nous élirons n’aura pas pour mission de distribuer de l’argent, de parrainer des manifestations, d’occuper un bureau de prestige, ou que sais-je encore. Il devra être un visionnaire tout en restant un homme d’action, un homme du concret. Son rôle sera de bâtir une ville, de la magnifier, de la rendre dynamique, attractive et éblouissante, d’en faire une terre d’avenir pour que dans cinq ans, en regardant en arrière, nous puissions dire : « nous avons fait le bon choix, nous sommes sur le bon chemin ».
Wolé Soyinka disait que « le tigre ne crie pas sa tigritude, il saute. » Saint-Louisiennes et Saint-Louisiens ! Demain se prépare maintenant. Alors sautons comme le tigre en brandissant librement notre carte électorale car elle représente la clé de notre avenir !
Yatma DIEYE
Un Saint-Louisien parmi d’autres
contact@club-upsilon.com