L'Etat, si l'on se réfère à la définition de Raymond Carré de Malberg (Contribution à la théorie générale de l'État, 1920) " c'est une communauté d'hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d'où résulte pour le groupe envisagé dans des rapports avec ses membres une puissance suprême d'action, de commandement et de coercition." Cette autorité souveraine est garante de l'éducation de son peuple, fondement même de toute société. L'Etat définit donc la politique de l'éducation nationale et confie à un organe la charge de mettre en place une façon de transmettre des connaissances. C'est ainsi que pour rendre opérationnel les enseignements-apprentissages, des enseignants sont recrutés moyennant un salaire. Il arrive que les objectifs définis par l'Etat, les moyens et stratégies pour y parvenir fassent défaut et cela entraine des disfonctionnements dans le système mis en place.
Voilà un peu plus de deux mois que les enseignants ont entamé un plan d'action de grève et nous constatons avec tristesse que les enseignants eux-mêmes sont divisés sur la question. En effet, depuis le 17 février 2015 début de cette grève, il y a deux pôles en face de l'Etat : le Grand Cadre des Syndicats de l'Enseignement (GCSE) et le CUSEMS. Mais, qu'à cela ne tienne, ce n'est pas l'objet de ma réflexion. En fait, je voudrais vous parler de la divergence de points de vue qui a conduit à trois types d'enseignants :
1) Les enseignants allergiques à la grève :
Cette première catégorie refuse d'aller en grève en évoquant les raisons du camp d'en face : L'Etat. Ils se disent être plus patriotes que tous les autres, car eux travaillent, ce qui est l'apanage de l'homme. En effet, il est dit que " C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière " (Genèse, 3:19). Donc, les grévistes devraient renoncer à une partie du salaire qu’ils ne mériteraient pas. Mais si c'est cela que tout le monde pense et marmonne, en commençant par le Ministre de l’Education Nationale, les enseignants, je suis sûr, n’y voient aucun inconvénient. Cependant, la délégation du GCSE a interpellé tous les acteurs sur les conséquences aggravantes que pourraient entrainer les ponctions sur les salaires programmées par le gouvernement.
Au demeurant, ces soi-disant patriotes ne devraient pas non plus accepter toute augmentation sur leur salaire après satisfaction de la plateforme revendicative puisque n’ayant pas participé à la lutte. De plus, aucun enseignant n’est à l’abri d’un souci administratif, c'est pourquoi une solidarité de corps doit prévaloir en toutes circonstances.
2) Les enseignants qui font la grève dans les petites classes et dispensent des cours dans les classes d'examen
De façon triviale cette catégorie d'enseignants prend la décision de couper la poire en deux. Ces enseignants ont un dilemme sur ces deux options : aller en grève ou refuser de suivre le mot d'ordre de leur syndicat. Ils disent : " Nous ne voulons pas sacrifier les élèves." Ce qui pose un problème de conscience. Qui trompent-ils? Eux-mêmes, bien sûr, car figurez-vous que le BFEM (Brevet de Fin d'Etudes Moyennes) ou le Baccalauréat est une évaluation de tout un cycle et non d'une seule classe : la troisième ou la terminale. Alors, s'ils n'enseignent que les élèves des troisièmes ou des terminales le problème reste entier puisque ceux des classes inférieures vont cumuler des lacunes qu'ils ne rattraperont pas en classes supérieures. Mes chers collègues, arrêtez donc de vous baratiner, car c'est bien cela, vous vous gourez et s'il vous plait, lourdement.
3) Les radicaux qui respectent scrupuleusement le mot d'ordre de grève
Voilà des gens qui sont dénigrés par non seulement l'Etat, l'opinion publique mais aussi et, malheureusement, par leurs propres collègues. En outre, les frères du même corps non contents de faire partie de la première catégorie d'enseignants, se donnent une nouvelle mission de donneurs de leçons. Ils, ces défaillants, prédisent malheur : coupure de salaire, mise à pied et que sais-je encore...Néanmoins, ces enseignants refusent de céder à l'intimidation et au chantage de toutes formes que ce soient.
Ma question : qui d'entre ces types d'enseignants à raison ou à tort ? Pour vous permettre ou nous permettre d'y répondre, il me semble pertinent de faire une genèse de la situation qui a conduit à la grève.
En fait, de quoi s'agit-il? Il s’agit du protocole d’accord signé entre l'Etat et les syndicats d’enseignants, le 17 février 2014. Auparavant, il y a eu la grève de l’année 2012, année électorale qui a vu notre actuel président demander, entre les deux tours, aux enseignants de surseoir à leur grève. Les enseignants patriotes ont répondu favorablement à cette requête qui a permis à l’école de ne pas connaitre des perturbations depuis lors, mais aussi a tristement permis au gouvernement de procéder à la mise en place d’un " BFEM départemental". Depuis, l'Etat n'a pas appliqué les accords signés et qualifiés à ce moment-là de " réalistes et réalisables." Cela a provoqué l'ire des enseignants et a conduit à la situation présente.
Monsieur le Président de la République, les enseignants ont accepté de faire un sursaut patriotique. Monsieur le Premier Ministre, les enseignants ne sont pas des citoyens à part, ils subissent les contrecoups de la cherté de la vie. Madame le Ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, les éducateurs vivent dans les quartiers et connaissent les fins de mois difficiles, les pénibles jours d’après fêtes et ouverture des classes. Monsieur le Secrétaire Général du Gouvernement, ils ne sont pas des crésus ou encore des extraterrestres, ils sont des sénégalais, et s'il vous plait, à part entière.
Laurent P.S MANGA, Professeur Contractuel depuis octobre 2007.
Voilà un peu plus de deux mois que les enseignants ont entamé un plan d'action de grève et nous constatons avec tristesse que les enseignants eux-mêmes sont divisés sur la question. En effet, depuis le 17 février 2015 début de cette grève, il y a deux pôles en face de l'Etat : le Grand Cadre des Syndicats de l'Enseignement (GCSE) et le CUSEMS. Mais, qu'à cela ne tienne, ce n'est pas l'objet de ma réflexion. En fait, je voudrais vous parler de la divergence de points de vue qui a conduit à trois types d'enseignants :
1) Les enseignants allergiques à la grève :
Cette première catégorie refuse d'aller en grève en évoquant les raisons du camp d'en face : L'Etat. Ils se disent être plus patriotes que tous les autres, car eux travaillent, ce qui est l'apanage de l'homme. En effet, il est dit que " C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière " (Genèse, 3:19). Donc, les grévistes devraient renoncer à une partie du salaire qu’ils ne mériteraient pas. Mais si c'est cela que tout le monde pense et marmonne, en commençant par le Ministre de l’Education Nationale, les enseignants, je suis sûr, n’y voient aucun inconvénient. Cependant, la délégation du GCSE a interpellé tous les acteurs sur les conséquences aggravantes que pourraient entrainer les ponctions sur les salaires programmées par le gouvernement.
Au demeurant, ces soi-disant patriotes ne devraient pas non plus accepter toute augmentation sur leur salaire après satisfaction de la plateforme revendicative puisque n’ayant pas participé à la lutte. De plus, aucun enseignant n’est à l’abri d’un souci administratif, c'est pourquoi une solidarité de corps doit prévaloir en toutes circonstances.
2) Les enseignants qui font la grève dans les petites classes et dispensent des cours dans les classes d'examen
De façon triviale cette catégorie d'enseignants prend la décision de couper la poire en deux. Ces enseignants ont un dilemme sur ces deux options : aller en grève ou refuser de suivre le mot d'ordre de leur syndicat. Ils disent : " Nous ne voulons pas sacrifier les élèves." Ce qui pose un problème de conscience. Qui trompent-ils? Eux-mêmes, bien sûr, car figurez-vous que le BFEM (Brevet de Fin d'Etudes Moyennes) ou le Baccalauréat est une évaluation de tout un cycle et non d'une seule classe : la troisième ou la terminale. Alors, s'ils n'enseignent que les élèves des troisièmes ou des terminales le problème reste entier puisque ceux des classes inférieures vont cumuler des lacunes qu'ils ne rattraperont pas en classes supérieures. Mes chers collègues, arrêtez donc de vous baratiner, car c'est bien cela, vous vous gourez et s'il vous plait, lourdement.
3) Les radicaux qui respectent scrupuleusement le mot d'ordre de grève
Voilà des gens qui sont dénigrés par non seulement l'Etat, l'opinion publique mais aussi et, malheureusement, par leurs propres collègues. En outre, les frères du même corps non contents de faire partie de la première catégorie d'enseignants, se donnent une nouvelle mission de donneurs de leçons. Ils, ces défaillants, prédisent malheur : coupure de salaire, mise à pied et que sais-je encore...Néanmoins, ces enseignants refusent de céder à l'intimidation et au chantage de toutes formes que ce soient.
Ma question : qui d'entre ces types d'enseignants à raison ou à tort ? Pour vous permettre ou nous permettre d'y répondre, il me semble pertinent de faire une genèse de la situation qui a conduit à la grève.
En fait, de quoi s'agit-il? Il s’agit du protocole d’accord signé entre l'Etat et les syndicats d’enseignants, le 17 février 2014. Auparavant, il y a eu la grève de l’année 2012, année électorale qui a vu notre actuel président demander, entre les deux tours, aux enseignants de surseoir à leur grève. Les enseignants patriotes ont répondu favorablement à cette requête qui a permis à l’école de ne pas connaitre des perturbations depuis lors, mais aussi a tristement permis au gouvernement de procéder à la mise en place d’un " BFEM départemental". Depuis, l'Etat n'a pas appliqué les accords signés et qualifiés à ce moment-là de " réalistes et réalisables." Cela a provoqué l'ire des enseignants et a conduit à la situation présente.
Monsieur le Président de la République, les enseignants ont accepté de faire un sursaut patriotique. Monsieur le Premier Ministre, les enseignants ne sont pas des citoyens à part, ils subissent les contrecoups de la cherté de la vie. Madame le Ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, les éducateurs vivent dans les quartiers et connaissent les fins de mois difficiles, les pénibles jours d’après fêtes et ouverture des classes. Monsieur le Secrétaire Général du Gouvernement, ils ne sont pas des crésus ou encore des extraterrestres, ils sont des sénégalais, et s'il vous plait, à part entière.
Laurent P.S MANGA, Professeur Contractuel depuis octobre 2007.