Le constat est valable pour toutes les entreprises sénégalaises qui communiquent ostensiblement leurs œuvres de charité à l’endroit des pauvres citoyens affectés par leurs activités nuisibles sur l’environnement et la santé des individus.
Le 30 juin passé, la Fondation Louise Mimran a offert des bourses de 500.000 F Cfa à deux étudiants de l’UGB plus précisément de l’UFR des Sciences Agronomiques, Aquaculture et Technologie alimentaire. Un geste salutaire dans un contexte marqué par une politique d’émergence basée sur l’agriculture. Seulement, la communication qui a suivi cette démarche a logé cette activité dans le programme RSE de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Ce qui est loin d’être le cas.
En effet, si l’on considère la RSE comme la traduction du développement durable en entreprise, on comprendra alors, que de la même manière qu’une cimenterie qui distribue des moustiquaires imprégnées aux populations malades de tuberculeuse du fait de la pollution ne fait pas de la RSE, une industrie dont le cœur de métier est la fabrication de sucre ne fait pas de RSE en distribuant des bourses à des étudiants qui ne sont aucunement affectés par les activités néfastes de cette entreprise.
En vérité, la RSE doit rimer avec le respect de l’environnement et le bien-être des différentes parties prenantes ou Stakeholders. Et, ces parties prenantes sont d’abord les travailleurs de la boite. Est-ce qu’ils perçoivent un salaire décent ? Ont-ils droit à une assurance maladie ? Est-ce que les normes de sécurité, d’hygiène et de santé sont bien respectées ? Est-ce que les salariés participent au processus de prise de décisions ? Voilà autant de préoccupations qui me poussent à me demander si la CSS fait réellement de la RSE. Je ne le crois pas. Elle a certes construit des écoles et des cases de santé. Elle est aussi le premier employeur du Sénégal et participe activement à l’économie de notre pays, mais elle a encore du chemin à parcourir avant de décrocher un quitus environnement.
Pour ce qui concerne les rapports de la CSS avec le monde extérieur, la première remarque qui saute à l’œil en traversant Richard Toll, c’est la fumée qui se dégage de la cheminée de l’usine. Une fumée qui contiendrait à coup sûr du CO2 (le principal gaz à effet de serre) et l’azote (NO2) des gaz qui sont à l’origine du réchauffement climatique avec son lot de catastrophes. On sait également que la CSS cultive des hectares de cannes à sucre. Cette culture intensive fait appel à l’utilisation de pesticides, fongicides et herbicides de toutes sortes pour assurer un bon rendement.
L’utilisation de ces produits entraine la pollution des sols et peut même affecter la nappe phréatique de la zone. Or, avec le nombre considérable de puits et de forages dans cette localité, le problème de la santé des populations se pose avec acuité d’autant plus que le fleuve n’est pas loin et constitue la principale source d’approvisionnement en eau des populations.
Il y a également les jeux de yoyo qui sont souvent faits sur la nappe phréatique par les excellents ingénieurs agronomes de la boite pour empêcher la remontée du sel. Ce procédé peut avoir des effets sur la nappe du fait qu’elle n’est plus libre de suivre son cours naturel.
Enfin, pour parler des points que devrait améliorer la CSS pour pouvoir parler de RSE avec fierté, il y a la problématique de la pollution sonore. Ça grouille de partout à Richard Toll. La quiétude des populations est quotidiennement troublée par les bruits des machines sans compter les impacts qu’ils peuvent engendrer sur la santé auditive des riverains.
Bref, la RSE est devenue un slogan et un objectif de communication pour soigner son image et asseoir sa notoriété auprès du public. Toutefois, elle doit être détachée des œuvres de bienfaisance et du bénévolat.
C’est valable non seulement pour la CSS, mais aussi pour les autres entreprises publiques et privées comme par exemple le Port Autonome de Dakar où ce sont des employés qui se lèvent un beau jour pour célébrer leur directeur général parce que, disent-ils, il a une bonne politique de RSE. Mais les choses seraient simples si chaque entreprise pouvait se déclarait respectueuse des normes environnementales, de santé et de sécurité au travail sans aucune certification encore moins une démarche allant dans ce sens. Cette même remarque est valable pour Téranga gold et Sabadola Gold Operation qui vous disent qu’en terme de RSE, ils ont acheté tant de moutons de Tabaski pour les chefs de village de Sabadola. C’est du bluff ça !
Je voudrais rappeler pour finir qu’une bonne politique RSE demande des efforts inlassables mais utiles au développement durable et écologique des entreprises. Cette politique RSE constitue aujourd’hui un enjeu de taille dans toute entreprise de développement portée sur la durabilité et l’efficience, de par le fait qu’elle s’appuie sur une politique volontariste basée sur la mobilisation des énergies et la convergence des efforts de tous les acteurs concernés.
Dans un futur proche, toute entreprise qui voudra réaliser une croissance économique forte adossée à un développement social équilibré devra passer immanquablement par la mise en œuvre de plans et programmes qui placent la dimension écologique au centre de toutes les politiques. C’est valable aussi bien pour le secteur privé que pour le secteur public et parapublic.
Papa Demba CISSOKHO
Etudiant en Master II Développement Durable et Management Environnemental
Centre de Ressources de Dakar (Université Alioune Diop de Bambey)
Le 30 juin passé, la Fondation Louise Mimran a offert des bourses de 500.000 F Cfa à deux étudiants de l’UGB plus précisément de l’UFR des Sciences Agronomiques, Aquaculture et Technologie alimentaire. Un geste salutaire dans un contexte marqué par une politique d’émergence basée sur l’agriculture. Seulement, la communication qui a suivi cette démarche a logé cette activité dans le programme RSE de la Compagnie Sucrière Sénégalaise. Ce qui est loin d’être le cas.
En effet, si l’on considère la RSE comme la traduction du développement durable en entreprise, on comprendra alors, que de la même manière qu’une cimenterie qui distribue des moustiquaires imprégnées aux populations malades de tuberculeuse du fait de la pollution ne fait pas de la RSE, une industrie dont le cœur de métier est la fabrication de sucre ne fait pas de RSE en distribuant des bourses à des étudiants qui ne sont aucunement affectés par les activités néfastes de cette entreprise.
En vérité, la RSE doit rimer avec le respect de l’environnement et le bien-être des différentes parties prenantes ou Stakeholders. Et, ces parties prenantes sont d’abord les travailleurs de la boite. Est-ce qu’ils perçoivent un salaire décent ? Ont-ils droit à une assurance maladie ? Est-ce que les normes de sécurité, d’hygiène et de santé sont bien respectées ? Est-ce que les salariés participent au processus de prise de décisions ? Voilà autant de préoccupations qui me poussent à me demander si la CSS fait réellement de la RSE. Je ne le crois pas. Elle a certes construit des écoles et des cases de santé. Elle est aussi le premier employeur du Sénégal et participe activement à l’économie de notre pays, mais elle a encore du chemin à parcourir avant de décrocher un quitus environnement.
Pour ce qui concerne les rapports de la CSS avec le monde extérieur, la première remarque qui saute à l’œil en traversant Richard Toll, c’est la fumée qui se dégage de la cheminée de l’usine. Une fumée qui contiendrait à coup sûr du CO2 (le principal gaz à effet de serre) et l’azote (NO2) des gaz qui sont à l’origine du réchauffement climatique avec son lot de catastrophes. On sait également que la CSS cultive des hectares de cannes à sucre. Cette culture intensive fait appel à l’utilisation de pesticides, fongicides et herbicides de toutes sortes pour assurer un bon rendement.
L’utilisation de ces produits entraine la pollution des sols et peut même affecter la nappe phréatique de la zone. Or, avec le nombre considérable de puits et de forages dans cette localité, le problème de la santé des populations se pose avec acuité d’autant plus que le fleuve n’est pas loin et constitue la principale source d’approvisionnement en eau des populations.
Il y a également les jeux de yoyo qui sont souvent faits sur la nappe phréatique par les excellents ingénieurs agronomes de la boite pour empêcher la remontée du sel. Ce procédé peut avoir des effets sur la nappe du fait qu’elle n’est plus libre de suivre son cours naturel.
Enfin, pour parler des points que devrait améliorer la CSS pour pouvoir parler de RSE avec fierté, il y a la problématique de la pollution sonore. Ça grouille de partout à Richard Toll. La quiétude des populations est quotidiennement troublée par les bruits des machines sans compter les impacts qu’ils peuvent engendrer sur la santé auditive des riverains.
Bref, la RSE est devenue un slogan et un objectif de communication pour soigner son image et asseoir sa notoriété auprès du public. Toutefois, elle doit être détachée des œuvres de bienfaisance et du bénévolat.
C’est valable non seulement pour la CSS, mais aussi pour les autres entreprises publiques et privées comme par exemple le Port Autonome de Dakar où ce sont des employés qui se lèvent un beau jour pour célébrer leur directeur général parce que, disent-ils, il a une bonne politique de RSE. Mais les choses seraient simples si chaque entreprise pouvait se déclarait respectueuse des normes environnementales, de santé et de sécurité au travail sans aucune certification encore moins une démarche allant dans ce sens. Cette même remarque est valable pour Téranga gold et Sabadola Gold Operation qui vous disent qu’en terme de RSE, ils ont acheté tant de moutons de Tabaski pour les chefs de village de Sabadola. C’est du bluff ça !
Je voudrais rappeler pour finir qu’une bonne politique RSE demande des efforts inlassables mais utiles au développement durable et écologique des entreprises. Cette politique RSE constitue aujourd’hui un enjeu de taille dans toute entreprise de développement portée sur la durabilité et l’efficience, de par le fait qu’elle s’appuie sur une politique volontariste basée sur la mobilisation des énergies et la convergence des efforts de tous les acteurs concernés.
Dans un futur proche, toute entreprise qui voudra réaliser une croissance économique forte adossée à un développement social équilibré devra passer immanquablement par la mise en œuvre de plans et programmes qui placent la dimension écologique au centre de toutes les politiques. C’est valable aussi bien pour le secteur privé que pour le secteur public et parapublic.
Papa Demba CISSOKHO
Etudiant en Master II Développement Durable et Management Environnemental
Centre de Ressources de Dakar (Université Alioune Diop de Bambey)