Jamais, peut être, l’évidence du culte de la personnalité dans l’espace politique n’a été aussi grande au Sénégal. Une règle, certes non juridique mais connue de tous et en vigueur depuis l’indépendance, impose à tout acteur politique qu’il soit populaire ou impopulaire, jeune ou âgé, homme ou femme, l’alignement derrière un chef. Il parle que de ce qu’on refuse mais fait aussi la guerre à la pluralité des positionnements et des solutions alternatives.
Sans doute, les logiques relatives à la pécune, à la séniorité ou encore à la filiation fondent les positions de pouvoir dans les partis politiques mais permettent aussi aux chefs de s’éterniser dans leur fonction. Il n’est nullement nécessaire de relever les postures d’auto-abaissement et les courbettes de Solferino très fréquentes dans les structures étatiques pour voir que la logique de subordination au « chef » est de rigueur. Ceux qui ont tenté de modifier l’ordre existant par différents moyens ont été cassés, comme en témoigne les cas Malick Gakou, Ousmane Sonko, Fatou Tambédou, Bamba Fall, entre autres.
Au Sénégal, le critère politique essentiel n’est, apparemment, pas l’instauration des libertés et débats contradictoires comme valeurs fondamentales d’une société moderne mais la protection des caïds assermentés dans leurs trônes majestueux. La personnalisation du pouvoir a entraîné une évolution telle que le paysage politique est devenu une simple scène sur laquelle s’exprimeraient les volontés particulières des chefs, devant des jeunes réduits au rôle de spectateurs. Cela est, sans doute, le plus douloureux des symptômes des pathologies dont a à souffrir notre pays.
Les chefs de partis politiques, dans leur majorité, sont parvenus à faire de leur destin personnel la cause première de leurs formations. La formation intellectuelle ne fait plus partie des perspectives et les militants ne participent qu’à la marge à la constitution de programmes politiques, au moins, pour ceux qui en ont encore. Cette situation obère la production des idées et entache la viabilité de la sève nourricière d’un débat public gelant de facto toute probabilité de compétitions politiques objectives. Il suffirait, pour s’en convaincre, de se remémorer les luttes politiques récentes assimilables à des luttes d’ego.
Elles ont été accompagnées d’une fantasmagorie révoltante accordant plus de temps à quelques préjugés et stéréotypes plutôt qu’aux mains sales investies d’immunité avec la prédation des ressources publiques comme unique but. Si les politiciens ne sont pas en mesure de différencier les intérêts individuels de l’action collective, il devient nécessaire pour la jeunesse d’arrêter de signer un chèque en blanc aux mêmes candidats à chaque joute électorale. Est-il obligatoire de continuer avec les mêmes que d’habitude? Ceux que l’on voit depuis plus de 30 ans aux mêmes postes.
La cartellisation des partis politiques entraine l’érection au pouvoir d’une catégorie de personnes qui n’ont aucun idéal et sont capables d’être impitoyable par rapport à ceux qui se permettent de se plaindre au delà du cadre choisi et dominé par leur bande.
Elles se servent stratégiquement des voies ouvertes par la justice dans le dessein de sanctionner leurs détracteurs mais pas seulement puisque dans certains cas le verdict prend à son compte des questions subjectives, des querelles de personnes et des affiliations politiques qui viennent davantage compliquer la situation. L’arbitraire est la trouvaille idéale pour se débarrasser de personnalités, de citoyens, d’hommes politiques ayant des ambitions réelles ou supposées.
Cette attitude sape l’autorité de l’Etat et entretient un climat dans lequel les dirigeants prennent des décisions politiques sans prendre en considération les conséquences à long terme. A l’évidence, une direction politique très qualifiée est nécessaire pour empêcher que la logique de la survie personnelle ne sabote les espoirs d’une stabilité nationale ; et que la conquête et l’accaparement du pouvoir doivent cesser d’être au cœur de l’activité politique.
Seul un cynique pourrait nier la dépossession des moyens d’expression à la jeunesse au profit de personnages qui ne pensent qu’à leur confort. Ainsi, la jeunesse doit être à la pointe du combat pour la restauration des valeurs objectives de l’engagement politique, pour le développement de la culture du travail, pour discipliner les désirs de puissance, pour lutter contre l’arbitraire, parce que le repositionnement des jeunes sur la scène publique est devenu crucial. Tout en menant une défense de principe d’un idéal contre les guerres de chefs dans l’espace public, elle doit s’opposer à l’usage de l’appareil d’Etat pour régler des comptes personnels.
L’inaction de la jeunesse représenterait une répudiation de toutes les valeurs de l’engagement et jetterait les bases pour la liquidation d’une catégorie d’ambitieux par des politiciens. Mais, pour nous, la question essentielle est que la nouvelle catégorie puisse conquérir son indépendance politique en construisant un discours cohérent et ne devrait en aucun cas substituer à cela l’espoir que les politiciens en chef puissent s’éclipser d’eux mêmes. Une jeunesse consciente est l’alternative face aux conflits d’intérêts et personnalisation de la politique au Sénégal.
Djiby NDIAYE
UJTL/Saint Louis
Sans doute, les logiques relatives à la pécune, à la séniorité ou encore à la filiation fondent les positions de pouvoir dans les partis politiques mais permettent aussi aux chefs de s’éterniser dans leur fonction. Il n’est nullement nécessaire de relever les postures d’auto-abaissement et les courbettes de Solferino très fréquentes dans les structures étatiques pour voir que la logique de subordination au « chef » est de rigueur. Ceux qui ont tenté de modifier l’ordre existant par différents moyens ont été cassés, comme en témoigne les cas Malick Gakou, Ousmane Sonko, Fatou Tambédou, Bamba Fall, entre autres.
Au Sénégal, le critère politique essentiel n’est, apparemment, pas l’instauration des libertés et débats contradictoires comme valeurs fondamentales d’une société moderne mais la protection des caïds assermentés dans leurs trônes majestueux. La personnalisation du pouvoir a entraîné une évolution telle que le paysage politique est devenu une simple scène sur laquelle s’exprimeraient les volontés particulières des chefs, devant des jeunes réduits au rôle de spectateurs. Cela est, sans doute, le plus douloureux des symptômes des pathologies dont a à souffrir notre pays.
Les chefs de partis politiques, dans leur majorité, sont parvenus à faire de leur destin personnel la cause première de leurs formations. La formation intellectuelle ne fait plus partie des perspectives et les militants ne participent qu’à la marge à la constitution de programmes politiques, au moins, pour ceux qui en ont encore. Cette situation obère la production des idées et entache la viabilité de la sève nourricière d’un débat public gelant de facto toute probabilité de compétitions politiques objectives. Il suffirait, pour s’en convaincre, de se remémorer les luttes politiques récentes assimilables à des luttes d’ego.
Elles ont été accompagnées d’une fantasmagorie révoltante accordant plus de temps à quelques préjugés et stéréotypes plutôt qu’aux mains sales investies d’immunité avec la prédation des ressources publiques comme unique but. Si les politiciens ne sont pas en mesure de différencier les intérêts individuels de l’action collective, il devient nécessaire pour la jeunesse d’arrêter de signer un chèque en blanc aux mêmes candidats à chaque joute électorale. Est-il obligatoire de continuer avec les mêmes que d’habitude? Ceux que l’on voit depuis plus de 30 ans aux mêmes postes.
La cartellisation des partis politiques entraine l’érection au pouvoir d’une catégorie de personnes qui n’ont aucun idéal et sont capables d’être impitoyable par rapport à ceux qui se permettent de se plaindre au delà du cadre choisi et dominé par leur bande.
Elles se servent stratégiquement des voies ouvertes par la justice dans le dessein de sanctionner leurs détracteurs mais pas seulement puisque dans certains cas le verdict prend à son compte des questions subjectives, des querelles de personnes et des affiliations politiques qui viennent davantage compliquer la situation. L’arbitraire est la trouvaille idéale pour se débarrasser de personnalités, de citoyens, d’hommes politiques ayant des ambitions réelles ou supposées.
Cette attitude sape l’autorité de l’Etat et entretient un climat dans lequel les dirigeants prennent des décisions politiques sans prendre en considération les conséquences à long terme. A l’évidence, une direction politique très qualifiée est nécessaire pour empêcher que la logique de la survie personnelle ne sabote les espoirs d’une stabilité nationale ; et que la conquête et l’accaparement du pouvoir doivent cesser d’être au cœur de l’activité politique.
Seul un cynique pourrait nier la dépossession des moyens d’expression à la jeunesse au profit de personnages qui ne pensent qu’à leur confort. Ainsi, la jeunesse doit être à la pointe du combat pour la restauration des valeurs objectives de l’engagement politique, pour le développement de la culture du travail, pour discipliner les désirs de puissance, pour lutter contre l’arbitraire, parce que le repositionnement des jeunes sur la scène publique est devenu crucial. Tout en menant une défense de principe d’un idéal contre les guerres de chefs dans l’espace public, elle doit s’opposer à l’usage de l’appareil d’Etat pour régler des comptes personnels.
L’inaction de la jeunesse représenterait une répudiation de toutes les valeurs de l’engagement et jetterait les bases pour la liquidation d’une catégorie d’ambitieux par des politiciens. Mais, pour nous, la question essentielle est que la nouvelle catégorie puisse conquérir son indépendance politique en construisant un discours cohérent et ne devrait en aucun cas substituer à cela l’espoir que les politiciens en chef puissent s’éclipser d’eux mêmes. Une jeunesse consciente est l’alternative face aux conflits d’intérêts et personnalisation de la politique au Sénégal.
Djiby NDIAYE
UJTL/Saint Louis