L’Alliance Pour la République vit actuellement dans les eaux troubles d’un parti en réalité sans âme. Le constat est certainement sévère pour ces responsables bombardés à des stations et les quelques militants bénéficiaires de prébendes par la magie de la politique politicienne. Mais le même diagnostic est sûrement partagé par la foule de militants que l’on peut recenser parmi la population sénégalaise car se fondant dans les 65% qui ont choisi, le soir du 22 mars 2012, le candidat Macky Sall comme Président de leur République. Cela est d’autant plus vrai et vérifiable que les braves gorgoorlous qui peuplent aujourd’hui notre nation se comptent à plus de 90%, pour ne pas exagérer.
Le temps de la victoire et de la gloire fêtée en grande pompe dans le hall de l’hôtel Madison et dans tous les carrefours du pays cette nuit-là est vite passé, laissant la place au désespoir après seulement 20 mois de palais et de pouvoir. Que s’est il passé pour que l’espoir s’envole de sitôt ?
Pourtant certains engagements ont été respectés, certains actes de gouvernance vertueuse et structurants ont été posés dans un laps de temps par le gouvernement de Abdoul Mbaye, comme s’il fallait se presser de démontrer aux sénégalais que l’on était bon gouvernant.
Cependant, Monsieur le Président, c’est bien votre fameuse formule, jamais théorisée nulle part ou encore moins proclamée « la patrie avant le parti » qui vous a perdu et a effacé les repères sous vos pieds, ne vous permettant plus de vous situer parmi vos compagnons de la première heure, vos coalisés, vos alliés et tous ces éminents agents d’une administration rompue à la tâche et connue pour sa longue expérience républicaine.
Les conséquences politiques de cet aveuglement se sont révélées au grand jour (une traque infructueuse de biens supposés mal acquis, un réaménagement gouvernemental sans véritable changements dans la gestion des affaires, un climat économique et un environnement des affaires décriés par les opérateurs, la résurgence d’anciennes pratiques dans le management des hommes avec des nominations et des parrainages à allure dynastiques…, tout cela amplifiées par une cacophonie inimaginable au sommet de l’Etat.
L’Alliance pour la République qui vous a mémorablement investi à la place de Diamalaye le 10 décembre 2010, avec le soutien de patriotes qui y ont cru très tôt, est en ce moment secouée par une crise prématurée et profonde, ici et se déchire dans la diaspora, alors qu’elle pouvait parfaitement se transformer en formidable outil de gestion. Malheureusement, « cette machine s’est subitement grippée» pour paraphraser votre ami et frère Maître Alioune Badara Cissé.
La solution, monsieur le Président, est là, devant vous, à votre portée. Dans notre langue la plus populaire, il est souvent répété que « Celui qui perd son chemin revient à son point de départ ».Mais alors, qu’attendez-vous pour retourner sur vos pas et retrouver ceux qui vous ont guidé et protégé quand personne ne s’y attardait ? Il est temps pour vous , monsieur le Président, pour votre parti qui mérite mieux, vous ayant porté tout haut, pour le Peuple qui souffre le macky, vous ayant plébiscité comme jamais dans l’histoire de ce pays, pour l’Afrique et le monde transformé en village planétaire, vous ayant cru comme génération de rupture.
La solution est dans une main ferme tendue vers votre ami et frère ABC pour qui le combat dans l’Alliance Pour la République et dans la République reste des plus engagés et des plus visibles. Son parcours à vos côtés et sa participation dans toutes les batailles policières, judiciaires, politiques et administratives au sein de l’opposition le désignent objectivement comme un compagnon sûr durant ce magistère. Cela ne signifie nullement que ABC est élu au suffrage universel mais démontre une détermination de votre part à ramer dans une logique, non de pouvoir absolu, mais de renforcement d’un Etat républicain par des hommes de valeur et d’action. Ils sont légion à vouloir s’engager pour la fortification du parti et la valorisation de la patrie.
Cette alliance renouvelée au sommet de l’APR ralliera, à coup sûr, les tenants de la formule (et ils sont nombreux) « le parti dans la patrie ». Malheureusement, pour l’instant, beaucoup d’hommes et de femmes hésitent dorénavant à collaborer car découragés par cette ambiance lourde et mal aisée jusque dans les couloirs de la Présidence de la République. Quoi qu’on puisse dire, le départ de certains de vos conseillers et non des moindres (Jacques Diouf et Moubarack Lô) révèlent au grand public des incohérences et des disfonctionnements au palais dans la mise en œuvre du Yonou Yokouté. Les sénégalais savent maintenant interpréter les actes politiques, aidés en cela par une presse multiforme et dynamique.
Loin des égos et des menaces, la hauteur du Chef de l’Etat et le militantisme du Chef de parti que vous incarnez militent pour un esprit de rassemblement et de discernement face aux enjeux de l’heure.
Monsieur le Président, en demandant à Madame le Premier Ministre d’accélérer la cadence, vous avez conscience que la demande sociale est intacte et s’est même amplifiée au constat des nouveaux slogans agités ici et là. Comme vous disait votre ami et frère ABC, « en politique l’impression est la réalité ». A quelques mois des élections locales, force est de reconnaître que l’impression la plus partagée est que le pays va mal. Tous les observateurs s’accordent à dire que quelque chose ne va pas en pointant du doigt cette large et fragile coalition BBY qui vous entoure et vous étouffe sans que vous ne puissiez vous en départir par respect de votre parole donnée. C’est noble mais pas irréversible. Retrouver ses premiers collaborateurs et donc ses marques est pour un Président de la République le signe d’une maîtrise de la MISSION contre vents et marrées pour un Sénégal émergent à l’horizon 2020.
Monsieur le Président, prenez la décision sans rancune, ni calcul avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard, ce sont des rêves brisés, des efforts sans lendemain, des espoirs perdus. A ce moment-là, les sénégalais auront cette impression que la voie est sans issue et n’hésiteront pas à tomber dans les bras du premier venu, fut- il un charlatan politique.
Monsieur le Président, saisissez la main tendue de votre camarade Alioune Badara Cissé et saisissez la solution. Elle reste à votre portée.
Mbagnick Diouf
Responsable APR à Saint-Louis du Sénégal