Au regard des graves évènements survenus le 7 mars à Saint Louis, entre pêcheurs de Guet Ndar et policiers, il est devenu très urgent pour le Chef de l’Etat sénégalais, d’examiner avec diligence et de trouver dans les meilleurs délais, une juste et durable solution avec son homologue mauritanien, par des voies de droit, à ce conflit récurrent, qui ne cesse de pénaliser les pêcheurs sénégalais.
Mais où se trouvent alors les bonnes relations tant clamées de bon voisinage, entre le Sénégal et la Mauritanie ? Et pourtant, les deux peuples sont bien des frères, unis par des liens de parenté séculaires, et ont presque tout en commun. Est-il sérieusement raisonnable d’empoisonner nos rapports si anciens à cause simplement d’un problème de pêche, alors que nous sommes condamnés par notre histoire commune, à vivre ensemble, qu’on le veuille ou non. Autrement dit, c’est par où se situe réellement le chemin menant vers l’intégration sous régionale, et au-delà, la voie qui nous mène aussi à l’unité africaine, dont nos chefs d’Etat nous rabâchent tant les oreilles à longueur d’ondes ?
La colère exprimée par les pêcheurs sénégalais, au-delà de sa forme d’expression condamnable, à savoir la violence et les importants dégâts matériels qu’elle a occasionnés, on peut bien comprendre leur amertume, d’être presque les laissés pour compte. Néanmoins, il faut le dire quand même, la violence exercée par les pêcheurs sur leurs frères policiers et la destruction de nos propres biens ne se justifient pas et sont loin d’être la solution idéale du problème qui se pose à eux, bien au contraire, c’est une aggravation de celui-ci, car les conséquences –dégâts matériels, blessés et arrestations- retombent tous nous-mêmes. Voilà pourquoi, il faut adopter d’autres voies de recours et de recherche de solution idoine, plus acceptables et paisibles pour nous-mêmes.
Il est tout de même navrant de constater, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, que deux pays voisins qui font presque un et que l’histoire, la culture, la religion et les langues unissent, mais qui malgré tout, ne puissent parvenir à nouer d’excellentes relations amicales et trouver par la voie diplomatique une solution convenable aux deux peuples. Les deux gouvernements doivent impérativement prendre toutes leurs responsabilités maintenant, en s’asseyant autour d’une même table, en vue de régler définitivement ce conflit récurrent une bonne fois pour toutes sur des bases nettes et claires. Toutefois, quelle que puisse être la solution à adopter, celle-ci devra exclure surtout de son champ, tout acte de violence de part et d’autre, d’arraisonnement d’embarcations et leur confiscation. En tout état de cause, il faut à tout prix, éviter de violer les accords conclus entre les deux parties, par conséquent, leur respect doit être de rigueur et s’impose à tous.
Jusque-là, nous avons été abreuvés, sur la nature véritable des relations de coopération entre les deux pays par leurs dirigeants, que par de belles paroles enrobées de miel. Véritablement, le discours officiel mis à part, les relations en matière de pêche, ne sont empreintes ni d’amitié ni même de simple bon voisinage avec la Mauritanie en particulier, et de manière générale d’ailleurs avec tous nos voisins côtiers. Une telle situation est déplorable et pose un sérieux problème de manque de franchise dans les relations et quelque part, dans les accords conclus entre les deux gouvernements, mais aussi, dans le respect strict de l’application des accords bilatéraux.
L’analyse de cet exemple précis des relations bilatérales entre nos deux pays, montre on ne peut plus clair, combien nous sommes loin de l’intégration sous régionale tant vantée, sous tous les rapports, à plus forte raison encore de l’Union africaine, qui est à cet égard, de utopie ou simplement du virtuel. Alors qu’on devrait supprimer à l’heure actuelle notre frontière commune pour permettre la libre circulation des personnes et des biens, mais nous en sommes encore, à pourchasser et exercer des sévices dégradants, sur les pêcheurs du voisin. Et pourtant, tout nous oblige à coopérer économiquement et culturellement pour le plus grand bien de nos deux pays et aux conditions mutuellement avantageuses pour nos deux peuples.
En vérité et objectivement, malgré tous les changements politiques intervenus depuis lors à la tête de la Mauritanie, il n’y a eu aucune amélioration notable dans la coopération bilatérale, relative à ce problème récurrent qui est la pêche des Sénégalais dans les eaux mauritaniennes. Il semble apparemment, que les accords sont à chaque fois remis, en cause ou violés ? Au vu de ce qui se passe, nous ne notons en tout cas nulle part, des concessions solides et facilités appréciables suivies d’effet réel, en faveur de nos pêcheurs, dans la délivrance de licences en bonne et due forme, permettant à leurs voisins immédiats –les Guetndariens-, une liberté d’exercer dans la quiétude leur métier de pêcheur. Et pourtant, les ressortissants mauritaniens se sentent bien partout au Sénégal, et peuvent tranquillement y exercer le métier de leur choix, sans pour autant n’être nullement inquiétés. La réciprocité, devrait aussi logiquement être accordée aux pêcheurs sénégalais.
A notre sens et logiquement, pour montrer la voie aux autres pays et leur servir comme exemple, le cas de l’intégration sous régionale économique et culturelle des deux pays, les deux Chefs d’Etat auraient dû avoir la témérité de proposer à leurs peuples, la ferme volonté d’effacer tout simplement la frontière qui sépare les deux pays, pour en faire un seul marché. Mais hélas, ce serait trop leur demander.
Mandiaye Gaye
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