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Lettre de solidarité à Thierno Bocoum

Vendredi 10 Octobre 2014

Cher Thierno,

Je ne vous connais pas. Peut être même aurai-je vécu toute ma vie sans jamais penser à vous, vous croiser, vous parler ou encore moins vous écrire. Pas que j’ignore que vous représentez votre peuple à son Assemblée. Que non! Je sais même que vous y siégez, au nom du peuple, pour le compte du parti politique Rewmi. Voilà tout ce que je sais de vous. Mais votre douleur me lacère si vivement le cœur qu’il m’est impérieux de m’abandonner à l’étreinte de ces mots que je vous adresse pour, non pas vous soutenir (le seul soutien qui vaille, en ces circonstances, me parait être celui qui vient de votre propre peine, qui vient de vous même. (« Soutiens-toi toi même », pour détourner la célèbre maxime philosophique), ni vous réconforter (le seul réconfort qui vaille, en ces circonstances, me parait être l’amour des vôtres) mais pour pleurer avec vous ce si brusque envol de Vieux. Brusque envol oui !

Quand j’étais jeune enfant Thierno, j’aimai gambader dans le verger familial à Sébikotane. Avec mes frères, nous piégions de petits oiseaux qui cherchaient pitance dans les fruits et autres restes de nourriture jetés ça-et-là dans le verger. Un jour, j’eus l’heur de surprendre dans mon piège un bien bel oiseau. Son plumage était d’une si rare beauté Thierno que ses gazouillis de complainte me semblaient porter une mélodie unique. Vous savez, ces sublimes mélodies dont savent nous gratifier les oiseaux quand point l’aurore. « Mon » oiseau était si beau que je n’ai pas eu le cœur à le déplumer pour, qu’handicapé, il reste à moi et à ma volonté. Je l’ai jalousement gardé dans une petite boite cachée dans ma chambre d’enfant et le chérissais si vivement. Un jour, alors que je voulais l’admirer de nouveau, « mon » petit oiseau s’envola brusquement au travers de l’ouverture par laquelle j’avais l’habitude de passer ma main pour le nourrir ou le saisir. Je n’y ai pas cru tellement l’envol était brusque. J’ai cru qu’il s’ébattrait fiévreusement et reviendrait heureux à son douillet nid de boite que j’avais mis tant de douceur à lui construire. Mais de le voir battre fermement ses ailes pour se soustraire si résolument à mon emprise me fendit le cœur. Je fus saisi d’un douloureux tressaillement que je ressens encore.

La nouvelle du brusque envol de Vieux m’a replongé dans cette affliction d’enfance. Mais ma peine est autrement plus intense car si l’envol de « mon » oiseau a pu être à son heure de sauvage liberté, l’envol de Vieux arrive bien trop tôt comme une insupportable perte. Thierno, comme vous, ces nuits je n’ai pu fermer l’œil. Cette nouvelle me hante et m’habite tout entier. Mes larmes, comme appelées à mes yeux, viennent toutes seules mouiller mon visage et mon oreiller. J’envisage, à ma mesure, l’ampleur de votre peine, celle de votre épouse et de vos proches. Mes yeux embués, mes mains moites et mon cœur endolori, je vous écris ces lignes juste pour vous dire toute ma solidarité en ces moments de solitude et de douleur.

Je prie pour vous et pour votre famille pour que Le Bon Dieu vous aide à supporter ce silence. Je prie pour vous et pour votre famille pour que Le Bon Dieu allège votre souffrance. Je prie pour vous et pour votre famille pour que l’insupportable envol de Vieux vous revienne comme sa partance vers son édénique liberté. Puisse-t-il en être ainsi car, Thierno, je prie pour vous et pour votre famille.

Cheikh Sadibou Sakho
Socio-anthropologue
Université Gaston Berger de Saint-Louis


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1.Posté par Bessel le 10/10/2014 15:09
Merci Cheikh pour cette contribution.
Je ne partage pas les positions politiques de Thierno Bocoum.Je déteste même son parti.
Mais je n'ai pu m'empêcher de verser des larmes devant ce malheur qui le touche,et qui est ressenti par tout le Peuple Sénégalais.
Qu'ALLAH Le Tout-Puissant l'aide à supporter cette dure et cruelle épreuve.

2.Posté par aw le 10/10/2014 18:21
j'ai bien lu cheikh ,mais son âme de poète ne charme pas et ne n’atténue guère mon sentiment de choc,je suis choqué jusqu'au dernier poil ,dans ce cas cas il nous faut situer les responsabilités car il n'en manque pas .il s'agit d'un gosse innocent qui a disparu dans des circonstances anormales. l’âme du poète serait bienvenue dans une situation autre,mais celle la fait penser à une négligence ,car un enfant est l'individu par essence le plus vulnérable ,il doit être protégé .
EXCUSER MOI DE MA FERMETE

3.Posté par Gora le 10/10/2014 23:05
Je suis très peiné par cette disparition tragique comme mon C.G Cheikh, je ne connais pas Thierno mais j'ai pris quelques secondes pour me mettre à sa place mais j'ai vite perdu le contrôle. je compati très sincèrement à la douleur de Thierno et de sa femme. Yal Na Yala maylène kholou mougn.

4.Posté par moi le 12/10/2014 00:05
je suis de tout coeur avec Thierno Bocoum, Repose en paix mon enfant

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