De tribunes politiques en sorties médiatiques, M. Ismaila Madior Fall, professeur agrégé de droit constitutionnel, est n’en pas douter, le Conseiller juridique du président de la République le plus loquace – c’est pour être gentil - depuis l’indépendance du Sénégal. Il en a encore apporté la preuve par une nième sortie samedi 12 septembre dernier à Thiès au cours d’une rencontre politique de l’APR, en dissertant encore sur le projet de constitution et ses modalités de tenue du référendum annoncé par le Chef de l’Etat. En adoptant une telle posture, il risque de porter un grand tort à Macky Sall, dans sa volonté d’honorer son engagement, pris solennellement devant les Sénégalais, en faisant revenir à cinq ans, la durée du mandat du président de la République. Depuis l’entre-deux tours de la dernière présidentielle, le candidat, puis le président Macky Sall s’est montré constant dans ses différentes quant à la tenue de son engagement solennel pris devant les Sénégalais. Nantie d’une volonté politique – prenons-le au mot -et des conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), le président de la République a tous les outils nécessaires pour mener à bien le projet à soumettre au peuple.
Peu importe l’avis du ministre conseiller qui, dans une autre de ses saillies médiatiques, s’est permis de juger que cette commission, créée par décret, et composée d’éminents experts administratifs et juridiques, dont ceux qui ont formé M. Fall lui-même, a « outrepassé ses attributions ». Le président Amadou Makhtar Mbow, le doyen Seydou Madani Sy, Mme Maimouna Kane, M. Mamadou Lamine Loum et leurs camarades apprécieront l’indélicatesse. Plus préoccupant encore, la forme étant aussi importante que le fonds, les sorties « déconsolidantes » de son Conseiller juridique risquent de charrier des dégâts collatéraux non moins politiquement dévastateurs pour le président Sall, mais aussi pour la mise disposition sereine d’un texte de consensus.
1er Conseiller juridique de nationalité sénégalaise
Le professeur Fall aurait pourtant dû raison garder. Il est en effet le premier Sénégalais à occuper le poste de Conseiller juridique du président de la République depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale ; mais il est sans aucun doute le plus expansif. Beaucoup de Sénégalais ne le savent peut-être pas. Mais de 1960 à août 2009, départ de M. Yves Gounin, dernier titulaire du poste à qui on a attribué à tort la paternité de la réforme avortée du « ticket présidentiel» clouée au pilori par la révolte populaire du 23 juin 2011, c’est un citoyen français qui a toujours occupé le poste de Conseiller juridique des présidents Léopold S. Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Une circonstance aggravante. Parce que même si l’avis de Michel Aurillac a été déterminante en 1962, dans le choix du président Senghor de recourir à une motion de censure pour limoger le président du Conseil de Gouvernement, Mamadou Dia, jamais les prédécesseurs français de Ismaila Madior Fall n’ont occupé le devant de la scène, comme s’y emploie quasi méthodiquement l’actuel collaborateur du président Sall.
Le journaliste Madiambal Diagne a eu raison dans l’une de ses « chroniques du lundi » dans le journal « Le quotidien », de s’en prendre à ces « conseillers trop bavard » pour parler de Amsatou Sow Sidibé et Ismaila Madior Fall, entre autres. Le Constitutionnaliste, aussi brillant soit-il, est loin d’être la seule référence du domaine dans ce pays. Mais, ce qui pose le plus problème, ce sont ses postures politiques, voire politiciennes. Il alterne sorties médiatiques, « incursions » dans les pouvoirs judiciaire et/ou législatif. Ca été notamment le cas quand il annoncé d’avance que « le Conseil constitutionnel devrait se déclarer incompétent » au sujet de la saisine faite par 19 parlementaires au sujet du vote « entaché » de la réforme du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce qui avait parlé ? L’expert en droit constitutionnel ou le conseiller du Chef de l’Etat ?
Tous les ingrédients de ce que l’on appelle un mélange des genres, doublé d’un conflit d’intérêts, viciée de surcroît par une inacceptable immixtion dans une procédure judiciaire en cours, voire, un empiètement de l’’Exécutif dans les autres pouvoirs délimités, au même titre que lui, par la Charte fondamentale de notre pays. L’un dans l’autre, pas besoin d’être un expert du droit pour constater une entorse grave aux mœurs républicaines. Pr. Fall, théoricien des réformes constitutionnelles « consolidantes » et déconsolidantes » entrepris par le président Wade, dont il n’était pas aussi loin qu’on l’imagine.
La vocation d’un conseiller n’est pas de faire des coming-out dans des rencontres du genre, mais d’apporter dans la discrétion, l’expertise nécessaire à son patron dans la prise de décision. A ce que l’on sache, les responsables politiques peuvent s’en charger. D’autre part, le président de la République dispose d’un porte-parole et d’un Directeur de cabinet, tout comme le gouvernement de la République a un ministre en charge de relayer sa communication. Ces derniers sont tout à fait en mesure, de jure ou de facto, de rassurer les citoyens en des occasions solennelles ou opportunes. Faute de cela, la politique politicienne va noyer les questions, aussi importantes soient-elles, dans des querelles lilliputiennes, au grand détriment des intérêts supérieurs de la Nation.
Cheikh Lamane DIOP,
Journaliste, analyste politique
E-mail : lamanediop@gmail.com
Peu importe l’avis du ministre conseiller qui, dans une autre de ses saillies médiatiques, s’est permis de juger que cette commission, créée par décret, et composée d’éminents experts administratifs et juridiques, dont ceux qui ont formé M. Fall lui-même, a « outrepassé ses attributions ». Le président Amadou Makhtar Mbow, le doyen Seydou Madani Sy, Mme Maimouna Kane, M. Mamadou Lamine Loum et leurs camarades apprécieront l’indélicatesse. Plus préoccupant encore, la forme étant aussi importante que le fonds, les sorties « déconsolidantes » de son Conseiller juridique risquent de charrier des dégâts collatéraux non moins politiquement dévastateurs pour le président Sall, mais aussi pour la mise disposition sereine d’un texte de consensus.
1er Conseiller juridique de nationalité sénégalaise
Le professeur Fall aurait pourtant dû raison garder. Il est en effet le premier Sénégalais à occuper le poste de Conseiller juridique du président de la République depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale ; mais il est sans aucun doute le plus expansif. Beaucoup de Sénégalais ne le savent peut-être pas. Mais de 1960 à août 2009, départ de M. Yves Gounin, dernier titulaire du poste à qui on a attribué à tort la paternité de la réforme avortée du « ticket présidentiel» clouée au pilori par la révolte populaire du 23 juin 2011, c’est un citoyen français qui a toujours occupé le poste de Conseiller juridique des présidents Léopold S. Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Une circonstance aggravante. Parce que même si l’avis de Michel Aurillac a été déterminante en 1962, dans le choix du président Senghor de recourir à une motion de censure pour limoger le président du Conseil de Gouvernement, Mamadou Dia, jamais les prédécesseurs français de Ismaila Madior Fall n’ont occupé le devant de la scène, comme s’y emploie quasi méthodiquement l’actuel collaborateur du président Sall.
Le journaliste Madiambal Diagne a eu raison dans l’une de ses « chroniques du lundi » dans le journal « Le quotidien », de s’en prendre à ces « conseillers trop bavard » pour parler de Amsatou Sow Sidibé et Ismaila Madior Fall, entre autres. Le Constitutionnaliste, aussi brillant soit-il, est loin d’être la seule référence du domaine dans ce pays. Mais, ce qui pose le plus problème, ce sont ses postures politiques, voire politiciennes. Il alterne sorties médiatiques, « incursions » dans les pouvoirs judiciaire et/ou législatif. Ca été notamment le cas quand il annoncé d’avance que « le Conseil constitutionnel devrait se déclarer incompétent » au sujet de la saisine faite par 19 parlementaires au sujet du vote « entaché » de la réforme du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce qui avait parlé ? L’expert en droit constitutionnel ou le conseiller du Chef de l’Etat ?
Tous les ingrédients de ce que l’on appelle un mélange des genres, doublé d’un conflit d’intérêts, viciée de surcroît par une inacceptable immixtion dans une procédure judiciaire en cours, voire, un empiètement de l’’Exécutif dans les autres pouvoirs délimités, au même titre que lui, par la Charte fondamentale de notre pays. L’un dans l’autre, pas besoin d’être un expert du droit pour constater une entorse grave aux mœurs républicaines. Pr. Fall, théoricien des réformes constitutionnelles « consolidantes » et déconsolidantes » entrepris par le président Wade, dont il n’était pas aussi loin qu’on l’imagine.
La vocation d’un conseiller n’est pas de faire des coming-out dans des rencontres du genre, mais d’apporter dans la discrétion, l’expertise nécessaire à son patron dans la prise de décision. A ce que l’on sache, les responsables politiques peuvent s’en charger. D’autre part, le président de la République dispose d’un porte-parole et d’un Directeur de cabinet, tout comme le gouvernement de la République a un ministre en charge de relayer sa communication. Ces derniers sont tout à fait en mesure, de jure ou de facto, de rassurer les citoyens en des occasions solennelles ou opportunes. Faute de cela, la politique politicienne va noyer les questions, aussi importantes soient-elles, dans des querelles lilliputiennes, au grand détriment des intérêts supérieurs de la Nation.
Cheikh Lamane DIOP,
Journaliste, analyste politique
E-mail : lamanediop@gmail.com