Mène à tout, y compris à la flibusterie. Mais ce dernier vice, on en sort soit par la mort, soit par la taule. Et l’illustration nous en est donnée par la honteuse combine de deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, qui ont tenté de faire chanter le roi de Maroc. Les deux vrais journalises et incontestables escrocs offraient de renoncer à la publication d’un livre (Le roi prédateur – Main basse sur le Maroc) présenté comme compromettant contre le monarque chérifien et, en contrepartie, le roi Mohamed VI leur offrirait trois millions d’euros (1 milliard 965 millions de francs Cfa, environ).
A supposer que ces “informations compromettantes” soient avérées, devrait-on les taire, surtout pour de l’argent ? que fait-on du droit des publics (marocain et international) à les connaitre ? Si ces informations n’ont pas existé, le chantage se serait alors aggravé d’un bidonnage. Revendiquons avec beaucoup d’humilité notre appartenance à une profession si ouverte qu’elle sert de marchepied à des escogriffes de tout poil. Le journalisme mène vraiment à tout, y compris à une carrière de maitre chanteur et au risque de finir au trou comme un rat. Au Sénégal, la pratique de certains “journalistes” et leur propension au mélange des genres sont des exemples qui ne dépareraient guère le tableau “Laurent Graciet”...
Le journalisme mène à tout... à la gloire, comme à la déchéance ; à la pro- motion des causes nobles ou à celle du diable. Et c’est encore là qu’il convient de ressasser le mot du célèbre chroniqueur français, Jean-Claude Guillebaud, qui enseigne à ses étudiants que “pour bien pratiquer le journalisme, il faut le haïr” ; le haïr quand il peut vous mener à des activités annexes de maitre chanteur, de concussionnaire... Il y a de quoi avoir peur, par ces temps qui courent, en parcourant certains sites internet. Les déclarations qu’y font les diseurs d’avenir ne laissent pas d’inquiéter.
Par-ci, c’est l’astrologue Jean Fall qui prédit des “décès collec- tifs” (!?) au Sénégal et la mort à vingt- quatre heures d’intervalle l’une de l’autre des deux tamboursmajors Doudou Ndiaye Rose et Vieux Singhiame Faye ne serait que l’indice précurseur. Par-là, c’est un certain Baye Ada qui parle de “mon histoire avec les djinns” (sic)... Ces prédictions ne sont pas de nature à dissiper la superstition chez les Sénégalais très portés sur le surnaturel. Et cela n’arrange rien quand les médias amplifient tout ce qui mène à cette inclination. Tout fantaisistes que puis- sent être ou soient ces voyances alarmistes, les répandre ne nous semble plus être un travail d’information utile à ses destinataires.
C’est quoi des “décès collectifs” que les sacrifices ne pourraient pas conjurer ? Il y a quelque chose de concerté, de volontaire dans un acte collectif. Je ne pense pas que les Sénégalais en soient encore à décider à se donner la mort de manière volontaire ou suscitée comme le fut, le 18 novembre 1978, le suicide collectif à Johnstown en Guyana à l’instigation d’un gourou, Jim Jones, d’une secte fanatique. Plus c’est pittoresque et catastrophiste, plus la “révélation” accroche...
Déjà que la voyante nationale Selbé Ndom, notre pythie nationale, s’est signalée avec les visions devenues sa marque de fabrique : oui, c’est la presse qui a fabriqué cette Cassandre en lui offrant si généreusement un espace d’expression, faisant ainsi sa fortune et sa notoriété. Le journalisme mène aussi à cela, à offrir un canal de communication du catastrophisme. Post-scriptum : En déchirant, en public, un arrêté du préfet de Dakar interdisant une manifestation des partis de l’opposition, le coordonnateur du parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, a fourni à la presse une image du genre de celles qu’affectionne les journalistes et ce n’est pas sans violence : il est de plus en question de “dézinguer”, “démonter”, “tacler”, “déchirer”. “L’avocat déchire l’arrêté du préfet”, pour reprendre une tournure lue ces jours-ci dans les journaux)... alors que le lexique français offre quand même des termes plus euphémiques, moins heurtés.
Jean Meïssa Diop
A supposer que ces “informations compromettantes” soient avérées, devrait-on les taire, surtout pour de l’argent ? que fait-on du droit des publics (marocain et international) à les connaitre ? Si ces informations n’ont pas existé, le chantage se serait alors aggravé d’un bidonnage. Revendiquons avec beaucoup d’humilité notre appartenance à une profession si ouverte qu’elle sert de marchepied à des escogriffes de tout poil. Le journalisme mène vraiment à tout, y compris à une carrière de maitre chanteur et au risque de finir au trou comme un rat. Au Sénégal, la pratique de certains “journalistes” et leur propension au mélange des genres sont des exemples qui ne dépareraient guère le tableau “Laurent Graciet”...
Le journalisme mène à tout... à la gloire, comme à la déchéance ; à la pro- motion des causes nobles ou à celle du diable. Et c’est encore là qu’il convient de ressasser le mot du célèbre chroniqueur français, Jean-Claude Guillebaud, qui enseigne à ses étudiants que “pour bien pratiquer le journalisme, il faut le haïr” ; le haïr quand il peut vous mener à des activités annexes de maitre chanteur, de concussionnaire... Il y a de quoi avoir peur, par ces temps qui courent, en parcourant certains sites internet. Les déclarations qu’y font les diseurs d’avenir ne laissent pas d’inquiéter.
Par-ci, c’est l’astrologue Jean Fall qui prédit des “décès collec- tifs” (!?) au Sénégal et la mort à vingt- quatre heures d’intervalle l’une de l’autre des deux tamboursmajors Doudou Ndiaye Rose et Vieux Singhiame Faye ne serait que l’indice précurseur. Par-là, c’est un certain Baye Ada qui parle de “mon histoire avec les djinns” (sic)... Ces prédictions ne sont pas de nature à dissiper la superstition chez les Sénégalais très portés sur le surnaturel. Et cela n’arrange rien quand les médias amplifient tout ce qui mène à cette inclination. Tout fantaisistes que puis- sent être ou soient ces voyances alarmistes, les répandre ne nous semble plus être un travail d’information utile à ses destinataires.
C’est quoi des “décès collectifs” que les sacrifices ne pourraient pas conjurer ? Il y a quelque chose de concerté, de volontaire dans un acte collectif. Je ne pense pas que les Sénégalais en soient encore à décider à se donner la mort de manière volontaire ou suscitée comme le fut, le 18 novembre 1978, le suicide collectif à Johnstown en Guyana à l’instigation d’un gourou, Jim Jones, d’une secte fanatique. Plus c’est pittoresque et catastrophiste, plus la “révélation” accroche...
Déjà que la voyante nationale Selbé Ndom, notre pythie nationale, s’est signalée avec les visions devenues sa marque de fabrique : oui, c’est la presse qui a fabriqué cette Cassandre en lui offrant si généreusement un espace d’expression, faisant ainsi sa fortune et sa notoriété. Le journalisme mène aussi à cela, à offrir un canal de communication du catastrophisme. Post-scriptum : En déchirant, en public, un arrêté du préfet de Dakar interdisant une manifestation des partis de l’opposition, le coordonnateur du parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, a fourni à la presse une image du genre de celles qu’affectionne les journalistes et ce n’est pas sans violence : il est de plus en question de “dézinguer”, “démonter”, “tacler”, “déchirer”. “L’avocat déchire l’arrêté du préfet”, pour reprendre une tournure lue ces jours-ci dans les journaux)... alors que le lexique français offre quand même des termes plus euphémiques, moins heurtés.
Jean Meïssa Diop