L’exacerbation des particularismes identitaires qu’elles soient religieuse ou ethnique, la montée en puissance du racisme et de la xénophobie, le syndrome de l’introversion (repli sur soi) avaient fini d’installer une forme de terrorisme structurelle qui a manqué de peu de parachever ce processus de re tribalisation et de balkanisation du monde. Aujourd’hui, la planète, dans son ensemble, est gagné par ce terrorisme épidémique dont la source est ce virus infiniment petit, invisible à l’œil nu, insensible sauf peut-être symptomatiquement (à travers la personne atteinte).
Face à ce géant qu’est l’homme prétentieux et téméraire, le virus s’impose. Il déroute la science et se rit de nos performances médicales. De notre corps et de nos structures sociales, il érige fief.
Le covid-19 nous colonise, nous cloisonne. Il étend ses tentacules, nous asphyxie, nous étouffe et nous tue. Infiniment petit, invisible et présent partout, sur les loquets de nos portes, sur les portières de nos voitures, sur les rampes de nos escaliers, sous nos oreillers, dans nos rêves terrorisés, le virus nous nargue, et même du hublot de nos avions. Aussi, superpuissants, super intelligents que nous sommes, notre combat contre le covid-19 ne rappelle-t-il pas cet épisode biblique (et cité aussi dans le Coran) où David le plus petit des fils d’Isaï arrivera à bout du géant et courageux Goliath à l’aide d’un caillou lancé par une fronde ?
Dans ce sens, je demeure convaincu que nous ne vaincrons le covid-19 qu’en redevenant David : courageux mais humble, fort mais intelligent. Laissons le virus être Goliath –s’il ne l’est pas encore- suffisant et téméraire. De covid ( Da-vid) qu’il devienne coliath (Go-liath).
Par ailleurs, notre monde est devenu une grande société de consommation cosmétique où des objets aux idées, tout se périme à la seconde et se remplace à la minute suivante au gré des logiques de marchés et des stratégies commerciales. Et face à cette consommation de masse illimitée tout azimut, et parfois, incontrôlée, l’on craindrait même que notre société subisse de plein de fouet son overdose.
La configuration du monde nouveau est donc concevable sous le prisme contradictionnel des forts et des faibles, des rapides et des lents. Le gap est donc grand et serait à l’origine de beaucoup de désaccords, de malentendus de surinterprétations, de mésestimes ou de surestimes qui se conjugueraient à l’échelle planétaire parce que bien que divers et protéiforme, le monde est Un. Sa singularité se lit dans cette pluralité additionnelle et complémentaire.
Ainsi, ce monde du XXIe siècle, se révèle double et contradictoire sous le sceau de l’assurance et de l’espoir mais aussi de la peur et du vertige. En effet « Sans cloison, ni frontières, notre monde est riche de promesses et d’échange. La mondialisation favorise le progrès technologique et l’expansion du commerce. Mais elle accentue les écarts de développement, accélère la propagation du virus, dégrade l’environnement ». Le covid-19 s’est propagé à l’échelle planétaire.
Aussi, sommes-nous, effectivement, en guerre contre le covid-19. Mais une guerre « organisée » s’inscrit dans le cadre juridique et conventionnel défini par nous-mêmes à travers nos institutions internationales. Ainsi, parlera-t-on du Droit de la guerre. Tout acte allant à l’encontre de ces conventions définies est considéré comme crime de guerre et naturellement sanctionné. Nous avons, donc, défini la guerre comme un jeu avec ses règles et lois comme la lutte avec frappe au Sénégal, une forme de domestication de la violence humaine ou toute contravention serait sanctionnée par l’instance de régulation à savoir, le CNG.
Le terrorisme dans son exercice délictuel fait fi de ce droit de la guerre. Et, donc, notre ennemi d’aujourd’hui, l’infiniment petit, respecterait-il notre droit de la guerre. Aurait-il ratifié les conventions internationales ? Distingue-t-il le civil, du militaire. Que nenni !
Notre ennemi d’aujourd’hui est plus terrorisant, plus organisé, plus rapide et plus silencieux que ces tous ces groupes terroristes armés que nous avons connus récemment. Son organisation réside dans sa désorganisation, son instantanéité et sa sournoiserie. Sa capacité d’extermination se mesure à l’aune d’une progression silencieuse et vertigineuse et dans la complaisance à ne point distinguer ses victimes. Du pauvre au riche, de l’homme respecté et connu à l’anonyme, de l’homme d’Etat au citoyen lambda, du talibé au serigne, du médecin au patient, du saint au fangeux, de l’homme âgé à l’enfant encore innocent, de la femme enceinte au galopin insouciant, bref de l’Homme de quelque race qu’il soit, tout le monde y passe et trépasse. Le virus consacre l’égalité devant la mort. Le Covid-19 terrasse sa proie comme ces prédateurs que nous avons suivis dans nos documentaires ou nos films de science-fiction. Aussi, dans ce sens, ce virus serait le Mal ; ce virus est la mort ramenée à une temporalité réelle et à un état d’urgence psychotique.
Et l’on se demanderait même si, aujourd’hui, nous ne sommes pas en train de vivre de ces films de science-fiction que nous avons tant suivis, que nous avons tant produits. L’irréalité du virus réside dans sa capacité à anéantir tout ce que l’homme a jusque-là créé et à mettre à genoux toutes ces superpuissances mondiales qui ont misé sur la culture de la terreur en investissant sur des moyens militaires costauds ? La réalité de cet infiniment petit est sensible à travers ces milliers de morts de partout dans le monde. Que peuvent servir ces armes de destruction massives contre le Covid 19 ? La polémologie (science de la guerre) avait-elle prévu cette forme de guerre ?
N’avons-nous pas marché sur la lune ? Ne parlons-nous pas de Mars et des autres planètes comme si nous y avions été en villégiature ? N’avons-nous pas bravé mer et ciel pour asseoir notre suprématie ? Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête et sans réponse, mais la grande question secoue ma cervelle d’avide de science.
Et dans cette quête effrénée et permanente de connaissances et de découvertes, avons-nous cherché Dieu ? L’avons-nous trouvé ? L’ayant trouvé, l’avons-nous mis dans nos cœurs ? Dieu est d’abord Amour. N’avons-nous pas voulu l’installer dans nos têtes et, donc, créer un idéologisme exterminateur dont le terrorisme religieux de quelque bord qu’il soit, en est la forme la plus aboutie ? Et notre monde, serait-il vide de foi et de Dieu pour faire dire à Jean d’Ormesson « au début était Dieu. Et puis peu à peu, sa propre création [l’aura] refoulé. Elle l’aura trouvé pesant (…) absurde (…) et superfétatoire. Elle l’aura réduit à l’état (…) d’un de ces rêves d’enfant dont on se secoue au réveil dont on se débarrasse le matin à la clarté du soleil pour passer aux choses sérieuses : l’argent, le pouvoir, la révolution, le savoir » ?
Et, parce qu’Hommes, prétentieux et ignorants, bêtes et ignobles, imparfaits et insensés, n’avons-nous pas voulu remplacer dieu en se pensant « Maitre et possesseur de la Nature » trônant allégrement sur les miracles-mirages de notre rationalité devenue subitement démentielle ? La consistance du virus relève du microbiologique naturel et, pourtant infiniment petit, le covid-19 installe une psychose mondiale. Sa nature nous échappe.
Le covid-19 a ramené l’homme, ce spermatozoïde en devenir et futur cadavre en sursis, à une prise de conscience de son inconsistance et de sa faiblesse. Le microbe sape les formes de solidarité traditionnelle. Aujourd’hui, le confinement, l’isolement, le geste- barrière deviennent les nouvelles formes d’une solidarité préventive et salutaire qui permettent de penser à soi et aux autres en minimisant le risque de contagion et de propagation du virus. Dans ce sens, cette forme de solidarité nouvelle et imprévue pose quelques difficultés dans des sociétés comme la nôtre où le communautarisme est au cœur des structures sociales et des mentalités socio-idéologiques. Je ne puis exister sans l’autre alors que le confinement prône une certaine forme d’invidualisme. Mais, notre survie et notre victoire sur ce tueur silencieux et sournois résidera dans notre capacité à transcender ces barrières culturelles et à rester chez nous !
Dr. Ahmadou Bamba Ka
Face à ce géant qu’est l’homme prétentieux et téméraire, le virus s’impose. Il déroute la science et se rit de nos performances médicales. De notre corps et de nos structures sociales, il érige fief.
Le covid-19 nous colonise, nous cloisonne. Il étend ses tentacules, nous asphyxie, nous étouffe et nous tue. Infiniment petit, invisible et présent partout, sur les loquets de nos portes, sur les portières de nos voitures, sur les rampes de nos escaliers, sous nos oreillers, dans nos rêves terrorisés, le virus nous nargue, et même du hublot de nos avions. Aussi, superpuissants, super intelligents que nous sommes, notre combat contre le covid-19 ne rappelle-t-il pas cet épisode biblique (et cité aussi dans le Coran) où David le plus petit des fils d’Isaï arrivera à bout du géant et courageux Goliath à l’aide d’un caillou lancé par une fronde ?
Dans ce sens, je demeure convaincu que nous ne vaincrons le covid-19 qu’en redevenant David : courageux mais humble, fort mais intelligent. Laissons le virus être Goliath –s’il ne l’est pas encore- suffisant et téméraire. De covid ( Da-vid) qu’il devienne coliath (Go-liath).
Par ailleurs, notre monde est devenu une grande société de consommation cosmétique où des objets aux idées, tout se périme à la seconde et se remplace à la minute suivante au gré des logiques de marchés et des stratégies commerciales. Et face à cette consommation de masse illimitée tout azimut, et parfois, incontrôlée, l’on craindrait même que notre société subisse de plein de fouet son overdose.
La configuration du monde nouveau est donc concevable sous le prisme contradictionnel des forts et des faibles, des rapides et des lents. Le gap est donc grand et serait à l’origine de beaucoup de désaccords, de malentendus de surinterprétations, de mésestimes ou de surestimes qui se conjugueraient à l’échelle planétaire parce que bien que divers et protéiforme, le monde est Un. Sa singularité se lit dans cette pluralité additionnelle et complémentaire.
Ainsi, ce monde du XXIe siècle, se révèle double et contradictoire sous le sceau de l’assurance et de l’espoir mais aussi de la peur et du vertige. En effet « Sans cloison, ni frontières, notre monde est riche de promesses et d’échange. La mondialisation favorise le progrès technologique et l’expansion du commerce. Mais elle accentue les écarts de développement, accélère la propagation du virus, dégrade l’environnement ». Le covid-19 s’est propagé à l’échelle planétaire.
Aussi, sommes-nous, effectivement, en guerre contre le covid-19. Mais une guerre « organisée » s’inscrit dans le cadre juridique et conventionnel défini par nous-mêmes à travers nos institutions internationales. Ainsi, parlera-t-on du Droit de la guerre. Tout acte allant à l’encontre de ces conventions définies est considéré comme crime de guerre et naturellement sanctionné. Nous avons, donc, défini la guerre comme un jeu avec ses règles et lois comme la lutte avec frappe au Sénégal, une forme de domestication de la violence humaine ou toute contravention serait sanctionnée par l’instance de régulation à savoir, le CNG.
Le terrorisme dans son exercice délictuel fait fi de ce droit de la guerre. Et, donc, notre ennemi d’aujourd’hui, l’infiniment petit, respecterait-il notre droit de la guerre. Aurait-il ratifié les conventions internationales ? Distingue-t-il le civil, du militaire. Que nenni !
Notre ennemi d’aujourd’hui est plus terrorisant, plus organisé, plus rapide et plus silencieux que ces tous ces groupes terroristes armés que nous avons connus récemment. Son organisation réside dans sa désorganisation, son instantanéité et sa sournoiserie. Sa capacité d’extermination se mesure à l’aune d’une progression silencieuse et vertigineuse et dans la complaisance à ne point distinguer ses victimes. Du pauvre au riche, de l’homme respecté et connu à l’anonyme, de l’homme d’Etat au citoyen lambda, du talibé au serigne, du médecin au patient, du saint au fangeux, de l’homme âgé à l’enfant encore innocent, de la femme enceinte au galopin insouciant, bref de l’Homme de quelque race qu’il soit, tout le monde y passe et trépasse. Le virus consacre l’égalité devant la mort. Le Covid-19 terrasse sa proie comme ces prédateurs que nous avons suivis dans nos documentaires ou nos films de science-fiction. Aussi, dans ce sens, ce virus serait le Mal ; ce virus est la mort ramenée à une temporalité réelle et à un état d’urgence psychotique.
Et l’on se demanderait même si, aujourd’hui, nous ne sommes pas en train de vivre de ces films de science-fiction que nous avons tant suivis, que nous avons tant produits. L’irréalité du virus réside dans sa capacité à anéantir tout ce que l’homme a jusque-là créé et à mettre à genoux toutes ces superpuissances mondiales qui ont misé sur la culture de la terreur en investissant sur des moyens militaires costauds ? La réalité de cet infiniment petit est sensible à travers ces milliers de morts de partout dans le monde. Que peuvent servir ces armes de destruction massives contre le Covid 19 ? La polémologie (science de la guerre) avait-elle prévu cette forme de guerre ?
N’avons-nous pas marché sur la lune ? Ne parlons-nous pas de Mars et des autres planètes comme si nous y avions été en villégiature ? N’avons-nous pas bravé mer et ciel pour asseoir notre suprématie ? Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête et sans réponse, mais la grande question secoue ma cervelle d’avide de science.
Et dans cette quête effrénée et permanente de connaissances et de découvertes, avons-nous cherché Dieu ? L’avons-nous trouvé ? L’ayant trouvé, l’avons-nous mis dans nos cœurs ? Dieu est d’abord Amour. N’avons-nous pas voulu l’installer dans nos têtes et, donc, créer un idéologisme exterminateur dont le terrorisme religieux de quelque bord qu’il soit, en est la forme la plus aboutie ? Et notre monde, serait-il vide de foi et de Dieu pour faire dire à Jean d’Ormesson « au début était Dieu. Et puis peu à peu, sa propre création [l’aura] refoulé. Elle l’aura trouvé pesant (…) absurde (…) et superfétatoire. Elle l’aura réduit à l’état (…) d’un de ces rêves d’enfant dont on se secoue au réveil dont on se débarrasse le matin à la clarté du soleil pour passer aux choses sérieuses : l’argent, le pouvoir, la révolution, le savoir » ?
Et, parce qu’Hommes, prétentieux et ignorants, bêtes et ignobles, imparfaits et insensés, n’avons-nous pas voulu remplacer dieu en se pensant « Maitre et possesseur de la Nature » trônant allégrement sur les miracles-mirages de notre rationalité devenue subitement démentielle ? La consistance du virus relève du microbiologique naturel et, pourtant infiniment petit, le covid-19 installe une psychose mondiale. Sa nature nous échappe.
Le covid-19 a ramené l’homme, ce spermatozoïde en devenir et futur cadavre en sursis, à une prise de conscience de son inconsistance et de sa faiblesse. Le microbe sape les formes de solidarité traditionnelle. Aujourd’hui, le confinement, l’isolement, le geste- barrière deviennent les nouvelles formes d’une solidarité préventive et salutaire qui permettent de penser à soi et aux autres en minimisant le risque de contagion et de propagation du virus. Dans ce sens, cette forme de solidarité nouvelle et imprévue pose quelques difficultés dans des sociétés comme la nôtre où le communautarisme est au cœur des structures sociales et des mentalités socio-idéologiques. Je ne puis exister sans l’autre alors que le confinement prône une certaine forme d’invidualisme. Mais, notre survie et notre victoire sur ce tueur silencieux et sournois résidera dans notre capacité à transcender ces barrières culturelles et à rester chez nous !
Dr. Ahmadou Bamba Ka