Le 25 mars 2012, le Sénégal a connu sa deuxième alternance politique. Une nouvelle page s’ouvre. Les scrutins présidentiels ont porté Macky Sall à la tête de la République et les Sénégalais respirent après avoir frôlé le pire. Après des moments de tensions, de violences et d’instabilités sociopolitiques, la démocratie sénégalaise s’est consolidée davantage.
A un an, il serait certes très difficile de faire le bilan de tout un régime élu pour 5 ans. Mais vu les faits qui se sont passés, on pouvait se permettre de donner son impression. Dans tous les domaines, on remarque parfois des avancées, des réalisations, parfois on note des lacunes, des hésitations ou des failles.
Sur le plan politique, des réformes ont été faites. En effet, d’une quarantaine de ministres, on passe à 25 avant d’atteindre la trentaine. Un seul remaniement ministériel, un démissionnaire et quelques rajustements sont notés dans l’organisation ministérielle durant ces douze mois. Les élections législatives du 1er juillet ont donné 119 députés à la coalition présidentielle. Mais le choix du président de l’Assemblée nationale a failli semer des tensions au sein de cette alliance. Le choc des Moustapha a montré la face cachée de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Le nouveau fait politique sous l’ère Macky Sall, c’est la décentralisation du conseil des ministres. En effet, durant une année, cinq régions ont abrité déjà ce conseil. Un certain nombre de promesses sont prises, mais leur réalisation tarde toujours à être effective. S’agit-il donc d’une nouvelle stratégie de clientélisation politique ou d’une simple volonté d’accueillir les doléances des populations locales ? Le temps dira.
La traque des biens dits mal acquis et la lutte contre l’enrichissement illicite constituent l’actualité politique phare. Ainsi, une cours de répression de l’enrichissement illicite est mise sur pied et un procureur spécial nommé pour poursuivre les anciens dignitaires du régime libéral. Des enquêtes qui ont pourtant suscité un dysfonctionnement communicationnel dans le camp présidentiel notamment sur une éventuelle médiation pénale. C’est entre Maître el Hadj Diouf et Abdoulatif Coulibaly avant que le ministre de la justice Aminata Touré et le président de la République ne réagissent.
Toujours durant cette année, un autre fait politique a été marquant. C’est la fameuse motion de censure qui a été introduite par les Libéraux puis rejetée par la majorité parlementaire.
Sur le plan socio-économique, des hauts et des bas ont été notés. En effet, en arrivant au pouvoir, Macky a diminué le prix de quelques denrées de première nécessité, mais les coupures de l’électricité ont repris de plus belle. La rareté des bonbonnes de gaz ont fait souffrir des ménagères et les inondations restent une principale préoccupation de la société sénégalaise. La couverture médicale universelle et la protection civile ont été des préoccupations du régime de Macky Sall. L’Etat s’était engagé à faire en sorte qu’au moins 50 mille familles vulnérables bénéficient de la bourse de sécurité familiale, (d’un montant de 100.000 francs annuel), mais les bénéficiaires attendent toujours.
Toutefois, la promesse du président d’employer plus de 5 mille jeunes dans la fonction publique cette année a soulagé les diplômés, même si d’autres ont jugé cet acte d’une autre manière de remplir les fonds du trésor public. En tout cas, chaque candidat décaisse au moins une somme de 2 mille francs pour disposer de tous les dossiers requis.
L’Etat sénégalais a aussi pris des actes considérables dans le domaine agricole. En effet, de 135 FCFA, le prix de l’arachide est passé à 190 FCFA. Mais il ne s’en arrête pas là. Le marché a été ouvert aux opérateurs économiques étrangers.
Toujours dans le domaine social, des catastrophes naturelles ont été à l’origine d’un certain nombre de mesures. L’incendie survenu à la Médina et emportant 9 âmes ont poussé le président de la République à réagir. Ainsi de l’interdiction de la mendicité, on passe au recasement des Daaras, suite à une forte pression de religieux et de la société civile.
Sur le plan sportif, toujours le même constat. Une lutte qui se démarque de plus en plus de son statut traditionnel, un basket qui tente de sortir la tête de l’eau, et un football qui traverse une très mauvaise passe. En effet, le 13 octobre passé, les lions s’étaient vus humiliés, privés de la 29e coupe d’Afrique des nations, et chassés de leur « Véranda » par Drogba et ses coéquipiers. Suite aux incidents survenus ce jour là au stade Léopold Senghor, ce dernier a été suspendu et les lions sont obligés de défendre les couleurs nationales en dehors de la nation.
Dans le domaine de la santé, il n’y a pas de grands changements. Parfois, des hôpitaux comme Abbas Ndao deviennent plus « malades» que leurs patients, et des syndicats de santé se font entendre dans les médias. Toutefois,
Concernant le secteur éducatif, c’est du un pas en avant, un pas en arrière. Certes, l’année académique 2011-2012 a été sauvée. Mais les résultats sont toujours là. Le primaire, le secondaire et le moyen souffrent tandis que le supérieur grelotte. Des concertations nationales sont prévues pour sauver les universités, l’Etat s’est aussi engagé à insérer un nombre important de nouveaux bacheliers non orientés dans les écoles de formation privée reconnues par le CAMES, mais les problèmes sont loin d’être résolus. Si des étudiants ont marché des centaines de kilomètres, d’autres ont tenté de s’immoler par le feu et d’autres encore ont observé une grève de la faim pour crier leur rat de bol. Beaucoup d’entre eux sont victimes du fameux système LMD et d’autres veulent être insérés dans la fonction publique.
Pour ce qui concerne la justice, beaucoup de changements sont notés. D’aucuns parlent même d’un début de la fin de l’impunité. En tout cas, plusieurs « BOROM DARADJAS » sont actuellement victimes de la sévérité de la justice sénégalaise. Un promoteur de lutte, des journalistes, et beaucoup d’autres hommes politiques sont actuellement mis en garde en vue. La détention du guide des Thiantacounes depuis le meurtre de ses deux talibés, survenu le 22 avril dernier à Keur Samba Laobé constitue aussi un fait marquant dans le secteur de la justice, même si Cheikh Béthio Thioune a finalement obtenu une liberté provisoire suite à une maladie. A cela, on ajoute la volonté manifeste de la part de la justice de retrouver tous les biens présumés mal acquis.
Sur le plan diplomatique, une légère avancée est notée. En effet, après une mésentente avec la Gambie suite à la condamnation à mort de certains sénégalais, d’autres faits sont venus apaiser ces tensions diplomatiques entre ces deux pays. C’est la participation de Yaya Dameh à la libération de 8 otages du MFDC. Ensuite, d’A.B.C, Macky est arrivé à M.N. Dans le Abdoul 2, Mankeur Ndiaye est mis à la tête du ministère des Affaires Etrangères. Les deux visites du président à son homologue Français et la venue du président François Hollande au Sénégal justifient la coopération entre Dakar et Paris. Mais aussi, les visites successives des présidents Malien, et Libanais, mais aussi du roi Marocain constituent une fois de plus la justification de l’ouverture diplomatique du Sénégal dans le monde entier.
Voilà, ça fait un an déjà que Macky Sall prend les destinées du pays. Des changements ou réformes voire des avancées dans certains secteurs, des retards dans d’autres domaines, mais le chemin est long. Certains se disent satisfaits déjà, d’autres manifestent leur déception, et d’autres encore continuent de patienter. N’est-ce pas la règle normale des choses...
Salla GUEYE
Etudiant Chercheur en Science Politique à l’UGB
gueye.salla@yahoo.fr
A un an, il serait certes très difficile de faire le bilan de tout un régime élu pour 5 ans. Mais vu les faits qui se sont passés, on pouvait se permettre de donner son impression. Dans tous les domaines, on remarque parfois des avancées, des réalisations, parfois on note des lacunes, des hésitations ou des failles.
Sur le plan politique, des réformes ont été faites. En effet, d’une quarantaine de ministres, on passe à 25 avant d’atteindre la trentaine. Un seul remaniement ministériel, un démissionnaire et quelques rajustements sont notés dans l’organisation ministérielle durant ces douze mois. Les élections législatives du 1er juillet ont donné 119 députés à la coalition présidentielle. Mais le choix du président de l’Assemblée nationale a failli semer des tensions au sein de cette alliance. Le choc des Moustapha a montré la face cachée de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Le nouveau fait politique sous l’ère Macky Sall, c’est la décentralisation du conseil des ministres. En effet, durant une année, cinq régions ont abrité déjà ce conseil. Un certain nombre de promesses sont prises, mais leur réalisation tarde toujours à être effective. S’agit-il donc d’une nouvelle stratégie de clientélisation politique ou d’une simple volonté d’accueillir les doléances des populations locales ? Le temps dira.
La traque des biens dits mal acquis et la lutte contre l’enrichissement illicite constituent l’actualité politique phare. Ainsi, une cours de répression de l’enrichissement illicite est mise sur pied et un procureur spécial nommé pour poursuivre les anciens dignitaires du régime libéral. Des enquêtes qui ont pourtant suscité un dysfonctionnement communicationnel dans le camp présidentiel notamment sur une éventuelle médiation pénale. C’est entre Maître el Hadj Diouf et Abdoulatif Coulibaly avant que le ministre de la justice Aminata Touré et le président de la République ne réagissent.
Toujours durant cette année, un autre fait politique a été marquant. C’est la fameuse motion de censure qui a été introduite par les Libéraux puis rejetée par la majorité parlementaire.
Sur le plan socio-économique, des hauts et des bas ont été notés. En effet, en arrivant au pouvoir, Macky a diminué le prix de quelques denrées de première nécessité, mais les coupures de l’électricité ont repris de plus belle. La rareté des bonbonnes de gaz ont fait souffrir des ménagères et les inondations restent une principale préoccupation de la société sénégalaise. La couverture médicale universelle et la protection civile ont été des préoccupations du régime de Macky Sall. L’Etat s’était engagé à faire en sorte qu’au moins 50 mille familles vulnérables bénéficient de la bourse de sécurité familiale, (d’un montant de 100.000 francs annuel), mais les bénéficiaires attendent toujours.
Toutefois, la promesse du président d’employer plus de 5 mille jeunes dans la fonction publique cette année a soulagé les diplômés, même si d’autres ont jugé cet acte d’une autre manière de remplir les fonds du trésor public. En tout cas, chaque candidat décaisse au moins une somme de 2 mille francs pour disposer de tous les dossiers requis.
L’Etat sénégalais a aussi pris des actes considérables dans le domaine agricole. En effet, de 135 FCFA, le prix de l’arachide est passé à 190 FCFA. Mais il ne s’en arrête pas là. Le marché a été ouvert aux opérateurs économiques étrangers.
Toujours dans le domaine social, des catastrophes naturelles ont été à l’origine d’un certain nombre de mesures. L’incendie survenu à la Médina et emportant 9 âmes ont poussé le président de la République à réagir. Ainsi de l’interdiction de la mendicité, on passe au recasement des Daaras, suite à une forte pression de religieux et de la société civile.
Sur le plan sportif, toujours le même constat. Une lutte qui se démarque de plus en plus de son statut traditionnel, un basket qui tente de sortir la tête de l’eau, et un football qui traverse une très mauvaise passe. En effet, le 13 octobre passé, les lions s’étaient vus humiliés, privés de la 29e coupe d’Afrique des nations, et chassés de leur « Véranda » par Drogba et ses coéquipiers. Suite aux incidents survenus ce jour là au stade Léopold Senghor, ce dernier a été suspendu et les lions sont obligés de défendre les couleurs nationales en dehors de la nation.
Dans le domaine de la santé, il n’y a pas de grands changements. Parfois, des hôpitaux comme Abbas Ndao deviennent plus « malades» que leurs patients, et des syndicats de santé se font entendre dans les médias. Toutefois,
Concernant le secteur éducatif, c’est du un pas en avant, un pas en arrière. Certes, l’année académique 2011-2012 a été sauvée. Mais les résultats sont toujours là. Le primaire, le secondaire et le moyen souffrent tandis que le supérieur grelotte. Des concertations nationales sont prévues pour sauver les universités, l’Etat s’est aussi engagé à insérer un nombre important de nouveaux bacheliers non orientés dans les écoles de formation privée reconnues par le CAMES, mais les problèmes sont loin d’être résolus. Si des étudiants ont marché des centaines de kilomètres, d’autres ont tenté de s’immoler par le feu et d’autres encore ont observé une grève de la faim pour crier leur rat de bol. Beaucoup d’entre eux sont victimes du fameux système LMD et d’autres veulent être insérés dans la fonction publique.
Pour ce qui concerne la justice, beaucoup de changements sont notés. D’aucuns parlent même d’un début de la fin de l’impunité. En tout cas, plusieurs « BOROM DARADJAS » sont actuellement victimes de la sévérité de la justice sénégalaise. Un promoteur de lutte, des journalistes, et beaucoup d’autres hommes politiques sont actuellement mis en garde en vue. La détention du guide des Thiantacounes depuis le meurtre de ses deux talibés, survenu le 22 avril dernier à Keur Samba Laobé constitue aussi un fait marquant dans le secteur de la justice, même si Cheikh Béthio Thioune a finalement obtenu une liberté provisoire suite à une maladie. A cela, on ajoute la volonté manifeste de la part de la justice de retrouver tous les biens présumés mal acquis.
Sur le plan diplomatique, une légère avancée est notée. En effet, après une mésentente avec la Gambie suite à la condamnation à mort de certains sénégalais, d’autres faits sont venus apaiser ces tensions diplomatiques entre ces deux pays. C’est la participation de Yaya Dameh à la libération de 8 otages du MFDC. Ensuite, d’A.B.C, Macky est arrivé à M.N. Dans le Abdoul 2, Mankeur Ndiaye est mis à la tête du ministère des Affaires Etrangères. Les deux visites du président à son homologue Français et la venue du président François Hollande au Sénégal justifient la coopération entre Dakar et Paris. Mais aussi, les visites successives des présidents Malien, et Libanais, mais aussi du roi Marocain constituent une fois de plus la justification de l’ouverture diplomatique du Sénégal dans le monde entier.
Voilà, ça fait un an déjà que Macky Sall prend les destinées du pays. Des changements ou réformes voire des avancées dans certains secteurs, des retards dans d’autres domaines, mais le chemin est long. Certains se disent satisfaits déjà, d’autres manifestent leur déception, et d’autres encore continuent de patienter. N’est-ce pas la règle normale des choses...
Salla GUEYE
Etudiant Chercheur en Science Politique à l’UGB
gueye.salla@yahoo.fr