La République du Sénégal est elle tombée si bas pour qu’un ministre se permette une sortie aussi infamante que celle de monsieur Mbagnick Ndiaye, chargé de la culture et de la communication dans le nouveau gouvernement dirigé par monsieur Mouhamed Dionne ?
Ce qui est sûr, c’est que ses propos tenus lors de la cérémonie de passation de service avec le nouveau ministre des sports sont révélateurs de cette atmosphère monarchique qui règne au palais et qui a été déjà décriée par tous les patriotes de ce pays.
Cette sortie, digne d’un tremblement de terre, laisse aujourd’hui perplexes les sénégalais sur le choix qu’ils ont porté, il y a un peu plus de deux ans, sur le candidat Macky Sall pour présider aux destinés de notre nation. En effet, au rythme où se font les remaniements et les révélations, il est permis de se demander qui a été élu Président de la République: Macky Sall ou sa dame Marième Faye.
La formation du gouvernement Mouhamed Dionne avait suscité toutes les interrogations autour de l’autorité régentant véritablement le pays de téranga. Dès que la liste des ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat fut communiquée avec autant de tâtonnements et de cafouillages enregistrés, nombreux étaient les observateurs, qui ont indexé la main de la première dame derrière le nom de beaucoup d’entre eux. Ce n’est donc qu’un secret de polichinelle que cet attelage porte bel et bien la marque de Marième Faye.
Maintenant que monsieur le Ministre de la culture et de la communication vient, en termes clairs, de nous donner la preuve parfaite de ce qui n’était jusqu’à présent que soupçon, n’avons nous pas la permission et même l’obligation de nous arrêter un instant, au nom de la REPUBLIQUE, pour nous poser la bonne question comme dans un célèbre titre de film : « Ya t-il un pilote dans l’avion ? »
Cette question est d’autant plus cruciale, qu’à l’analyse des différents gouvernements qui se sont déjà succédés sous l’ère Macky Sall, il en ressort une instabilité qui frise le chaos. A mi-mandat des 5 ans annoncés, le Président a travaillé avec trois premiers ministres, quatre directeurs de cabinet et quatre-vingt-dix ministres, selon " Nouvel horizon" . Cette valse n’est pas un hasard.
De fortes personnalités tels Alioune Badara Cissé et Abdou Mbaye, pour ne citer que ceux-là, ont, à la vérité, trop tôt quitté l’exécutif pour ce qu’ils représentaient aussi bien dans l’entourage que dans l’envergure du tenant du yonou yokkouté.
Le premier est considéré comme le géniteur devenu coordonnateur national d’un parti qui a porté l’espoir de tout un peuple et s’est avéré le compagnon le plus combatif et le plus convaincant d’un candidat vite adulé et plébiscité. Le second offrait le profil du parfait architecte rassembleur autour du slogan « gagner ensemble, gouverner ensemble ». A nos jours, les départs du premier comme du second de l’appareil gouvernemental ne sont pas objectivement et clairement justifiés.
Pire, l’éviction de ABC a précipité le parti présidentiel dans un abîme profond alors que la destitution de Abdoul Mbaye a fait dérailler le train du véritable développement.
Cette preuve par Mbagnick est, à notre avis, explicative de toutes ces incohérences et de tous ces errements qui peuplent ce qui devait rester une « gouvernance sobre et vertueuse ». A l’évidence, Macky n’a pas les rênes du pouvoir. Il n’est sous l’emprise ni de la patrie (ce pays va mal), ni du parti (il dégage tous ses partisans) mais sûrement de Marième.
Monsieur le Président, de grâce, pour le bien de la patrie, reprenez le pouvoir.
Mbagnick Diouf
Responsable APR à Saint-louis