Le « Lamb» est notre sport national, celui qui nous est cher. Comme on dit, « DIEGAANI WU ÑUKO FENN». Ce sport se pratiquait jadis dans les villages, au moment de la descente des champs. C’était vraiment un jeu qui permettait aux jeunes paysans de se regrouper après une dure journée de labour. Mais aujourd’hui, bien que le « Lamb mbapat » se pratique toujours dans certaines localités, on est assiste de plus en plus à la montée en puissance de la lutte avec frappe.
Cette dernière est devenue de nos jours au Sénégal le sport le plus affluent. La lutte est aujourd’hui à la mode. Les lutteurs sont devenus désormais les V.I.P, les nouvelles stars de la société sénégalaise. Les professeurs ne sont plus les idoles des jeunes, les modèles sont les lutteurs. C’est d’ailleurs eux qui font les publicités à la télévision, c’est leurs portraits qui sont fixés dans les chambres des élèves, des étudiants et même dans les bureaux des secrétaires voire des chefs d’entreprise. La lutte est partout d’actualité, elle se discute dans les usines, dans les cours des écoles, au niveau des marchés…
Mais, le bilan de la saison précédente laisse apparaître une équation qui nécessite une résolution rapide et immédiate. Cette équation à « 200 » inconnus est en train de faire porter une autre casquette à l’arène sénégalaise. En effet, le « sang » est en train de salir l’image de la lutte. Trop de sang coulent chaque dimanche. Les belles techniques telles que le Thiaxabal, le gal gal et le mboot, ont cédé la place aux « yoobou ardo », au KO. Mais, ceci est d’autant plus logique, car beaucoup d’argent circulent maintenant dans la lutte. Les lutteurs perçoivent des millions de francs CFA, et ils disposent donc des moyens d’aller jusqu’en Europe ou aux Etats Unis pour soulever des centaines de kilos, courir des kilomètres, apprendre à boxer ou à cogner l’adversaire. Donc, il est évident que le sang sorte le jour du combat. Le Lamb national est en train de devenir de la Box voire du catch national. Alors, pourrait-on se permettre d‘affirmer que trop d’argent a tué la lutte ? Ce qui est sûr, c’est que cet argent qui est à l’origine des batailles mystiques. En outre, quand on parle du sang qui coule, on ne pense pas seulement aux deux combattants, on fait aussi allusion aux violences avant, pendant et après les combats de luttes, dans les stades, et en dehors des arènes. Cette tentative de modernisation de la lutte a tout simplement conduit à sa dénaturation.
En effet, les face to face nouvellement inventés avant et après les combats sont sources de violence. Ainsi, pendant que les «V.I.P» se font face à face, des dizaines de Sénégalais, la plupart des jeunes se bigarrent dans les rues. Histoire de fans ou simplement manifestation de folie ? En tout cas le trop déborde. On remarque également que la lutte n’est plus une affaire personnelle, c’est devenu maintenant une affaire de quartier, de villes, de régions, ou d’ethnies. C’est pourquoi, quand une affiche est montée pikinois et «parcellois» se mettent en garde, l’habitant de Fass et celui de Guédiawaye s’entretuent, le Mbourois insulte l’habitant de Joal. C’est ce nouveau facteur identitaire crée à travers la lutte qui conduit malheureusement à une division implicite de la société. Où est donc la sportivité ? Pourtant, au paravent, le Lamb était un moyen de rassembler les peuples, de consolider les liens de fraternité.
L’autre inconnu à rechercher c’est le « sans » verdict. Ainsi, même s’il y a pour la plupart du temps un vainqueur et un vaincu, il n’en demeure pas moins que la lutte perd sa saveur. Les décisions arbitrales ou les verdicts par décision du médecin sont aujourd’hui fréquentes. Malheureusement, c’est le combat qu’on croyait le meilleur de l’année, où on allait peut être, assister à de bons spectacles, qui finit le plus souvent par une décision du médecin. Les contestations et les recours sont de plus en plus nombreux. La lutte n’est plus ce qu’elle était. Qui en est le principal perdant ? Ce n’est ni le lutteur qui a déjà encaissé ses millions, ni le promoteur, mais c’est l’amateur. Cet amoureux de la lutte qui, malgré tout, se dépossède de ses 5.000 ou 10.000f pour assister au combat. Qu’est-ce qui osait dire que le combat Modou-Gris Bordeaux allait se terminer ainsi ? Qu’est-ce qui croyait que le combat Tapha Tine Bombardier allait être tranché par le médecin ? Même les touss, les baks et toutes les sortes de spectacles qui rythmaient les stades le jour des combats, ne se font plus correctement. Rares sont aujourd’hui les lutteurs qui font du touss traditionnel. La plupart d’entre eux ont tendance à danser du mbalakh.
Le CNG a donc du travail à faire. Il est temps que les règlements soient revus. Il est temps de recadrer notre sport national. En voulant très bien faire, on risque tout simplement de tout défaire. Ces évènements nouveaux qui ne sont rien d’autre que des sources de violence doivent être évités. Car, si un sport va jusqu’à diviser le peuple, semer la violence sans pour autant satisfaire les amateurs, je pense qu’il doit être mis en question. N’hésitez pas à situer les responsabilités, à sanctionner si nécessaire. Agissez avant que la lutte ne meure!
Salla GUEYE, étudiant en Science politique à l’UGB
Cette dernière est devenue de nos jours au Sénégal le sport le plus affluent. La lutte est aujourd’hui à la mode. Les lutteurs sont devenus désormais les V.I.P, les nouvelles stars de la société sénégalaise. Les professeurs ne sont plus les idoles des jeunes, les modèles sont les lutteurs. C’est d’ailleurs eux qui font les publicités à la télévision, c’est leurs portraits qui sont fixés dans les chambres des élèves, des étudiants et même dans les bureaux des secrétaires voire des chefs d’entreprise. La lutte est partout d’actualité, elle se discute dans les usines, dans les cours des écoles, au niveau des marchés…
Mais, le bilan de la saison précédente laisse apparaître une équation qui nécessite une résolution rapide et immédiate. Cette équation à « 200 » inconnus est en train de faire porter une autre casquette à l’arène sénégalaise. En effet, le « sang » est en train de salir l’image de la lutte. Trop de sang coulent chaque dimanche. Les belles techniques telles que le Thiaxabal, le gal gal et le mboot, ont cédé la place aux « yoobou ardo », au KO. Mais, ceci est d’autant plus logique, car beaucoup d’argent circulent maintenant dans la lutte. Les lutteurs perçoivent des millions de francs CFA, et ils disposent donc des moyens d’aller jusqu’en Europe ou aux Etats Unis pour soulever des centaines de kilos, courir des kilomètres, apprendre à boxer ou à cogner l’adversaire. Donc, il est évident que le sang sorte le jour du combat. Le Lamb national est en train de devenir de la Box voire du catch national. Alors, pourrait-on se permettre d‘affirmer que trop d’argent a tué la lutte ? Ce qui est sûr, c’est que cet argent qui est à l’origine des batailles mystiques. En outre, quand on parle du sang qui coule, on ne pense pas seulement aux deux combattants, on fait aussi allusion aux violences avant, pendant et après les combats de luttes, dans les stades, et en dehors des arènes. Cette tentative de modernisation de la lutte a tout simplement conduit à sa dénaturation.
En effet, les face to face nouvellement inventés avant et après les combats sont sources de violence. Ainsi, pendant que les «V.I.P» se font face à face, des dizaines de Sénégalais, la plupart des jeunes se bigarrent dans les rues. Histoire de fans ou simplement manifestation de folie ? En tout cas le trop déborde. On remarque également que la lutte n’est plus une affaire personnelle, c’est devenu maintenant une affaire de quartier, de villes, de régions, ou d’ethnies. C’est pourquoi, quand une affiche est montée pikinois et «parcellois» se mettent en garde, l’habitant de Fass et celui de Guédiawaye s’entretuent, le Mbourois insulte l’habitant de Joal. C’est ce nouveau facteur identitaire crée à travers la lutte qui conduit malheureusement à une division implicite de la société. Où est donc la sportivité ? Pourtant, au paravent, le Lamb était un moyen de rassembler les peuples, de consolider les liens de fraternité.
L’autre inconnu à rechercher c’est le « sans » verdict. Ainsi, même s’il y a pour la plupart du temps un vainqueur et un vaincu, il n’en demeure pas moins que la lutte perd sa saveur. Les décisions arbitrales ou les verdicts par décision du médecin sont aujourd’hui fréquentes. Malheureusement, c’est le combat qu’on croyait le meilleur de l’année, où on allait peut être, assister à de bons spectacles, qui finit le plus souvent par une décision du médecin. Les contestations et les recours sont de plus en plus nombreux. La lutte n’est plus ce qu’elle était. Qui en est le principal perdant ? Ce n’est ni le lutteur qui a déjà encaissé ses millions, ni le promoteur, mais c’est l’amateur. Cet amoureux de la lutte qui, malgré tout, se dépossède de ses 5.000 ou 10.000f pour assister au combat. Qu’est-ce qui osait dire que le combat Modou-Gris Bordeaux allait se terminer ainsi ? Qu’est-ce qui croyait que le combat Tapha Tine Bombardier allait être tranché par le médecin ? Même les touss, les baks et toutes les sortes de spectacles qui rythmaient les stades le jour des combats, ne se font plus correctement. Rares sont aujourd’hui les lutteurs qui font du touss traditionnel. La plupart d’entre eux ont tendance à danser du mbalakh.
Le CNG a donc du travail à faire. Il est temps que les règlements soient revus. Il est temps de recadrer notre sport national. En voulant très bien faire, on risque tout simplement de tout défaire. Ces évènements nouveaux qui ne sont rien d’autre que des sources de violence doivent être évités. Car, si un sport va jusqu’à diviser le peuple, semer la violence sans pour autant satisfaire les amateurs, je pense qu’il doit être mis en question. N’hésitez pas à situer les responsabilités, à sanctionner si nécessaire. Agissez avant que la lutte ne meure!
Salla GUEYE, étudiant en Science politique à l’UGB