Pour apporter, une élucidation à ces questionnements, nous avançons l’hypothèse selon laquelle : en l’absence de fraude électorale, il y aura incontestablement un second tour. Hypothèse que nous allons valider scientifiquement à travers les statistiques, et à travers le paradigme dominant des différents systèmes électoraux, et du mode de scrutin dans un contexte, où la démocratie sénégalaise se situe bien non pas dans le système de parti unique mais dans le multipartisme, même si, pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, on assiste à une élection sans partis politique, c’est-à-dire sans le PS et le PDS.
La première hypothèse pour expliquer l’incontournable second tour repose ici sur les statistiques. On doit noter que le contexte politique au Sénégal, et de la configuration de la cartographie électorale actuelle, combiné avec le bilan du président Macky Sall, ne lui permettent pas de passer au premier tour. Dans ce contexte, il faut définir le format de l’élection présidentielle au Sénégal qui se situe dans le scrutin à deux tours, encore appelé le système des deux tours. Dans cette perspective, pour être élu, il faut obtenir la moitié des voix plus « une », c’est-à-dire avoir la majorité absolue. En d’autres termes, il faut avoir, 50 pour cent du suffrage exprimé, plus « une » voix. Dans le cas contraire, un second tour est organisé pour départager les deux candidats placés en tête durant le scrutin du premier tour. Sous le jargon de la science politique, le terme employé est le « le scrutin de ballotage » où pour passer, une majorité relative et non absolue suffit pour départager les deux candidats.
Qu’en est-il pour l’élection présidentielle du 24 février 2019?
En se fondant sur les statistiques, pour que le président Macky Sall gagne les élections au premier tour, il doit faire preuve de beaucoup d’efforts à l’image de Maitre Wade dans le contexte électoral de 2007. Le leadeur du PDS avait réussi ce défi pour deux raisons. D’abord, après 25ans d’opposition, il avait réussi à convaincre les sénégalais de son patriotisme en se focalisant sur les grands travaux et grands chantiers dès son premier mandat, pour asseoir sa légitimité et sa popularité. Ensuite dans le contexte électoral de 2007, l’opposition était à la fois fragile et dispersée, d’une part le projet de « Bénno » entre Niasse et Tanor autour d’une candidature unique pouvant renverser Wade avait fini en queue de poisson, d’autre part, Idy venait de s’affirmer en tant que chef de file de Rewmi, voire de l’opposition où son parti reste encore un bébé prématuré sortant de l’embryon n’ayant pas encore conquis le cœur des sénégalais et des couches populaires. C’est sans dans doute la raison pour laquelle, Wade avait battu le record dès le premier tour de l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec un score de 55,86%.
Avec un taux de participation de 70,77%, Wade à 80 ans avait obtenu 1.910.368 de voix des 3.419.751 suffrages exprimés sur les 4.824.888 inscrits. C’est la raison pour laquelle, presque dans tous les départements, Wade dépasse largement tous les autres candidats avec la majorité absolue. Nous en voulons pour preuve son résultat à Mabacké avec 85% des suffrages, à Ranérou avec plus de 82% de voix, à Vélingara et Linguère avec 70% et assure la suprématie et le contrôle à Dakar avec plus de 52%; au moment où Niasse (5.93%), Tanor (13.56%) et Idy (14.92%) en combinant leurs résultats ne faisaient que 34% de l’électorat national.
En suivant la logique de la configuration électorale actuelle, proclamer le président Macky Sall vainqueur dés le premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019, reste une hypothèse très difficile à vérifier. Prenons la probabilité que le Président Macky Sall, réussira à gagner avec la majorité absolue à Matam avec 72533 voix (65%), à Dakar avec 606619 voix (73%) à Diourbel avec 116991 voix (51%) à Fatick avec plus 101389 voix (74%) à Kaolack avec 113681 voix (73%). Le contexte électoral actuel ne lui donne pas ce résultat pour plusieurs raisons. D’abord 50 pour cent de la jeunesse et les intellectuels vont voté pour Ousmane Sonko, qui d’ailleurs constitue une force non négligeable de l’opposition durant cette élection présidentielle au moment où des alliances se forment autour du candidat Idy lui permettant de pallier aux insuffisances de 2007 et de 2012, sans pour autant oublier la force de la formation politique d’obédience religieuse (PUR) du professeur Issa Sall. En d’autres termes, l’opposition actuelle est plus forte que celle de 2007. Ensuite, le camp présidentiel ne doit pas compter sur le ralliement massif de certains partis politiques et mouvements sociaux auprès du président Macky Sall pour proclamer une victoire dès le premier tour. Car si la transhumance politique suffisait a assuré une victoire éclatante, Wade dans le contexte électoral de 2012 n’aurait pas dû perdre le pouvoir. La probabilité de vérifier une telle hypothèse est nulle. Donc, on en déduit que le second tour aura lieu.
La deuxième hypothèse ne repose pas sur les statistiques, mais sur le mode scrutin. En poussant la réflexion plus loin, le mode de scrutin au Sénégal n’est pas le système majoritaire à un tour, qui avait émergé en Suède, en Danemark, en Grande-Bretagne et dans les Dominions britanniques. Dans le scrutin majoritaire à un tour, le candidat qui obtient une majorité relative est proclamé vainqueur durant l’élection. Le Sénégal ne se trouve pas dans cette catégorie, donc le ballotage aura lieu.
En prenant en compte, le système majoritaire, on note le scrutin majoritaire pur et simple et le système des deux tours. Dans le scrutin majoritaire pur et simple, le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix est proclamé vainqueur quel que soit le total des voix obtenues par ses adversaires. Le Sénégal ne se trouve pas dans cette catégorie, donc le ballotage aura lieu. Le Sénégal se trouve dans le système des deux tours où il faut avoir la majorité absolue pour remporter les élections, donc le ballotage aura lieu.
Dans le même ordre d’idées, l’élection présidentielle pour le 24 février 2019 n’est point un scrutin de liste ou scrutin uninominal, on ne se retrouve pas dans un suffrage uninominal où chaque circonscription cherche à élire un candidat. Le suffrage est non plus plurinominal où chaque circonscription cherche à élire plusieurs candidats se regroupant sur des listes (scrutin de liste), donc le ballotage aura lieu.
Dans l’élection présidentielle du 24 Févier 2019, il ne s’agit non plus d’une représentation proportionnelle où il faut octroyer un nombre de sièges des minorités en fonction des voix obtenues dans les circonscriptions. Et même en considérant le palais présidentiel comme un siège, on doit octroyer qu’une seule place à la personne choisie par la majorité absolue des sénégalais et pour cela, le ballotage aura lieu.
Incontestablement, Macky sera au second tour, mais avec qui? Idy ou Sonko? Dans ce contexte électoral figé, où la complexité des enjeux nous recommande la prudence, comme mère de sûreté, le deuxième tour avec Idy ou Sonko dépend du degré d’abstention ou de la participation des citoyens dans ce processus électoral. Le fort taux de participation politique de la jeunesse (80%) peut permettre à Sonko de passer au second tour avec Macky car son discours persuasif est capté par les jeunes qui souhaitent renverser ce système. Par ailleurs, le poids d’Idy est similaire à une dent de scie car il bénéficie d’un soutien qui n’est pas trop significatif avec des personnes, d’une part qui ont peur de s’affirmer, d’autre part, des leadeurs qui ne remplissent même pas le parrainage requis et avec des cadres politiques qui ont une représentation nulle à l’Assemblée Nationale et sans base politique. Le duel reste entre Idy et Sonko pour rejoindre Macky et la réalité manifeste est que Sonko constitue maintenant une figure emblématique et incontournable de l’histoire politique de ce pays. Il apparait comme un révolutionnaire qui compte sur la force du verbe et non sur les moyens financiers, qui appelle non pas à une alternance mais une alternative, qui ne cherche pas le changement, mais incarnant lui-même le changement dont le charisme, incontestablement, forge le discours et légitime son action politique.
Dans ce contexte politique complexe où l’enjeu est de taille, garder tout simplement à l’esprit que le ballotage aura lieu. Et au-delà de l’application des lois telles que formulées et enseignées par Maurice Duverger, on doit se souvenir de l’existence du lien étroit entre un système politique et son système électoral; aboutissant dans un ballotage où il n’est point question de choisir, mais d’éliminer.
Enfin, qu’adviendra-t-il avec un ballotage sans le président Macky? Il s’agira pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal où la construction de notre démocratie ne sera pas seulement consolidée mais achevée définitivement. Il s’agit ici d’une troisième hypothèse que le lecteur ou l’électeur, grâce à sa liberté de pensée, doit en tirer ses propres conclusions.
Moussa KEBE
Science PO/UQAM
La première hypothèse pour expliquer l’incontournable second tour repose ici sur les statistiques. On doit noter que le contexte politique au Sénégal, et de la configuration de la cartographie électorale actuelle, combiné avec le bilan du président Macky Sall, ne lui permettent pas de passer au premier tour. Dans ce contexte, il faut définir le format de l’élection présidentielle au Sénégal qui se situe dans le scrutin à deux tours, encore appelé le système des deux tours. Dans cette perspective, pour être élu, il faut obtenir la moitié des voix plus « une », c’est-à-dire avoir la majorité absolue. En d’autres termes, il faut avoir, 50 pour cent du suffrage exprimé, plus « une » voix. Dans le cas contraire, un second tour est organisé pour départager les deux candidats placés en tête durant le scrutin du premier tour. Sous le jargon de la science politique, le terme employé est le « le scrutin de ballotage » où pour passer, une majorité relative et non absolue suffit pour départager les deux candidats.
Qu’en est-il pour l’élection présidentielle du 24 février 2019?
En se fondant sur les statistiques, pour que le président Macky Sall gagne les élections au premier tour, il doit faire preuve de beaucoup d’efforts à l’image de Maitre Wade dans le contexte électoral de 2007. Le leadeur du PDS avait réussi ce défi pour deux raisons. D’abord, après 25ans d’opposition, il avait réussi à convaincre les sénégalais de son patriotisme en se focalisant sur les grands travaux et grands chantiers dès son premier mandat, pour asseoir sa légitimité et sa popularité. Ensuite dans le contexte électoral de 2007, l’opposition était à la fois fragile et dispersée, d’une part le projet de « Bénno » entre Niasse et Tanor autour d’une candidature unique pouvant renverser Wade avait fini en queue de poisson, d’autre part, Idy venait de s’affirmer en tant que chef de file de Rewmi, voire de l’opposition où son parti reste encore un bébé prématuré sortant de l’embryon n’ayant pas encore conquis le cœur des sénégalais et des couches populaires. C’est sans dans doute la raison pour laquelle, Wade avait battu le record dès le premier tour de l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec un score de 55,86%.
Avec un taux de participation de 70,77%, Wade à 80 ans avait obtenu 1.910.368 de voix des 3.419.751 suffrages exprimés sur les 4.824.888 inscrits. C’est la raison pour laquelle, presque dans tous les départements, Wade dépasse largement tous les autres candidats avec la majorité absolue. Nous en voulons pour preuve son résultat à Mabacké avec 85% des suffrages, à Ranérou avec plus de 82% de voix, à Vélingara et Linguère avec 70% et assure la suprématie et le contrôle à Dakar avec plus de 52%; au moment où Niasse (5.93%), Tanor (13.56%) et Idy (14.92%) en combinant leurs résultats ne faisaient que 34% de l’électorat national.
En suivant la logique de la configuration électorale actuelle, proclamer le président Macky Sall vainqueur dés le premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019, reste une hypothèse très difficile à vérifier. Prenons la probabilité que le Président Macky Sall, réussira à gagner avec la majorité absolue à Matam avec 72533 voix (65%), à Dakar avec 606619 voix (73%) à Diourbel avec 116991 voix (51%) à Fatick avec plus 101389 voix (74%) à Kaolack avec 113681 voix (73%). Le contexte électoral actuel ne lui donne pas ce résultat pour plusieurs raisons. D’abord 50 pour cent de la jeunesse et les intellectuels vont voté pour Ousmane Sonko, qui d’ailleurs constitue une force non négligeable de l’opposition durant cette élection présidentielle au moment où des alliances se forment autour du candidat Idy lui permettant de pallier aux insuffisances de 2007 et de 2012, sans pour autant oublier la force de la formation politique d’obédience religieuse (PUR) du professeur Issa Sall. En d’autres termes, l’opposition actuelle est plus forte que celle de 2007. Ensuite, le camp présidentiel ne doit pas compter sur le ralliement massif de certains partis politiques et mouvements sociaux auprès du président Macky Sall pour proclamer une victoire dès le premier tour. Car si la transhumance politique suffisait a assuré une victoire éclatante, Wade dans le contexte électoral de 2012 n’aurait pas dû perdre le pouvoir. La probabilité de vérifier une telle hypothèse est nulle. Donc, on en déduit que le second tour aura lieu.
La deuxième hypothèse ne repose pas sur les statistiques, mais sur le mode scrutin. En poussant la réflexion plus loin, le mode de scrutin au Sénégal n’est pas le système majoritaire à un tour, qui avait émergé en Suède, en Danemark, en Grande-Bretagne et dans les Dominions britanniques. Dans le scrutin majoritaire à un tour, le candidat qui obtient une majorité relative est proclamé vainqueur durant l’élection. Le Sénégal ne se trouve pas dans cette catégorie, donc le ballotage aura lieu.
En prenant en compte, le système majoritaire, on note le scrutin majoritaire pur et simple et le système des deux tours. Dans le scrutin majoritaire pur et simple, le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix est proclamé vainqueur quel que soit le total des voix obtenues par ses adversaires. Le Sénégal ne se trouve pas dans cette catégorie, donc le ballotage aura lieu. Le Sénégal se trouve dans le système des deux tours où il faut avoir la majorité absolue pour remporter les élections, donc le ballotage aura lieu.
Dans le même ordre d’idées, l’élection présidentielle pour le 24 février 2019 n’est point un scrutin de liste ou scrutin uninominal, on ne se retrouve pas dans un suffrage uninominal où chaque circonscription cherche à élire un candidat. Le suffrage est non plus plurinominal où chaque circonscription cherche à élire plusieurs candidats se regroupant sur des listes (scrutin de liste), donc le ballotage aura lieu.
Dans l’élection présidentielle du 24 Févier 2019, il ne s’agit non plus d’une représentation proportionnelle où il faut octroyer un nombre de sièges des minorités en fonction des voix obtenues dans les circonscriptions. Et même en considérant le palais présidentiel comme un siège, on doit octroyer qu’une seule place à la personne choisie par la majorité absolue des sénégalais et pour cela, le ballotage aura lieu.
Incontestablement, Macky sera au second tour, mais avec qui? Idy ou Sonko? Dans ce contexte électoral figé, où la complexité des enjeux nous recommande la prudence, comme mère de sûreté, le deuxième tour avec Idy ou Sonko dépend du degré d’abstention ou de la participation des citoyens dans ce processus électoral. Le fort taux de participation politique de la jeunesse (80%) peut permettre à Sonko de passer au second tour avec Macky car son discours persuasif est capté par les jeunes qui souhaitent renverser ce système. Par ailleurs, le poids d’Idy est similaire à une dent de scie car il bénéficie d’un soutien qui n’est pas trop significatif avec des personnes, d’une part qui ont peur de s’affirmer, d’autre part, des leadeurs qui ne remplissent même pas le parrainage requis et avec des cadres politiques qui ont une représentation nulle à l’Assemblée Nationale et sans base politique. Le duel reste entre Idy et Sonko pour rejoindre Macky et la réalité manifeste est que Sonko constitue maintenant une figure emblématique et incontournable de l’histoire politique de ce pays. Il apparait comme un révolutionnaire qui compte sur la force du verbe et non sur les moyens financiers, qui appelle non pas à une alternance mais une alternative, qui ne cherche pas le changement, mais incarnant lui-même le changement dont le charisme, incontestablement, forge le discours et légitime son action politique.
Dans ce contexte politique complexe où l’enjeu est de taille, garder tout simplement à l’esprit que le ballotage aura lieu. Et au-delà de l’application des lois telles que formulées et enseignées par Maurice Duverger, on doit se souvenir de l’existence du lien étroit entre un système politique et son système électoral; aboutissant dans un ballotage où il n’est point question de choisir, mais d’éliminer.
Enfin, qu’adviendra-t-il avec un ballotage sans le président Macky? Il s’agira pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal où la construction de notre démocratie ne sera pas seulement consolidée mais achevée définitivement. Il s’agit ici d’une troisième hypothèse que le lecteur ou l’électeur, grâce à sa liberté de pensée, doit en tirer ses propres conclusions.
Moussa KEBE
Science PO/UQAM