Nous autres sénégalais pouvons donc nous enorgueillir de n’avoir aucune tolérance pour les homosexuels. De savoir si on naît tel ou si on le devient du fait de quelques circonstances malheureuses-la rencontre d’un prêtre inverti ou d’un instituteur soixante-huitard ou, encore, la fréquentation d’une école coranique- nous est indifférent. Nous considérons que l’homosexualité est une pratique stérile et nocive. Une déviance et une névrose obsessionnelle. Un trouble mental…
Nous ne tolérons donc pas la présence d’homosexuels sur le sol de nos ancêtres. Nous les y vouons aux gémonies. Plus justement à la géhenne.
Toutefois, notre fermeté assumée vis-à-vis des homosexuels jure avec la complaisance coupable de nos élites politiques à leur égard. Un tel écart n’est pas rare qui discrédite la démocratie représentative. Nos élites méprisent, ingrates, le peuple qui les a excrétées. Leur devoir est de nous représenter. Impunément, elles nous ignorent et nous trahissent.
Les récentes déclarations du ministre de la justice en attestent. S’exprimant sur l’affaire des onze homosexuels qu’une justice par trop laxiste vient de libérer, notre ministre d’affirmer, horribile dictu, que la loi sénégalaise ne punit pas les homosexuels mais seulement les actes contre-nature commis sur la place publique. Homosexuels et hétérosexuels seraient donc, à l’en croire, logés à la même enseigne par la législation sénégalaise.
Les propos de M. Kaba ont de quoi donner le vertige. Le grotesque l’y dispute à l’incongru ; la bêtise au ridicule.
Que M. le garde des sceaux, par ailleurs président d’honneur de la FIDH, se prenne de sympathie pour les homosexuels, voilà rien que de très attendu. M Kaba s’est toujours investi pour la dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal. Sa nomination au gouvernement ne l’a pas changé. Sa complaisance à l’égard des sodomites était donc attendue. Sa lâcheté corollaire, prévisible.
Ces organisations droit-de-l’hommistes comme la FIDH, qui ont plus de causes que d’effets, se saisissent de nos lois et se proposent, par leurs arrêts, de les infléchir. Intruses de notre Histoire, étrangères à notre culture, elles se mêlent de régir nos lois et nous intiment de dépénaliser l’homosexualité.
Un néocolonialisme de fait. Revendiqué comme tel. Les droits de l’homme, comme toujours, en sont le prétexte et l’aiguillon.
Les droits de l’homme sont la dernière ferveur des occidentaux. Le crédo des incroyants. Le viatique des laïcs. Aux allures d’idéologie. Un sursaut…messianique. L’ultime soupir d’un Occident philosophiquement et religieusement exsangue. Qui agonise. Les droits de l’homme : le râle de l’homme blanc.
Les droits de l’homme, malgré l’effet proclamatoire de telles déclarations, n’ont rien d’universel ni d’intemporel. Guère davantage ne sont-ils inhérents à la nature de l’homme, à son hypothétique essence ou dignité. Ils sont purement conventionnels. En un temps, en un lieu, le corps social décide de reconnaître-plus justement d’accorder- certaines libertés à ceux qui le composent. Pour les affermir et les affirmer, on les qualifiera de droits.
Mais les droits de l’homme ne sont tolérables que si leurs impératifs pèsent sur nos comportements, néfastes dès lors qu’ils servent d’instrument au néocolonialisme occidental. Lorsque, dans un Etat souverain, ils prescrivent, proscrivent et ordonnent, ils deviennent fascistes comme Roland Barthes le disait de la langue.
Il y a deux cents ans, on allumait les bûchers de Sodome et Gomorrhe. Il y a quelques décennies à peine, l’homosexualité était considérée comme une déviance en Occident. Aujourd’hui, être gay y est un must. Et les Occidentaux, leurs droits de l’homme en bandoulière, entendent imposer à nos Etats leurs pratiques et leur vision du monde.
Nous sommes donc en guerre et c’est une guerre de civilisations. Nous sommes en guerre et c’est une guerre de cultures.
Il nous faut donc armer notre résistance. Puis raffermir nos caractères.
Trop longtemps, nos politiques, asservis à l’Occident, mesmérisés par les lobbies homosexuels, se sont épuisés dans un vocabulaire lénifiant.
Trop longtemps, le législateur s’est cru bien inspiré de punir les actes contre-nature tout en se gardant, cauteleux, de désigner clairement les homosexuels.
Le contexte actuel nous contraint à la clarté. Mal nommer les choses, c’est accroitre le malheur du monde, disait Camus.
Ainsi le délit(ou le crime) d’homosexualité devrait-il être clairement instauré et inscrit en lettres de feu dans notre législation pénale. Le législateur devra aussi remettre le métier sur l’ouvrage pour que de nouvelles sanctions, conceptuellement plus rigoureuses, soient retenues contre les homosexuels.
« Dieu est mort », annonçait Nietzsche dans Le gai savoir. En Occident peut-être, non sous nos cieux.
Le Sénégal est composé majoritairement de musulmans et de chrétiens. Nous croyons en le même Dieu. Nous partageons les mêmes valeurs. Et surtout, nous sommes unis dans notre haine(le mot est choisi !) de l’homosexualité. La haine-mot injustement honni-légitime et rassemble. Elle contribue à la construction de l’identité. On est et devient par opposition et contraste autant que par adhésion. Les sociétés se soudent par la haine de l’autre. Au Sénégal, l’autre est l’homosexuel.
Le Sénégal est un pays homophobe et gagnerait à le revendiquer.
L’homophobie est un droit.
Non, ici, un devoir.
El Hadji Malick Sall Elimane Donaye