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L’alphabétisation n’est pas une fin en soi. Par Arame FAL

Jeudi 10 Septembre 2015

L’alphabétisation n’est pas une fin en soi. Par Arame FAL
Les projets d’alphabétisation qui se déroulent dans certains pays de la sous-région sous influence francophone depuis quarante ans, avec des éclipses et des réapparitions sous de nouvelles appellations, ne produisent pas de résultats palpables. Au Sénégal cela se manifeste par les graphies de l’époque coloniale qu’on voit partout : panneaux publicitaires, écrans de télévision, albums etc. On peut citer notamment : Xibar, Yeuklekaay, Amoul Nebbo, Fila Khewee, Gane Gui, Ouby Tey : Diangue Tey, Jongué, Diakkarlo, au lieu de Xibaar, Yëglekaay, Amul Nëbboo, Fii la Xewe, Gan Gi, Ubbi Tey : Jàng Tey, Joŋe, Jàkkaarloo respectivement. L’heure n’est plus aux professions de foi et autres déclarations, il convient d’agir.


Il s’agit d’avoir la volonté politique de faire des langues nationales des langues de travail dans l’administration et les systèmes d’éducation et de formation, conjointement avec le français, compris seulement par moins de 15% des Sénégalais. C’est cela qui peut donner un sens à l’alphabétisation, car la question qui se pose toujours est la suivante : à quoi cela sert-il d’alphabétiser les populations, si elles ne peuvent pas utiliser le fruit de leur apprentissage pour régler les problèmes quotidiens, comme lire un journal, consulter la Constitution, rédiger une plainte, adresser un courrier à l’administration etc. ? Les populations alphabétisées n’ayant pas l’opportunité de réutiliser les connaissances acquises retournent à l’analphabétisme.

C’est ce qui fait que depuis quatre décennies, le Sénégal se trouve engagé dans le cercle vicieux de l’alphabétisation – post-alphabétisation (in vitro) - retour à l’analphabétisme (pour non-application réelle) - alphabétisation à nouveau et ainsi de suite. Mais la politique linguistique ainsi exposée n’est pas seulement l’énoncé de fonctions dévolues aux langues, c’est la mise en œuvre d’un ensemble de mesures et d’actions susceptibles de rendre efficientes les décisions arrêtées. Les conclusions de la Commission de Réforme et de l’Éducation déposées en 1984 donnent les bases de cette nécessaire rupture.

Il faudra alors asseoir un programme volontariste d’alphabétisation capable d’éradiquer en quelques années l’analphabétisme, et engageant toute la nation avec les syndicats d’enseignants, les mouvements de jeunesse, les partis politiques, les associations de femmes etc. comme cela s’est fait pour Cuba et le Vietnam.
Pour les personnes instruites en français ou en arabe, il faut une initiation à l’écriture des langues nationales, avec l’exploitation des matériels didactiques comme les manuels d’auto-formation disponibles.

Arame Fal, linguiste, Organisation sénégalaise d’Appui au Développement –OSAD,
www.osad-sn.com




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1.Posté par Tintin le 12/09/2015 14:53
Encore du bla-blabla....tant qu'il y aura des classes de 60 élèves ou plus en CP avec des maitres mal formés on n'arrivera à rien ! que tous les enfants aillent en préscolaire puis limiter les classes de CI et CP à 30 élèves maxi
Pourquoi au Bénin , Togo , Cote d'Ivoire , Burkina une grande majorité des gens perlent Français et pas au Sénégal ?....toujours la politique du moindre effort !

2.Posté par Arame Fal le 15/09/2015 13:38
C’est du sérieux. Il est unanimement admis que l’utilisation d’une langue connue de l’enfant facilite les apprentissages. Ceci est démontré par les expériences qui ont eu lieu au Sénégal à partir de 1978. Cela a été confirmé récemment par l’ONG Ared dont le siège est à Dakar. Il s’y ajoute que dans certains Etats de la sous-région dont le Sénégal , l’OIF expérimente le programme ELAN « Ecoles en langues nationales ». Pour de plus amples informations, vous pouvez suivre le lien ci-dessous qui fait cas d’une expérience au Bénin.

http://www.rfi.fr/emission/20131226-benin-apprentissage-ecole-langue-maternelle”

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Merci de votre réaction et cordialement

Arame Fal


3.Posté par Emmanuel Fabre le 16/09/2015 20:45
Non tintin, ce n'est pas du blabla. Mais je pense aussi que le Sénégal parle de ses langues nationales sans agir concrètement depuis plus de 30 ans. Alors, il faut qu'il se décide! Soit français soit wolof, pulaar etc...Dernièrement, les grandes lignes du code de la route ont été traduites pour sensibiliser aux bonnes pratiques de conduite. On ne peut pas donner des leçons sans s'informer un minimum sur ce qui se passe sur le terrain et tenir compte aussi que, si le Sénégal se trouve dans les plus grandes difficultés sur le plan éducatif c'est que le pays était en banqueroute pendant 20 ans avant "de se prendre Wade et son système clientéliste dans la figure" pendant 12 longues années de débauche...Les pays pauvres le sont aussi parce qu'aucune politique de développement n'a fonctionné, et c'est bien normal quand on sait ce que la BM et le FMI ont imposé à partir des années 80. C'est trop facile de dire "encore du bla bla"! Et méprisant pour madame Fal qui maîtrise son sujet.

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