Le processus d’urbanisation de Diamniadio est source d’inquiétudes. Le risque d’insécurité alimentaire est imminent. Les acteurs qui s’intéressent à la problématique si épineuse du développement du Sénégal ne doivent pas rester insensibles.
Le discours politique est sans équivoque. L’agriculture est l’un des premiers leviers stratégiques sur lesquels comptent s’appuyer les pouvoirs publics pour l’émergence du Sénégal. Or, l’axe Sébikotane, Keur Ndiaye Lô, en passant par Diamniadio regorge des terres à fort potentiel agricole. Les sols sont argilo limoneux et sont riches en matière organique (autour de 2%). La nappe phréatique est sub-affleurante. Les eaux de surface sous forme de bassins de rétention sont relativement abondantes même si les conditions d’accès à l’eau pour les producteurs locaux sont contraignantes à cause d’un manque de moyens. Ces conditions agropédologiques faisaient jadis de l’espace de Diamniadio une zone à vocation maraichère et horticole.
Hélas, telle une peau de chagrin, l’espace agricole se rétrécit au profit de l’industrialisation et de l’habitat.
Les projets de l’Etat engloutissent de vastes périmètres. Les lotissements se multiplient, souvent de façon anarchique. L’ancien ministre Seydou Sy Sall, actuel Délégué Général de la promotion du pôle urbain de Diamniadio, a annoncé la construction dans l’immédiat de 15 000 logements sociaux et l’aménagement de quatre arrondissements à vocation sportive dans le site de Diamniadio (Quotidien le soleil du vendredi 16 mai 2014). Un décret présidentiel de déclaration d’utilité publique est servi de prétexte pour justifier ces options d’aménagement. En même temps, les transactions foncières s’intensifient malgré l’appartenance des terres au domaine national dont le régime juridique consacre leur inaliénabilité, n’accordant aux affectataires qu’un droit d’usage et non de propriété.
Cet accaparement des terres à grande vitesse est souvent décrié par les populations. Ainsi, les populations rurales de Sébikotane, SébiPonty, Keur Ndiaye Lô, Diamniadio et de Dény Malick Guèye se plaignent de la transformation des espaces agricoles en des zones immobilières et industrielles.
Il y a de quoi s’inquiéter. Les besoins du présent et du futur en termes de produits horticoles et maraichers se trouvent largement hypothéquer. L’effet dommageable de l’industrie sur la préservation de l’environnement, à travers les émissions des gaz à effet de serre est aussi à prendre en compte. Cette dynamique spatiale actuelle contribue sans doute au réchauffement climatique considéré comme le cancer écologique de l’équilibre planétaire. Elle viole, ainsi, les principes majeurs du développement durable qui impose aux générations présentes de transmettre aux générations futures un capital de ressources naturelles de qualité.
Au demeurant, l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal est une ambition réaliste et réalisable. Elle est le moyen le plus sûr pour se prémunir contre l’insécurité alimentaire par une production agricole capable de satisfaire nos besoins et nos préférences alimentaires et apte à nous permettre de mener une vie saine et active. Dans le Plan Sénégal Emergent (PSE), il est prévu la création de 150 fermes agricoles intégrées visant à positionner le Sénégal comme un pays exportateur de fruits et légumes à haute valeur ajoutée. Cet objectif laisse entrevoir la place prioritaire accordée à la sécurité alimentaire étant entendu que l’exportation est précédée d’une couverture des besoins alimentaires nationaux.
Le respect des spécificités de chaque région naturelle, tout en renforçant les capacités des producteurs locaux en termes d’investissement relatifs aux conditions d’accès à l’eau, aux intrants et au matériel agricole se révèle, aujourd’hui, une nécessité pressante.
Si le bassin arachidier peut être considéré comme le grenier du pays pour la production de l’arachide, du mil, du niébé et du maïs ; la vallée du fleuve Sénégal la Californie du Sénégal en ce qui concerne la production du riz ; la région des Niayes où se situe l’espace de Diamniadio doit impérativement sauvegarder sa vocation de production de cultures maraichères, horticoles et même d’élevage (aviculture et autres types.).
Le constat est, par contre, sidérant. L’installation des Cités immobilières et des Sociétés industrielles sur des terres aussi fertiles que celles de Diamniadio, cachent difficilement le paradoxe ambiant dont sont empreintes les politiques d’aménagement au regard des orientations du développement socio-économique du pays.
Comment peut-on promouvoir l’agriculture en accaparant les terres à vocation agricole au profit de l’urbanisation ? L’avenir de notre pays dépend de nos comportements d’aujourd’hui. Face à ce fléau d’accaparement des terres de l’espace de Diamniadio, nous devons agir au nom des principes du devoir de transmission du « Capital Terres Agricoles » aux générations futures.
Mateugue DIACK, PhD, Agro-Pédologie
Macoumba LOUM, Dr, Agro-Géographie
Abdoulaye GUISSE, Doctorant, Droit Public
Université Gaston Berger de Saint-Louis
Le 2 Juin 2014
Le discours politique est sans équivoque. L’agriculture est l’un des premiers leviers stratégiques sur lesquels comptent s’appuyer les pouvoirs publics pour l’émergence du Sénégal. Or, l’axe Sébikotane, Keur Ndiaye Lô, en passant par Diamniadio regorge des terres à fort potentiel agricole. Les sols sont argilo limoneux et sont riches en matière organique (autour de 2%). La nappe phréatique est sub-affleurante. Les eaux de surface sous forme de bassins de rétention sont relativement abondantes même si les conditions d’accès à l’eau pour les producteurs locaux sont contraignantes à cause d’un manque de moyens. Ces conditions agropédologiques faisaient jadis de l’espace de Diamniadio une zone à vocation maraichère et horticole.
Hélas, telle une peau de chagrin, l’espace agricole se rétrécit au profit de l’industrialisation et de l’habitat.
Les projets de l’Etat engloutissent de vastes périmètres. Les lotissements se multiplient, souvent de façon anarchique. L’ancien ministre Seydou Sy Sall, actuel Délégué Général de la promotion du pôle urbain de Diamniadio, a annoncé la construction dans l’immédiat de 15 000 logements sociaux et l’aménagement de quatre arrondissements à vocation sportive dans le site de Diamniadio (Quotidien le soleil du vendredi 16 mai 2014). Un décret présidentiel de déclaration d’utilité publique est servi de prétexte pour justifier ces options d’aménagement. En même temps, les transactions foncières s’intensifient malgré l’appartenance des terres au domaine national dont le régime juridique consacre leur inaliénabilité, n’accordant aux affectataires qu’un droit d’usage et non de propriété.
Cet accaparement des terres à grande vitesse est souvent décrié par les populations. Ainsi, les populations rurales de Sébikotane, SébiPonty, Keur Ndiaye Lô, Diamniadio et de Dény Malick Guèye se plaignent de la transformation des espaces agricoles en des zones immobilières et industrielles.
Il y a de quoi s’inquiéter. Les besoins du présent et du futur en termes de produits horticoles et maraichers se trouvent largement hypothéquer. L’effet dommageable de l’industrie sur la préservation de l’environnement, à travers les émissions des gaz à effet de serre est aussi à prendre en compte. Cette dynamique spatiale actuelle contribue sans doute au réchauffement climatique considéré comme le cancer écologique de l’équilibre planétaire. Elle viole, ainsi, les principes majeurs du développement durable qui impose aux générations présentes de transmettre aux générations futures un capital de ressources naturelles de qualité.
Au demeurant, l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal est une ambition réaliste et réalisable. Elle est le moyen le plus sûr pour se prémunir contre l’insécurité alimentaire par une production agricole capable de satisfaire nos besoins et nos préférences alimentaires et apte à nous permettre de mener une vie saine et active. Dans le Plan Sénégal Emergent (PSE), il est prévu la création de 150 fermes agricoles intégrées visant à positionner le Sénégal comme un pays exportateur de fruits et légumes à haute valeur ajoutée. Cet objectif laisse entrevoir la place prioritaire accordée à la sécurité alimentaire étant entendu que l’exportation est précédée d’une couverture des besoins alimentaires nationaux.
Le respect des spécificités de chaque région naturelle, tout en renforçant les capacités des producteurs locaux en termes d’investissement relatifs aux conditions d’accès à l’eau, aux intrants et au matériel agricole se révèle, aujourd’hui, une nécessité pressante.
Si le bassin arachidier peut être considéré comme le grenier du pays pour la production de l’arachide, du mil, du niébé et du maïs ; la vallée du fleuve Sénégal la Californie du Sénégal en ce qui concerne la production du riz ; la région des Niayes où se situe l’espace de Diamniadio doit impérativement sauvegarder sa vocation de production de cultures maraichères, horticoles et même d’élevage (aviculture et autres types.).
Le constat est, par contre, sidérant. L’installation des Cités immobilières et des Sociétés industrielles sur des terres aussi fertiles que celles de Diamniadio, cachent difficilement le paradoxe ambiant dont sont empreintes les politiques d’aménagement au regard des orientations du développement socio-économique du pays.
Comment peut-on promouvoir l’agriculture en accaparant les terres à vocation agricole au profit de l’urbanisation ? L’avenir de notre pays dépend de nos comportements d’aujourd’hui. Face à ce fléau d’accaparement des terres de l’espace de Diamniadio, nous devons agir au nom des principes du devoir de transmission du « Capital Terres Agricoles » aux générations futures.
Mateugue DIACK, PhD, Agro-Pédologie
Macoumba LOUM, Dr, Agro-Géographie
Abdoulaye GUISSE, Doctorant, Droit Public
Université Gaston Berger de Saint-Louis
Le 2 Juin 2014