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Il fallait encore la mort d’un étudiant pour s'en prendre à la question!

Vendredi 15 Août 2014

Aujourd'hui, il fallait la mort d'un étudiant à l'Université de Dakar pour que l'Etat du Sénégal convoque une réunion de crise sur la situation des universités. Quel paradoxe et quelle démarche malsaine.


Il fallait encore la mort d’un étudiant pour s'en prendre à la question!
Dans un texte que j'ai publié récemment dans une revue en Anglais, je parlais encore de l'habitude des pays africains à ne réagir qu'après les catastrophes les pluies inouïes, non point naturelles, mais œuvre de la main humaine. Ce texte intitulé, « Genocide to Take off » ou « Génocide pour décoller », revenaient en grande partie sur le miracle ougandais après l'expérience atroce du génocide de 1994. Ainsi je concluais en disant qu'il ne suffisait pas à l'Afrique de vivre les événements terribles de l'esclavage et de la colonisation pour en faire un stimuli de travail et d'émergence, mais il lui fallait en ajouter les guerres civiles pour se réveiller véritablement.

Aujourd'hui, il fallait la mort d'un étudiant à l'Université de Dakar pour que l'Etat du Sénégal convoque une réunion de crise sur la situation des universités. Quel paradoxe et quelle démarche malsaine. Au moment où les puissances occidentales déploient tout leur arsenal pour sauver des ressortissants en danger, la France notamment, notre gouvernement fauche ses citoyens comme des mouches. On préfère garder le silence que de réagir pour l'amour de la justice et du bien. Il n'est point surprenant, osons le dire, que l'on en arrive à ce stade de désordre total dans les universités où tout est maintenant possible.

Dans un autre texte, publié sur Ndar Infos, sous le sceau de l'anonymat, j'avertissais l'opinion en soulignant que l'université ne pouvait continuer à vivre en lambeaux, où la psychose, la misère sociale et le désespoir sont devenus les maîtres mots de cet espace jusque là élitiste. On ne cesse de nous rappeler l'importance de l'enseignement dans la marche historique du pays, pour son rayonnement futur, mais au demeurant c'est comme ci cela n'est qu'un prétexte pour donner sens et corps à l'exercice du gouvernement de capter des fonds et garder une image sérieuse. Quels que soient les résultats de ces réformes de l'enseignement et le travail de ce ministre, elles nous aurons fait perdre plus qu'elle nous rapporterons. Il n'y a pas eu dans ces universités une année qu'un pays de citoyens honnêtes pourraient qualifier de valide. Il y a eu que du bricolage et du raccommodage avec ces fameuses expressions comme, "bon, écoutez chers étudiants, il nous faut une note", ou encore " nous ferons tout pour sauver l'année". Le bon sens exigerait même qu'on arrête une année pour refaire tout avec sérénité et rigueur. Qui peut nous dire aujourd'hui, où commence l'année à l'Ucad et où se termine t-elle?
Si nous croyons fermement au salut de l'enseignement, il est temps de repenser l'approche de la politique de gouvernance des universités. Il est tout à fait normal qu'il y ait hausse des inscriptions, dé-généralisation des bourses, sélection au master, mais le gouvernement se doit de satisfaire le strict minimum et veiller à apaiser les tensions. Un gouvernement digne et respectable peut être dépassé par des imprévus, mais jamais par une situation répétitive, générale et constante. Si le gouvernement s'assurait du paiement normal des quelques étudiants boursiers au temps échu, on aurait pu éviter ces affrontements.

Mais dans un espace où cohabitent des jeunes, les priver de leur source de survie a des implications beaucoup plus profondes. Les psychologues nous apprendrons que la psychose de vivre avec les GMI, le désespoir de la misère et la réflexion constante pour sa survie constitue un handicap sérieux pour favoriser l'épanouissement intellectuel et les résultats probants. Pire, dans cet état, l'étudiant boursier ou non boursier sont dans la même situation. L'université sera, dans les années, à venir une porte ouverte à la débauche, la prostitution, le vol, la délinquance et le maçonisme. Et oui, en soumettant la crème du peuple à des conditions de vie atroce, elle sera obligée de se trouver les moyens de survie et la fin justifiera les moyens. A coup sûr, il ne faudrait pas compter sur cette jeunesse car elle n'a pas été dotée des moyens qui la permettront de répondre au défi de leur temps pour faire rayonner leur nation.

Au moment où le différend entre les étudiants et le ministre tourne autour de quelques millions, nous voyons les politiciens déverser les milliards sur fond de gaspillage. On promet des sommes exorbitantes aux femmes des ambassadeurs. On sponsorise les soirées de gala et les anniversaires de musiciens dans les airs des billets de banques. Oh pays, mon beau peuple!

Ameth Diallo
Ph.D Candidate, Postcolonial and Global Studies, Comparative Literature.
Sections de Langues, Littératures et Civilisations du Monde Anglophone.
Université Gaston Berger,
Saint Louis du Sénégal.


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