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Hommage de Souleymane Ndéné Ndiaye à Ousmane Masseck Ndiaye : «J’ai oublié de te dire Ousmane...»

Dimanche 14 Juillet 2013

Hommage de Souleymane Ndéné Ndiaye à Ousmane Masseck Ndiaye : «J’ai oublié de te dire Ousmane...»
Quand j’apprends la funeste nouvelle de ton rappel à Dieu, je suis à Cambridge loin du Sénégal.
Le choc n’en est que plus brutal et un maelström de souvenirs envahit mon esprit qui, dans ce moment d’égarement douloureux, divague dans une réflexion blas­phé­matoire sur l’injustice de la Mort. J’oublie l’espace de quelques minutes, à quel point l’invincible Volonté Divine nous a marqués du sceau de la Finitude.

Nous sommes mortels !

De cette mort que nous ne pouvons faire accepter autour de nous que parce qu’elle s’accompagne de l’espérance du Paradis d’Allah (Swt).
J’ai cette espérance pour toi, mon frère, et j’ai bon espoir qu’elle ne sera pas vaine.

J’ai oublié de te dire Ousmane...
Que je connaissais le secret de cette mine hermétique que tu affichais souvent et que beaucoup, sans savoir, prenaient pour de l’arrogance. Je savais que c’était la carapace qui te protégeait, à ton corps défendant, de tous ceux qui, découvrant ta grande bonté et l’extrême générosité qui en était le corollaire, pouvaient être tentés de bassement s’engouffrer dans la fêlure. Tout chez toi n’était que franchise, sens de l’amitié, de la responsabilité et surtout dignité. Une dignité frisant l’orgueil devant la douleur de la maladie que tu refusais de laisser percevoir à tous ceux qui, dans «la guerre de chacun contre tous» du microcosme politique, épiaient le moindre signe de faiblesse chez l’adversaire réel ou supposé, pour lui porter l’estocade.

J’ai oublié de te dire Ousmane...

Que j’aurais aimé te dire que je garde de toi le souvenir de mo­ments forts de notre vécu commun ! Celui par exemple, de ce jour béni de 1993 où, au Cdeps de Diour­bel, la «bande à Sandrine» composée de Papa Laïty Ndiaye, Boubacar Koïta et moi-même, se joignit à ta délégation composée entre autres de Bayla Wane, Eu­meu Touré, Cheikh Tidiane Touré, etc. Tu occupas une place de choix qui t’était faite au mariage de Marième Faye et de celui qui était le quatrième membre de la bande à San­drine : Macky Sall. C’est d’ailleurs par l’entremise de cet ami que je fis ta connaissance en 1990 chez Tapha Dieng, un autre ami commun.

Ton sens de l’amitié m’a marqué à jamais. Tu savais entretenir l’attachement de tes amis. Etre à l’écoute, que dis-je, à l’affût de leurs moindres tourments, leur ouvrir ton cœur et, souvent ta bourse... Tu savais leur parler avec compassion, franchise, fermeté, surtout lorsque, comme cela arrive quelquefois, les vicissitudes de la vie politique faisaient oublier, à certains d’entre nous, les principes sacrés de l’amitié et de la fidélité.
Médiateur chevronné, combien de crises auras-tu évité à un gouvernement de ministres au caractère trempé et/ou à l’égo surdimensionné, qui oubliaient quelquefois que le service de l’Etat était plus important que nos frêles destinées humaines...

Ousmane j’ai oublié de te dire ...

Que j’ai positivement apprécié de travailler à tes côtés dans les gouvernements de MM. Macky Sall et de Cheikh Hadjibou Sou­maré dont nous étions des ministres d’Etat ! Que ces années passées côte à côte au Conseil des ministres, m’ont appris à éprouver toute l’épaisseur politique de l’ami des périodes sombres de l’opposition au régime socialiste.
Ces temps difficiles où, comme en 1993, à la suite de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, le brillant Directeur de publication du mythique «Sopi», Maître Cheikh Khoureichy Ba, titra à la Une du seul quotidien de l’opposition de l’époque : «Les Vrais Résultats». La direction du parti, qui négociait l’entrée de quelques responsables libéraux au gouvernement de coalition de M. Habib Thiam, fit saisir à notre grand désarroi, cette édition porteuse de toutes les contestations. Les jeunes cadres du parti que nous étions à l’époque, se réunirent en urgence à la permanence du Bd Dial Diop, pour décider de la conduite à tenir.

Ousmane, j’ai oublié de te dire


Que je me rappelle avec émotion, la verve avec laquelle tu avais soutenu la pétition que j’avais proposée à mes frères cadres du Pds, pour nous élever contre l’incinération de ce numéro de notre journal-fétiche, pétition emportant l’adhésion de MM. Ba­bacar Gaye, Cheikh Khoureichy Ba, Bayla Wane, Macky Sall... mais provoqua l’ire de Cheikh Tidiane Touré , alors Coordonnateur des cadres du Pds, qui dès qu’il l’eût entre les mains, la déchira et en confia les mille morceaux à la poubelle la plus proche.

Ousmane Masseck, j’ai oublié de te dire

Que tu as été plus qu’un ami ! Tu étais un frère, mon frère.
Quand j’ai appris la nouvelle de ta mort, j’ai eu très mal car je réalisais à la fois la profondeur de notre amitié, de notre complicité et le grand vide que tu laisses autour de moi.
Que l’attachement que j’ai eu pour toi de ton vivant, je m’efforcerai de le garder pour tous ceux que tu as aimés et chéris, ta famille, Serigne Touba, et surtout cette bonne vieille ville de Saint-Louis qui t’a tant donné et à laquelle tu as rendu au centuple.
Mes regrets sont forts ! Ma conviction qu’il y a un fossé profond entre maladie et mort m’a induit en erreur... Si j’avais deviné que cette maladie allait t’emporter, j’aurais été souvent à tes côtés. Je dois à la vérité de dire que notre ami commun ton «jumeau» Ou­mar Sarr, député-maire de Daga­na, n’a pas arrêté de me le suggérer chaque fois que j’ai demandé de tes nouvelles.
«Mea culpa, mea maxima culpa», mon frère !

Ousmane Masseck,

Que notre ambition commune pour un Sénégal émergent est intacte. Je poursuivrai comme un forcené, la réalisation de cette ambition ! Afin qu’où que tu sois, tu puisses toujours prendre la mesure de ma fidélité et de mon amitié.
La dernière fois que je t’ai vu, j’aurais dû te dire tout cela !
Je ne savais, malheureusement pas, que c’était la dernière...

Souleymane Ndéné NDIAYE
Ancien Premier ministre - Avocat au Barreau du Sénégal


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