Né il y a 91 ans dans cette vieille cité portuaire qu’est Saint-Louis du Sénégal, ancien de Ponty, le Professeur Alassane Ndaw reste une personnalité certes discrète mais des plus remarquables de la vie intellectuelle de notre pays. Sa contribution aura été massive particulièrement dans le domaine de la philosophie. Dans cet espace du savoir, il a eu à s’investir ardemment en tant que, à la fois, producteur d’idées et pionnier de l’enseignement de cette bien délicate discipline.
Dans un contexte historique particulièrement complexe, au cours duquel la quête identitaire avait subrepticement débordé du terrain de la culture pour trouver un lieu de séjour dans le champ philosophique, le Pr Alassane Ndaw avait su éviter les pièges de l’europhilosophie, tout en se gardant de mettre sous le boisseau les attributs originels de la philosophie. Cette posture théorique était doublée d’un effort titanesque en faveur de la promotion de ce mode de pensée à l’Université de Dakar qui portera plus tard le prestige nom de Cheikh Anta Diop.
Sous ce rapport, l’ouverture d’un Département de philosophie dont il sera le chef est à saluer comme couronnement d’un engagement personnel. Avec ces tout premiers collaborateurs, au nombre desquels les Professeurs Boubacar Ly, Dieydy Sy, Abdoulaye Bara Diop, Mamoussé Diagne, Raymond Aloïs Ndiaye et Abdoulaye Elimane Kane, il formera des étudiants suffisamment outillés pour s’investir avec succès non seulement dans l’enseignement mais dans bien d’autres secteurs de la vie professionnelle.
Au demeurant, ses actions intègrent une préoccupation beaucoup plus générale, à savoir celle de l’africanisation de ce qui était jusqu’à 1990, la seule université sénégalaise. Sans doute, son envergure théorique, le fait d’avoir été le premier professeur noir de philosophie en Afrique noire francophone et son engagement multiforme pour la promotion de la discipline lui ont valu d’être membre du comité directeur de l’Institut mondial de la philosophie.
En vérité, cette implication du défunt Professeur des universités et ancien Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Dakar, participe de l’œuvre d’un militant largement édifié sur les immenses enjeux du savoir et de la culture dans la perspective de l’émancipation politique et du progrès social. Sous cet angle, son engagement est indissociable de ce précieux héritage qu’il a en partage avec tous ces intellectuels et hommes de culture de sa génération : s’assurer un ancrage cultuel à partir duquel on apprend à se mettre au service de l’idéal de liberté, de dignité et de justice sociale. Certes leurs sensibilités idéologiques et politiques étaient différentes, mais ils étaient assez lucides pour circonscrire, à partir du variable culturel, de solides zones de convergence.
Cette stratégie était en vigueur dans la Société Africaine de Culture – sous la direction d’Alioune Diop- dont l’esprit sera perpétué par la création, en 2004, de la Section sénégalaise de la Communauté de Culture. Aussi des doyens qui ont pour noms Alassane Ndaw, Assane Seck, Abdoulaye Bara Diop, Amady Aly Dieng se retrouveront-ils avec des « plus jeunes » comme les Professeurs Ibrahima Thioub, Penda Mbow, Marie-Andrée Diagne, Fadel Dia pour échanger sur les questions essentielles qui agitent le Sénégal, l’Afrique et les autres contrées du globe. C’était à la fois émotif et instructif de réaliser avec quelle prouesse le Professeur Alassane Ndaw, comme la plupart des ainés de la Communauté Africaine de Culture, défiait son âge et mettait entre parenthèses les vives protestations de son corps pour honorer de sa présence les rendez-vous avec leurs pairs.
La Communauté Africaine de Culture s’incline devant sa mémoire et présente, en mon nom, à toute sa famille, à tous ses proches et à tous ses anciens étudiants, ses condoléances les plus attristées. Nous affirmerons ici solennellement toute notre entière disponibilité à coopérer avec toutes les bonnes volontés afin de faire connaître son œuvre et de donner au Professeur Alassane Ndaw la place qu’il mérite dans l’histoire de notre pays.
Le Président de la Communauté Africaine de Culture/ Section Sénégal, CAC/SEN,
Alpha Amadou SY
Dans un contexte historique particulièrement complexe, au cours duquel la quête identitaire avait subrepticement débordé du terrain de la culture pour trouver un lieu de séjour dans le champ philosophique, le Pr Alassane Ndaw avait su éviter les pièges de l’europhilosophie, tout en se gardant de mettre sous le boisseau les attributs originels de la philosophie. Cette posture théorique était doublée d’un effort titanesque en faveur de la promotion de ce mode de pensée à l’Université de Dakar qui portera plus tard le prestige nom de Cheikh Anta Diop.
Sous ce rapport, l’ouverture d’un Département de philosophie dont il sera le chef est à saluer comme couronnement d’un engagement personnel. Avec ces tout premiers collaborateurs, au nombre desquels les Professeurs Boubacar Ly, Dieydy Sy, Abdoulaye Bara Diop, Mamoussé Diagne, Raymond Aloïs Ndiaye et Abdoulaye Elimane Kane, il formera des étudiants suffisamment outillés pour s’investir avec succès non seulement dans l’enseignement mais dans bien d’autres secteurs de la vie professionnelle.
Au demeurant, ses actions intègrent une préoccupation beaucoup plus générale, à savoir celle de l’africanisation de ce qui était jusqu’à 1990, la seule université sénégalaise. Sans doute, son envergure théorique, le fait d’avoir été le premier professeur noir de philosophie en Afrique noire francophone et son engagement multiforme pour la promotion de la discipline lui ont valu d’être membre du comité directeur de l’Institut mondial de la philosophie.
En vérité, cette implication du défunt Professeur des universités et ancien Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Dakar, participe de l’œuvre d’un militant largement édifié sur les immenses enjeux du savoir et de la culture dans la perspective de l’émancipation politique et du progrès social. Sous cet angle, son engagement est indissociable de ce précieux héritage qu’il a en partage avec tous ces intellectuels et hommes de culture de sa génération : s’assurer un ancrage cultuel à partir duquel on apprend à se mettre au service de l’idéal de liberté, de dignité et de justice sociale. Certes leurs sensibilités idéologiques et politiques étaient différentes, mais ils étaient assez lucides pour circonscrire, à partir du variable culturel, de solides zones de convergence.
Cette stratégie était en vigueur dans la Société Africaine de Culture – sous la direction d’Alioune Diop- dont l’esprit sera perpétué par la création, en 2004, de la Section sénégalaise de la Communauté de Culture. Aussi des doyens qui ont pour noms Alassane Ndaw, Assane Seck, Abdoulaye Bara Diop, Amady Aly Dieng se retrouveront-ils avec des « plus jeunes » comme les Professeurs Ibrahima Thioub, Penda Mbow, Marie-Andrée Diagne, Fadel Dia pour échanger sur les questions essentielles qui agitent le Sénégal, l’Afrique et les autres contrées du globe. C’était à la fois émotif et instructif de réaliser avec quelle prouesse le Professeur Alassane Ndaw, comme la plupart des ainés de la Communauté Africaine de Culture, défiait son âge et mettait entre parenthèses les vives protestations de son corps pour honorer de sa présence les rendez-vous avec leurs pairs.
La Communauté Africaine de Culture s’incline devant sa mémoire et présente, en mon nom, à toute sa famille, à tous ses proches et à tous ses anciens étudiants, ses condoléances les plus attristées. Nous affirmerons ici solennellement toute notre entière disponibilité à coopérer avec toutes les bonnes volontés afin de faire connaître son œuvre et de donner au Professeur Alassane Ndaw la place qu’il mérite dans l’histoire de notre pays.
Le Président de la Communauté Africaine de Culture/ Section Sénégal, CAC/SEN,
Alpha Amadou SY