Le Samedi 21 décembre, le Maire de Saint-Louis a cru devoir organiser un grand banquet au King Fahd Palace de Dakar pour célébrer les 140 ans de la Commune de Saint-Louis. C’était également une occasion choisie par lui pour honorer des citoyens méritants de Saint-Louis. Autant je me réjouis du principe qui a consisté à honorer nos concitoyens qui se sont distingués dans le rayonnement et le développement de la « vieille ville française », autant je trouve regrettable la procédure manifestement solitaire et insuffisamment mûrie qui a abouti à l’organisation de ce banquet à Dakar. Ceci ressemble fort curieusement à un autre « transfert » qui en 1957, priva Saint-Louis du Sénégal de son statut et de son rayonnement hérités de la colonisation. Ce transfert avait massivement contraint de nombreux doomu Ndar à « s’exiler » vers la nouvelle capitale par obligation professionnelle.
Les règles de la bonne pratique démocratique devraient conduire M. le Maire et les organisateurs de cette fête, à recueillir l’avis préalable et l’aval des 70 conseillers municipaux élus par les populations pour les représenter à la Mairie de Saint-Louis. En plus, le respect dû aux populations de la ville devrait se traduire par l’organisation de ce gala non pas à Dakar, mais à la Place Faidherbe, témoin de l’histoire de cette « vieille ville française » que tous ses enfants « doomu ndar », d’origine, de naissance ou d’adoption, « aiment avec fureur », comme le disait le Duc de Lauzun, premier Gouverneur du Sénégal nommé par le Roi de France en 1779!
Si le Maire et ses collaborateurs avaient ouvert une large concertation avant de retenir le lieu où devrait s’organiser le gala de célébration, les participants à cibler et les règles de désignation des récipiendaires, il n’y aurait pas eu les ratés inacceptables qui ont fâché la quasi-totalité des Saint-Louisiens. S’il y avait une véritable concertation, ce gala n’aurait pas honoré que des Saint-Louisiens de naissance. Et pourtant, il y a de nombreux Sénégalais comme le peintre Jacob Diallo, Abdoul Khadir Aidara et autres non Saint-Louisiens qui ont toujours aimé passionnément notre ville et qui lui ont apporté beaucoup plus que d’authentiques natifs de la ville. Cette discrimination régionaliste me semble maladroite à tout point de vue dans une ville de téraanga comme Saint-Louis, « …centre d’élégance et de bon goût sénégalais » comme l’écrivait avec brio le rufisquois Ousmane Socé Diop! Il convient de retenir également que cette cérémonie aurait du avoir une envergure sous régionale voire internationale, impliquant tout le territoire de l’ex-AOF (Afrique-Occidentale Française).
Tous ces pays africains ont quelque part une vivace fibre d’amour pour Saint-Louis. La plupart de leurs cadres et leaders y ont étudié ou effectué leur service militaire. En conséquence, tous ces pays doivent une dette morale à Saint-Louis qui, faut-il le rappeler, était également la capitale de la Mauritanie. Cette position de Saint-Louis par rapport à la Mauritanie justifierait amplement une invitation à l’adresse de nos voisins de ce pays frère. S’il y avait une véritable concertation, le Maire et son comité d’organisation n’auraient sûrement pas oublié des personnalités de Saint-Louis aujourd’hui disparu. Je voudrais citer Almamy Matheuw Fall, l’infatigable promoteur de la Convention des Saint-Louisiens, Cheikh Abdoulaye Dièye, le grand érudit fidèle en amitié, Elhadj Abdoul Majib Diop, l’Imam Raatib, rénovateur inégalé de la Grande Mosquée du Nord, André Guillabert, l’éminent diplomate, Macodou Ndiaye le regretté Maire de Saint_Louis, Insa Coulibaly , l’inspecteur d’académie et ancien Directeur de cabinet du Président Modibo Keïta du temps de la Fédération du Mali, Collot Diakhaté l’étoile polaire de la ville, fidèle gardien du temple et Mame Sèye Diop qui vient, hélas de tirer sa révérence. À coup sûr, toutes ces personnalités méritaient au moins une citation à titre posthume, au nom de tout ce qu’elles ont fait pour la ville de Saint-Louis, toute leur vie durant.
Si le Maire et les organisateurs avaient mené une consultation pointue et une véritable concertation, ils n’auraient sûrement pas oublié de primer une grande Saint-Louisienne comme Aminata Sow Fall, l’une des plus célèbres romancières d’Afrique et du Monde. En effet, Madame Sow, a incontestablement contribué au rayonnement de Saint-Louis à son développement économique et culturel. Par ses propres moyens, cette grande dame a construit et équipé le Centre Africain d'Animation et d'Echanges Culturels (CAEC), à deux pas de l’Université Gaston Berger.
Qui donc peut aimer ou servir Saint-Louis plus qu’Aminata Sow Fall ? Par sa plume féconde, elle a écrit dans son roman : « l’appel des arènes », ces belles phrases poétiques et pleines d’élégance pour exprimer son amour viscéral pour Saint-Louis : « Mon contact avec l’île bleue de Saint-Louis restera la seule découverte de ma vie. Je n’en veux pas d'autres ». « Le deem farci n’est plus le mulet quand les doigts experts d’une Saint-Louisienne l’avaient recomposé en un joyau à déguster ». « Le ceeb u jën de Saint-Louis est doux comme un rêve ! » Rien que pour ces magnifiques témoignages, Madame Aminata Sow Fall mérite tous les honneurs de Saint-Louis du Sénégal et un vibrant « standing ovation » de l’ensemble des Saint-Louisiens, de Sal-Sal à Gandiole, de Get Ndar à Ngaléle. Voilà une grande dame qui est souvent oubliée quand on rend les honneurs et distribue les moyens. C’est peut-être dû au fait qu’en sa qualité de digne descendante de Malick Coumba Fall, elle ne sera jamais un larbin ! Elle ne tendra jamais sa noble main à une autorité pour solliciter une quelconque faveur !
Comment peut-on oublier le Maire Ousmane Masseck Ndiaye qui quoi qu’on dise, a eu à son actif les plus importants investissements réalisés dans la Commune de Saint-Louis depuis les indépendances? Comment peut-on oublier Ababacar Sadikh Sy qui s’est fortement investi à Saint-Louis depuis plusieurs années, surtout dans les domaines de l’éducation, de la formation et du sport. Le Maire a-t-il oublié que le Président Ababacar S. Sy est et demeure l’un des plus brillants, j’allais dire le plus brillant président de la Linguère de Saint-Louis de tous les temps? Comment peut-on oublier Amadou Racine Sy, ce brillant et généreux opérateur économique qui fait notre fierté? Comment peut-on oublier Babacar Ndiaye Geaur qui fut le premier Saint-Louisien à installer des bancs publics sur l’avenue Dodds ? Comment peut-on oublier l’écrivain Louis Camara, Grand Prix du Président de la République pour les lettres ? Comment peut-on oublier Mbaye Boye Fall, le dynamique initiateur des championnats internationaux de Judo de Saint-Louis ? Comment peut-on oublier mon neveu Elhadj Ousseynou Diouf, cet enfant de Balacos, double Ballon d’or du football africain ?
Voilà donc qu’à l’occasion de ce banquet des méritants, seuls 5 conseillers municipaux et trois adjoints au Maire étaient présents ! C’est dire que le cœur et les ramifications de Saint-Louis étaient totalement absents à ce rendez-vous du Maire. Voilà pourquoi, je ne suis pas d’accord M. le Maire ! Et je vous exprime à haute voix, ma colère partagée par la plupart des Saint-Louisiens !
Pour ma part, j’adresse mes chaleureuses et sincères félicitations aux récipiendaires parmi lesquels je compte des amis, des frères et des oncles. A l’occasion, je voudrais surtout me réjouir du brillant discours de mon oncle Elhadj Madické Wade, un grand talibé de Serigne Touba, un grand patriote et un des plus illustres Saint-Louisiens de l’histoire de notre ville.
Pour terminer, je souhaiterais rappeler très cordialement au Maire de notre ville que Saint-Louis est un patrimoine mondial qui a été béni par des Saints comme Cheikhou Oumar Foutiyou, Elhadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikhna Cheikh Sadibou ! Elle n’est pas votre propriété, M. le Maire ! Vous n’êtes pas non plus le roi des Saint-Louisiens M. le Maire. Montrez donc plus de respect et de considération à l’endroit de Saint-Louis et des Saint-Louisiens. Ayez plus d’égard à l’endroit du Conseil municipal. Évitez le pilotage solitaire, les partis pris et les règlements de compte dans l’exercice de votre mandat. C’est ce que votre honorable père, notre grand frère Cheikh Abdoulaye Dièye nous a toujours enseigné. Vous avez intérêt à en tenir compte. Ce sont des impératifs qu’exigent de vous tous les Saint-Louisiens qui vous avaient accordé leur confiance !
Que Dieu garde Saint-Louis du Sénégal, la plus belle ville du Monde !
Moumar GUEYE
Écrivain
Grand’Officier de l’Ordre du Mérite
Email : moumar@orange.sn
Les règles de la bonne pratique démocratique devraient conduire M. le Maire et les organisateurs de cette fête, à recueillir l’avis préalable et l’aval des 70 conseillers municipaux élus par les populations pour les représenter à la Mairie de Saint-Louis. En plus, le respect dû aux populations de la ville devrait se traduire par l’organisation de ce gala non pas à Dakar, mais à la Place Faidherbe, témoin de l’histoire de cette « vieille ville française » que tous ses enfants « doomu ndar », d’origine, de naissance ou d’adoption, « aiment avec fureur », comme le disait le Duc de Lauzun, premier Gouverneur du Sénégal nommé par le Roi de France en 1779!
Si le Maire et ses collaborateurs avaient ouvert une large concertation avant de retenir le lieu où devrait s’organiser le gala de célébration, les participants à cibler et les règles de désignation des récipiendaires, il n’y aurait pas eu les ratés inacceptables qui ont fâché la quasi-totalité des Saint-Louisiens. S’il y avait une véritable concertation, ce gala n’aurait pas honoré que des Saint-Louisiens de naissance. Et pourtant, il y a de nombreux Sénégalais comme le peintre Jacob Diallo, Abdoul Khadir Aidara et autres non Saint-Louisiens qui ont toujours aimé passionnément notre ville et qui lui ont apporté beaucoup plus que d’authentiques natifs de la ville. Cette discrimination régionaliste me semble maladroite à tout point de vue dans une ville de téraanga comme Saint-Louis, « …centre d’élégance et de bon goût sénégalais » comme l’écrivait avec brio le rufisquois Ousmane Socé Diop! Il convient de retenir également que cette cérémonie aurait du avoir une envergure sous régionale voire internationale, impliquant tout le territoire de l’ex-AOF (Afrique-Occidentale Française).
Tous ces pays africains ont quelque part une vivace fibre d’amour pour Saint-Louis. La plupart de leurs cadres et leaders y ont étudié ou effectué leur service militaire. En conséquence, tous ces pays doivent une dette morale à Saint-Louis qui, faut-il le rappeler, était également la capitale de la Mauritanie. Cette position de Saint-Louis par rapport à la Mauritanie justifierait amplement une invitation à l’adresse de nos voisins de ce pays frère. S’il y avait une véritable concertation, le Maire et son comité d’organisation n’auraient sûrement pas oublié des personnalités de Saint-Louis aujourd’hui disparu. Je voudrais citer Almamy Matheuw Fall, l’infatigable promoteur de la Convention des Saint-Louisiens, Cheikh Abdoulaye Dièye, le grand érudit fidèle en amitié, Elhadj Abdoul Majib Diop, l’Imam Raatib, rénovateur inégalé de la Grande Mosquée du Nord, André Guillabert, l’éminent diplomate, Macodou Ndiaye le regretté Maire de Saint_Louis, Insa Coulibaly , l’inspecteur d’académie et ancien Directeur de cabinet du Président Modibo Keïta du temps de la Fédération du Mali, Collot Diakhaté l’étoile polaire de la ville, fidèle gardien du temple et Mame Sèye Diop qui vient, hélas de tirer sa révérence. À coup sûr, toutes ces personnalités méritaient au moins une citation à titre posthume, au nom de tout ce qu’elles ont fait pour la ville de Saint-Louis, toute leur vie durant.
Si le Maire et les organisateurs avaient mené une consultation pointue et une véritable concertation, ils n’auraient sûrement pas oublié de primer une grande Saint-Louisienne comme Aminata Sow Fall, l’une des plus célèbres romancières d’Afrique et du Monde. En effet, Madame Sow, a incontestablement contribué au rayonnement de Saint-Louis à son développement économique et culturel. Par ses propres moyens, cette grande dame a construit et équipé le Centre Africain d'Animation et d'Echanges Culturels (CAEC), à deux pas de l’Université Gaston Berger.
Qui donc peut aimer ou servir Saint-Louis plus qu’Aminata Sow Fall ? Par sa plume féconde, elle a écrit dans son roman : « l’appel des arènes », ces belles phrases poétiques et pleines d’élégance pour exprimer son amour viscéral pour Saint-Louis : « Mon contact avec l’île bleue de Saint-Louis restera la seule découverte de ma vie. Je n’en veux pas d'autres ». « Le deem farci n’est plus le mulet quand les doigts experts d’une Saint-Louisienne l’avaient recomposé en un joyau à déguster ». « Le ceeb u jën de Saint-Louis est doux comme un rêve ! » Rien que pour ces magnifiques témoignages, Madame Aminata Sow Fall mérite tous les honneurs de Saint-Louis du Sénégal et un vibrant « standing ovation » de l’ensemble des Saint-Louisiens, de Sal-Sal à Gandiole, de Get Ndar à Ngaléle. Voilà une grande dame qui est souvent oubliée quand on rend les honneurs et distribue les moyens. C’est peut-être dû au fait qu’en sa qualité de digne descendante de Malick Coumba Fall, elle ne sera jamais un larbin ! Elle ne tendra jamais sa noble main à une autorité pour solliciter une quelconque faveur !
Comment peut-on oublier le Maire Ousmane Masseck Ndiaye qui quoi qu’on dise, a eu à son actif les plus importants investissements réalisés dans la Commune de Saint-Louis depuis les indépendances? Comment peut-on oublier Ababacar Sadikh Sy qui s’est fortement investi à Saint-Louis depuis plusieurs années, surtout dans les domaines de l’éducation, de la formation et du sport. Le Maire a-t-il oublié que le Président Ababacar S. Sy est et demeure l’un des plus brillants, j’allais dire le plus brillant président de la Linguère de Saint-Louis de tous les temps? Comment peut-on oublier Amadou Racine Sy, ce brillant et généreux opérateur économique qui fait notre fierté? Comment peut-on oublier Babacar Ndiaye Geaur qui fut le premier Saint-Louisien à installer des bancs publics sur l’avenue Dodds ? Comment peut-on oublier l’écrivain Louis Camara, Grand Prix du Président de la République pour les lettres ? Comment peut-on oublier Mbaye Boye Fall, le dynamique initiateur des championnats internationaux de Judo de Saint-Louis ? Comment peut-on oublier mon neveu Elhadj Ousseynou Diouf, cet enfant de Balacos, double Ballon d’or du football africain ?
Voilà donc qu’à l’occasion de ce banquet des méritants, seuls 5 conseillers municipaux et trois adjoints au Maire étaient présents ! C’est dire que le cœur et les ramifications de Saint-Louis étaient totalement absents à ce rendez-vous du Maire. Voilà pourquoi, je ne suis pas d’accord M. le Maire ! Et je vous exprime à haute voix, ma colère partagée par la plupart des Saint-Louisiens !
Pour ma part, j’adresse mes chaleureuses et sincères félicitations aux récipiendaires parmi lesquels je compte des amis, des frères et des oncles. A l’occasion, je voudrais surtout me réjouir du brillant discours de mon oncle Elhadj Madické Wade, un grand talibé de Serigne Touba, un grand patriote et un des plus illustres Saint-Louisiens de l’histoire de notre ville.
Pour terminer, je souhaiterais rappeler très cordialement au Maire de notre ville que Saint-Louis est un patrimoine mondial qui a été béni par des Saints comme Cheikhou Oumar Foutiyou, Elhadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikhna Cheikh Sadibou ! Elle n’est pas votre propriété, M. le Maire ! Vous n’êtes pas non plus le roi des Saint-Louisiens M. le Maire. Montrez donc plus de respect et de considération à l’endroit de Saint-Louis et des Saint-Louisiens. Ayez plus d’égard à l’endroit du Conseil municipal. Évitez le pilotage solitaire, les partis pris et les règlements de compte dans l’exercice de votre mandat. C’est ce que votre honorable père, notre grand frère Cheikh Abdoulaye Dièye nous a toujours enseigné. Vous avez intérêt à en tenir compte. Ce sont des impératifs qu’exigent de vous tous les Saint-Louisiens qui vous avaient accordé leur confiance !
Que Dieu garde Saint-Louis du Sénégal, la plus belle ville du Monde !
Moumar GUEYE
Écrivain
Grand’Officier de l’Ordre du Mérite
Email : moumar@orange.sn