
« On ne peut pas prôner le plein emploi, vouloir créer des postes et développer une politique nationale d’emploi efficace, tout en supprimant des emplois. C’est contradictoire », a-t-elle martelé. Pour elle, la seule solution réside dans un dialogue entre l’État et les forces vives de la Nation. Une orientation qui semble avoir été prise en compte par le président Bassirou Diomaye Faye, qui a insisté sur l'importance du dialogue lors du Conseil des ministres du mercredi 19 février.
Une situation préoccupante pour le pacte social
Lors de la Journée mondiale de la justice sociale, organisée par les Nations Unies, Innocence Ntap Ndiaye, également présidente de l’Internationale Francophone du Dialogue Social (IFDS), a dénoncé la dégradation du climat social au Sénégal. Selon elle, la persistance des tensions risque de compromettre le pacte social conclu entre les nouvelles autorités et les acteurs du monde du travail.
S’exprimant en connaissance de cause, après avoir joué un rôle central dans la médiation entre syndicats et gouvernement durant son mandat au HCDS, elle a salué l’appel à la concertation lancé par le chef de l’État. « Je pense que le président Bassirou Diomaye Faye m’a bien entendue. Après la mobilisation de l’intersyndicale, j’ai été sollicitée pour donner mon avis sur la tension qui règne dans le secteur. La seule voie de sortie, c’est le dialogue », a-t-elle affirmé.
Elle a par ailleurs pointé du doigt l’inefficacité des mesures prises pour lutter contre la vie chère, surtout à l’approche du mois de Ramadan. « Les décisions du gouvernement pour atténuer la flambée des prix n’ont pas été appliquées. La baisse des denrées de première nécessité n’a pas été effective. Les travailleurs sont avant tout des citoyens, des parents. Si les nouvelles autorités prennent des décisions sans concertation et que des entreprises licencient sans justification, cela pose problème. »
Soutien au secteur privé et à l’emploi des jeunes
Innocence Ntap Ndiaye estime que le manque de communication et d’accompagnement du secteur privé entrave le bon fonctionnement de l’économie nationale. « Si nous-mêmes, nous exposons notre secteur privé à l’abandon, rien ne marchera. Il faut le soutenir et l’accompagner », a-t-elle insisté.
Abordant la question de l’emploi des jeunes dans l’espace francophone, qui était au centre des discussions de cette Journée mondiale de la justice sociale, elle a souligné l’importance de la formation et de l’insertion professionnelle. « La jeunesse reste une cible vulnérable, avec peu d’opportunités d’accès à l’emploi en raison de nombreux facteurs, notamment la non-scolarisation, le manque de formation et l’accès limité aux moyens de production », a-t-elle expliqué.
À cet effet, l’IFDS a mobilisé des acteurs tripartites – État, employeurs et syndicats – ainsi que des organisations de la société civile pour réfléchir aux solutions permettant d’améliorer l’employabilité des jeunes.
« Il est urgent de leur donner les outils nécessaires pour trouver un emploi. Le premier levier, c’est la formation professionnelle. Beaucoup se plaignent du chômage alors qu’ils n’ont aucune qualification. Nous travaillons notamment avec l’Office National de Formation Professionnelle (ONFP) et le Haut Conseil du Dialogue Social pour remédier à cette situation », a-t-elle conclu.
Tout au long de cette journée de réflexion, des débats approfondis ont permis d’aborder les défis liés à l’emploi des jeunes et d’explorer des pistes de solutions concrètes.