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Fausse "Maison des esclaves de Gorée": Saint-Louis fut le principal point de départ des esclaves. [Enquête]

Vendredi 22 Février 2013

Fausse "Maison des esclaves de Gorée": Saint-Louis fut le principal point de départ des esclaves. [Enquête]
Cette histoire de maison des esclave de Gorée a été inventé par Pierre André Cariou, médecin chef breton de la marine française dans les années 1950. Il n'a pas cherché à la falsifier, mais a émis des suppositions, qu'il a intégrées dans un roman historique non édité "Promenade à Gorée" (manuscrit disponible à la BNF Mitterand) et dans le circuit touristique qu'il proposait aux rares touristes de l'île de Gorée; souvent des amis et familles qui venaient visiter les marins militaires français hospitalisés à l'hôpital de la Marine.

À l'origine de ce qui allait devenir la plus importante escroquerie mémorielle de l'histoire, un petit garçon qui servait de "boy" à Cariou, l'adolescent Joseph N'Diaye.

Joseph N'Diaye devenu adulte prit la suite de Cariou dans les années 1970. Dans les années 1980 sorti le film "Racine" avec la figure inoubliable de "Kounta Kinté" l'africain; les américains noirs, qui vivaient souvent une sorte d'amnésie volontaire quant à leurs souffrances passées, furent pris d'une envie légitime de retourner voir mama africa.

Le seul pays qui disposait d'un véritable ministère de la Culture à l'époque, fabuleux héritage de l'ère Senghor, était le Sénégal. Les fonctionnaires orientèrent naturellement les Tours Operator black vers Gorée, où une personne qui n'était pas fonctionnaire faisait visiter une maison aux rares touristes... Joseph N'Diaye.

Rapidement, ce business devint une affaire juteuse pour les réceptifs sénégalais, les TO américains (souvent créés par des sénégalais des USA) et le gouvernement qui prit peu à peu conscience de l'importance économique de cette affaire.

D'autres aussi, les enseignants sénégalais de l'université de Dakar, furent de grands bénéficiaires du "Gorée Business" comme je l'ai nommé.

En effet, ils obtinrent de nombreux stages, invitations à des conférences aux Amériques rémunérés grâce aux inventions racontées par tonton Joseph. Certains obtinrent des emplois dans les universités américaines (Colombia University), d'autres à la direction du patrimoine dépendant du ministère de la Culture en profitèrent notamment en détournant les nombreux dons financiers offert pour la sauvegarde de Gorée... Au point que l'Unesco, agacée par ces détournement, ne cautionna plus aucune campagne de sauvegarde du patrimoine bâti.

Cela ne pouvait pas durer.

Dans les années 1980, un historien américain, Philipp Curtin, intrigué par les soi-disants 20 millions de victimes parties de Gorée, publia une étude statistique rappelant que ce chiffre était celui de l'ensemble de la traite partie de toute la côte d'Afrique, de la Mauritanie à l'Angola. Curtin indiqua aussi que de Gorée partirent entre 900 à 1500 personne et que le Sénégal représentait 5% de la traite.

Panique à Dakar et chez leurs complices sénégalais des USA; heureusement pour eux, la presse, non informée, ne diffusa pas l'information...

Dans les années 2000, se fut le tour d'Abdoulaye Camara, enseignant en histoire à l'Université de Dakar, de dénoncer l'affaire à un journaliste du Monde, qui la publia alors. Mais l'article fut étouffé car la bande du Gorée Business comptait alors de puissantes relations amicales en France, Laurence Attali (sœur de Jacques), Catherine Clément (romancière) et la Fondation Danièle Mitterand. Malgré tout Ki Zerbo philosophe béninois protesta contre l'arnaque dans un article de presse.

En 2006 finalement sortit la seule étude scientifique démontrant à partir d'archives qu'il s'agissait bel et bien d'une arnaque: la mienne. Cette études indiquait qu'il y avait non pas une mais deux captiveries; toutes deux démolies mais parfaitement repérables grâce aux plans de cadastres du XVIIIe siècle conservés aux archives BNF Richelieux à Paris. Cette étude démontre aussi que les principaux points de départs des victimes furent Saint Louis au Sénégal et la Gambie. Cette étude obligea Wikipedia à rectifier le tir, malgré le sabotage permanent de mes contributions pendant plus de trois ans organisé par les membres de ce qu'il est convenu d'appeler "le Gorée Business".

Ironie du sort, la population "créole" du XVIIIe siècle, comme démontré par cette étude, constitua le principal frein à la traite des esclaves avec celle de Dakar; cela explique le faible nombre de victimes parties de Gorée.

Encore plus "amusant" la femme métisse/créole qui a construit cette maison, Anna Colas Pépin, fut une résistante à la traite comme ses "consœurs" qui dirigeaient l'île de Gorée du XVIIIe au XIXe siècle, car ils s'agissait d'une micro-civilisation matriarcale métisse/créole...

L'étude dont je suis l'auteur fut intégrée dans mon livre "Céleste ou le temps des signares", seul livre certifié qui puisse servir en université car primé par une académie dépendant de l'éducation nationale française: l'Académie des Science d'Outre-mers.

Voilà donc pourquoi je propose désormais "la certification des lieux de mémoires", c'est-à-dire que tous les lieux de mémoires en Afrique soient désormais certifiés par plusieurs universités, des Amériques (Caraïbes, Etats-Unis), d'Europe et d'Afrique. Avec cette méthode, on éviterai que ne se reproduise des arnaques comme la fausse "maison des esclaves de Gorée".

Ce billet a été initialement publié sur le site de Jean Luc Angrand
Historien franco-sénégalais

Suivre Jean Luc Angrand sur Twitter: www.twitter.com/JeanLucangrand Jean Luc Angrand sur Twitter: www.twitter.com/JeanLucangrand


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1.Posté par Joseph Ki Zerbo n´est pas Beninois mais Burkinabé le 22/02/2013 08:08
Joseph Ki Zerbo n´est pas Beninois mais Burkinabé ( du Burkina-Faso) Merci de corriger

2.Posté par moise le 22/02/2013 08:12
Effarant quand-même!!! Mais, lorsque c'est Iba Der Thiam, himself, qui déclare droit dans ses bottes, que l'Afrique n'a pas encore ecrit sa propre histoire... Et le contenu de cet article, s'il est avéré, montre l'etendue du désastre. SHOCKING!!!

3.Posté par zarathoustra le 22/02/2013 13:11
Petit rectificatif: Ki-Zerbo n'est pas Béninois mais Burkinabé. A part ça l'article est intéressant et relance un débat sur un sujet à controverses. Historiens et chercheurs faites vos jeux et aidez nous à y voir plus clair!

4.Posté par doc le 22/02/2013 20:06
Il y a beaucoup de fausses histoires qui persistent. A Saint-Louis, l'hotel principal de la ville prétend avoir reçu Mermoz à l'époque. C'est absolument faux, cette histoire vient du cerveau de la propriétaire qui avait bien compris l'intéret d'une telle anecdote. Pourtant cela est faux... Quelques uns le savent bien mais par amitié ferment leur bouche...

5.Posté par FB le 22/02/2013 21:10
S'il fallait lister toutes les escroqueries du Sénégal, on n'en finirait plus. Ces arnaques intellectuelles sont aussi souvent dues à une grande paresse intellectuelle ou sont de l'ordre de la pensée magique: pour le festival de jazz à Saint-Louis, d'aucuns ne se gênaient pas d'écrire que des millions d'aficionados affluaient; le Djoudj "3e parc ornithologique du monde", ça ne veut strictement rien dire non plus: ce flou signifie quoi ? Que les étriqués 16000 hectares attirent une densité d'oiseaux telle que tous les records du monde y seraient battus ?! Au diable le Pantanal ou les Llanos sud-américains, ou l'Okavango botswanais, ou encore le Sudd soudanais, alors ! Et quand on sait que le delta intérieur du fleuve Niger et le lac Tchad accueillent en nombre plus d'oiseaux que le delta du fleuve, on ne saisit pas bien le slogan... qui ne sert à rien, puisque le tourisme est aussi commun au Sénégal que le déchet l'est dans le paysage suisse ! Quant à Gorée, il suffit de connaître Elmina au Ghana ou Ouidah au Bénin pour vite comprendre que là-bas, en effet, l'"exportation" d'esclaves (de l'intérieur des terres) était une industrie florissante pour les négriers de toutes les couleurs. Mais chut, la tyrannie de la 'pensée unique et émotive' règne en maître, ici comme ailleurs. Il est vrai qu'au Sénégal, ça atteint tout de même des sommets !

6.Posté par jean le 02/04/2013 00:36
ce faut historien fais de la publicite partout sur internet et mm sur facebook pour dire que goree c une escroquerie .reflechissez mais pourkoi il persiste a dire que goree est une escroquerie .c qlq un qui n a jamais rien decouvert de sa pauvre carriere d historien il veut se faire un nom .li c une insulte de la part de ndar info c antisenegalais cet article

7.Posté par El'O le 02/04/2013 11:57
Bonjour Jean. Moi aussi j'ai été surpris de cette "révélation". Mais, si ce que dit M. Angrqnd est faux, il suffit de le déméntir; arguments à l'appui. Figurez-vous qu'après lecture de son document, j'ai été tellement choqué que je l'ai copié pour le publier sur d'autres sites et pour l''envoyer à certains journaux en espérant susciter un débat. Las, l'omerta est totale me poussant à croire malheureusementt que M. Angrand a certainement raison. Sinon, pourquoi nos "historiens" font encore, comme toujours sur des sujets ""genants", le mort

8.Posté par Club Upsilon le 26/05/2013 11:11
En réponse à l'article pour ne pas entendre qu'un son de cloche :

http://www.huffingtonpost.fr/moussa-diop/maison-esclaves-goree_b_3326026.html?utm_hp_ref=france

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