J’ai toujours eu l’intime conviction que l’écrivain, s’il veut accomplir pleinement sa mission ne doit pas se limiter à écrire romans, poèmes et essais et attendre des couronnes de laurier à l’ombre des arbres. Il doit également s’intéresser quotidiennement au destin et au fonctionnement de la société dans laquelle il évolue. Point n’est besoin pour lui d’être un acteur politique passionné ou un syndicaliste chevronné pour s’acquitter d’une telle obligation de haute portée civique.
Ne voulant pas demeurer un stérile « guetteur d’aurores », je me voudrais également un humble « éveilleur de consciences », même si, comme tous les humains, j’échapperai difficilement à mon destin implacable de fauteur, de fautif et de transgresseur !
Cela dit, je voudrais exprimer ma révolte silencieuse après avoir longuement analysé et évalué les graves crimes économiques dont de célèbres personnalités publiques de notre pays se sont rendues coupables ces dernières années.
Autant je ne saurais m’offusquer de voir un honnête homme d’affaires Sénégalais ou africain gagner des milliards et s’enrichir, autant je serais toujours incapable de comprendre comment un agent de l’État, un haut fonctionnaire, un ministre de la République ou un simple parlementaire pourrait s’enrichir en centaines de millions, voir en multitudes de milliards tout en respectant les termes du serment moral qui le lie à son pays et à son peuple. Ce serment sacré composé et bâti dans le ciment de l’honnêteté, de la droiture, du respect des lois et règlements et des exigences de l’intégrité.
Cela est d’autant plus surprenant et révoltant que ces serviteurs de l’État subitement devenus milliardaires, font manifestement preuve d’un égoïsme et d’une ingratitude qui dépassent l’entendement dans une société comme la nôtre où manger trois fois par jour est devenu un véritable luxe! Ils n’aident jamais les sinistrés ! Ils n’assistent jamais les malades ! Ils rejettent toute forme de mécénat. Enfin, ils n’investissent absolument rien dans leur pays !
Je dois avouer que dans mes moments de méditations, j’ai toujours fortement salué les discrets actes de générosité et de solidarité remarquables d’opérateurs économiques comme Cheikh Amar, Baba Diao, Mamadou Racine Sy, M. Samb, Aliko Dangoté, Harouna Dia, Chawki Haidouss, Bougane G. Dany, Youssou Ndour, Sidy Lamine Niass, Jacques et Georges Rezk entres autres qui ont réservé une bonne part de leurs richesses personnelles à l’investissement national, à la création d’emplois, à des actes de bienfaisance, à l’aide aux nécessiteux et à l’assistance discrète aux pauvres qui paraissent riches parce que toujours bien habillés, mais qui gardent leur dignité et refusent de tendre la main, même s’ils sont tenaillés par un besoin pressant.
En revanche, j’ai toujours maudit du tréfonds de mon cœur, ces compatriotes promus au nom de l’État, pour servir la nation et qui toute leur carrière durant n’ont jamais cessé d’amasser des millions en plusieurs dizaines et des milliards en multitudes. Sans honte, ils entassent ces numéraires dans des caves creusées nuitamment dans leurs vergers ou leurs villas ou alors confiés à des banques étrangères promptes à accueillir avec un large sourire les fonds les plus sales et les plus suspects. Ainsi, pendant que ces nouveaux riches vampirisent leur pays qui sombre inexorablement dans les abîmes de la pauvreté, leurs enfants gâtés à outrance et leurs proches pleins aux as, narguent le peuple et se payent la belle vie à travers le monde, dans un luxe outrancièrement insolent, indécent et scandaleux.
Tout cela est sans aucun doute, frustrant et révoltant, quand on sait que des milliers de fonctionnaires fidèles serviteurs de l’État et respectueux des règles de la déontologie, après quarante ans de carrière, n’ont jamais pu acquérir un logement décent ! Ils n’ont jamais pu se payer le luxe de petites vacances, même si c’était juste pour séjourner dans un petit campement du Djoudj, de Toubacouta ou de Simenti !
Voilà donc que depuis le début de la deuxième alternance démocratique de notre pays, la clameur populaire contre les détournements de fonds publics, les enrichissements illicites et les biens mal acquis, n’arrête pas de s’amplifier pour crier sa rage, son désarroi et son désespoir dans les rues de Dakar, dans la savane du Cayor, dans les forêts de Casamance, sur l’île bleue de Saint-Louis et sur les berges du fleuve Sénégal !
Et pourtant, les accusés, au lieu d’apporter poliment et sereinement au peuple sénégalais, la preuve du caractère licite de leurs richesses subites, manifestement excessives et inexplicables, se mettent à proférer menaces et injures dans les médias ou à jouer à cache-cache avec les juges, exacerbant ainsi la légitime et violente colère de la majorité silencieuse des Sénégalais !
À tout cela, s’ajoute l’infinie kyrielle de difficultés qui jalonnent la procédure de récupération de ces fonds illicitement acquis et qui sont planqués dans des achats d’actions douteuses ou confiés à des banques qui ont élu domicile dans des pays, véritables paradis fiscaux ! Nos braves juges souvent dépourvus de moyens idoines, sont ainsi confrontés à de véritables travaux d’Hercule pour débusquer les cachettes hautement sophistiquées de ces puissants gangsters bien organisés et bénéficiant de la complicité d’un réseau de malfrats insoupçonnés qui les défendent et les protègent à tout prix et contre tous les coups!
C’est pour les raisons essentielles que voilà, que j’ai cru devoir suggérer à la Communauté internationale, la création d’une Cour Pénale internationale exclusivement chargée de la traque des biens mal acquis, de la poursuite et du jugement des auteurs de crimes économiques. La mise en place d’une telle institution à compétence universelle permettrait de dénicher tous les détourneurs de deniers quel que soit leur statut, rang et dignité pour les mettre à la disposition de ce tribunal des nations, afin que justice soit faite sans force tyrannique ni faiblesse coupable. Je suis convaincu que c’est là le seul moyen de dissuader ces bandits de grand chemin et de mettre fin à cette course effrénée vers la cannibalisation des économies déjà fragiles de nos pays.
Moumar GUEYE
Écrivain
E-mail : moumar@orange.sn
Ne voulant pas demeurer un stérile « guetteur d’aurores », je me voudrais également un humble « éveilleur de consciences », même si, comme tous les humains, j’échapperai difficilement à mon destin implacable de fauteur, de fautif et de transgresseur !
Cela dit, je voudrais exprimer ma révolte silencieuse après avoir longuement analysé et évalué les graves crimes économiques dont de célèbres personnalités publiques de notre pays se sont rendues coupables ces dernières années.
Autant je ne saurais m’offusquer de voir un honnête homme d’affaires Sénégalais ou africain gagner des milliards et s’enrichir, autant je serais toujours incapable de comprendre comment un agent de l’État, un haut fonctionnaire, un ministre de la République ou un simple parlementaire pourrait s’enrichir en centaines de millions, voir en multitudes de milliards tout en respectant les termes du serment moral qui le lie à son pays et à son peuple. Ce serment sacré composé et bâti dans le ciment de l’honnêteté, de la droiture, du respect des lois et règlements et des exigences de l’intégrité.
Cela est d’autant plus surprenant et révoltant que ces serviteurs de l’État subitement devenus milliardaires, font manifestement preuve d’un égoïsme et d’une ingratitude qui dépassent l’entendement dans une société comme la nôtre où manger trois fois par jour est devenu un véritable luxe! Ils n’aident jamais les sinistrés ! Ils n’assistent jamais les malades ! Ils rejettent toute forme de mécénat. Enfin, ils n’investissent absolument rien dans leur pays !
Je dois avouer que dans mes moments de méditations, j’ai toujours fortement salué les discrets actes de générosité et de solidarité remarquables d’opérateurs économiques comme Cheikh Amar, Baba Diao, Mamadou Racine Sy, M. Samb, Aliko Dangoté, Harouna Dia, Chawki Haidouss, Bougane G. Dany, Youssou Ndour, Sidy Lamine Niass, Jacques et Georges Rezk entres autres qui ont réservé une bonne part de leurs richesses personnelles à l’investissement national, à la création d’emplois, à des actes de bienfaisance, à l’aide aux nécessiteux et à l’assistance discrète aux pauvres qui paraissent riches parce que toujours bien habillés, mais qui gardent leur dignité et refusent de tendre la main, même s’ils sont tenaillés par un besoin pressant.
En revanche, j’ai toujours maudit du tréfonds de mon cœur, ces compatriotes promus au nom de l’État, pour servir la nation et qui toute leur carrière durant n’ont jamais cessé d’amasser des millions en plusieurs dizaines et des milliards en multitudes. Sans honte, ils entassent ces numéraires dans des caves creusées nuitamment dans leurs vergers ou leurs villas ou alors confiés à des banques étrangères promptes à accueillir avec un large sourire les fonds les plus sales et les plus suspects. Ainsi, pendant que ces nouveaux riches vampirisent leur pays qui sombre inexorablement dans les abîmes de la pauvreté, leurs enfants gâtés à outrance et leurs proches pleins aux as, narguent le peuple et se payent la belle vie à travers le monde, dans un luxe outrancièrement insolent, indécent et scandaleux.
Tout cela est sans aucun doute, frustrant et révoltant, quand on sait que des milliers de fonctionnaires fidèles serviteurs de l’État et respectueux des règles de la déontologie, après quarante ans de carrière, n’ont jamais pu acquérir un logement décent ! Ils n’ont jamais pu se payer le luxe de petites vacances, même si c’était juste pour séjourner dans un petit campement du Djoudj, de Toubacouta ou de Simenti !
Voilà donc que depuis le début de la deuxième alternance démocratique de notre pays, la clameur populaire contre les détournements de fonds publics, les enrichissements illicites et les biens mal acquis, n’arrête pas de s’amplifier pour crier sa rage, son désarroi et son désespoir dans les rues de Dakar, dans la savane du Cayor, dans les forêts de Casamance, sur l’île bleue de Saint-Louis et sur les berges du fleuve Sénégal !
Et pourtant, les accusés, au lieu d’apporter poliment et sereinement au peuple sénégalais, la preuve du caractère licite de leurs richesses subites, manifestement excessives et inexplicables, se mettent à proférer menaces et injures dans les médias ou à jouer à cache-cache avec les juges, exacerbant ainsi la légitime et violente colère de la majorité silencieuse des Sénégalais !
À tout cela, s’ajoute l’infinie kyrielle de difficultés qui jalonnent la procédure de récupération de ces fonds illicitement acquis et qui sont planqués dans des achats d’actions douteuses ou confiés à des banques qui ont élu domicile dans des pays, véritables paradis fiscaux ! Nos braves juges souvent dépourvus de moyens idoines, sont ainsi confrontés à de véritables travaux d’Hercule pour débusquer les cachettes hautement sophistiquées de ces puissants gangsters bien organisés et bénéficiant de la complicité d’un réseau de malfrats insoupçonnés qui les défendent et les protègent à tout prix et contre tous les coups!
C’est pour les raisons essentielles que voilà, que j’ai cru devoir suggérer à la Communauté internationale, la création d’une Cour Pénale internationale exclusivement chargée de la traque des biens mal acquis, de la poursuite et du jugement des auteurs de crimes économiques. La mise en place d’une telle institution à compétence universelle permettrait de dénicher tous les détourneurs de deniers quel que soit leur statut, rang et dignité pour les mettre à la disposition de ce tribunal des nations, afin que justice soit faite sans force tyrannique ni faiblesse coupable. Je suis convaincu que c’est là le seul moyen de dissuader ces bandits de grand chemin et de mettre fin à cette course effrénée vers la cannibalisation des économies déjà fragiles de nos pays.
Moumar GUEYE
Écrivain
E-mail : moumar@orange.sn