Il apparait ainsi nettement que c’est bien le poids des deux coalitions (Ca2000 et Code 2000) 47,6 qui a fait pencher la balance en faveur de l’opposition. En y ajoutant les 3,8% des quatre autres candidats on était à 51,4%, ce qui entrainait obligatoirement l’avènement du 2e tour, en l’absence même des 7,1% de Djibo Leyti Ka.
Le comportement de ce dernier au second tour permet de comprendre qu’il n’était qu’un candidat de diversion ayant la mission de détourner et de capter des voix qui pourraient faire mal en atterrissant dès le premier tour, dans l’escarcelle de l’opposition réelle. Les électeurs qui ont voté pour lui au premier tour ne l’ont compris qu’à la suite de sa volteface d’entre les deux tours en allant voter massivement et unanimement pour le FAL. Les pourcentages de Abdou Diouf au second tour le montrent brillamment (41,5% et 41,3%).
A la lecture de ces chiffres, qu’on cesse de chercher à nous faire croire que c’est la pluralité des candidats qui a amené le candidat sortant Abdou Diouf au second tour.
Au contraire, c’est bien l’approche unitaire des deux coalitions qui en est la cause principale. Chacune d’elle s’est organisée et a mobilisé autour d’un candidat unique pour battre campagne et obtenir les résultats souhaités. Une union plus large de l’opposition avait été déjà réalisée avant le jour du scrutin par la mise sur pied du FRTE, union large sur laquelle allait s’appuyer l’approche unitaire des deux coalitions, base réelle de la victoire historique du 19 Mars 2000.
La réalité s’inscrit ainsi en faux contre les allégations de ceux qui prétendent que c’est la pluralité des candidatures qui a emporté le régime socialiste.
Malgré tout en direction de la présidentielle du 26 Février 2012, ils reprennent leur bâton de pèlerin pour faire la promotion de la candidature plurielle. Leur argument le plus usité est celui consistant à dire : « aller individuellement au 1er tour pour mobiliser son électorat et se retrouver après au second tour ».
Cette attitude traduit le fait irréfutable qu’en matière électorale, les partis politiques sont largement en retard par rapport au niveau atteint par les électeurs dans la gestion de leurs bulletins de vote.
Les électeurs ne sont la propriété d’aucun parti, ni d’aucun marabout. Les temps sont bien révolus où le ndigel prospérait et où l’électeur privilégiait le sentiment par rapport à ses intérêts propres. La preuve c’est la réponse cinglante que les électeurs ont faite aux menaces d’un marabout bien connu qui est allé jusqu’à les traiter d’imbéciles en allant voter massivement contre Abdou Diouf. Et il récidive aujourd’hui en appelant à voter pour Abdoulaye Wade. Prions pour que l’histoire se répète et que le camp qu’il fustige l’emporte sur le sien comme ce fut le cas en 2000.
Une confusion ténue mérite d’être levée. On a souvent tendance à confondre militants, adhérents d’un parti et électeurs qui ne sont d’aucun parti. Ces électeurs n’agissent plus comme par le passé ! La loi de l’évolution et du changement a joué dans leurs rangs et y a entraîné des comportements nouveaux qui échappent souvent aux politiciens qui prennent leurs désirs pour la réalité.
Depuis 2000, ils nous en ont administré la preuve à maintes reprises.
Aux législatives de 2007, n’ont-ils pas répondu favorablement à la décision de boycotte de l’opposition ! Officiellement sur les 5002533 inscrits, seuls 1738185 se sont rendus aux urnes soit un taux de participation de 34,7% contre un taux de participation de 67,4 lors des élections législatives de 2001. En réalité le taux de participation est bien en deçà du taux officiel. Les observateurs les plus crédibles avancent un taux de participation inférieur à 25%.
Aux élections locales du 22 Mars 2009 la brillante victoire des listes Benno en est une autre et parfaite illustration.
Ainsi à trois reprises, les électeurs ont répondu favorablement à la décision juste parce qu’unitaire de l’opposition en votant massivement pour ses listes. A la présidentielle de 2000, aux législatives de 2007 et aux locales de 2009. Ils auront la même attitude en 2012 si l’opposition se présente à eux dans l’unité.
Benno Sigil Sénégal doit aller à la présidentielle de 2012 avec un candidat unique s’il veut remporter la victoire, une victoire éclatante.
Il faut avoir le courage de dire, d’affirmer ouvertement et de proclamer haut et fort qu’on ne peut pas se réclamer de Benno et militer pour la candidature plurielle parce que simplement celle-ci est anti Benno. Benno c’est unir, unifier, mettre ensemble, assembler, rassembler, aller vers un, à toujours consolider et fortifier. Plus encore, on ne peut pas appartenir au Benno Sigil Sénégal, avoir participé aux travaux des Assises nationales et signé la Charte de gouvernance démocratique et décider d’aller aux prochaines élections en rangs dispersés On ne peut avoir adopté le même programme, avalisé le même projet de constitution et se présenter devant le peuple avec des candidats différents Ce n’est pas ce qu’avaient fait en 2000 la Ca2000 et le Code2000. Cela traduirait une sous estimation réelle de la capacité de compréhension des électeurs qui nous ont assez administré la preuve du contraire.
BSS a un rendez-vous ultime avec l’histoire le 26 février 2012. Il y a rendez-vous avec les électeurs qui, depuis 2000, et à trois reprises, ont fait la démonstration sans équivoque qu’ils savent bien ce qu’ils veulent et comment valoriser leurs cartes d’électeurs.
Les enjeux de ce rendez-vous sont d’une importance capitale pour l’avenir de notre pays. On ne répétera jamais assez que la présidentielle de 2012 est à nulle autre pareille. Intervenant après la restitution : adoption des conclusions des Assises nationales et la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de notre pays, elle sera la première occasion offerte au peuple pouvant lui permettre d’opérer le vrai changement par l’adoption d’un nouveau régime politique d’essence parlementaire enterrant définitivement le régime présidentialiste institué dans notre pays depuis 1963, la mère de tous nos maux, politiques, économiques, sociaux et culturels.
La présidentielle de 2012 constitue une ligne nette de démarcation entre partisans du présidentialisme, donc du statuquo, et ceux du parlementarisme, donc de la rupture. Leur bataille sera rude. Il ne faudra pas se faire d’illusions. Ce ne sera pas un échange de cadeaux et de bonnes manières. L’enjeu est de taille. C’est à ce niveau que je me permets de formuler très brièvement trois critiques à l’adresse de BSS.
D’abord l’absence de gestion benno de sa victoire du 22 Mars 2009. La concertation et la direction politique du pouvoir local que lui a confié le peuple n’ont pas été au rendez-vous de sorte que tous les avantages qui pourraient en être tirés en direction du scrutin du 26 Février 2012 seront presque nuls.
Ensuite l’absence de prise en charge des conclusions des Assises nationales par tous les partis constituant BSS en vue de leur assimilation par l’ensemble de leurs militants pour permettre leur large diffusion permettant leur réelle appropriation par le peuple.
Enfin le rythme très lent du travail de BSS en direction de la présidentielle de 2012. Ce qui a entraîné aujourd’hui un retard difficile à combler. Les tâches attendues sont immenses et l’espace à couvrir est l’espace national et non pas seulement celui de Dakar. Il urge alors d’accélérer le rythme de travail, de mobiliser toutes les énergies et toutes les compétences en toutes matières pour la mise en place des structures et organes sur lesquels s’appuyer pour la campagne électorale à venir. Le 27 Février 2012, c’est demain, il faut par conséquent s’installer dans une activité continue 24h/24.
Il urge de mettre en place sans plus tarder le camp de tous ceux qui sont pour la candidature unique, dans comme en dehors de BSS, et de trouver un consensus sur la personne qui va porter cette candidature.
En raison de l’accord des parties prenantes sur le programme, le projet de constitution d’essence parlementaire et de la nature transitoire de la mission à conduire, il ne devrait être guère difficile de s’entendre sur cette personne. Il suffit de se mettre d’accord sur un certain nombre de critères qui pourront nous orienter dans la recherche de la solution de ce problème auquel on a donné des dimensions qu’il na pas. Dans la corbeille de ces critères je me permets de jeter ceux qui suivent:
1. Le candidat doit être un politique. L’enjeu est fondamentalement politique. Les politiques ont été à la base de la création de BSS et de l’initiative des Assises nationales.
2. Il doit avoir une expérience avérée de la gestion de l’Etat pour répondre au rythme de travail que va nécessiter la réalisation des tâches de la transition limitée dans le temps.
3. Il doit être un rassembleur
4. Il ne doit pas avoir de soucis financiers pour ne pas avoir à malmener les ressources publiques.
5. A égalité de points, le plus âgé est choisi.
Sur la base d’une investiture publique officielle avec prestation d’un serment appuyé d’une déclaration d’engagement notariée datée et signée qu’une commission ad hoc aura à rédiger on aura tiré les leçons de 2000 en nous donnant ainsi les moyens d’éviter le syndrome Abdoulaye Wade.
Dakar le 02 Février 2011
ALLA KANE
Kane_alla@yahoo.fr