La territorialisation croissante par le renforcement de la décentralisation (Voir Code des Collectivités Locales) confirme le rôle de l’initiative locale au Sénégal. Ce qui constitue un enjeu de positionnement pour les Chambres de Commerce, d’Industries et d’Agricultures (CCIA), une opportunité de faire valoir leurs savoir-faire auprès des autres acteurs économiques et plus particulièrement les collectivités locales. Elles sont donc appelées à réaffirmer leur position en leur qualité d’acteurs privilégiés du développement territorial.
Cette réaffirmation des CCIA répond à quelques enjeux et perspectives. En effet, en tant qu’acteurs important de la vie économique régionale, elles sont confrontées à la problématique de la gestion territoriale. Elles sont, dès lors, directement interpellées par les nouveaux enjeux du développement local avec la montée du local (décentralisation et transfert de compétences aux collectivités locales), les concurrences des territoires (différenciation et spécialisation), les logiques de projet et de contrat (partenariats, proximité, gouvernance, approche globale et transversale, la mise en réseau (mutualisation, apprentissage collectif, économie relationnelle), bref les nouvelles Économies-territoires.
Les CCIA sont donc au cœur d’un contexte qui met en concurrence des territoires et crée des synergies entre institutions locales et compétitivité nationale et internationale. Et pour faire face à cette donne, elles ont besoin de s’approprier des méthodes de management en pointe, et davantage. Car en effet, la logique de concurrence faisant des territoires des enjeux de marché, l’introduction d’outils marketing peut constituer un appui de taille aux opérations de développement.
Le Marketing Territorial peut, ce faisant, s’avérer l’outil indiqué pour renforcer leur image et leur action. Cet outil devient, partout, la convoitise des développeurs locaux. Son utilisation est d’autant plus pertinent qu’actuellement, les CCIA semblent ne répondre que partiellement à leur raison d’être. Et pour cause, elles ne sont plus seules dans leurs champs d’action et sont sans cesse confrontées à une rivalité toujours plus nette de la part des autres acteurs du développement économique. D’où la contestation de leur légitimité et de leur rôle de négociateurs privilégiés que leur ravisent d’autres institutions, les organisations professionnelles et les associations de décideurs économiques locaux.
En outre, les nombreuses initiatives locales pour susciter l’innovation et favoriser l’emploi risquent de les maintenir dans une situation de marginalisation et de brouiller davantage leur image. Elles sont, à ce propos, appelées à donner à leurs actions plus de lisibilité et de cohérence afin de conforter leur position face aux différents acteurs du développement économique.
Il sera dès lors question d’évoquer ici, pour ces acteurs importants de la vie économique en l’occurrence les CCIA, une démarche de positionnement stratégique par rapport aux nouvelles dynamiques de développement. Comment, en tant qu’acteurs autonomes, elles doivent se positionner au sein du réseau des acteurs économiques du pays ? Quels sont les choix organisationnels porteurs d’avenir pour chacune d’entre elles de même que pour leurs territoires respectifs ?
Voici donc dans les lignes qui suivent trois axes qui semblent résumer ces choix organisationnels.
Le premier consiste en l’appui et aux services aux entreprises. En effet, apporter des services directs et indirects nécessaires à la vie économique est l’une des principales missions des chambres consulaires. Aussi, pour mieux répondre à l’essence de cette mission et pour un territoire solidaire, équilibré, attractif et propice à la compétitivité des entreprises, les CCIA doivent-elle se positionner comme acteurs autonomes au sein d’un réseau d’acteurs agissant en synergie.
L’apport de services directs sous entend la mise à disposition des entreprises de conseillers compétents et bien formés pour les besoins:
de création ou transmission, de financement ou développement ;
d’innovation technologique, de qualité de sécurité ;
d’adaptation à l’environnement, de développement à l’international ;
d’information économique ;
de création de fichiers sectorielles des entreprises à jours ;
et de centralisation des formalités de création d’entreprises.
De ce fait, elles offrent une valeur ajoutée de développement qui se matérialise par ‘’des espaces d’accueil, des facilités de services et surtout des modalités d’intégration à la vie socio-économique et de participation à la dynamique de développement du territoire » comme dirait Roger NIFLE
Il s’agit là d’un accompagnement aux créateurs de richesses, aux chefs d’entreprise et à leurs équipes à commencer avant la création et à poursuivre pendant et après l’implantation.
A ce premier axe stratégique, suit un deuxième qui consiste en l’appui et aux services au territoire.
En effet, bien connaître son territoire, est un énorme avantage concurrentiel pour réussir son positionnement. Si un bon « diagnostic fournit la matière pour élaborer les projets cohérents pour le territoire « [1], l’apport de services indirects correspond à ce niveau au développement de l’environnement économique par l’aménagement et la gestion d’équipements. Ainsi, fort de leur expérience et de leur connaissance de leur région d’implantation représentant leur territoire pertinent, les CCIA doivent optimiser l’attractivité des régions par une mise en valeur fonctionnelle qui consiste à :
Augmenter les possibilités de localisation physique des entreprises par, entre autres, la création de zones d’activités ;
Intervenir sur les enjeux de l’aménagement des régions et informer sur les terrains et locaux disponibles ;
Renforcer et améliorer la qualité des sites aménagés à travers une démarche d’excellence territoriale ;
Renforcer l’adéquation entre les formations dispensées aussi bien elles que par leurs différents partenaires avec les besoins du tissu économique régional ;
Valoriser leurs talents, leurs savoirs et leurs savoir-faire, et ceux du territoire ;
Développer l’ingénierie de projets (développement industriel, promotion touristique, formation): diagnostic et formulation.
La position des CCIA leur permettent d’observer les régions, de collecter des informations économiques et d’analyser le tissu économique, elles doivent, par conséquent, sur le plan de la gouvernance :
Œuvrer pour la coordination des acteurs afin de renforcer l’offre d’une gamme de produits d’implantation porteurs de valeurs, d’affaiblir les logiques sectorielles et de renforcer les actions territoriales et transversales ;
Poser la problématique du portail d’entrée assurant la cohérence et la lisibilité des actions menées par les différents décideurs au service des entreprises ;
Se positionner au cœur de ce portail qui pourrait avoir entre autres missions le recensement des différents prestataires de services et le suivi de leurs actions.
Le troisième axe stratégique correspond à l’Information économique et réseaux. En effet, la maîtrise de l’information économique et la connaissance des réseaux sont des éléments essentiels au développement territorial. Et il s’agit là de deux sous-axes de positionnement majeurs pour les CCIA.
D’abord, l’information économique est une clé majeure que les CCIA se doivent de collecter et de diffuser. Pour ce faire, elles peuvent s’atteler à :
La création de cellules de veille et d’expertises territoriales ;
La mise en place d’un système d’information et d’internationalisation des échanges ;
Il est en effet urgent que les CCIA aident à pallier au déficit d’information économique auquel est confronté l’investisseur, le créateur.
Vient ensuite l’exigence de la mise en réseau.
Ayant conscience que la logique territoriale dépasse la logique de gestion et la que la coordination des acteurs est cruciale dans l’offre d’une gamme de produits d’implantation porteurs de valeurs, les CCIA doivent identifier, organiser et animer les réseaux transverses d’entreprises (Apix, FNPJ, FPE, l’ADPME etc.) sur leurs régions. Elles devraient disposer d’une direction dédiée capable d’encourager les synergies, d’apporter des réponses concrètes aux attentes, d’assurer un appui logistique, technique et humain. Cette direction doit permettre de développer des partenariats avec les organismes économiques (agence de développement, collectivités locales, etc.) et de mettre en perspectives chaque région à travers, au moins, un projet mobilisateur.
Il est donc requit que les CCIA se positionnent en qualité d’acteurs centraux pouvant organiser la coordination des acteurs économiques de leur Région. Ci-après quelques axes de positionnement :
La mise en réseau : mutualisation, apprentissage collectif, économie relationnelle ;
La création de synergie entre institutions locales et compétitivité internationale (articulation entre le local, le national et l’international) ;
La représentation institutionnelle dans les instances régionale pour peser dans la définition des grandes orientations stratégiques et orienter les énergies vers un mode de gestion des futurs contrats Etat-Région-Entreprise ;
La maîtrise d’ouvrage d’actions ;
La représentation et la défense des intérêts de leurs ressortissants (les entreprises) vis-à-vis des pouvoirs publics et la présentation de leurs vues sur les voies et moyens d’accroître la prospérité.
Avec les choix organisationnels ci-dessus relatés, les acteurs consulaires renforceront leur image et rendront lisibles leur action. Ces choix leur permettront d’amener chaque acteur territorial à agir à la mesure de ses compétences pour que soient assurées une cohérence et une efficacité globales à l’échelle de chaque Région. Pour une vraie cohérence territoriale, aucun acteur ne peut être exclu du jeu, mais chaque action doit être clairement délimitée. C’est ce qui permet au territoire d’être organisé autour de ses compétences et donc compétitif par la valeur qu’il apporte. Ainsi le positionnement des CCIA face aux dynamiques territoriales et aux acteurs locaux ne peut être que qualifiant parce qu’en même temps, il positionne davantage les Régions dans la concurrence nationale et internationale entre territoires.
Saliou DRAME
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[1] Martin, « L’intérêt de conduire un diagnostic du territoire », Le courrier des maires, Octobre 2001.ù
Cette réaffirmation des CCIA répond à quelques enjeux et perspectives. En effet, en tant qu’acteurs important de la vie économique régionale, elles sont confrontées à la problématique de la gestion territoriale. Elles sont, dès lors, directement interpellées par les nouveaux enjeux du développement local avec la montée du local (décentralisation et transfert de compétences aux collectivités locales), les concurrences des territoires (différenciation et spécialisation), les logiques de projet et de contrat (partenariats, proximité, gouvernance, approche globale et transversale, la mise en réseau (mutualisation, apprentissage collectif, économie relationnelle), bref les nouvelles Économies-territoires.
Les CCIA sont donc au cœur d’un contexte qui met en concurrence des territoires et crée des synergies entre institutions locales et compétitivité nationale et internationale. Et pour faire face à cette donne, elles ont besoin de s’approprier des méthodes de management en pointe, et davantage. Car en effet, la logique de concurrence faisant des territoires des enjeux de marché, l’introduction d’outils marketing peut constituer un appui de taille aux opérations de développement.
Le Marketing Territorial peut, ce faisant, s’avérer l’outil indiqué pour renforcer leur image et leur action. Cet outil devient, partout, la convoitise des développeurs locaux. Son utilisation est d’autant plus pertinent qu’actuellement, les CCIA semblent ne répondre que partiellement à leur raison d’être. Et pour cause, elles ne sont plus seules dans leurs champs d’action et sont sans cesse confrontées à une rivalité toujours plus nette de la part des autres acteurs du développement économique. D’où la contestation de leur légitimité et de leur rôle de négociateurs privilégiés que leur ravisent d’autres institutions, les organisations professionnelles et les associations de décideurs économiques locaux.
En outre, les nombreuses initiatives locales pour susciter l’innovation et favoriser l’emploi risquent de les maintenir dans une situation de marginalisation et de brouiller davantage leur image. Elles sont, à ce propos, appelées à donner à leurs actions plus de lisibilité et de cohérence afin de conforter leur position face aux différents acteurs du développement économique.
Il sera dès lors question d’évoquer ici, pour ces acteurs importants de la vie économique en l’occurrence les CCIA, une démarche de positionnement stratégique par rapport aux nouvelles dynamiques de développement. Comment, en tant qu’acteurs autonomes, elles doivent se positionner au sein du réseau des acteurs économiques du pays ? Quels sont les choix organisationnels porteurs d’avenir pour chacune d’entre elles de même que pour leurs territoires respectifs ?
Voici donc dans les lignes qui suivent trois axes qui semblent résumer ces choix organisationnels.
Le premier consiste en l’appui et aux services aux entreprises. En effet, apporter des services directs et indirects nécessaires à la vie économique est l’une des principales missions des chambres consulaires. Aussi, pour mieux répondre à l’essence de cette mission et pour un territoire solidaire, équilibré, attractif et propice à la compétitivité des entreprises, les CCIA doivent-elle se positionner comme acteurs autonomes au sein d’un réseau d’acteurs agissant en synergie.
L’apport de services directs sous entend la mise à disposition des entreprises de conseillers compétents et bien formés pour les besoins:
de création ou transmission, de financement ou développement ;
d’innovation technologique, de qualité de sécurité ;
d’adaptation à l’environnement, de développement à l’international ;
d’information économique ;
de création de fichiers sectorielles des entreprises à jours ;
et de centralisation des formalités de création d’entreprises.
De ce fait, elles offrent une valeur ajoutée de développement qui se matérialise par ‘’des espaces d’accueil, des facilités de services et surtout des modalités d’intégration à la vie socio-économique et de participation à la dynamique de développement du territoire » comme dirait Roger NIFLE
Il s’agit là d’un accompagnement aux créateurs de richesses, aux chefs d’entreprise et à leurs équipes à commencer avant la création et à poursuivre pendant et après l’implantation.
A ce premier axe stratégique, suit un deuxième qui consiste en l’appui et aux services au territoire.
En effet, bien connaître son territoire, est un énorme avantage concurrentiel pour réussir son positionnement. Si un bon « diagnostic fournit la matière pour élaborer les projets cohérents pour le territoire « [1], l’apport de services indirects correspond à ce niveau au développement de l’environnement économique par l’aménagement et la gestion d’équipements. Ainsi, fort de leur expérience et de leur connaissance de leur région d’implantation représentant leur territoire pertinent, les CCIA doivent optimiser l’attractivité des régions par une mise en valeur fonctionnelle qui consiste à :
Augmenter les possibilités de localisation physique des entreprises par, entre autres, la création de zones d’activités ;
Intervenir sur les enjeux de l’aménagement des régions et informer sur les terrains et locaux disponibles ;
Renforcer et améliorer la qualité des sites aménagés à travers une démarche d’excellence territoriale ;
Renforcer l’adéquation entre les formations dispensées aussi bien elles que par leurs différents partenaires avec les besoins du tissu économique régional ;
Valoriser leurs talents, leurs savoirs et leurs savoir-faire, et ceux du territoire ;
Développer l’ingénierie de projets (développement industriel, promotion touristique, formation): diagnostic et formulation.
La position des CCIA leur permettent d’observer les régions, de collecter des informations économiques et d’analyser le tissu économique, elles doivent, par conséquent, sur le plan de la gouvernance :
Œuvrer pour la coordination des acteurs afin de renforcer l’offre d’une gamme de produits d’implantation porteurs de valeurs, d’affaiblir les logiques sectorielles et de renforcer les actions territoriales et transversales ;
Poser la problématique du portail d’entrée assurant la cohérence et la lisibilité des actions menées par les différents décideurs au service des entreprises ;
Se positionner au cœur de ce portail qui pourrait avoir entre autres missions le recensement des différents prestataires de services et le suivi de leurs actions.
Le troisième axe stratégique correspond à l’Information économique et réseaux. En effet, la maîtrise de l’information économique et la connaissance des réseaux sont des éléments essentiels au développement territorial. Et il s’agit là de deux sous-axes de positionnement majeurs pour les CCIA.
D’abord, l’information économique est une clé majeure que les CCIA se doivent de collecter et de diffuser. Pour ce faire, elles peuvent s’atteler à :
La création de cellules de veille et d’expertises territoriales ;
La mise en place d’un système d’information et d’internationalisation des échanges ;
Il est en effet urgent que les CCIA aident à pallier au déficit d’information économique auquel est confronté l’investisseur, le créateur.
Vient ensuite l’exigence de la mise en réseau.
Ayant conscience que la logique territoriale dépasse la logique de gestion et la que la coordination des acteurs est cruciale dans l’offre d’une gamme de produits d’implantation porteurs de valeurs, les CCIA doivent identifier, organiser et animer les réseaux transverses d’entreprises (Apix, FNPJ, FPE, l’ADPME etc.) sur leurs régions. Elles devraient disposer d’une direction dédiée capable d’encourager les synergies, d’apporter des réponses concrètes aux attentes, d’assurer un appui logistique, technique et humain. Cette direction doit permettre de développer des partenariats avec les organismes économiques (agence de développement, collectivités locales, etc.) et de mettre en perspectives chaque région à travers, au moins, un projet mobilisateur.
Il est donc requit que les CCIA se positionnent en qualité d’acteurs centraux pouvant organiser la coordination des acteurs économiques de leur Région. Ci-après quelques axes de positionnement :
La mise en réseau : mutualisation, apprentissage collectif, économie relationnelle ;
La création de synergie entre institutions locales et compétitivité internationale (articulation entre le local, le national et l’international) ;
La représentation institutionnelle dans les instances régionale pour peser dans la définition des grandes orientations stratégiques et orienter les énergies vers un mode de gestion des futurs contrats Etat-Région-Entreprise ;
La maîtrise d’ouvrage d’actions ;
La représentation et la défense des intérêts de leurs ressortissants (les entreprises) vis-à-vis des pouvoirs publics et la présentation de leurs vues sur les voies et moyens d’accroître la prospérité.
Avec les choix organisationnels ci-dessus relatés, les acteurs consulaires renforceront leur image et rendront lisibles leur action. Ces choix leur permettront d’amener chaque acteur territorial à agir à la mesure de ses compétences pour que soient assurées une cohérence et une efficacité globales à l’échelle de chaque Région. Pour une vraie cohérence territoriale, aucun acteur ne peut être exclu du jeu, mais chaque action doit être clairement délimitée. C’est ce qui permet au territoire d’être organisé autour de ses compétences et donc compétitif par la valeur qu’il apporte. Ainsi le positionnement des CCIA face aux dynamiques territoriales et aux acteurs locaux ne peut être que qualifiant parce qu’en même temps, il positionne davantage les Régions dans la concurrence nationale et internationale entre territoires.
Saliou DRAME
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[1] Martin, « L’intérêt de conduire un diagnostic du territoire », Le courrier des maires, Octobre 2001.ù