Le Président de la République Macky Sall, lors de la deuxième édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, a invité les imams à se former dans le sens d’un Islam tolérant. Il a aussi proféré des menaces contre le voile intégrale qui, dit-il, ne correspond ni à notre culture, ni à nos traditions, ni même à nos conceptions de l’Islam. En tant que chef de l’Etat, il se trouve être le premier des Sénégalais à qui la sécurité de ce pays incombe. La lutte contre le terrorisme est une question d’intérêt national. Aucun Sénégalais ne doit aller à l’encontre de la sécurité et de la stabilité nationale. Nous devons tous nous mobiliser pour accompagner l’Etat dans ce combat contre un phénomène que le monde n’a pas encore fini d’appréhender et de bien saisir pour lui trouver des réponses adéquates.
Mais la lutte contre le terrorisme demande plus d’intelligence. Elle demande aussi une étude sérieuse qui nécessitera diverses compétences et l’implication de tous les citoyens. Ce n’est pas seulement une question des forces de sécurité et de défense. La lutte contre le terrorisme dépasse les compétences des forces de sécurité des pays menacés. S’il s’agissait seulement d’une question de sécurité, les Etats-Unis, la France, l’Angleterre et l’Espagne n’en seraient pas victimes. Cette lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire suivant le même schéma un peu partout. Chaque pays a ses réalités socio-économiques, politiques et religieuses. La manière avec laquelle la France lutte contre le terrorisme ne peut pas être la même que celle avec laquelle le Nigéria et le Mali s’attaquent au même fléau. Le Sénégal aussi a ses propres réalités qui exigent une approche différente.
Ce n’est pas au Président Macky Sall de dire aux imams d’aller se former. Il devrait plutôt les inviter à avoir le sens de la responsabilité. La terminologie est importante dans la communication. Les mots à utiliser doivent être revus et corrigés parce qu’ils ont leur résonnance, leur charge et impact. Si les imams doivent se former dans leur domaine, ils ne doivent pas être les seuls. Ce besoin de formation se fait d’abord sentir chez les plus hauts responsables de ce pays : les ministres, les conseillers du président, les députés, les marabouts, les directeurs de sociétés, les avocats, les magistrats, les journalistes, les enseignants…Et même une bonne partie de ces derniers ne réclame-telle pas une formation pour mieux exercer son métier et pour mieux servir le pays ? Les députés n’ont-ils pas offert au peuple sénégalais le spectacle d’élus anti-modèles aux vues de leur mission de défense de l’intérêt des populations ? Ils auraient besoin d’une formation qui s’étalerait dans la durée pour pouvoir comprendre le rôle du député.
Attention Monsieur le Président, la lutte contre le terrorisme est complexe. Elle peut aboutir à la privation de la liberté de culte. Chacun à sa compréhension de la religion, du moins chacun à son interprétation de la religion. Le voile intégrale, loin de constituer une menace terroriste, demeure une option, un choix religieux. Ce n’est pas une question de conformité à un certain Islam sénégalais. D’ailleurs, il n’y a pas un « Islam sénégalais », mais une pratique sénégalaise de l’Islam. Cela prouve nettement que la pratique sénégalaise de l’Islam ne fait pas de l’ « Islam sénégalais » un Islam authentique. C’est une question de bon sens. Le Sénégal est une terre d’islam et pas la terre d’origine de l’Islam. Les premiers adeptes de l’Islam ne sont pas des Sénégalais. L’Islam reste une religion authentique et universelle. Personne ne peut se l’approprier au détriment des autres croyants. D’ailleurs, historiquement parlant, l’Islam confrérique n’est pas exempt de violence. Revisitez l’histoire de la résistance contre la colonisation. Vous trouverez que de grands résistants armés contre la colonisation véhiculaient un Islam confrérique qui prospère encore de nos jours. Et aujourd’hui, les germes de cette violence demeurent toujours. Alors son Excellence Monsieur Macky Sall, je vous invite à ne pas écouter les semeurs de trouble, de désordre et de discorde qui essayent d’opposer l’Islam confrérique à un supposé Islam venu d’ailleurs. L’Islam est une religion qui fait de tous les musulmans des frères, une communauté. Tel est l’enseignement du Coran.
En plus, le supposé Islam venu d’ailleurs n’est pas la seule importation religieuse et culturelle dans ce pays. Les costumes, cravates ne sont pas de chez nous, les jupes et mini jupes aussi, les « hauts » et « bas » qui attirent systématiquement le regard de la gente masculine ne sont pas d’origine sénégalaise. Pourtant, un Président de la République du Sénégal n’a jamais proféré des menaces contre les adeptes de ce genre de port vestimentaire indécent et non conforme à nos valeurs traditionnelles et religieuses. Les films et danses obscènes que nos médias véhiculent n’échappent pas aux prérogatives de contrôle du CNRA. Mais ils continuent toujours de passer à travers nos télévisions. Et ce sont là les pratiques les plus menaçantes contre l’Islam et contre l’éthique de la société sénégalaise basée sur le kersa et le sutura.
J’invite tous les Sénégalais à la tête desquels se trouve le Président de la République, à faire preuve de prudence et de vigilance pour faire face à la menace terroriste en essayant d’avoir les bonnes informations chez les personnes indiquées. Il faut éviter aussi que la lutte contre le terrorisme terrorise elle-même les populations sénégalaises. Il faut éviter le suivisme et le mimétisme, c’est-à-dire n’écouter que l’Occident, la France en particulier. Il faut surtout revoir la manière d’arrêter les présupposés terroristes : elle peut favoriser la sympathie dans un pays où l’émotionnel et le sensationnel l’emportent sur le rationnel. Il faut investir plutôt dans la formation et l’emploi des jeunes. Il faut plutôt apaiser le climat social en investissant dans le rétablissement de la justice sociale et dans la lutte contre la pauvreté.
Les accusations gratuites, la médiatisation à outrance (le traitement de l’information), la communication autour de ce thème, les personnes à écouter constituent une affaire qu’il faudra prendre au sérieux pour le bien de la sécurité nationale.
Qu’Allah préserve notre cher Sénégal de toute forme de violence et de toute forme d’extrémisme. Que notre paix sociale et religieuse soit éternelle ! Amen.
Ngor DIENG
Psychologue conseiller
ngordieng@gmail.com
Mais la lutte contre le terrorisme demande plus d’intelligence. Elle demande aussi une étude sérieuse qui nécessitera diverses compétences et l’implication de tous les citoyens. Ce n’est pas seulement une question des forces de sécurité et de défense. La lutte contre le terrorisme dépasse les compétences des forces de sécurité des pays menacés. S’il s’agissait seulement d’une question de sécurité, les Etats-Unis, la France, l’Angleterre et l’Espagne n’en seraient pas victimes. Cette lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire suivant le même schéma un peu partout. Chaque pays a ses réalités socio-économiques, politiques et religieuses. La manière avec laquelle la France lutte contre le terrorisme ne peut pas être la même que celle avec laquelle le Nigéria et le Mali s’attaquent au même fléau. Le Sénégal aussi a ses propres réalités qui exigent une approche différente.
Ce n’est pas au Président Macky Sall de dire aux imams d’aller se former. Il devrait plutôt les inviter à avoir le sens de la responsabilité. La terminologie est importante dans la communication. Les mots à utiliser doivent être revus et corrigés parce qu’ils ont leur résonnance, leur charge et impact. Si les imams doivent se former dans leur domaine, ils ne doivent pas être les seuls. Ce besoin de formation se fait d’abord sentir chez les plus hauts responsables de ce pays : les ministres, les conseillers du président, les députés, les marabouts, les directeurs de sociétés, les avocats, les magistrats, les journalistes, les enseignants…Et même une bonne partie de ces derniers ne réclame-telle pas une formation pour mieux exercer son métier et pour mieux servir le pays ? Les députés n’ont-ils pas offert au peuple sénégalais le spectacle d’élus anti-modèles aux vues de leur mission de défense de l’intérêt des populations ? Ils auraient besoin d’une formation qui s’étalerait dans la durée pour pouvoir comprendre le rôle du député.
Attention Monsieur le Président, la lutte contre le terrorisme est complexe. Elle peut aboutir à la privation de la liberté de culte. Chacun à sa compréhension de la religion, du moins chacun à son interprétation de la religion. Le voile intégrale, loin de constituer une menace terroriste, demeure une option, un choix religieux. Ce n’est pas une question de conformité à un certain Islam sénégalais. D’ailleurs, il n’y a pas un « Islam sénégalais », mais une pratique sénégalaise de l’Islam. Cela prouve nettement que la pratique sénégalaise de l’Islam ne fait pas de l’ « Islam sénégalais » un Islam authentique. C’est une question de bon sens. Le Sénégal est une terre d’islam et pas la terre d’origine de l’Islam. Les premiers adeptes de l’Islam ne sont pas des Sénégalais. L’Islam reste une religion authentique et universelle. Personne ne peut se l’approprier au détriment des autres croyants. D’ailleurs, historiquement parlant, l’Islam confrérique n’est pas exempt de violence. Revisitez l’histoire de la résistance contre la colonisation. Vous trouverez que de grands résistants armés contre la colonisation véhiculaient un Islam confrérique qui prospère encore de nos jours. Et aujourd’hui, les germes de cette violence demeurent toujours. Alors son Excellence Monsieur Macky Sall, je vous invite à ne pas écouter les semeurs de trouble, de désordre et de discorde qui essayent d’opposer l’Islam confrérique à un supposé Islam venu d’ailleurs. L’Islam est une religion qui fait de tous les musulmans des frères, une communauté. Tel est l’enseignement du Coran.
En plus, le supposé Islam venu d’ailleurs n’est pas la seule importation religieuse et culturelle dans ce pays. Les costumes, cravates ne sont pas de chez nous, les jupes et mini jupes aussi, les « hauts » et « bas » qui attirent systématiquement le regard de la gente masculine ne sont pas d’origine sénégalaise. Pourtant, un Président de la République du Sénégal n’a jamais proféré des menaces contre les adeptes de ce genre de port vestimentaire indécent et non conforme à nos valeurs traditionnelles et religieuses. Les films et danses obscènes que nos médias véhiculent n’échappent pas aux prérogatives de contrôle du CNRA. Mais ils continuent toujours de passer à travers nos télévisions. Et ce sont là les pratiques les plus menaçantes contre l’Islam et contre l’éthique de la société sénégalaise basée sur le kersa et le sutura.
J’invite tous les Sénégalais à la tête desquels se trouve le Président de la République, à faire preuve de prudence et de vigilance pour faire face à la menace terroriste en essayant d’avoir les bonnes informations chez les personnes indiquées. Il faut éviter aussi que la lutte contre le terrorisme terrorise elle-même les populations sénégalaises. Il faut éviter le suivisme et le mimétisme, c’est-à-dire n’écouter que l’Occident, la France en particulier. Il faut surtout revoir la manière d’arrêter les présupposés terroristes : elle peut favoriser la sympathie dans un pays où l’émotionnel et le sensationnel l’emportent sur le rationnel. Il faut investir plutôt dans la formation et l’emploi des jeunes. Il faut plutôt apaiser le climat social en investissant dans le rétablissement de la justice sociale et dans la lutte contre la pauvreté.
Les accusations gratuites, la médiatisation à outrance (le traitement de l’information), la communication autour de ce thème, les personnes à écouter constituent une affaire qu’il faudra prendre au sérieux pour le bien de la sécurité nationale.
Qu’Allah préserve notre cher Sénégal de toute forme de violence et de toute forme d’extrémisme. Que notre paix sociale et religieuse soit éternelle ! Amen.
Ngor DIENG
Psychologue conseiller
ngordieng@gmail.com