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Ce que je pense de la question du voile dans les écoles catholiques au Sénégal. (par Mouhamed GUEYE)

Dimanche 4 Août 2024

Le port du voile dans les écoles catholiques du Sénégal est au cœur d'un débat national. Suite aux déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko, qui a averti que les interdictions du port du voile dans les écoles ne seraient plus tolérées, le pays se retrouve face à une question sensible qui touche à la liberté religieuse, à la laïcité et à la coexistence pacifique des communautés religieuses. Ce débat intervient dans un contexte où les institutions catholiques, réputées pour leur excellence académique, sont confrontées à des demandes de respect des traditions religieuses des élèves musulmanes.


Un Débat Révélateur des Enjeux de la Liberté Religieuse et de la Laïcité au Sénégal

Le débat sur le port du voile dans les établissements scolaires catholiques du Sénégal a récemment pris de l'ampleur, à la suite des déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier a mis en garde les écoles interdisant le port du voile, soulignant que de telles restrictions ne seraient plus tolérées dans le pays. Cette déclaration survient après plusieurs incidents, dont le renvoi en 2019 de jeunes filles voilées par l'Institut Sainte Jeanne d'Arc de Dakar, ce qui avait déjà suscité de vives réactions dans ce pays à majorité musulmane.

Le Sénégal, avec une population majoritairement musulmane (95%), est connu pour sa tradition de coexistence pacifique entre différentes confessions religieuses. Toutefois, cette harmonie est parfois mise à l’épreuve par des questions sensibles comme celle du port du voile dans les écoles privées catholiques. Les établissements catholiques jouent un rôle crucial dans l’éducation sénégalaise, souvent perçus comme des institutions d’élite, prônant des valeurs de respect, de discipline et d’excellence académique.

Dans une lettre attribuée à l’abbé Latyr Ndiaye, ce dernier critique sévèrement les propos du Premier ministre Sonko, les qualifiant de provocateurs et inappropriés. L’abbé plaide pour la politesse et le respect mutuel, mettant en garde contre les discours belliqueux qui pourraient nuire à la cohésion sociale. Il rappelle également que l’Église catholique, bien que respectueuse des croyances d’autrui, a ses propres traditions et réglementations internes qui doivent être respectées.

Les réactions aux déclarations de Sonko sont partagées. Certains estiment que le Premier ministre a soulevé une question légitime, soulignant le besoin de garantir l'égalité des droits pour toutes les élèves, indépendamment de leur tenue vestimentaire. D'autres, comme l'abbé Ndiaye, perçoivent ces déclarations comme une attaque contre les institutions catholiques et un manque de respect envers les traditions de ces établissements.

Un observateur critique l’abbé pour son ton virulent et sa démarche, jugeant que la courtoisie et la retenue devraient prévaloir dans un débat aussi délicat. Ce point de vue met en avant l’importance du dialogue serein et constructif entre les communautés religieuses, afin de trouver des solutions équilibrées qui respectent les convictions de chacun.

Le débat sur le port du voile dans les écoles catholiques sénégalaises reflète des enjeux plus larges liés à la laïcité, à la liberté religieuse et à l’identité nationale. Pour certains, l’interdiction du voile est perçue comme une atteinte à la liberté religieuse et une discrimination envers les musulmanes.

Pour d'autres, il s’agit de préserver la neutralité religieuse et les traditions des institutions éducatives. La situation actuelle appelle à une médiation attentive et équilibrée de la part de l’État, qui doit garantir à la fois le respect des convictions religieuses et la préservation de l'ordre et de la discipline dans les établissements scolaires. Un dialogue inclusif impliquant toutes les parties prenantes autorités religieuses, responsables d’écoles, parents et élèves est essentiel pour parvenir à un consensus.

Il est important d'avoir une Direction des Affaires Religieuses ou bien un spécialiste des questions religieuses et éducatives pour conseiller le président. Cette instance jouerait un rôle crucial en fournissant des avis éclairés et en médiatisant entre les différentes communautés religieuses et l'État. Elle pourrait aider à surmonter des situations complexes comme celles du port du voile, en assurant que les décisions prises respectent à la fois les droits religieux des individus et les principes de laïcité et de tolérance du pays. Une telle direction permettrait de garantir que les politiques publiques soient inclusives et respectueuses de toutes les croyances, contribuant ainsi à maintenir la cohésion sociale et à éviter les tensions interreligieuses.

Le port du voile dans les écoles catholiques au Sénégal reste une question complexe et délicate. Les récents développements montrent qu'un équilibre doit être trouvé entre le respect des traditions des institutions éducatives et la garantie des droits des élèves à pratiquer leur religion. La voie du dialogue et de la compréhension mutuelle semble être la meilleure approche pour aborder cette problématique sensible, dans un esprit de paix et de respect des différences.

Doctorant en Sciences de l’éducation (Spécialités politiques et réformes éducatives).
Master en Sciences des religions et sociétés (Spécialiste et expert en éducation religieuse, dialogue interreligieux et médiation interculturelle)

Email :mouhamed.gueye@u-bordeaux.fr
Réseau : www.linkedin.com/in/mouhamed-gueye-7839b713b
 


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