Au nom d’Allah le Miséricordieux par essence et par excellence,
Honorables participants,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Dans un monde devenu village planétaire, où se développent de plus en plus des phénomènes d’exclusion, de haine et de rejet de l’autre, où les sociétés musulmanes sont la proie des réactions islamophobes, la conscience islamique individuelle comme collective est interpellée.
Il nous semble impératif de se baser sur les enseignements authentiques du Coran et de la Sunna, sans dénaturation idéologique, pour organiser le dialogue, l’éducation et le travail autour des valeurs partagées.
Parmi ces valeurs cardinales, on peut retenir les cinq suivantes comme préalables à la construction de la cohésion sociale dans un monde globalisé :
1. Le dialogue fondé sur la connaissance de l’autre
L’absence de cohésion sociale notée est la résultante d’un déficit de dialogue et d’éducation orientée vers la liberté et le respect de l’autre. Et pourtant le Coran nous enseigne « … « Ô hommes Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle. Nous vous avons partagés en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez entre vous . »
Le principe de la diversité humaine est reconnu et sa finalité souhaitée est posée à savoir la connaissance mutuelle pour organiser les relations entre les membres de la famille humaine. S’il est vrai que la diversité des nations est acceptée par le sens commun, on oublie souvent les autres aspects de la diversité : la diversité des écoles de pensées, des idéologies, des cultures, des expressions de la liberté qui constituent la richesse de l’humanité. La connaissance de l’autre est le chemin
2. L’équilibre entre la fraternité humaine et la fraternité islamique :
Le Coran pose le principe de la haute dignité humaine : « Nous (Allah) avons honoré les fils d'Adam, Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer; Nous leur avons accordé d'excellentes nourritures et leur avons donné la préférence sur un grand nombre (d’êtres) que Nous avons créés. » (Sourate Israa, l’Ascension, Verset 70).
Cette fraternité entre les membres de la famille humaine ne doit pas être occultée au profit de la fraternité entre les croyants qui a un sens plus spirituel et communautaire : « Certes les croyants sont frères ». (Sourate Les appartements privés, XLIX, 13 , verset 10)
Le Coran est un message universel destiné à l’humanité entière. Le fait de privilégier la fraternité islamique sur la fraternité humaine transforme le message islamique en message communautariste et le fait renoncer à son universalité. L’universalité exige l’ouverture, le respect des autres et le dialogue avec eux.
3. La promotion de la justice sans discrimination :
L’application absolue de la charia peut se révéler injuste dans un contexte de diversité culturelle et religieuse. Or le Coran nous enseigne encore la nécessité de faire régner la justice entre les humains sans référence à leurs croyances : « O David, rends la justice entre les hommes avec équité » (Sourate Saad, verset 26)
4. L’amour envers les humains et l’environnement
« Les créatures sont la progéniture d’Allah. Aimez ce qui est sur terre pour mériter de la miséricorde de Celui qui est dans les cieux » Hadith
Les créatures englobent les humains dans la diversité de leurs expressions culturelles et linguistiques comme les autres composants de l’environnement dans leur diversité biologique.
Le Prophète de l’islam a enseigné que « la communauté est une source de miséricorde » et que « la controverse doctrinale est une miséricorde ». Ce message est suffisant pour illustrer la richesse qui peut être tirée de la diversité et ne point en faire une calamité comme on le constate de nos jours.
5. Le respect de la liberté humaine
La liberté humaine est la base du dialogue et de la cohésion sociale. Le Coran a fait de l’absence de contrainte en religion un principe fondamental : « Point de contrainte en religion » (AL Baqarah, La Vache, verset 256) « Qui veut croit, qui veut mécroit » (Al Kahf, La caverne, verset 29). Les règles religieuses imposées sans foi ne mènent à rien. Il est par conséquent essentiel de respecter la liberté de conscience, de religion, de culte sans discrimination aucune et sans privilège de religion pour garantir la cohésion dans toutes les sociétés humaines. Le Calife Oumar ne disait-il pas : « depuis quand aviez-vous asservi les humains alors que leurs mères les ont engendrés libres ? » pour illustrer que la liberté est la nature première de l’homme.
Forts de ses principes et valeurs, les sociétés musulmanes pourront fonder leur action individuelle et collective en vue d’une meilleure cohésion sociale et une vie plus harmonieuse avec les non-musulmans.
Cela nécessite un apprentissage du vivre-ensemble et avec les autres au plan personnel, dans la famille, dans les lieux de travail et la vie sociale en général.
Au plan individuel, il est nécessaire de fournir des efforts pour réussir l’adéquation entre nos paroles et nos faits et gestes. Au plan social, il sera question de développer des projets et programmes de développement qui fournissent des opportunités d’apprentissage des valeurs partagées enseignées par le Coran et la Sunna.
« Ceci ne dépend ni de vos désirs ni de ceux des gens du Livre. Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela et ne trouvera en sa faveur hors d’Allah ni allié ni secours (Sourate Les femmes, verset 123)
Tels sont les défis qui interpellent les musulmans, individus comme sociétés, dans un monde globalisé.
Dakar, 9 février 2013
Contribution de l’Imam El Hadj Mouhammed Abdoullah CISSE,
Président de la Fondation Serigne Madior Cissé-Ihsaan
Saint-Louis, Sénégal
Honorables participants,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Dans un monde devenu village planétaire, où se développent de plus en plus des phénomènes d’exclusion, de haine et de rejet de l’autre, où les sociétés musulmanes sont la proie des réactions islamophobes, la conscience islamique individuelle comme collective est interpellée.
Il nous semble impératif de se baser sur les enseignements authentiques du Coran et de la Sunna, sans dénaturation idéologique, pour organiser le dialogue, l’éducation et le travail autour des valeurs partagées.
Parmi ces valeurs cardinales, on peut retenir les cinq suivantes comme préalables à la construction de la cohésion sociale dans un monde globalisé :
1. Le dialogue fondé sur la connaissance de l’autre
L’absence de cohésion sociale notée est la résultante d’un déficit de dialogue et d’éducation orientée vers la liberté et le respect de l’autre. Et pourtant le Coran nous enseigne « … « Ô hommes Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle. Nous vous avons partagés en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez entre vous . »
Le principe de la diversité humaine est reconnu et sa finalité souhaitée est posée à savoir la connaissance mutuelle pour organiser les relations entre les membres de la famille humaine. S’il est vrai que la diversité des nations est acceptée par le sens commun, on oublie souvent les autres aspects de la diversité : la diversité des écoles de pensées, des idéologies, des cultures, des expressions de la liberté qui constituent la richesse de l’humanité. La connaissance de l’autre est le chemin
2. L’équilibre entre la fraternité humaine et la fraternité islamique :
Le Coran pose le principe de la haute dignité humaine : « Nous (Allah) avons honoré les fils d'Adam, Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer; Nous leur avons accordé d'excellentes nourritures et leur avons donné la préférence sur un grand nombre (d’êtres) que Nous avons créés. » (Sourate Israa, l’Ascension, Verset 70).
Cette fraternité entre les membres de la famille humaine ne doit pas être occultée au profit de la fraternité entre les croyants qui a un sens plus spirituel et communautaire : « Certes les croyants sont frères ». (Sourate Les appartements privés, XLIX, 13 , verset 10)
Le Coran est un message universel destiné à l’humanité entière. Le fait de privilégier la fraternité islamique sur la fraternité humaine transforme le message islamique en message communautariste et le fait renoncer à son universalité. L’universalité exige l’ouverture, le respect des autres et le dialogue avec eux.
3. La promotion de la justice sans discrimination :
L’application absolue de la charia peut se révéler injuste dans un contexte de diversité culturelle et religieuse. Or le Coran nous enseigne encore la nécessité de faire régner la justice entre les humains sans référence à leurs croyances : « O David, rends la justice entre les hommes avec équité » (Sourate Saad, verset 26)
4. L’amour envers les humains et l’environnement
« Les créatures sont la progéniture d’Allah. Aimez ce qui est sur terre pour mériter de la miséricorde de Celui qui est dans les cieux » Hadith
Les créatures englobent les humains dans la diversité de leurs expressions culturelles et linguistiques comme les autres composants de l’environnement dans leur diversité biologique.
Le Prophète de l’islam a enseigné que « la communauté est une source de miséricorde » et que « la controverse doctrinale est une miséricorde ». Ce message est suffisant pour illustrer la richesse qui peut être tirée de la diversité et ne point en faire une calamité comme on le constate de nos jours.
5. Le respect de la liberté humaine
La liberté humaine est la base du dialogue et de la cohésion sociale. Le Coran a fait de l’absence de contrainte en religion un principe fondamental : « Point de contrainte en religion » (AL Baqarah, La Vache, verset 256) « Qui veut croit, qui veut mécroit » (Al Kahf, La caverne, verset 29). Les règles religieuses imposées sans foi ne mènent à rien. Il est par conséquent essentiel de respecter la liberté de conscience, de religion, de culte sans discrimination aucune et sans privilège de religion pour garantir la cohésion dans toutes les sociétés humaines. Le Calife Oumar ne disait-il pas : « depuis quand aviez-vous asservi les humains alors que leurs mères les ont engendrés libres ? » pour illustrer que la liberté est la nature première de l’homme.
Forts de ses principes et valeurs, les sociétés musulmanes pourront fonder leur action individuelle et collective en vue d’une meilleure cohésion sociale et une vie plus harmonieuse avec les non-musulmans.
Cela nécessite un apprentissage du vivre-ensemble et avec les autres au plan personnel, dans la famille, dans les lieux de travail et la vie sociale en général.
Au plan individuel, il est nécessaire de fournir des efforts pour réussir l’adéquation entre nos paroles et nos faits et gestes. Au plan social, il sera question de développer des projets et programmes de développement qui fournissent des opportunités d’apprentissage des valeurs partagées enseignées par le Coran et la Sunna.
« Ceci ne dépend ni de vos désirs ni de ceux des gens du Livre. Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela et ne trouvera en sa faveur hors d’Allah ni allié ni secours (Sourate Les femmes, verset 123)
Tels sont les défis qui interpellent les musulmans, individus comme sociétés, dans un monde globalisé.
Dakar, 9 février 2013
Contribution de l’Imam El Hadj Mouhammed Abdoullah CISSE,
Président de la Fondation Serigne Madior Cissé-Ihsaan
Saint-Louis, Sénégal